Le plan national d'aménagement intégral de la montagne | Club Alpino Svizzero CAS
Sostieni il CAS Dona ora

Le plan national d'aménagement intégral de la montagne

Hinweis: Questo articolo è disponibile in un'unica lingua. In passato, gli annuari non venivano tradotti.

Ed. Rieben, Vallorbe

Introduction Avant-propos. Durant de longs siècles zone déshéritée de notre territoire et secteur dépressif de notre économie, l' aire montagnarde suisse subit actuellement une transformation profonde, une mutation si fondamentale et si dynamique qu' elle risque d' échapper à une évolution organique. L' un des derniers havres de tranquillité dans un continent toujours plus densément urbanisé et industrialisé, les Alpes sont devenues en fait la zone de détente de tous les pays privés d' un hinterland montagnard; elles constituent un véritable bassin européen de tourisme et de sport, équipé.grâce à des moyens étrangers à l' économie autochtone, exploité par des managers démunis d' attaches avec la terre et ignorants du rôle assumé par les étages élevés dans le ménage suisse. Ainsi, moteur de ce développement, le capital a déjà soustrait au contrôle des populations indigènes les sites au potentiel économique le plus intéressant; leur occupation et leur mise en valeur exercent aujourd'hui une pression extraordinaire sur l' environnement, de sorte que l' intégrité aussi bien des structures sociales que du milieu physique s' en trouve gravement affectée.

Or, bassin de réception de nos cours d' eau, source de forces vives et de biens matériels indispensables à notre économie, aire de détente et de sport de notre peuple et de notre jeunesse, la montagne suisse est vraiment partie intégrante de la nation; pour pouvoir assumer le rôle essentiel qui lui est ainsi dévolu, elle doit être * Exposé contenu dans l' ouvrage publié par la Société forestière suisse, à l' occasion du soixantième anniversaire de Monsieur Tromp, professeur d' économie forestière à l' Ecole polytechnique fédérale de Zurich.

Dégradée autrefois par les coupes abusives et le pacage incontrôlé des troupeaux, affectée de ce fait par de graves fléaux, l' aire montagnarde était en voie de restauration lorsque sont apparus de nouveaux dangers: l' urbanisation désordonnée des zones de détente, l' intensification et la dissémination excessive de l' action humaine sur les sites et la couverture végétale protectrice. Seules l' élaboration et l' application d' un plan national d' aménagement prenant en considération les intérêts généraux du pays et des populations concernées peuvent mettre un terme à ce processus qui compromet la santé de l' économie alpestre.

Partie médiane de la Vallée de Conches; à partir de la gauche, les territoires de Reckingen, puis de Münster. Avec son dynamisme bien caractéristique, le Canton du Valais a confié à l' Institut fédéral pour V aménagement du territoire F analyse des potentialités que cèle cette haute vallée, et la tâche d' élaborer un plan de mise en valeur et d' équipement.

4 L' introduction d' équipements simplifiés et de procédés rationnels d' exploitation, fondés sur la coopération, est capable de rénover et de « dynamiser »fondamentalement l' agriculture de montagne. En particulier la production de viande par l' élevage de jeunes bovins dans des exploitations communes à stabulation libre sur couches à claire-voie peut justifier une mise en valeur renforcée et intensifiée des terres agricoles et pastorales.

Etables communautaires d' Oberwald, dans la partie supérieure de la Vallée de Conches. Malgré l' esprit d' indépendance de ses populations et grâce à leur volonté de se libérer des carcans découlant de procédés archaïques — fondés sur l' économie de subsistance —le Canton du Valais est devenu pionnier dans cette méthode d' exploitation.

A cause d' un manque de planification et de coordination, par l' édification d' imposants ouvrages d' art et l' intensification extrême du trafic, le développement rapide des voies de communication a rendu pratiquement inexploitables de vastes forêts de montagne sises sur des sols déclives. Pourtant fondement de l' économie de nombreuses communautés, ces boisés privés de rendement financier ne seront plus cultivés et perdront par conséquent avec le temps leur pouvoir protecteur, au détriment du pays. Seul l' établissement d' un plan intégral d' équipement est capable d' éviter de si graves et coûteuses erreurs.

Route d' accès à des centres touristiques de montagne importants. Lors de I' aménagement de telles voies, il importe que les services forestiers interviennent à temps pour défendre les intérêts de la propriété sylvestre et des bénéficiaires de l' action protectrice exercée par la couverture arborescente.

Un plan intégral d' aménagement et d' équipement, tenant compte des intérêts généraux du pays et des communautés locales, permet d' occuper et d' utiliser le territoire d' une façon ordonnée et harmonieuse, conforme à la vocation fonctionnelle du milieu, de « dynamiser » l' économie montagnarde tout en permettant aux populations des grandes agglomérations de trouver calme et détente. Il faut en particulier éviter d' urbaniser abusivement de tels sites et de saper ainsi les bases mêmes du développement touristique en créant des obstacles inadmissibles à la pratique des sports.

Station de Leysin avec sa nouvelle zone d' extension, située à une altitude allant de 1300 à 1400 m environ. A gauche dans la partie supérieure, le village de vacances de l' Union syndicale suisse; le grand complexe figurant à droite est un centre belge de vacances; c' est là une illustration suggestive du rôle joué par les Alpes suisses en qualité de zone européenne de détente.

