La Foudre au Peigne
Le présent article, rédigé par André Fontana
résulte de récits écrits peu de jours après la course en question, en sorte que les faits rapportés sont bien tels qu' ils ont été vécus et constatés par les participants.
Le 3 septembre 1932, nous étions huit clubistes du groupe des jeunes de la section genevoise qui descendions du train à Chamonix, pour monter coucher au chalet-hôtel du Plan de l' Aiguille. Nous nous proposions de gravir le lendemain l' Aiguille du Peigne ( 3192 m .), bastion rocheux au faîte crénelé de l' arête nord-ouest de l' Aiguille du Plan. Le temps était serein et nous pûmes goûter dans sa plénitude l' agrément qu' il y a à monter le sentier du Plan de l' Aiguille, au coucher du soleil, alors qu' entre les sapins, puis par-dessus les aroles, se laissent apercevoir le Glacier des Bossons et l' Aiguille du Midi, parés de couleurs enchanteresses.
Le lendemain, l' éveil est donné à 4 heures, et notre premier soin est d' aller humer l' atmosphère. Hélas, il fait relativement chaud, le ciel s' est partiellement couvert et quelques nuages bas traînent sur le flanc des aiguilles. Les noctambules, qui ne peuvent supporter toute une nuit le confort des paillasses et les mauvaises odeurs, rapportent qu' à minuit le ciel était encore absolument pur et magnifiquement constellé. Le gardien, interrogé, prévoit la pluie, mais pour l' après seulement, en sorte que la course s' avère faisable. Sur ces assurances, nous pensons pouvoir raisonnablement composer avec le temps, et nous partons.
Sentier de moraine à la lueur des lanternes, puis pente de glace et de neige, et nous voilà, à la pointe du jour, sur les dalles moutonnées du bas du couloir. Trois cordées sont formées, deux de trois et une de deux, sous la conduite de Willy Racine, chef de course. Au point dit de trifurcation, nous laissons sacs et piolets, chaussons nos espadrilles et gagnons directement, sans passer par le Col du Peigne, la longue et délicate fissure presque verticale qui donne accès à l' arête et où Menzel a l' occasion de nous faire une démonstration des principes de l' école tyrolienne de varappe. L' allure est bonne et à 10 h. et demie les trois cordées seront réunies sous la dalle sommitale.
Mais le temps s' est de plus en plus gâté. La troisième cordée, qui n' a plus qu' à passer par les endroits éprouvés par les deux premières, a tout loisir, dans ses arrêts forcés, d' examiner l' atmosphère. Grisaille partout. Les brumes, en mouvement constant sur le Glacier des Pèlerins, sans cesse s' échap et gagnent de la hauteur, rejoignant en se jouant les montagnards qui se passeraient volontiers de leur fraîcheur et de leur opacité. Et pendant que les derniers, aux prises avec la fissure, croient le temps définitivement compromis, sur l' arête, la première cordée, qui goûte fort peu le vent qu' elle éprouve, se hâte vers le sommet, où elle aura l' agrément de contempler la vue plongeante sur la vallée de Chamonix, d' échanger des signaux avec les habitants du Plan de l' Aiguille et d' observer un orage s' abattre sur Pointe Percée, gagner à grande allure, par-dessus Sallanches et Les Houches, les parois des Fiz, puis les Aiguilles Rouges. Aussi Racine croit-il pouvoir crier à la deuxième cordée qui le rejoint: « Nous sommes bons, l' orage reste de l' autre côté de la vallée; il n' y a qu' à se dépêcher de redescendre. » Mais voilà que le brouillard enveloppe tout et le grésil se met à tomber.
A ce moment, on entend Fontana, arrivé avec la troisième cordée au court rappel qui donne accès au sommet, crier: « Attention, il y a de l' électricité dans l' air; regardez, mes cheveux se dressent. » Et ce ne sont pas seulement les cheveux qui crépitent, mais aussi les sourcils et les poils des mains. Les occupants de la dalle sommitale la sentent électrisée et l' entendent siffler. En un clin d' œil, tout le monde se trouve à l' abri sous cette dalle, où nous décidons de nous protéger du grésil, jusqu' à nouveau conseil.
