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Le ski autour de Rome

Hinweis: Questo articolo è disponibile in un'unica lingua. In passato, gli annuari non venivano tradotti.

Par Albert Dunant.

Le Terminillo ou „ Montagna di Roma " ( 2213 m. ).

Qui penserait en Suisse qu' on puisse faire du ski dans les environs de Rome? Et pourtant c' est chose possible et même facile.

On raconte qu' il y a quelques années des personnes qui connaissaient bien le Terminillo, montagne qui domine Rieti, attirèrent l' attention de M. Mussolini sur les possibilités qu' elle pourrait offrir aux sportifs. Le Duce voulut aller voir par lui-même et fit l' ascension par le chemin muletier, alors seul existant. A l' altitude de 1700 mètres environ se trouve une sorte de replat qui entoure le mont sur trois côtés et qui présente une succession de clairières et de passages entre les forêts de hêtres, de très jolies « combes » propices au noble sport. Séance tenante, le massif fut baptisé « Montagna di Roma », et l'on décida la construction d' une route, d' un hôtel, restaurants, garages, etc.

On y vient maintenant de Rome en deux heures et demie par la route ( service d' autocars rapides ), et ce sont, les jours d' affluence, 6000 à 7000 personnes qui viennent profiter du bon air sur la neige.

Quand je m' y rendis pour la première fois j' étais très sceptique; je pensais que la neige serait mauvaise et les pentes trop courtes, mais de toutes façons ce serait bon de remettre les « planches » après un long séjour en Algérie.

Il faisait beau, très froid, et il était tombé déjà beaucoup de neige avant ce Noël 1937. Dans les endroits abrités il y avait une jolie poudreuse, mais partout ailleurs le vent n' avait laissé que la « tôle » car le vent règne en maître dans ces parages. Dès que j' eus les skis aux pieds, je me sentis transformé, je perdis tout ce que je pouvais avoir de blasé et je fus de nouveau tel que huit ans auparavant, le skieur impénitent. Et bien vite je dus abandonner mon camarade sur les pentes d' exercice, d' ailleurs en très bonne compagnie, pour filer plus loin, explorer toute la montagne, seul et libre.

Après avoir franchi un col, je découvris le flanc sud du massif, alors à l' abri de la bise. Et je parcourus un long replat entre les pentes raides des forêts et celles de la chaîne sommitale, trop rapide et trop rocheuse pour qu' on puisse y accéder à skis. On monte, on descend, le paysage change, on remonte encore jusqu' à ce qu' on dépasse les derniers arbres.

Sans vouloir atteindre le plus haut sommet, je marchais vers une autre pointe plus lointaine, le long d' une arête dénudée, d' où le vent avait arraché presque toute la neige; une belle pente lisse et vierge dévalait à droite, et à gauche un gouffre d' ombre froide et bleue plongeait jusqu' à la vallée. Avec ses belles corniches, mon sommet avait un petit air de haute montagne. La pente terminale était en glace; je dus la faire à pied pour arriver tout en haut, en ce lieu parfaitement solitaire, loin de tout, où même le vent se taisait. Par-dessus les collines de la Sabine, au sud-ouest, on devinait la campagne romaine, et de l' autre côté s' étendait la chaîne des Apennins, avec tous ses sommets blancs, le Gran Sasso plus haut que tous. Et sous le grand ciel un son de cloche éloigné flottait dans cette atmosphère pure et belle, à peine perceptible.

La descente fut belle aussi, mais évidemment nous sommes loin des immenses pentes de chez nous. Il faut savoir jouir de la promenade, utiliser le terrain au mieux et remercier les skis de vous permettre d' arriver en ces jolis endroits.

D' autres fois encore, je m' aperçus que la neige est souvent irrégulière, soufflée par le vent ou fondue trop vite au midi. Une fois pourtant elle était parfaite, il venait de neiger et le vent ne s' était pas encore levé; malheureusement la visibilité était mauvaise, les nuages bas, et, trop confiant, je trouvai moyen de casser un ski; le reste de la descente se fit sur un pied, au grand émerveillement des badauds. On trouve la neige régulière dans les quelques clairières voisines de l' hôtel, mais combien tassée par les milliers d' apprentis qui montent, descendent et tombent, inlassablement.