Westwand der Petites Jorasses, vom Leschaux-Gletscher aus gesehen ( Aufstiegsroute ) Photo R.M.onnerat, Moutier ISI77 protégée contre une emprise étrangère à sa vocation, contre les abus et le gaspillage, contre la dégradation de son milieu physique et humain. C' est pourquoi la conversion profonde qui l' affecte doit être contrôlée et ordonnée, conduite dans une voie qui l' achemine progressivement vers des structures sociales et économiques saines et conformes aux intérêts généraux du pays. Ces postulats ne peuvent être réalisés dans le cadre des plans régionaux d' équipement élaborés jusqu' ici et qui ne prennent en considération que des critères de valeur locale ou tout au plus cantonale; seul l' établissement d' un plan national d' aménagement intégral de la montagne est capable d' imprimer à ce processus la rigueur et la discipline indispensables.

Par le présent exposé nous voulons décrire les caractères et les possibilités de l' aire montagnarde, puis tenter de définir les facteurs qui doivent déterminer la mobilisation de ses potentialités, les moyens dont nous devons disposer pour demeurer maîtres du processus de croissance et de conversion.

Le milieu physique et humain. Les considérations émises ici se rapportent essentiellement à l' aire suisse de l' arc alpin, en particulier à sa partie latine, plus intensément affectée que d' autres par le dynamisme de l' expansion touristique et les phénomènes d' urbanisation. Il s' agit avant tout des régions montagnardes dont le relief et l' éloignement ont constitué un obstacle à l' épa d' une agriculture prospère, capable de constituer pour les populations les fondements durables d' une vie sobre, certes, mais aussi compatible avec la dignité humaine telle qu' elle est comprise aujourd'hui.

A l' origine souvent occupée, déboisée et défrichée sous les effets de la pression exercée par l' immigration de populations misérables cherchant refuge et nourriture dans-les temps d' in ou de disette, façonnée dans la répartition de ses terres moins par une évolution organique que par des phénomènes de caractère accidentel ou épisodique, la montagne a vu autrefois son exploitation structurée par l' autar; organisés pendant des siècles pour pratiquer une économie de subsistance, d' auto, ses habitants éprouvent d' hui la plus grande peine à se libérer de coutumes ancestrales encore profondément ancrées dans le subconscient et dans les méthodes de travail; un équipement souvent pléthorique et vieilli en bâtiments, un parcellaire démesurément fractionné les empêchent de se défaire des entraves mises à la poussée du progrès par des procédés dépassés. Il faut d' ailleurs reconnaître que cette situation archaïque, ces structures périmées, ont souvent été fixées et perpétuées par une politique de subventionnement à courtes vues, qui a été un grave obstacle à l' assainis intégral et à la mutation fondamentale qui se seraient certainement réalisés par la voie naturelle sous la pression de l' évolution économique; l' aide des pouvoirs publics a en fait longtemps retardé les effets salutaires qu' aurait exercés une compétition sélective. Ainsi, un obstacle majeur à l' épanouissement des activités humaines et à la croissance économique en montagne par des moyens et des forces autochtones, un frein puissant mis à la conversion des modes de vie et d' exploitation sur l' initiative des intéressés sont constitués par le poids des habitudes et le fardeau d' un équipement suranné.

C' est dans ce milieu statique et figé, inquiet, prive T' espérance et d' ouverture à cause de la précarité des conditions de vie, qu' intervient aujourd'hui l' implantation touristique avec son dynamisme, sa puissance financière, quelquefois avec son mépris du site et de la tradition.

Les problèmes. L' impossibilité dans laquelle se trouve l' agriculture de montagne de rester compétitive face aux avantages de la plaine, la précarité des bases de production due au climat et au relief favorisent la désertion des régions marginales et l' abandon de vastes terres. Si ce processus a permis un assainissement certain de la situation grâce à la concentration et à l' aug de la surface disponible par exploitation, il ne devrait cependant pas se poursuivre au-delà de limites organiques, car la nation a besoin d' une aire montagnarde cultivée, entretenue, protégée, donc habitée; si les sols agricoles et pastoraux ne sont plus utilisés, ce sont les propriétaires des grands troupeaux de moutons qui se chargeront de les « mettre en valeur » avec toutes les conséquences que cela comporte! Il importe par conséquent de trouver les moyens d' y maintenir une population saine, disposant de conditions de vie raisonnables, de compensations équitables pour les inconvénients résultant de la précarité du milieu. En complément à une rénovation de l' économie agraire et forestière, l' installation d' industries et surtout l' implantation d' unités touristiques peuvent créer les fondements indispensables au maintien de la vie en montagne, et de nombreuses réalisations conciliant les divers secteurs économiques ont prouvé que des solutions heureuses sont parfaitement possibles.