Nous nous trouvons dans une sorte de tunnel, long de 2 mètres environ, ouvert sur chaque versant de l' arête, avec, comme murs et toit, un bloc vertical et la dalle sommitale oblique qu' il soutient. Nous sommes serrés les uns contre les autres, assis ou couchés, conformant nos attitudes aux contours des blocs qui nous supportent ou nous calent. Nous avons froid et nous mettons à fumer. Nous préférerions, certes, descendre, mais le grésil tombe de plus en plus dru, et un vent très froid souffle par-dessus l' arête.
Après peut-être un quart d' heure, nous entendons le fracas sourd du tonnerre, côté Mont Blanc, sans voir cependant aucun éclair. Il y a en nous une légère inquiétude, et nous parlons posément de choses et d' autres, sans ces éclats, cette fantaisie que nous aurions s' il faisait beau. Nous avons conscience que des événements graves peuvent se produire, mais nous ne savons qu' attendre.
Pour conter, dans leur diversité, les moments atroces qui suivent, mieux vaut ici transcrire les récits de ceux qui restèrent les plus lucides:
Fontana:
« Soudain — il devait être bientôt 11 heures — la foudre nous tomba dessus.
Il y eut comme deux lueurs pénétrant par chaque ouverture de l' arête et se rejoignant sur nous. Je me sentis courbé en avant et perçus que j' avais le bras droit paralysé. Ce bras me semblait grossir à vue d' œil et je me mis à le masser avec frénésie. J' entendais des gémissements et voyais plusieurs de mes camarades se tordre. A ma droite, Schaefer, à côté duquel j' avais été assis flanc contre flanc, gisait sur le dos sans connaissance. Je criai:, Schaefer est touché' et me mis à le secouer à lui frotter la poitrine, ne sachant s' il était mort ou vivant.
Une seconde décharge me courba à nouveau. Je m' entendis moi-même pousser un gémissement. Il régnait une forte odeur de soufre et de peau brûlée. C' était, cette fois, au tour de mon bras gauche d' être crispé et insensible. La paralysie disparut comme la première, après une ou deux minutes de friction. Je n' eus plus qu' une idée: Quitter l' endroit infernal. En me coulant au milieu des corps, je criai encore: ,Secouez-vous, il est insensé de rester entassés ici' et j' allai me loger à quelques mètres, sur l' arête, debout, le dos appuyé contre un gendarme. Je vis alors Gut se détacher du groupe et faire mine de chercher un refuge ailleurs. Pour un peu il allait le trouver dans le vide. Je criai, me baissai et l' attrapai par l' épaule; Keller, à côté, le força à s' asseoir et sa corde d' attache fut passée autour d' un bloc. Quelques-uns commencèrent ensuite à parler, à dire ce qu' ils avaient.
Mais de nouveau se fit entendre le sifflement de la foudre, épouvantable, tout faible qu' il pouvait être. Mes genoux s' écartèrent et je fléchis brusquement jusqu' aux talons, pour ensuite me redresser avec une lenteur qui aurait fait merveille dans un concours de gymnastique. Cette décharge ne dut pas avoir été terrible, car les propos reprirent, et plusieurs d' entre nous semblaient avoir secoué leur torpeur.
Il y eut encore une quatrième décharge qui frappa le bloc supportant la dalle sommitale, à l' extérieur du tunnel, sans toucher personne. Placé juste en face, je vis nettement deux lueurs se rejoindre sur le rocher et entendis un claquement sec comme un coup de pistolet, sans aucune répercussion. Contrairement aux autres, cette décharge n' avait été précédée d' aucun sifflement.
Les décharges se sont succédé à 3—5 minutes d' intervalle environ.
