Les Fatio de Duillier et les Alpes | Club Alpino Svizzero CAS
Sostieni il CAS Dona ora

Les Fatio de Duillier et les Alpes

Hinweis: Questo articolo è disponibile in un'unica lingua. In passato, gli annuari non venivano tradotti.

Avec 1 illustration ( 105 ) et 1 dessinPar G. R. de Beer

Dans son ouvrage sur Horace-Bénédict de Saussure 1, Freshfield émet l' opinion que Nicolas Fatio de Duillier doit être compté parmi les premiers visiteurs de Chamonix, parce que la planche illustrant les glaciers du Faucigny publiée par Grüner2 serait de lui. Malheureusement, Freshfield a confondu 1 Horace-Benedici de Saussure, Genève, 1924, page 24.

2 Die Eisgebirge des Schweizer,'andes, Bern, 1760, ou Histoire naturelle des Glacières de Suisse, Paris, 1770, planche XIII.

Nicolas Fatio avec son frère Jean-Christophe. Mais même sans cette erreur, sa conclusion repose sur un non sequitur car le fait de dessiner un paysage de montagne n' entraînait nullement la preuve que le dessinateur eût été en personne sur les lieux. L' étude des relations entre les frères Fatio et les Alpes reste donc à refaire.

Nicolas Fatio de Duillier ( 1664-1753 ), membre de la Société Royale de Londres, mathématicien célèbre et ami de Newton, Huyghens, Bernoulli, Cassini et Mariotte, était le cadet des deux frères. Ses relations avec les Alpes sont mentionnées pour la première fois dans le récit du voyage de l' évêque de Salisbury, Gilbert Burnet 1, en 1685, où il dit ( je traduis le texte anglais ): «... Une montagne non loin de Genève appelée Maudite, dont un tiers est toujours couvert de neige, a deux 2 milles de hauteur perpendiculaire selon les observations de cet incomparable mathématicien et philosophe Nicolas Fatio Duillier, qui, à l' âge de vingt-deux ans, est déjà un des plus grands hommes de son temps et semble né pour porter la grandeur de la science à plusieurs tailles au-dessus de celle qu' elle a atteinte jusqu' ici. » M. Louis Seylaz a très aimablement attiré mon attention sur le fait que l' édition française de l' ouvrage de Burnet 3 n' est pas conforme au texte anglais. En effet, le passage que je viens de citer paraît dans l' édition française sous la forme suivante: « Il y en a une qui n' est pas fort éloignée de Genève, appellee la Montagne Maudite et couverte de neige en tout tems, qui en ligne perpendiculaire a deux mille toises de France, ou douze mille pieds de hauteur, par dessus le niveau du Lac, selon l' observation qu' en a faite Nicolas Fatio de Duillier, celebre Mathématicien et Philosophe, qui à l' âge de 22 ans, est un des bons Esprits du Siècle, et semble être né pour porter fort loin la Philosophie et les Mathématiques. » On a l' impression que le traducteur était mieux renseigné que Burnet. Il a su que la mesure de la hauteur du Mont Blanc s' entendait à partir du niveau du lac: précision essentielle omise par Burnet. Quant à la différence entre les deux milles du texte de Burnet et les deux milles toises de son traducteur, je suis d' avis que Burnet aurait mal compris, qu' on lui aurait dit deux mille toises et qu' il aurait entendu ou écrit deux milles, qui ne font que 1650 toises. Cette explication est confirmée par un troisième texte de l' époque, une note rapportée par William Derham4 en 1715: « Mr. Nich. Fatio m' a dit qu' il avait mesuré la hauteur de la Montagne Maudite qui est une des crêtes les plus élevées des Alpes, et qu' il l' avait trouvée de 2000 toises de France au-dessus du Lac de Genève, ce qui équivaut à 12816 pieds anglais ou 2,42 milles », ou 3900 mètres.