Cependant l' immigration quelquefois explosive d' activités nouvelles dérange presque toujours un équilibre séculaire, provoque de profondes mutations dans le milieu physique et humain, affecte gravement l' intégrité du site. Mais de plus, par la pression qu' elle exerce sur la couverture sylvestre ensuite de l' extension d' équipements toujours plus perfectionnées et envahissants, de l' ouverture de tranchées et de pistes chaque jour plus longues et plus larges, de la dissémination et de l' éparpillement des influences humaines, elle sape les bases mêmes de l' action protectrice assurée par la forêt au bénéfice de l' ensemble du pays. Enfin l' urbani abusive et désordonnée de la montagne compromet les fondements de sa justification puisqu' elle enlaidit le paysage et rétrécit les véritables zones de détente et de sport. Si donc cette évolution se poursuit sans contrôle et sans contrainte de la part de la nation, elle achemi- nera en définitive un domaine essentiel du pays vers une dégradation irréversible.

Etant admis que pour exercer son rôle important dans la nation la montagne doit demeurer hospitalière et héberger une population prospère, que pour obtenir ce résultat il faut absolument associer à la mise en valeur rénovée des terres des activités industrielles et touristiques, il appert que seule une coordination des divers secteurs en fonction de la vocation du milieu et sur la base d' un plan national d' aménagement intégral réussira à concilier les intérêts divergents, à revivifier et « dynamiser » l' économie, tout en sauvegardant l' intégrité des sites et leur beauté, ainsi que le pouvoir de protection de la forêt alpestre.

Ce sont les potentialités souvent insoupçonnées de la montagne et les moyens de les mobiliser complètement en tenant compte de ces impératifs que nous voulons évoquer maintenant.

Les handicaps et les atouts de l' économie et du milieu montagnards Considérations générales. Le sol est le support de toutes les activités humaines, mais avec le milieu, le relief et le climat, il représente aussi le capital fondamental qui ne demande qu' à être mis en valeur d' une façon conforme aux intérêts généraux de la nation. Or, en montagne, il présente des caractères spécifiques qui ont constitué longtemps des handicaps seulement, mais qui sont devenus aujourd'hui des atouts. Dres-sons-en un bilan sommaire afin d' analyser les possibilités qu' ils ouvrent dans la réalisation des postulats venant d' être énoncés.

Les handicaps. Les handicaps sont constitués par trois facteurs principaux: la pente, les écarts, le climat. Comme l' a précise si bien un eminent spécialiste français de la montagne, si la pente forge en général une psychologie du courage et de la ténacité, elle exige aussi un effort accru et limite les possibilités d' équipement. Si les écarts sont favorables au développement de l' initiative personnelle et à la méditation, d' eux procèdent également les entraves à la vie sociale et à l' équipement collectif, qu' il soit d' ordre culturel ou matériel - que l'on pense à l' église, à l' école ou à la laiterie; puis l' éloignement renforce le repliement sur soi-même, ce qui confère au montagnard son caractère d' indépendance, grave obstacle à l' organisation coopérative des exploitations rurales. Certes, le climat rude et âpre trempe les âmes et le corps, mais il complique aussi singulièrement l' exploitation des terres et réduit considérablement la productivité. Ce sont là les causes essentielles du retard que présente la croissance de l' économie agraire en montagne face à la prospérité des basses régions, ce sont là aussi les raisons de la désertion des vallées alpestres.

Les atouts. Mais si la montagne est défavorisée par divers facteurs naturels, elle dispose aussi d' un potentiel physique et biologique insoupçonné, dont la mobilisation est capable d' amor un renouveau fondamental; en fait, avec le soutien et la collaboration de la communauté nationale, les handicaps peuvent se muter en atouts. En effet, à cause de l' éloignement et du relief, il existe encore dans les régions élevées de notre pays de vastes territoires de faible valeur financière, mais qui — simplement équipés et rationnellement exploités - peuvent, par l' esti de jeunes bovins, produire économiquement des quantités importantes de viande. Puis ce sont les écarts avec la conservation des sites de tranquillité, la pente et le climat avec l' exer des sports, le maintien de traditions pittoresques avec leur intérêt humain qui constituent maintenant la source des richesses matérielles et morales spécifiques à la montagne et dont il faut savoir tirer un parti raisonnable et organique.

Au lieu de cristalliser l' attention des populations autochtones sur les aspects négatifs du milieu, il importe plutôt de leur démontrer les procédés capables de mettre en valeur les poten- tialités que cèlent les sites d' altitude, de leur procurer les moyens de procéder aux investissements nécessaires sans devoir obligatoirement faire appel à des capitaux dont les détenteurs imposent souvent le choix de solutions impropres à la montagne. Si l'on sait éveiller leur intérêt, mobiliser leurs forces vives et leur bon sens, les soutenir d' une façon adéquate, elles sont souvent parfaitement aptes par leur ténacité et leur ingéniosité à trouver des voies nouvelles, à les suivre avec esprit d' initiative et dynamisme, sans avoir toujours l' obligation de subir les contraintes d' éléments allochtones.