Après la troisième décharge, nous nous aperçûmes que nous étions assis sur des boîtes de conserves, dont les anfractuosités du rocher étaient pleines. Nous nous mîmes à les jeter dans le vide avec ardeur, avec frénésie même. Cette activité nous fut un soulagement et une excellente réaction. Cela ne servait peut-être pas à grand' chose, mais au moins nous n' étions plus passifs. Et le tragique de notre position provenait plus de notre incapacité d' agir, de parer aux coups, que de la possibilité d' une issue mortelle. Certes, nous pouvions nous attendre au pire; nous ne savions si notre camarade était mort ou vivant, et tout en le secouant nous l' implorions avec angoisse de se réveiller. Mais tout ce qui pouvait encore arriver apparaissait d' autant plus terrible que nous ne pouvions rien faire. Les pierres qui tombent se détachent quelque part, elles décrivent une trajectoire qu' on peut suivre; la foudre, elle, peut frapper partout et toujours à l' improviste. Et si certains juraient, c' était en quelque sorte pour insulter la foudre, faute de pouvoir faire mieux. » Racine:
« Encore sous l' impression du coup de foudre tombé près de nous, nous ne disons mot, mais presque aussitôt il me semble entendre un sifflement diabolique en même temps que l' Aiguille paraît basculer. J' ai la sensation très nette d' être renversé en arrière, de glisser sur la paroi, la tête en bas; puis plus rien, le vide complet. C' est là également l' impression que Keller m' a dit ensuite avoir ressentie. Ai-je perdu conscience longtemps, est-ce la douleur qui m' a réveillé, il me serait impossible de le dire. Ce que je ressens, ce que mes yeux horrifiés voient est indescriptible. Cloué sur le rocher, je me débats contre une force qui me raidit le corps, me déchire les chairs, me tord les membres en tous sens; j' étouffe et il me semble que tout mon être est serré dans un étau. Dans ma demi-inconscience, je vois mes camarades se débattre comme moi, et tous nous traduisons notre douleur par des gémissements qui resteront longtemps gravés dans ma mémoire. C' est la foudre ', crient un ou deux d' entre nou,'nous sommes fichus. ' D' autres paraissent incapables de proférer le moindre mot. Instants tragiques, impossibles à décrire. Est-ce la réalité, est-ce un cauchemar?
Une deuxième décharge nous paralyse à nouveau; je la sens couler comme une lave brûlante dans mes veines, mes membres me semblent énormes et de plomb. J' entends crier: ''Attention, Gut vide. ' En effet, ce dernier, assis à l' une des extrémités de notre groupe, se lève et va se précipiter dans le grand vide de la paroi est. Keller, coincé entre deux blocs, est tiré de sa torpeur par ce cri et de son seul bras valide retient notre camarade de justesse. Fontana s' est également levé pour courir se réfugier sur l' arête de la brèche.
Crâââ, une troisième fois la foudre nous touche, mais, effet autant inattendu qu' inexplicable, nous délivre de cette tension énorme qui nous oppressait. Nous respirons. Ce n' est cependant pas fini. Un quatrième coup de foudre frappe le rocher sur nos têtes et nous entendons très nettement un coup sec, comme si le bloc se fendait.
Une forte odeur de chair brûlée et de soufre nous dessèche la gorge. Notre camarade Schaefer est couché sur le dos, râlant, la bouche béante, ses yeux sans vie ouverts démesurément. Nous le supplions de nous répondre, mais nos appels restent vains. Reviendra-t-il à lui? Une angoisse indéfinissable nous étreint, nous nous attendons au pire. Est-ce tout? Le brouillard dense qui nous enveloppe et ajoute encore une note sinistre au tableau, nous empêche de voir ce qui se passe au-dessus de nous. Il grésille toujours, les gendarmes de l' arête nous regardent en grimaçant à travers le brouillard, pareils à des fantômes. L' orage peut revenir d' une seconde à l' autre et nous sommes là sur l' extrémité de cette aiguille, déprimés, attendant quoi? rien! » Tribolet:
« Tout d' un coup je me sens serré, soulevé de ma position assise et reposé au même endroit. Je ne sens plus mon bras droit, il est complètement insensible. Je me débats et vois mes collègues se tordre comme des vers. Tous poussent des gémissements atroces. Prenant conscience que le métal peut être dangereux, je crie aux autres d' enlever bagues et insignes, ce que je fais moi-même. La main de Racine, à ma portée, porte une alliance. Aidé de Keller, je l' enlève avec peine, car les doigts sont enflés. Ssssss, une deuxième, ssssss, une troisième fois le fluide terrible traverse nos corps.
