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Le clocher de Bertol

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A la mémoire d' Oswald Thiel ( i8g2-igji ) Jean-Pierre Portmann, Neuchâtel Comment expliquer la présence de ce clocher qui brave les siècles, intrigue les novices, réjouit les varappeurs?

La légende dirait: c' est le vieil homme de la montagne qui accueille les clubistes!

Pour retracer l' histoire du clocher et du rocher de Bertol, il faudrait remonter aux convulsions titanesques qui ont engendré les Alpes, hissant à la lumière les entrailles de la Terre. C' est alors que ces roches, essentiellement les gneiss, ont été recuites, recristallisées, métamorphisées il y a quelque 30 millions d' années 1. Soumises à de fortes pressions et des températures élevées dans les profondeurs de l' écorce terrestre, elles étaient alors dans un certain état d' équilibre. Par la suite, ces masses furent charriées en un vaste pli couché, en une gigantesque nappe, celle de la Dent Blanche dont la partie frontale constitue la Petite Dent de Veisivi, au flanc nord si régulier. Au cours de ces bouleversements et charriages, des tensions se produisirent, des fissures apparurent, se recou-pèrent, s' ouvrirent plus ou moins.

Arrivées près de la surface, ces roches se trouvèrent dans un état instable, dans des conditions bien différentes de celles qui les avaient engendrées. Soumises aux agents atmosphériques, au chaud et au froid, à la pesanteur, aux filets d' eau, aux coins de glace, elles se disloquèrent, s' écroulè. Les glaciers vinrent à la rescousse, polissant et burinant les roches, les abattant et les entraînant au loin, voire jusque sur les flancs du Jura 2. Les grands glaciers quaternaires s' amenuisèrent en de petits glaciers de vallées qui, plus modestement, continuèrent avec l' aide des torrents l' œuvre de cape, de déblayage. Leurs fluctuations furent tout spécialement opérantes en étayant, puis en déchaussant, à plusieurs reprises, les promontoires rocheux3.

L' érosion aux multiples actions a modelé, tailladé, sculpté, grave, même, ces masses rocheuses créant de nouvelles formes, creusant des vallées, ménageant des replats, des paliers, orga- 1 Les roches de Bertol appartiennent à la zone de transition entre la série inférieure et la série supérieure ( série d' Arolla ) de la nappe de la Dent-Blanche. Ce sont des granites passant à des diorites quarzifères età des gneiss. On y observe des filons apli-tiques et quelques ségrégations basiques ( Argand. 1908 ). Le gneiss d' Arolla est un gneiss verdâtre à amphiboles et à bio-tites.

2 C' est alors que les glaciers s' épaissirent jusqu' à l' altitude de 2700 mètres environ dans la région de Bertol, comme on peut bien en observer les traces au pied des Douves Blanches.

3 La moraine principale du siècle dernier, bien visible partout, et la présence de troncs, dont rage a pu être déterminé, dans différentes moraines ( Tsidjiore, Ferpècle, Bricola et ailleurs ) attestent ces anciennes variations ( Bezinge, 1976 ).

nisant le relief. Et l' attaque se poursuit inexorablement enlevant aux Alpes une pellicule de 0,5 o,6 millimères par an ( 1 mètre en 1600 au 2000 ans ), alors que ce majestueux édifice continue à s' élever de t à 1,5 millimètres par an.

Comment expliquer la présence du clocher de Bertol?

Est-il de roches plus résistantes, moins fissurées, moins exposées aux agents érosifs? A-t-il été épargné grâce à sa position abritée, dans le sillage des Dents de Veisivi, de Péroc et de l' Aiguille de la Tsa? Où grâce encore à sa situation entre les deux bassins glaciaires d' Arolla et de Mont-Miné? Ces crêtes déchiquetées, ces dents déchaussées, ces tours ruiniformes qui sont l' image même de la décrépitude sont, en fait, des constructions plus stables - moins fragiles - que les masses environnantes qui ont déjà disparu.

Tout a joué un peu pour maintenir le clocher et le rocher de Bertol.

Ils sont là pour nous intriguer et nous réjouir...

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