La montagne, source potentielle de produits forestiers et agricoles économiques Considérations générales. En dépit des assertions de certains milieux et de l' abandon dont elles sont l' objet, les terres alpestres, dans le domaine de la production forestière, agricole et pastorale, cèlent souvent un potentiel considérable, mais mis en valeur d' une façon fort incomplète et coûteuse, à cause d' un équipement suranné, conçu pour une exploitation de subsistance menée par une d' œuvre pléthorique. A la condition que l'on adapte les structures et les procédés aux conditions nouvelles et à une technique évoluée, l' aire montagnarde est parfaitement capable de mettre à la disposition des autochtones et de la nation, sur des bases économiques et concurrentielles, des quantités importantes de bois et de viande, dont la production suisse ne couvre pas les besoins du pays. Nous voulons donc examiner les caractères des mesures essentielles capables de mobiliser plus complètement les possibilités latentes par des processus simplifiés, n' exigeant que des investissements réduits.

La mise en valeur des terres à vocation forestière. Si elle est périodiquement affectée par des dépressions secondaires analogues à celle qu' elle vient de subir, l' économie forestière est marquée malgré tout par une croissance constante; la valeur relative des produits ligneux se renforce chaque jour grâce à l' augmentation régulière de la consommation, compensée partiellement seulement par une hausse de la production. Ainsi, dans ce secteur, le déficit s' aggrave en permanence alors que dans le domaine laitier l' écoule rencontre de graves difficultés et doit être soutenu à l' aide des fonds publics. Dès lors il devient inconcevable que tant de forêts de caractère protecteur soient encore parcourues par les troupeaux et que tant de terres minées par I' érosion soient toujours affectées à l' exploi pastorale ou même à la culture sur tout l' arc alpin: là, la production déjà pléthorique d' herbages de médiocre valeur alimentaire — dont l' utilisation constitue une charge pour la communauté — représente un obstacle majeur à l' intensification de la production d' une matière dont notre industrie doit importer une notable partie à grands frais!

Par conséquent, l' opération qui s' impose avant tout en montagne consiste à restaurer les boisés encore parcourus en les protégeant efficacement contre les incursions des animaux, puis à rendre à la forêt les terres menacées ou affectées par l' érosion, les stations dont l' afforesta peut contribuer à supprimer les affouille-ments, le décapement, les éboulements et les avalanches. Il faut que les services compétents interviennent là avec plus d' esprit d' entreprise et de dynamisme; c' est le cas en particulier pour ce qui concerne les sols abandonnés par l' agri et qu' il importe de mettre en valeur d' une façon initiatrice, sans quoi ils deviendront des pâturages à moutons avec toutes les conséquences que cela comporte pour l' intégrité des terres et des boisés.

Libérées de servitudes nuisibles, équipées d' un réseau de chemins bien conçus, les forêts de montagne peuvent devenir la source de revenus considérables, à la condition que leurs produits soient bien exploités au moyen d' équipe ments collectifs et vraiment acheminés vers les emplois les plus rentables. De grands progrès doivent être encore réalisés dans ces domaines; des simplifications s' imposent, en particulier dans le mode de façonnage et de débardage des bois, conformément aux processus d' intégration horizontale et verticale élaborés récemment par la science et la technique. Ainsi, grâce aux conditions favorables de végétation résultant essentiellement des abondantes précipitations, à la mise en œuvre de procédés rationnels de production et d' exploitation, la montagne peut livrer à des conditions relativement économiques un volume important de bois de haute valeur, indispensable à notre industrie et capable d' assurer au pays son indépendance économique dans ce secteur.

La mise en valeur des terres à vocation agricole et pastorale. Equipé presque toujours d' une façon archaïque pour la pratique d' une économie fermée, le paysan montagnard est en général farouchement indépendant; si ses ancêtres ont créé autrefois les consortages pour l' exploitation des biens communs, il ne laisse par contre pas volontiers sa propriété s' intégrer dans un ensemble soumis à la gestion et au contrôle d' autres organes. Et pourtant c' est dans cette incorpora-tion que réside la sauvegarde de son indépendance face à la puissance économique des basses régions; en effet, seul il ne peut constituer une unité de travail concurrentielle, capable de rester viable à long terme. Cette mise en commun des moyens de production peut revêtir divers degrés et se réaliser en plusieurs étapes.

Nous voulons évoquer ici simplement l' un de ces niveaux d' intégration, la création d' étables communautaires, appelée certainement à connaître avec le temps une grande extension. Avec l' application de méthodes d' exploitation simplifiées et rationnelles, en particulier la stabulation libre et l' introduction de la traite mécanique, la concentration du cheptel d' une agglomération dans un seul train permet de réduire considéra- blement les prix de revient, puis de rendre à d' autres travaux les agriculteurs libérés des servitudes journalières découlant de la conduite d' un troupeau; d' ailleurs l' introduction d' activités industrielles ou hôtelières leur permet souvent de trouver une rémunération complémentaire intéressante. De plus, l' exploitation animale commune dans des installations saines, bien aménagées et entretenues, assure la fourniture de produits d' une qualité impeccable et elle facilite à un échelon supérieur la sélection très poussée du cheptel. Enfin la concentration des troupeaux permet de mieux ordonner le pacage et de favoriser la suppression du parcours en forêt.

