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Dimanche valaisan

Hinweis: Questo articolo è disponibile in un'unica lingua. In passato, gli annuari non venivano tradotti.

Par Marc Juland.

La neige est descendue hier jusqu' à la pointe de la Vallerette, signe infaillible de beau temps, au dire des habitants de Champéry. Pour le moment, cependant, les pointes des Dents du Midi sont invisibles, de lourds nuages les enveloppent et la pluie tambourine sur les toits des chalets Les cloches ont sonné à toute volée, lançant leurs accords par les larges ouvertures du clocher à l' architecture si particulière. Les montagnards, descendus des chalets des alentours, se réunissent sur la petite place devant le Café du Centre. Tout en causant ils fument leurs pipes. Les portes de l' église s' ouvrent. Arrive une école conduite par deux sœurs, les enfants font sagement le signe de la croix en franchissant le seuil; les paysannes presque toutes en robe noire, en chapeau noir, quelques-unes cependant en costume du pays, arrivent par groupes, le livre de messe à la main. Certaines ont dû partir très tôt ce matin, elles descendent des chalets supérieurs. Puis ce sont les étrangers qui viennent sans se presser entendre la messe, ou simplement curieux d' ob les visages sérieux et graves des assistants; les hommes entrent à leur tour. Du dehors on entend psalmodier les chants. Puis les cloches résonnent de nouveau. La foule des fidèles sort et se répand aux alentours de l' église. D' aucuns vont dans le petit cimetière si calme et si fleuri dire une prière sur une tombe. C' est dans ce cimetière qu' un triste jour nous avons enseveli notre ami, le guide Gex-Collet. Les hommes se retrouvent rassemblés sur la place, ils attendent les communications communales qui leur seront faites du petit balcon arrondi s' avançant en forme de chaire, sur la rue, au premier étage de la maison.

Ils écoutent; puis, quand tout est dit, ils se mettent à parler, à commenter. Ensuite, les uns partent, d' autres entrent au café où les discussions continuent. Gestes sobres, parler bas, on croirait qu' il se traite là d' im affaires. Et peut-être bien en est-il ainsi! C' est le travail, c' est la nature, c' est la montagne qui veut cela. La vie n' est pas toujours rose, 1e sol est dur à défricher, les saisons ne se font plus si bien; d' ailleurs le montagnard est réfléchi.

Et, cependant, les autos arrivent de la ville, roulent et claxonnent dans la rue du village, demandant le passage à travers la foule des promeneurs que le soleil, revenu pour quelques instants, a fait sortir des hôtels, du grand hôtel tout blanc, des hôtels-chalets, des pensions; à ces hôtes se joignent dans le grand village les citadins, locataires des chalets des environs, de ceux du bas, de ceux du haut. Des groupes de montagnards chargés de gros sacs d' où émergent des touffes de rhododendrons d' un rouge superbe, reviennent de course, se rendant à la gare où les attend le train qui les ramènera dans la plaine retrouver dès le lendemain leur fiévreuse vie journalière, tandis que reprendront le calme de la semaine les grands chalets brunis aux étroites fenêtres dont les petites galeries laissent encore par-ci par-là pendre de rares touffes de ces beaux œillets qui, il y a quelque vingt ans, faisaient par leur nombre et leur splendeur la gloire de ce village alpestre.

Le dimanche est passé. Demain on travaillera de nouveau du haut en bas de la vallée, sur les pentes des montagnes qui descendent vers la rivière bouillonnante et grondante, grossie des eaux de tous les ruisseaux, de tous les torrents que lui envoient les sommets neigeux.

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