Et malgré tout, quelle belle chose que de pouvoir profiter de la neige et de l' air vif des hauteurs, même en Italie centrale!

Gran Sasso d' Italia ( 2914 m. ).

Il se trouve un autre champ de ski fréquenté par les Romains; c' est dans le massif du Gran Sasso d' Italia, au-dessus d' Acquila. C' est un peu plus loin que le Terminillo; 170 km. de route vous mènent à la station inférieure d' un téléférique qui, à son tour, vous transporte de l' altitude de 1200 à celle de 2100 mètres en peu de minutes.

On débarque sur un large dos d' âne, qui borde au sud-ouest un vaste vallon aux pentes douces de plusieurs kilomètres de longueur. C' est le « Campo Imperatore ». L' autre bord est formé de montagnes rocheuses de 2500 mètres environ, qui s' élèvent à gauche jusqu' au Corno Grande ( 2914 m .), belle tour de calcaire. On trouve là toutes les commodités qu' exige l' homme moderne: hôtel, restaurant, bar, salle de danse, etc., et même des skis de louage.

C' était au mois de mars, par un temps superbe, un chaud soleil de printemps, invitant à la flânerie sur les rochers secs. Mais le démon du ski me tenait, et je voulais profiter des moindres instants de cette journée de liberté au milieu des neiges. Car là on est en pleine montagne, entouré de montagnes, de neige, de rochers, de blanc et de bleu; le seul lointain est le fond du vallon qui se perd dans une brume légère et ténue.

Encore une fois j' ai laissé mes compagnons sur les longues belles pentes moelleuses, pour chercher mieux, plus loin et plus haut. J' arrivai à un petit col, montai encore un peu vers la droite pour rejoindre l' arête qui domine la vallée du Vomano, à 45 km. à peine de l' Adriatique. Pas de vue malheureusement, car d' épaisses nappes de brouillard montaient à l' assaut des crêtes et se faufilaient par lambeaux dans l' échancrure des cols.

Je me trouvai là avec quatre jeunes gens qui voulaient coucher dans un refuge voisin. Ensemble nous l' avons cherché, descendant du côté opposé à celui d' où nous étions venus, glissant sur une excellente neige de printemps, passant des bosses, fonçant dans les creux, jusqu' à ce que cela s' arrête, au fond de la vallée, bien plus bas. Et pas de refuge en vue. En remontant, nous avons fini par le trouver, ou du moins sa position, car on ne voyait que le sommet de sa cheminée émerger de la neige 1 Inutile de dire que le refuge avait été construit en vue d' ascensions estivales du Gran Sasso, avant qu' on parlât de ski dans la région. L' ascension du sommet me tentait, mais il aurait fallu coucher dans le voisinage, repartir de bonne heure et se munir d' un piolet, d' une corde et d' un compagnon sûr, toutes choses qui me manquaient pour faire une jolie course hivernale.

De retour au col, en vue du « Campo Imperatore », je me préparai à la longue descente de la journée, la valeur de deux heures de montée environ; il ne fallait pas la gâcher. D' abord un passage très raide en slaloms serrés, puis à flanc de coteau, quelques zigzags entre des rochers éboulés, puis des gens que je croisais, ébahis de me voir arriver si vite, ralentir un peu pour inspecter la route en toute sécurité et repartir de nouveau sans m' arrêter, droit en bas. Tant que ça glisse en avant, toujours plus lentement, qu' au fond. Je m' aperçus, en remontant à l' hôtel, de l' énorme distance parcourue ainsi en peu de temps.

Le téléphérique nous descendit dans la vallée, pendant que le soleil déployait une gloire d' or et de rouge chaudron entre le Mont Velino et les quelques nuages qui se trouvaient au-dessus.

Ainsi donc, si vous devez passer l' hiver à Rome, ou même à Naples, car cette ville a aussi ses champs de ski dans les Abruzzes, n' oubliez pas de prendre votre équipement de ski, car vous pourriez être tenté de faire comme moi.

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