Dans ce contexte, nous voulons évoquer encore l' intérêt évident que présente, en particulier pour le maintien des pâturages à jeune bétail, la stabulation libre sur couches à claire-voie; il s' agit là d' un procédé qui rend superflue la présente permanente de personnel sur le train et permet en fait une automatisation presque intégrale de l' exploitation. Il en résulte une diminution considérable des prix de revient et des investissements. C' est là l' un des moyens essentiels de surmonter les difficultés auxquelles s' achoppe l' agriculture de montagne. Mentionnons également que l' introduction de la stabulation libre sur couches à claire-voie sur les pâturages en voie d' abandon réintégrerait ceux-ci dans le cycle de production en permettant aux agriculteurs des basses régions de faire estiver leur bétail en altitude et de compenser ainsi au moins partiellement l' aire soustraite à la paysannerie en plaine par l' extension des villes et des voies de communication. Comme dans de nombreux autres secteurs, là aussi les régions privilégiées du Plateau suisse deviennent solidaires de l' aire jusqu' ici déshéritée des Alpes.

Il ressort de ces considérations que les terres agricoles et pastorales de la montagne sont — grâce à des techniques nouvelles, mettant en valeur les atouts que constituent le coût modéré du sol et des précipitations relativement abon- dantes - parfaitement capables de mettre à la disposition de la nation des produits d' un prix de revient raisonnable, d' assurer une certaine prospérité dans les hautes vallées et de contribuer dans les temps difficiles à garantir l' indépen alimentaire du pays.

L' aire montagnarde suisse, réservoir de forces vives et zone européenne de détente Considérations générales. Si une conversion rénovatrice et une intensification de la production du sol sont capables de rendre à la montagne dans une large mesure sa prospérité et sa dignité, en fait la promotion véritable et durable de son économie réside dans un tout autre domaine. Grâce à ses réserves au moins saisonnières de forces humaines et aux vastes zones de détente et de sport dont elle dispose, l' aire alpine devient complémentaire des basses régions non seulement dans le secteur de l' agriculture et de la foresterie, mais aussi dans celui des activités industrielles et touristiques. Nous voulons donc évoquer ici les perspectives qui s' ouvrent de mobiliser sur place, par ces moyens, les potentialités encore inemployées de la montagne.

La montagne, réservoir de forces vives. Le climat montagnard avec ses longs hivers riches en neige impose une concentration des travaux ruraux sur la bonne saison, si bien que la paysannerie n' est occupée durant plusieurs mois que très partiellement et ne peut par conséquent tirer du sol seulement les revenus qui lui sont indispensables pour subsister dans une économie de marché. Comme nous le verrons plus loin, dans de nombreuses régions le tourisme d' hiver est maintenant venu apporter des possibilités de gain complémentaire.

Mais toutes les agglomérations montagnardes n' ont pas la vocation pour cette affectation et doivent donc trouver dans d' autres secteurs, dans l' artisanat et l' industrie, ces ouvertures supplémentaires. Cela est d' autant plus justifié et indispensable que les communautés désirent retenir dans leur sein les forces vives libérées par la concentration des exploitations et la rationalisation des travaux agricoles. De nombreux exemples démontrent que si les populations sont prêtes à procéder aux conversions nécessaires et à acquérir la formation adéquate, il est parfaitement possible d' intégrer organiquement les activités industrielles dans le milieu rural et montagnard, d' éviter ainsi une désertion privant les communautés de leur substance et une migration vers les centres urbains déjà surchargés.

Ces sources de gain et leur imposition permettent d' équiper les territoires intéressés en éléments capables de renforcer leur pouvoir d' attraction et de les faire bénéficier du progrès, selon une sorte de réaction en chaîne. Souvent cela peut se réaliser en collaboration avec les centres touristiques, car - presque toujours s' établit entre les communes animées d' esprit d' initiative et de dynamisme un courant fructueux de moyens et de forces vives.

L' aire montagnarde suisse, zone européenne de détente. Harcelé par le rythme trépidant de la vie moderne, amoindri par le milieu malsain des grandes agglomérations, le citadin recherche maintenant avec avidité le calme, la détente, le changement d' air dans sa densité et sa pureté. C' est pourquoi on assiste aujourd'hui à une véritable migration hebdomadaire ou saisonnière des villes vers les espaces verts, vers les sites libres et tranquilles, que l'on ne trouve plus guère qu' en montagne! Ce phénomène se réalise non plus seulement par le canal de l' équipe hôtelier, mais aussi par l' édification d' ha secondaires, de maisons de vacances souvent fort luxueusement aménagées ou même de complexes résidentiels imposants.il déborde les limites du pays et s' anime sous les effets d' un courant international. Ainsi l' aire montagnarde suisse devient de plus en plus la zone de détente des régions industrielles européennes privées d' un hinterland de moyenne et haute altitude; de grandes stations touristiques ont véritablement surgi du néant, sous l' influence d' un besoin explosif d' évasion.

Ce courant irrésistible irrigue en fait certaines régions élevées en moyens financiers et en activités nouvelles - donc en prospérité - d' une façon infiniment plus dynamique, généreuse et efficace que tout autre processus de développement et de croissance économique. Face à cette évolution, la production du sol ne joue plus qu' un rôle auxiliaire, celui d' un support et d' un cadre. Cette intrusion subite de techniques évoluées, d' un confort inconnu jusqu' ici, d' un mode et d' un niveau de vie complètement différents, modifie donc fontamentalement non seulement l' économie, mais aussi les structures sociales et politiques des agglomérations montagnardes; la conduite des communautés passe maintenant d' un paysannat souvent archaïque dans les mains de financiers et de directeurs d' entrepri, méconnaissant les lois de la biologie et de la nature. C' est pourquoi ce processus doit être lui aussi contrôlé et ordonné afin qu' il aboutisse en définitive à une solution et à une situation conformes aux intérêts généraux de la montagne et de la nation.