Reste à connaître la hauteur au-dessus de la mer que Nicolas Fatio attribuait au Mont Blanc. A la page 160 de son ouvrage 5, G.S. Grüner 1 An account of what seem'd most remarkable in Switzerland, Italy, etc. Amsterdam, 1686.

2 et non pas trois milles comme dit Freshfield, loc. cit. page 24.

3 Voyage de Suisse, d' Italie et de quelques endroits d' Allemagne et de France, fait es années 1685 et 1686. Rotterdam, 1690.

* Astro-Theology, London 1715.

5 Histoire naturelle des Glacières de Suisse, Paris, 1770.

donne, d' après « Facio de Duiller » 2426 toises au-dessus de la mer comme hauteur du Mont Blanc. Ce passage se rapporte sûrement à Jean-Christophe Fatio, ainsi que je le démontrerai tout à l' heure. Cependant, à la page 270 du même ouvrage, Grüner dit « Selon M. Facio de Duiller, le Mont-Blanc, ou la Montagne-maudite, a 2213 toises ». Il faut donc supposer que c' est de Nicolas Fatio qu' il s' agit ici. Les 2213 toises équivalent à environ 4313 mètres, à comparer avec 4807 mètres qu' on accorde aujourd'hui au Mont Blanc.

Jean-Christophe Fatio de Duillier fut l' auteur des « Remarques sur l' histoire naturelle du lac de Genève », publiées en 1730, dix ans après sa mort, dans la deuxième édition de l' ouvrage de Spon 1. Ces remarques sont accompagnées d' une carte, «... le tout dressé sur plusieurs cartes MSS et en particulier sur celles de Mr. J.C. Fatio... » par Antoine Chopy. C' est dans cet ouvrage que parurent les mesures trigonométriques prises par Jean-Christophe Fatio sur diverses cimes. On y lit: « La hauteur de la Dôle, qui est une sommité découverte des plus élevées du Mont-Jura, lequel sépare la Suisse du Comté de Bourgogne a été trouvée de 654 Toises, à très peu de choses près, au-dessus de la surface du Lac. » « On a trouvé la distance, dès une station en Mauchamp, éloignée de 146 Toises 3 pieds du Château de Duillier, jusqu' à l' Eglise de St. Pierre à Genève, de 12046 Toises de France; la distance dès la station de Mauchamp, jusqu' au coupeau le plus élevé des Glacières, Montagne située entre le Faucigny et le Vallais, connue à Genève sous le nom de Montagne maudite, de 42054 Toises; et l' angle formé par des lignes tirées dès le coupeau de la Montagne maudite, à la Station de Mauchamp; et dès cette même station à St. Pierre à Genève de 53d. 29 '. 6 ". Ensuite le calcul a donné la hauteur de la Montagne-maudite, par dessus le Niveau de la surface du Lac, pour le moins de 2000 Toises de France. » Ces cotes sont intéressantes. Le chiffre de 654 toises au-dessus du lac pour la Dôle est d' une exactitude surprenante. Les 654 toises font environ 1277 mètres. La hauteur accordée à La Dôle actuellement est de 1680 mètres au-dessus de la mer; l' altitude du lac est de 372 mètres. La hauteur de La Dôle au-dessus du lac est donc de 1308 mètres, chiffre qui ne diffère qu' à raison d' environ 2 pour cent de celui ( 1277 ) donné par Jean-Christophe Fatio.

Pour le Mont Blanc, par contre l' écart est plus grand. Les 2000 toises au-dessus du lac font environ 3900 mètres, au lieu de 4435 mètres. D' une autre façon, les 3900 mètres au-dessus du lac, ajoutés aux 372 mètres du lac font 4272 mètres au-dessus du niveau de la mer pour la hauteur du Mont Blanc; chiffre inférieur à celui de 2213 toises ou 4313 mètres que nous attribuons à Nicolas Fatio et aux 4807 mètres admis actuellement.

Par un calcul audacieux mais erroné, basé sur une comparaison de la longueur et de la pente du Rhône avec celles de la Loire, Jean-Christophe Fatio était arrivé au chiffre de 426 toises, soit 830 mètres, pour la hauteur du Lac de Genève au-dessus de la mer. Son chiffre de 2426 toises 2, soit 4730 mètres, 1 Histoire de Genève, tome 4, Genève, 1730.

2 C' est la valeur citée par Grur.er à la page 160 de son ouvrage toc. cit ., qui par conséquent se rapporte à Jean-Christophe Fatio.

pour la hauteur du Mont Blanc au-dessus du niveau de la mer, ne doit donc son apparence d' exactitude qu' à la somme de deux erreurs en sens inverse1.

Jean-Christophe Fatio précise que ses calculs avaient été faits à partir de Duillier, près de Nyon. Ceci est en accord avec les remarques de Pierre Martel 2 faites en 1742, année où il mesura le Mont Blanc à partir d' une base à Chamonix même. Martel dit « Or M. Fatio l' a trouvé pour le moins de 2000 toises au-dessus du niveau du lac à 7 lieues en amont de Genève où il doit y avoir au moins 50 pieds d' altitude de plus qu' à Genève; j' en conclus que nos observations s' accordent assez exactement. Il est à remarquer en outre que les observations de M. Fatio furent faites à 45 milles de la montagne, et les miennes juste à sa base et par conséquent moins sujettes à la réfraction. » Dans tout ceci il n' y a rien qui prouve que Nicolas ou Jean-Christophe Fatio aient été à Chamonix. Freshfield en a conçu l' idée à la suite de la lecture d' une curieuse polémique entre Marc-Théodore Bourrit et Gottlieb Siegmund Grüner.

Dans la Préface de son premier livre, Bourrit $ se plaignit amèrement du manque d' exactitude dans les planches des Alpes publiées par ses prédécesseurs. « J' ai en main », dit-il, « une estampe Angloise qui représente la Vallée de Glace du Montanvert, gravée par Vivarès, dont il n' y a pas un trait pris dans la nature. J' en ai une autre de la vallée de Chamouni qui n' est pas plus vraie; celle-ci est la treizième planche de la relation des Glacières de Suisse par M. Grouner. » Grüner protesta auprès de son ami Jakob-Samuel Wyttenbach 4 qui écrivit à Bourrit le 29 avril 1774, « M. Grüner espère que vous le traiterez un peu mieux dans le second volume de votre ouvrage ». Puis, l' année suivante, Wyttenbach publia une traduction allemande des voyages de De Luc 6 dans laquelle il permit à Grüner de répondre à Bourrit par une longue note. « Il est vrai », admet Grüner, « que la vue des glaciers de Faucigny, comme je l' ai appris depuis, n' est pas des meilleures. Je savais que M. Wind- 1 Cette cote exagérée de 426 toises pour l' altitude du Lac Léman persistera encore longtemps. Dans son Journal de Voyage en Italie ( Histoire de l' Académie Royale des Sciences, Année MDCCLVII, Mémoires de Mathématique et de Physique, tirés des Registres de l' Académie Royale des Sciences, de l' Année MDCCLVII ) M. de la Condamine commence par l' accepter, et comme entre temps J.P. Loys de Chéseaux avait augmenté la hauteur du Mont Blanc au-dessus du Lac ( la portant à 2246 toises ), la Condamine arrondit ce chiffre en 2250 et l' ajoute aux 426 toises de Jean-Christophe Fatio pour obtenir 2676 toises comme hauteur du Mont Blanc. Cependant il eut juste le temps de se raviser par une note: « Par des expériences très-exactes de la hauteur du baromètre, faites en même temps à Genève et à Turin, à Turin et à Gênes au bord de la mer, et qui m' ont été communiquées par J.A. de Luc, citoyen de Genève, pendant l' impression de ce mémoire, il paroit que la hauteur du Lac de Genève prise à la surface du Rhone à la sortie du lac n' est que de 1124 pieds, ou moins de 188 toises au-dessus du niveau de la mer, au lieu de 426 ce qui diminuerait la hauteur du Mont Blanc de 238 toises. » En effet, c' est Jean-André de Luc qui en 1757 obtint la mesure acceptable de 188 toises, ou 360 mètres pour la hauteur du lac: On lui donne actuellement 372 mètres. ( Recherches sur les modifications de l' atmosphère, Genève, 1772 .) a An Account of the Glacières or Ice Alps in Savoy, London, 1744.

3 Description des Glacières de Savoie, Genève, 1773.

* Correspondance inédite de Bourrit, s. 1., s. d.

* De Luc, Reise durch Savoyen und- auf die dortigen Gletscher, Bern, 1775.

M

Angour 3614 m Anrhemer 3893 m Adrar Nou Ahi or 3791 m Iguenouana 387S m Tizi ( col ) N' Likemt 3600 m environ Azrou Tamadout 3860 m Aksoual 3910 m Massif de la Afekoy-Tichki 3800 m environ Toubkal 4165 m Timesguida N' Ouanoukrim 4089 m Akiou Bou Imrhaz 4030 m Afella 4043 m Biguinoussene 4002 m Emplacement de la cabane L. Neltner 3207 m Vue générale de la chaîne du Haut Atlas prise de l' Oukaimeden, 3266 m 103/104 - Photos R. Baur Orell FOssli Arts Graphiques S.A.Z.urich Die Alpen - 1948 - Les Alpes hamm en avait fait graver une en Angleterre 1, et qu' elle se trouvait entre les mains de M. Abouzit. J' essayai de me la procurer, mais à sa place je reçus celle-ci, avec le renseignement qu' elle avait été faite par M. Facio de Dullier. Je vérifiai ensuite que les montagnes qui y étaient représentées s' accordaient bien avec celles que M. Facio a présenté sur sa Carte du Lac de Genève. » Donc c' est bien de Jean-Christophe Fatio et non pas de Nicolas qu' il s' agit. Nous avons eu la curiosité de comparer cette carte avec la planche en question, et nous les avons reproduites ensemble 2. En effet, on peut reconnaître une ressemblance, laquelle repose sur d' effroyables erreurs topographiques qui accusent par conséquent une parenté commune. Au premier plan au centre de la planche, dénoté par le chiffre 1 est Chamonix. A droite, donc à l' ouest, sous le chiffre 2 est le Montenvers. A sa gauche, 3, « L' Amas de Glace », ou la Mer de Glace. Au-dessus du Montenvers, et du même côté de la Mer de Glace, une cime qui, chose étrange, est insuffisamment pointue, sous le chiffre 4, passe pour l' Aiguille du Dru. Immédiatement derrière cette aiguille, une autre, 5, veut représenter le Mont Mallet. Enfin, deux chétives pointes désignées sous les chiffres 6, s' étendant vers la gauche, portent la légende, « le Mont blanc, ou montagnes maudites ». Un méchant petit chemin, 7, qui se faufile entre la Mer de Glace et le Montenvers, est le « Chemin du val Orsine ». Il n' est pas surprenant que dans l' ouvrage de Grüner, cette planche porte la souscription « Gezeichnet und Gegraben von A. Zingg », alors que toutes les autres portent « Gezeichnet nach der Natur... ».

Si maintenant on se reporte à la carte, on reconnaît tout de suite la cime du « Mont Mallet » et « L' Aiguille du Dru »: elles sont situées juste au-dessus de Champéry. Le ou plutôt les « Mont Blanc » sont représentés par la chaîne qui va en s' abaissant du « Mont Mallet » vers l' ouest, en direction de Morzine, au nord de Samoëns. L' emplacement de la Mer de Glace est occupé par la légende en toutes lettres LES GLACIERES, disposée de biais entre Sixt et Chamonix. Au beau milieu des « GLACIERES » se trouve « Forglaz » sur un petit sentier qui traverse la chaîne rocheuse et hérissée pour tomber sur « