La lutte contre les dangers des avalanches | Club Alpino Svizzero CAS
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La lutte contre les dangers des avalanches

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Avec 2 illustrations.Par Rodolphe Campell.

B. Secours en cas d' ensevelissement par avalanche.

Imaginons maintenant qu' il est arrivé un accident par avalanche et qu' il s' agit de porter efficacement secours le plus rapidement possible. Cette situation peut survenir par surprise, parfois par inadvertance et imprudence aussi, mais plus rarement sans qu' il y ait eu faute de la part de la victime. Nous n' avons pas à nous ériger en juges, mais en véritables sauveteurs et devons nous comporter comme tels.

Pour porter secours de façon efficace, nous classerons les avalanches en quatre types principaux.

1° L' avalanche tombante ( exemple: avalanche poudreuse ). 2° L' avalanche coulante ( exemple: avalanche de neige mouillée, avalanche de fond ).

3° L' avalanche glissante ( exemple: pont de neige, « gonfle » ). 4° L' avalanche de glace ( exemple: chute de séracs ).

Il existe d' innombrables formes intermédiaires suivant la structure de la neige, la quantité, la configuration du terrain, la température, le vent, etc. Il se peut aussi que, par suite de conditions spéciales, le type initial se transforme en un autre.

D' après le genre d' ensevelissement, nous pouvons nous représenter sept morts différentes par avalanche.

1° Choc mortel causé par la chute ou par des corps étrangers transportés par l' avalanche.

2° Commotion cérébrale ou évanouissement: recouverte par la neige, puis asphyxiée, la victime ne pouvant se libérer.

3° Choc, arrêt du cœur.

4° Asphyxie par suite de manque d' air dans la profondeur de l' avalanche; compression par la neige, telle une pince se resserrant autour de la poitrine, du ventre et du cou.

5° Asphyxie subite par compression dans neige lourde; la poitrine se trouve immédiatement vidée complètement; par suite de la forte pression, impossibilité d' inspirer de l' air. Le poids de la neige mouillée peut atteindre jusqu' à 900 kg. par m3. Lorsque la victime se trouve à quelques mètres au-dessous de la surface, on peut se représenter combien facilement elle peut se trouver comprimée.

6° Asphyxie par absorption de particules de neige très fines, suspendues dans l' air, chassées par une forte surpression; la poussière de neige fond, les fines goutelettes d' eau obstruent les bronches, d' où difficulté de respirer; sans secours extérieurs, mort rapide.

7° Mort par congélation.

L' apparence du cadavre, spécialement la coloration de la peau, varie suivant le genre de mort.

Il vaut la peine de déterminer les diverses formes de décès afin d' organiser les secours en toute hâte, efficacement.

Réfléchir, puis agir rapidement.

a ) En tout premier lieu, le sauvetage par le sinistré lui-même.

En principe: se sauver soi-même afin de pouvoir aider aux autres. Que faire? Tenter d' atteindre, en descendant, le bord de l' avalanche en mouvement; tenter, au moyen de mouvements de natation, de se maintenir à la surface neigeuse: essayer, spécialement lorsque la vitesse du courant se ralentit, de ménager un espace de respiration pour la bouche, le nez, la poitrine et le ventre, car, dès que l' avalanche s' immobilise, tout mouvement devient impossible.

b ) Secours par les membres de la caravane. Après le sauvetage personnel qui prendra le moins de temps possible, c' est un devoir d' observer les camarades qui, peut-être, ont été emportés par la masse de neige. Toutes les observations faites seront immédiatement marquées sur le terrain au moyen d' objets d' équipement ou de branches. Où X se trouvait-il lorsqu' il fut emporté? Où l' ai vu disparaître? Où l' ai aperçu plus bas, encore une fois? Ces points sont de toute importance pour de futurs sondages; on pourra déterminer d' après eux si la victime est prise dans la coulée principale, ou bien s' il faut la chercher sur le bord de l' avalanche. Il faut aussi noter l' heure de l' accident. Le repérage terminé, on recherchera immédiatement sur le champ de l' avalanche tous les objets visibles ( bâtons de ski, vêtements ou objets d' équipement, ficelle à avalanche, etc. ). Si on ne retrouve rien, on écoutera attentivement: souvent un sinistré appelle au secours. Aux endroits favorables on creusera avec les mains, comme la taupe, ou avec un ski en guise de pelle. Si cette tentative échoue, on commencera à sonder les endroits déterminés de l' avalanche au moyen d' une sonde improvisée ( bâtons de ski sans rondelles, ski retourné, etc. ).