L' élaboration d' un plan national d' aménagement intégral de la montagne Considérations générales. Certes, sous l' égide de l' Institut fédéral pour l' aménagement du territoire et de spécialistes réputés, ont déjà été élaborés et réalisés sur l' aire montagnarde de notre pays des plans d' affectation et d' équipement de haute valeur; mais, presque toujours, ces travaux se rapportent à un secteur limité, prennent en considération des facteurs locaux ou régionaux seulement, ignorent quelquefois les impératifs d' un domaine important de l' économie, ne tiennent que rarement compte de critères d' importance nationale. Le manque de coordination et de collaboration entre les cantons et les responsables des divers secteurs d' activité sur le plan Suisse conduit ainsi aux opérations les plus aberrantes, parmi lesquelles on peut citer quelques exemples: certains milieux officiels favorisent l' élevage des moutons et leur estivage en montagne, alors que ces animaux ont été les moteurs du déboisement et de l' érosion dans les Alpes, que leur expansion renforcera à nouveau les crues des torrents et imposera l' édification de coûteux ouvrages de protection; dans certains cantons, on déboise de médiocres terrains pour gagner de nouvelles pelouses, alors que dans d' autres d' excellents pâturages sont abandonnés et rendus à la forêt; l' aménagement non planifié des grandes voies de communication a rendu pratiquement inexploitables de vastes boisés situés sur des pentes très déclives; la dissémination excessive des interventions humaines dans la couverture arborescente sape faction protectrice et régulatrice de la forêt alpestre aux dépens des basses régions; l' urbanisation abusive de la montagne au profit de quelques capitalistes compromet la conservation même de régions économiques de détente et de sport au détriment du peuple et de notre jeunesse.

La planification régionale sur la base de critères locaux ne suffit plus; c' est d' un aménagement intégral tenant compte des intérêts généraux du pays que la montagne a maintenant besoin.

Le plan pour une répartition organique des terres. L' éco montagnarde ne restera viable, les activités industrielles et touristiques ne conserveront un support valable et un cadre digne que si les terres continuent à être utilisées et cultivées sur la base de leur vocation fonctionnelle. C' est pourquoi notre effort doit se porter avant tout sur leur répartition rationnelle entre l' agricul, l' exploitation pastorale et l' économie forestière. Comme nous l' avons vu, des moyens simples et économiques permettent aujourd'hui de substituer à une exploitation mixte et extensive, source de désordre et de pauvreté, une mise en valeur spécialisée intensive, organique, génératrice de prospérité, de sécurité et d' harmonie.

L' affectation des stations, en particulier le cantonnement des forêts et des pâturages, ne doit plus se réaliser comme jusqu' ici selon des critères tenant compte seulement d' exigences de caractère local, mais bien sur la base des facteurs d' ordre physique, économique et humain découlant des intérêts généraux du pays. Ainsi, par exemple, au lieu de multiplier les unités d' esti et les clôtures qui constituent une entrave aux activités humaines et à la pratique des sports, il faut concentrer l' exploitation pastorale sur les sites présentant réellement les qualités indispensables; un équipement adéquat et une conduite réfléchie de ces pâturages permettent alors de compenser entièrement les pertes de fourrage qui peuvent résulter de la suppression du parcours sur l' aire rendue à la forêt.

Dans ce contexte et le cadre de cette planification, il importe de conférer aux terres en voie d' abandon une affectation détemrinée en fonction de leurs caractères; trois solutions conformes aux besoins du pays s' offrent à nous: le retour à la forêt par le reboisement artificiel et naturel, la constitution d' unités pastorales économiquement équipées et rationnellement exploitées pour l' estivage de bovins, la création de zones naturelles libérées de toutes contraintes et interventions humaines. Si l'on ne procède pas à temps au choix adéquat, une quatrième possibilité s' imposera avec toutes les conséquences que cela comporte pour l' action protectrice exercée par la couverture végétale: ces sols deviendront des terrains parcourus sans ordre et sans contrôle par de grands troupeaux de moutons, comme cela est aujourd'hui déjà le cas partout où l'on n' a pas agi avec esprit d' initiative pour mettre en valeur d' une façon judicieuse l' aire délaissée.

C' est ainsi que, dans un territoire rationnellement ordonné et organisé, les complexes résidentiels et hôteliers doivent venir s' implanter en prenant en considération aussi bien les impératifs d' ordre national que les intérêts locaux et régionaux, aussi bien des facteurs de caractère physi- que ( relief, danger d' avalanches et d' éboule ) que de considérations d' ordre social et humain. Cela doit être l' objectif du plan national d' aménagement intégral de la montagne de concilier toutes ces exigences, de créer une synthèse des concepts, d' imposer le respect de règles qui ne se laissent pas impunément transgresser, d' arriver ainsi à une mise en valeur équilibrée et harmonieuse du territoire en fonction de la vocation du milieu, sur la base d' une action concertée et coordonnée.