Je n' ai pas perdu connaissance, tandis que certains restent, pour quelques instants, paralysés, les yeux clos. Un à un ils reviennent à eux, et d' aucuns sont étonnés et demandent ce qui s' est passé, où ils sont. Schaefer reste inerte, la tête renversée en arrière, la bouche et les yeux grands ouverts. Une frayeur indicible nous étreint, car nous croyons notre camarade mort. » La quatrième décharge semble avoir apporté une modification dans l' atmosphère. Nous sommes soulagés et dans le sentiment que nous n' avons plus à craindre d' être frappés sur l' arête ou en pleine paroi, ce qui entraîne- rait une chute inévitable, nous convenons de descendre le plus vite possible, dès que tous en seront à peu près capables.
Chacun se tâte, meut bras et jambes, se frictionne tant bien que mal, examine ses brûlures, dont beaucoup sont douloureuses. Sur le moment même elles n' avaient pas fait mal, la douleur n' étant pas localisée et tout le corps étant crispé par la décharge. D' aucuns se plaignent d' avoir des muscles froissés et que certains mouvements leur sont très pénibles. Des chapeaux sont retrouvés épars, et une belle mèche de cheveux, avec la peau, est collée au fond du béret basque de Schsefer. Ce dernier est entre les mains de Link et de Tribolet qui lui prodiguent leurs soins. Il ne sort de son évanouissement qu' au bout d' une demi-heure environ et il lui faudra encore vingt minutes pour revenir à la pleine conscience et reprendre l' usage de ses membres. Menzel, comme Schaefer, ne sait rien de ce qui s' est passé. Il a été touché à la tête et a complètement perdu la mémoire. Il nous demande nos noms, ne sait pas où nous sommes, où nous avons couché la nuit précédente, par où nous avons passé, ce que nous avons fait des sacs et des piolets. Presque tous d' ailleurs ont été touchés à la tête et ont eu des moments d' inconscience, en sorte qu' il faut de nombreuses explications pour que chacun puisse exactement reconstituer l' enchaînement des événements. Gut, qui a reçu la troisième décharge dans la jambe et le pied droits, n' en recouvre l' usage qu' après vingt minutes de massage. Il nous déclare s' être bien rendu compte du danger qu' il avait couru en s' avançant vers le vide, mais qu' une force impérieuse l' avait obligé de quitter l' endroit où il venait d' être frappé et qu' il avait été incapable de diriger ses mouvements.
A midi, nous partons, pour descendre par la voie aujourd'hui courante qui rejoint celle de montée au point dit de trifurcation. Racine, qui seul connaît la route, part en avant placer le premier rappel. Invalide du bras droit, il se sert de ses dents pour filer la corde. Nos moyens sont restreints et nous devons nous assurer avec beaucoup de prudence. Ce n' est qu' à force de descendre que nous retrouvons notre sûreté. La montagne d' ailleurs nous est hostile. Le rocher est mouillé et les replats sont couverts de grésil. Un brouillard dense, humide et glacé nous enveloppe. Peu à peu cependant il se lève, et c' est dans une éclaircie que nous arrivons à la trifurcation des couloirs, où nous retrouvons sacs et souliers et pouvons enfin manger. Notre heureux naturel reprend le dessus. Nous nous mettons à chanter et les plaisanteries volent de l' un à l' autre. Seul l' état de Schaefer obscurcit notre joie. Notre camarade, assez mal en point, est possédé du besoin de dormir, et Tribolet, plus spécialement chargé de l' assurer, doit lui prodiguer des encouragements et, après chaque arrêt, le remettre en train.
Aux dalles du bas, une pluie fine et serrée nous ralentit considérablement, nous obligeant à procéder avec beaucoup de précautions. Fontana, qui ferme la marche, adjure de presser le mouvement, et ses gros mots n' ont aucun effet sur la pluie qui ne consent à cesser qu' une fois le névé du bas atteint.