Quels sont les endroits favorables?

1° A la pointe de la langue de l' avalanche.

2° Au bord de la langue elle-même.

3° Vers les obstacles éventuels dans la coulée de l' avalanche.

4° A contre-pente.

Les repères peuvent alors être d' une grande utilité. Si, après un quart d' heure, on n' a pu localiser aucun endroit ou sont enterrées les victimes, un des membres de la caravane part alors, le plus rapidement possible, chercher du secours dans la vallée. Lorsqu' une seule personne est rescapée, je recommande d' aller chercher du secours après une demi-heure.

c ) Secours par la première personne rencontrée. Chacun est moralement oblige de porter secours, mais il faudra être exactement orienté; c' est pourquoi il s' agit de ne pas perdre la tête.

d ) Secours par une colonne organisée. Il faut toujours être prêt à un départ précipité. Chacun subvient à son propre ravitaillement et à son propre équipement. La colonne doit s' être déjà exercée antérieurement à une action de secours. Le chef n' oubliera pas d' assurer les sauveteurs. Ensuite il organise une première équipe qui n' emportera que le strict nécessaire. ( Sondes pliantes [Lindenmann], pelles à manche court [Iselin], luge de secours pliante [Hunger], couvertures de laine, tentes, lanternes, équipement personnel, vêtements, nourriture, boissons chaudes dans des bouteilles Thermos, etc. ). Le temps presse, car la vie de l' infortuné ne tient qu' à un fil. Le médecin est avisé immédiatement et partira si possible avec la première équipe. Il n' oubliera pas d' emporter les médicaments appropriés ( sucre de raisin, digitale, coramine, cardiazol, lobeline, etc., pour injections, éventuellement pour injections intestinales ).

Entre temps, la seconde équipe ( 6-8 hommes ) se prépare; son équipement sera pareil à celui de la première. On y ajoutera des sondes plus longues ( 3-5 mètres ), des pelles à long manche, ainsi que tout ce que, dans sa hâte, la première équipe aurait oublié.

Un chef responsable restera à la station de secours pour organiser les réserves et les expédier en cas de nécessité. Il s' occupera aussi du renfort et de la liaison.

Lorsque la colonne de secours parviendra sur les lieux de l' avalanche, il faudra commencer par l' orienter exactement; le repérage sera renouvelé. On nommera immédiatement un chef auquel tous obéiront. C' est sous ses ordres que s' exécutera toute l' action de secours. Il faudra organiser des groupes de sondage et de déblaiement. Chacun de ceux-ci sera place sous les ordres d' un chef de groupe et travaillera selon ses indications dans l' ordre suivant:

Le champ de l' avalanche sera exploré systématiquement. On piquettera les bandes de la surface de l' avalanche et elles seront tout d' abord sondées très soigneusement. Il va sans dire qu' il s' agira de s' occuper avant tout des lieux favorables ( pointe de l' avalanche, bord de la langue, abords des obstacles, contre-pente ). 4-6 hommes se tiennent les uns à côté des autres avec leur sonde. Chacun a devant lui un espace de 1,5 à 2 mètres de largeur et sonde la neige verticalement, de 20 cm. en 20 cm. Des qu' une bande est sondée, l' homme avance de 20 cm. et continue son travail. Les endroits explorés seront marqués clairement ( au moyen de branches, bâtons de ski, fanions, etc. ).

