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Emile Cardinaux, peintre des Alpes

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Par C. A. Loosli.

Si l'on accordait à l' expression lancée par Zola « l' art est la nature contemplée au travers d' un tempérament » une valeur axiomatique plutôt que de la considérer simplement comme un aphorisme spirituel et si l'on tentait d' en démontrer l' exactitude tout au moins subjective, la peinture alpestre suisse en fournirait la meilleure des applications.

Trois tendances, diverses de tempérament, toutes trois suivant une orientation distincte, caractérisent cette peinture d' une façon précise;

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EMIU CARDINAUX:

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La peinture alpestre de Calarne et de son école ne peut convaincre, car on ne peut dire qu' elle joue le rôle d' intermédiaire artistique entre le spectateur et le » Alpes. Elle ne considère pas la haute montagne comme objet, mais bien comme motif et prétexte pour créer des tableaux de chevalet fidèles au style de l' école et annoblis par une haute culture picturale traditionnelle. Ce sont comme des causeries peintes, spirituelles, empreintes de virtuosité, romantiques avant tout, qui écartent avec prévenance toutes les rudesses et envisagent la haute montagne comme arrière-plan, même là où elles s' efforcent d' en souligner la grandeur et l' effroi qu' elle inspire. Ce sont des Alpes de salon tout comme les Tyroliens de Defregger sont des « Salon-tyroler » ( tyroliens de salon ).

Pour Hodler, le monde alpestre représente un événement révélateur de la puissance chaotique primaire, avec laquelle il discute tout en luttant, en admirant respectueusement, quoique avec courage et obstination. La réalité cosmique, virginale de la haute montagne saisit Hodler avec une force inexorable et le conduit à la grandeur magnifique, à la majesté sublime. Elle l' oblige à cette franche considération de la réalité, à cette admiration prophétique qui émane de ses tableaux alpestres, en accords magistrals de haute poésie, pénétrés d' une émotion intime. Hodler a été fasciné par la splendeur éclatante des cimes qui vous imposent une distance respectueuse; il proclame leur sublimité sans limite, se fait leur prêtre titanique pour lequel la figure poétique de l' entassement de Pélion sur Ossa n' a rien d' étrange; il s' extasie sur leur beauté et leur grandeur surhumaines.

Chez Emile Cardinaux, au contraire, les Alpes s' adoucissent et s' huma. C' est en peintre et en homme qu' il s' éprend d' elles, et c' est aussi en alpiniste infatigable que, sans cesse, elles le captivent.

Leur charme sévère, mais souvent voilé de douceur, enchante Cardinaux, lui, tout empreint cependant des réalités. Il les a contemplées d' un regard amoureux, il s' en est fait l' interprète intime et expressif. Non pas comme un prêtre qui leur vouerait uniquement sa profonde vénération, mais comme un apôtre, un interprète, proclamant leurs merveilles les plus suaves, leurs beautés propres les plus immédiates.

Il voit les Alpes moins terribles que ne les comprend parfois Hodler. Pour lui, ce ne sont pas d' inaccessibles superhumaines qui se bornent à s' imposer en dominatrices, de là-haut, dans le pur éther; non, Cardinaux s' approche d' elles en confident, en ami et, à sa façon, en triomphateur rêvant de leur beauté. Pour lui, les Alpes, la haute montagne, sont une réalité qui n' a rien de terrible, mais qui au contraire exalte et libère. Il discerne leur haleine, il sent leurs pulsations. Il sait pour ainsi dire qu' au point de vue humain il leur est lié pour toujours. A ce titre, il n' a nul besoin de ce romantisme vague, de cette sensiblerie fallacieuse et théâtrale qui, en quelque sorte, saupoudre de sucre les paysages de montagne de l' école Calarne, les rabotent, les polissent et les vernissent de telle façon que même les sommets les plus altiere peuvent encore servir de scène aux idylles pastorales les plus artificielles, mode Gessner.

Cardinaux s' accommode de la grandeur des Alpes parce qu' il sait qu' elles ne sont pas inabordables, parce qu' il se trouve constamment en contact amical avec elles, tout en restant toujours bien convaincu que cette intimité ne souffre pas une familiarité trop hardie.

Voilà pourquoi ses paysages de montagne sont vrais, éthérés, agréablement séduisants, pénétrés des réalités, beaux et encourageants. Il en émane un chant élevé et pur, tout empreint de lumière et de force, qui éblouissent moins qu' elles ne réchauffent profondément, intimident et menacent moins qu' elles n' inspirent l' amitié tout en imposant le respect.

A l' instar de Hodler, Cardinaux est foncièrement honnête dans sa peinture alpine; toutefois, son sens des réalités est aimablement voilé par des impressions personnelles débordantes de beauté dont le piolet, les crampons et la corde sont les compagnons inséparables.

Emile Cardinaux n' est pas seulement le peintre des Alpes, mais il est encore un de ces alpinistes étranges qui connaissent bien l' ivresse, mais non pas le mal aux cheveux qui en est la suite, ni ses brutalités indicibles et ses éclats sauvages.

Zu den Bildern.

Dieses Heft bringt 34 Aufnahmen aus den Alpen und dem Jura. Es will der 3. Abgeordnetenversammlung der Union internationale des associations d' alpinisme in Genf etwas zeigen von den Schönheiten unserer Gebirgswelt und zugleich andeuten, was in den Photogruppen einzelner G. Sektionen geleistet wird. Die Kommission ging bei der Auswahl aus den 600 eingeschickten Photos vom Grundsatz aus, alle Hauptgebiete der Alpen im Bilde sprechen zu lassen, was hinsichtlich Tessiner Berge nicht möglich war, weil es hier an Aufnahmen gebrach.

A propos des illustrations.

Les 34 vues des Alpes et du Jura que contient ce numéro présentent à nos hôtes de la IIIe assemblée des délégués de l' Union internationale des associations d' alpinisme quelques-unes des beautés de nos montagnes, en même temps qu' un témoignage des travaux qu' accomplissent les groupes de photographes de quelques sections du C.A.S. Le principe qui a guidé la commission dans le choix des photographies qui lui ont été envoyées a été de présenter tous les massifs principaux de nos Alpes. Si les montagnes du Tessin manquent à la collection, c' est qu' aucune vue de cette région ne se trouvait au nombre des quelque 600 épreuves reçues par la commission.

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