Le plan pour la réalisation a"un équipement rationnel des aires respectives. Il ne suffit pas de planifier la répartition des terres et l' implantation des équipements, il faut encore réaliser ceux-ci. Nous pensons ici moins à l' exécution des complexes touristiques et sportifs - incombant à l' initiative privée grâce à des capitaux qui ne semblent pas faire défaut - qu' à la création de l' infrastructure et des ouvrages destinés à poursuivre et intensifier la mise en valeur des aires affectées à la culture, au pâturage et la forêt. Si, compte tenu de ses intérêts majeurs et à long terme, la communauté nationale veut maintenir vivante et saine l' économie montagnarde, elle doit aussi consentir un effort accru pour en consolider les bases.

Il s' agit avant tout de développer les voies de communication et de desserte, artères qui permettent l' accès à des régions jusqu' ici déshéritées et leur apportent la croissance économique, qui facilitent l' organisation toujours plus poussée des agriculteurs en coopératives de vente et d' achat, qui renforcent les possibilités de normaliser et de commercialiser les produits sur place grâce aux débouchés offerts par les centres touristiques. Puis le chemin forestier abrège les longs châblages et réduit ainsi les dommages, facilite la culture et l' exploitation des bois et réduit par là les prix de revient. Une planification judicieuse permet souvent de coordonner la desserte des agglomérations humaines avec celle des boisés et des pâturages. Puis il est absolu- 16 ment nécessaire de pourvoir les terres pastorales des installations leur permettant de produire des herbages de haute valeur nutritive, utilisés d' une façon simple et économique; une fois encore nous insistons ici sur l' intérêt que peuvent présenter là l' estivage de jeunes bovins à l' engrais et l' introduction de la stabulation libre sur couches à claire-voie; ce procédé rend l' exploitation pratiquement automatique si bien qu' un seul berger peut mener simultanément plusieurs trains comprenant des centaines d' ani!

Enfin il importe d' équiper les agglomérations montagnardes des moyens indispensables au développement d' une économie prospère - nous pensons en particulier aux étables communautaires libérant de la d' œuvre pour des travaux plus nobles et de la place pour la création d' appartements de vacances, puis à l' épanouisse d' une vie sociale et culturelle intense; la jeunesse n' admet plus, ajuste titre, d' être privée des possibilités de se distraire sainement et de parfaire sa formation. Dans ces domaines essentiels également, la communauté nationale doit apporter son soutien, sur la base d' un plan général de coordination assurant une croissance équilibrée et durable.

Les moyens légaux, techniques et financiers de réaliser un plan d' aménagement intégral Considérations générales. Vu la complexité des problèmes que pose l' élaboration d' un tel plan, cette opération doit être confiée à un collège de spécialistes disposant des vues générales indispensables et œuvrant sous l' égide de l' Institut fédéral pour l' aménagement national, régional et local du territoire. La multiplicité des facteurs qu' il faut concilier, la divergence extrême des intérêts enjeu rendent difficile une adhésion spontanée de chaque partie aux solutions préconisées dans l' intérêt général du pays; de plus, les oppositions ne peuvent qu' être renforcées par l' invocation des principes du fédéralisme et de la défense des régions déshéritées. C' est pourquoi une telle réalisation ne peut être assurée que si elle se fonde sur la volonté très ferme manifestée dans ce sens par la majorité du peuple, grâce entre autres aux interventions adéquates d' associations comme la Ligue suisse pour la protection de la nature et le Club alpin suisse, puis traduite dans les faits, d' une part par l' établissement de bases légales indispensables et, d' autre part, par l' octroi des moyens que la communauté se doit de mettre à disposition pour atteindre les objectifs assignés.

Il convient donc d' examiner encore quels sont les procédés et les moyens capables de faciliter l' élaboration et l' application d' une planifia cation bien conçue dans le cadre du territoire national.

Les moyens légaux. Certes plusieurs cantons disposent aujourd'hui déjà d' une législation qui leur permet d' intervenir efficacement dans l' aména du territoire et de demeurer maîtres de son occupation. Mais en fait c' est sur le plan fédéral que la loi doit créer les bases indispensables à la réalisation d' un plan national d' amé du territoire, en particulier de la montagne dans son ensemble et dans son interdépendance avec les régions basses du pays, à la solution des problèmes intercantonaux et interdisciplinaires ressortissant à ce domaine essentiel de notre temps. Certaines dispositions légales ont conféré à la Confédération un droit d' inter et de contrôle dans des secteurs limite comme celui de l' octroi des concessions pour les moyens de transport; mais, jusqu' à ce jour, l' instrument le plus efficace pour la planification et la protection de l' aire montagnarde est constitué par la loi forestière fédérale de 1902 qui - sur la base de l' article 24 de la Constitution - confère à l' Etat central la haute surveillance sur la police des forêts sur toute l' éten du territoire suisse, interdit la diminution de l' aire boisée et permet entre autres d' interdire l' occupation de celle-ci par des constructions.