Après le sondage commence le déblaiement. On creusera des trous carrés de 2-3 m. de profondeur et éloignés de 2-3 m. les uns des autres. Il faut toujours rejeter la neige en aval, donc commencer à creuser au bas de la pente. Au fond des trous, il faudra faire des sondages verticaux et obliques afin d' explorer systématiquement les parties profondes de l' avalanche. Tout cela représente un travail extraordinairement pénible, mais pourtant très important et peut parfois sauver des vies. Les sauveteurs doivent combattre avec énergie la fatigue et l' indifférence et s' imaginer qu' ils sont eux-mêmes ensevelis et attendent les secours. Alors on travaillera efficacement.

Lorsque des accidents surviennent dans le voisinage des lieux habités, une foule de curieux accourent, non pour aider, mais par pure recherche de sensations. Un service de police énergique éloignera les indésirables. Il est important, pendant le cours des travaux, de placer un observateur qui signalera tout nouveau danger d' avalanche. Ces avalanches ultérieures se produisent fréquemment et mettent en péril toute l' équipe de secours. Le guetteur veillera attentivement et, au moindre signe de danger, avertira ses camarades.

Supposons maintenant qu' après bien des efforts la victime ait été repérée à la sonde. La sonde restera plantée sur le corps étranger suspect, et on creusera immédiatement à la pelle afin de s' assurer de quoi il s' agit. On éprouve souvent des déceptions en rencontrant des mottes de gazon, vêtements, arbres, etc. Malgré cela, il ne faudra pas que l' attention se relâche. Le microphone à avalanche peut apporter de l' aide pour différencier les objets dans la profondeur et aussi en cas d' appels du sinistré. Dès qu' il s' agit vraiment de la victime, celui qui pelle lui dégage aussi vite que possible la tête et la poitrine. Un des sauveteurs ( de préférence le médecin ), descend dans le trou, enlève rapidement la neige de la bouche et du nez et commence aussitôt à rappeler le sinistré à la vie ( respiration artificielle, médicaments ). Les autres sauveteurs continuent à dégager la victime à l' aide de la pelle, ce qui est parfois pénible et délicat par suite de la position tordue des membres de la victime, tournée parfois la tête en bas, ou gelée dans la neige.

La victime, enfin délivrée, est placée sur la luge de secours et enveloppée de couvertures de laine Les parties mouillées des vêtements qui exerceraient une compression devront être coupées et enlevées si c' est nécessaire. Le médecin dirige les tentatives de rappels à la vie, administre les médicaments susmentionnés, intramusculaires, intraveineux ou intracardiaques et veille au réchauffement artificiel du tronc et des membres. Deux des sauveteurs peuvent, sous les couvertures, masser les membres dans la direction du cœur. Deux autres sauveteurs procèdent méthodiquement à la respiration artificielle pendant deux à trois heures. Je recommande la méthode Sylvestre, modifiée selon Campell. Si l'on dispose d' un pulmotor on l' utilisera. En cas de basse température, on établira un écran protecteur avec des couvertures et des tentes fixées au moyen des bâtons de ski.

Si la victime donne signe de vie, on continuera la respiration artificielle jusqu' à ce qu' elle soit tout à fait revenue à elle. Le cœur et la respiration resteront sous surveillance médicale pendant plusieurs heures encore. La nourriture et les médicaments seront administrés en injections sous-cutanées et intestinales, par la bouche seulement lorsque le malade pourra avaler normalement. Le réchauffement tout à fait graduel d' un corps considérablement refroidi est très important. Les gelures partielles nécessitent une attention spéciale et seront dégelées dans toutes les règles ( bains froids, compresses froides ).

Le transport du rescapé doit s' effectuer avec précaution et seulement lorsque son état s' est amélioré. Le traitement subséquent est du ressort du médecin. Il faut veiller spécialement à la menace de pneumonie et de trombose.

Porter secours dans le danger et la détresse est une noble mission de l' homme, mais pour cela la bonté ne suffit pas toujours. Il faut acquérir au préalable les connaissances nécessaires pour être à même de porter secours rapidement et efficacement.

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