La descente par le sentier jusqu' au chalet fut un enchantement. Un bon soleil éclairait l' herbe toute fraîche, brillante de gouttes d' eau, et, tout en nous séchant et nous réchauffant, nous réconfortait le cœur. Nous ne pouvions plus nous hâter, la nature était trop belle. Après les coups que nous avions reçus, le dur combat que nous avions mené, il nous était impossible de ne pas goûter les délices de cette montagne agréable, facile, bienveillante; nous nous émouvions au sourire des quelques fleurs que septembre s' était conservées, accueillions le soleil sur notre peau et chantions notre joie. Et de connaître ainsi des minutes si douces après les instants terribles du sommet, nous ressentions plus profond notre amour du monde.
Au Plan de l' Aiguille nous fîmes le compte de nos brûlures, mais plusieurs s' en découvrirent encore d' autres à la maison. La brûlure type avait la surface d' une pièce de monnaie, soit 1 à 2 cm. de diamètre; elle présentait au milieu un petit cratère et était le plus souvent constellée de petits éclats. Les brûlures des pieds et des mains, par contre, ne se distinguaient pas de celles qu' on aurait pu se faire avec le feu. Le moins touché l' était à trois endroits, d' autres avaient des parties du corps, particulièrement les membres, littéralement criblées, enflées et bleuies. Schaefer, ce qui explique peut-être son évanouissement, portait entre autres deux brûlures au-dessous du mamelon gauche et deux à la tête.
Les plus touchés, Schaefer et Gut, étaient ceux qui s' étaient trouvés le plus à l' extérieur de notre groupe, le plus près de chaque ouverture de la paroi. Il semble d' ailleurs qu' il y a eu conduction de la foudre de l' un à l' autre. C' est ainsi que la main droite de l' un de nous, brûlée à la paume par la première décharge, reposait à ce moment sur l' épaule gauche d' un camarade brûlé à cet endroit-là. Les trois brûlures qu' un autre portait sur la joue correspondaient à trois brûlures sur le dos d' un quatrième, contre lequel cet autre avait eu la tête appuyée.
Les habits portaient des traces. Vareuses, windjacks, pantalons et espadrilles étaient quelque peu roussis, mais à peine troués. Les vêtements de dessous, par contre, caleçons, chemises, camisoles, avaient des trous presque aussi larges que les brûlures elles-mêmes.
Personne, sauf Schsefer, n' eut de suite. Les blessures disparurent dans l' espace d' un à trois mois, sauf celles particulièrement profondes ou qui, chez deux d' entre nous, avaient suppuré.
Racine, Keller et Link se trouvèrent le surlendemain au sommet du Mont Blanc. Schgefer, lui, dut garder la chambre plus d' un mois. Dans le train du retour, il dormit comme un homme bien éprouvé et ne ressentit le lendemain que quelques douleurs générales. Le surlendemain, par contre, en se levant, il se rendit compte qu' il ne pouvait marcher. Ses jambes étaient bien capables de mouvement, mais il ne pouvait les diriger. Et ce n' est qu' après deux mois qu' il fut complètement remis.
Aux gens expérimentés de commenter notre aventure du Peigne. On nous a dit que les rassemblements d' hommes et d' animaux attirent la foudre et que les courants d' air sont d' excellents conducteurs, que le fait d' être les uns sur les autres dans une sorte de tunnel n' avait rien de particulièrement heureux, que la décharge avait été faible pour chacun d' entre nous, étant répartie entre tous, que nos vêtements mouillés avaient constitué une espèce de cage de Faraday, qu' ils avaient conduit à la terre une grosse partie de l' électricité, que la foudre n' avait fait que nous passer sur la peau, sans traverser le corps d' aucun d' entre nous, ce qui eût été mortel.
Il ne nous appartient pas ici d' épiloguer et nous ne savons que signaler les faits, tels qu' ils se sont produits, n' en pouvant guère tirer pour notre part que ce seul enseignement:
Notre aventure du Peigne nous a rendu la montagne plus chère.