Tout en étant conscient qu' il n' est d' hui plus possible d' imposer à la propriété foncière une limitation aussi prononcée de la libre disposition de ses biens, nous pensons que ce sont ces dispositions qui devront inspirer dans une large mesure le législateur lorsqu' il élaborera la nouvelle loi fédérale sur l' aménagement du territoire; le fondement en sera l' article 22 quater de la Constitution accepté par le peuple, le 14 septembre 1969 et libellé somme suit:

« La Confédération édicté par la voie législative des principes applicables aux plans d' amé que les cantons seront appelés à établir en vue d' assurer une utilisation judicieuse du sol et une occupation rationnelle du territoire.

Elle encourage et coordonne les efforts des cantons et collabore avec eux.

Elle tient compte, dans l' accomplissement de ses tâches, des besoins de l' aménagement national, régional et local du territoire ».

Bien que, dans ce texte, les attributions de la Confédération ne soient pas aussi étendues et bien définies que dans l' article 24 de la Constitution ( qui précise « La Confédération a le droit de haute surveillance sur la police des endiguements et des forêts » ), espérons que le législateur saura lui conférer les pouvoirs d' imposer sur l' ensemble du territoire national la réalisation d' un aménagement intégral, organique et conforme aux intérêts supérieurs du pays.

Les moyens techniques et financiers. Pour appliquer la loi, assurer l' élaboration et l' application du plan national d' aménagement, coordonner et surveiller les opérations entreprises par les cantons, la Confédération devra disposer des instruments administratifs et techniques indispensables. L' Institut fédéral pour l' aménagement du territoire a fait ses preuves et doit être doté d' un équipement devant lui permettre d' assumer les travaux d' ordre technique. Les tâches de caractère administratif et policier seront, dies, confiées à un service fédéral pour l' aménagement du territoire; il devra disposer de compétences et de pouvoirs étendus, car il sera appelé à coordonner les activités de divers services d' hui répartis entre plusieurs départements. En considération de l' importante considérable que va prendre l' aménagement national dans le ménage fédéral et de ses incidences sur pratiquement tous les secteurs de l' économie, on pourrait d' ailleurs fort bien concevoir que — dans le cadre du remaniement, si souvent évoqué, des structures de l' administration centrale - on constitue un département spécialement affecté à la réalisation de ces objectifs! L' essen est de ne point trop attendre: le temps passe, la montagne s' urbanise et se dégrade chaque jour d' une façon irréversible!

Le moyen le plus efficace d' intervention, de stimulation et de contrôle dont dispose la Confédération est constitué par l' aide financière qu' elle peut accorder sous la forme de subventions pour le cantonnement des forêts et des pâturages, la restauration des boisés, l' équipe des terres sylvestres, agricoles et pastorales, pour les groupements parcellaires et les améliorations foncières. Lié à certaines conditions, l' octroi bien réfléchi de ce soutien représente un instrument efficace de contrainte justifiée et de coordination; de même les crédits d' investissement permettent souvent d' imposer des assainissements bienvenus dans les structures. Dans ce domaine également, la communauté nationale - solidaire de la montagne, comme celle-ci a besoin d' une péréquation — doit agir d' une façon intégrale et rénovatrice, selon des plans généraux de promotion des divers secteurs économiques, avec des moyens puissants et judicieusement mis en œuvre.

Conclusions et résumé Conclusions. La montagne et ses populations font partie intégrante et organique de la communauté nationale, celle-ci a besoin de leurs hommes de valeur, de la nourriture qu' elles produisent, de la détente que procurent leurs sites et des multiples bienfaits qu' elles dispensent. Mais elles sont handicapées dans leur action et leur développement par la nature et par des structures archaïques; c' est pourquoi elles recherchent de nouvelles raisons de vivre, de nouvelles sources de gain, en particulier grâce à l' équipement touristique. Or, sous la pression des besoins de détente et d' évasion qui se manifestent dans les bassins industriels et les grandes agglomérations humaines, elles se voient graduellement privées de la maîtrise de cette évolution; la montagne s' urbanise, le milieu physique et humain se dégrade irréversiblement au détriment des intérêts généraux de la nation.

Le pays tout entier est responsable de ce processus, car il n' a pas su soutenir à temps, avec des moyens suffisamment puissants, les populations autochtones dans leurs efforts tendant à sauvegarder leur génie propre et leur indépendance économique, basée avant tout sur une mise en valeur rationnelle des terres et des activités complémentaires s' intégrant d' une façon organique dans le milieu. Pour mettre un terme au phénomène d' urbanisation abusive et de dégradation de l' aire montagnarde, de substitution brutale de procédés fondés sur le profit seulement à des structures séculaires certes, mais aussi génératrices d' esprit de liberté et d' huma, la nation doit intervenir sans tarder, ordonner et soutenir la mobilisation de toutes les potentialités que cèlent nos régions alpestres, dans le cadre d' un plan intégral d' aménage et d' équipement, sur la base d' une juste péréquation avec les parties privilégiées du pays. Nous sommes tous coresponsables et solidaires de la sauvegarde du paysage et du maintien de la vie en montagne par une mise en valeur organique des ressources naturelles et une rénovation fondamentale de l' économie.

Résumé. Les considérations émises dans cet exposé peuvent être résumées comme il suit:

Feedback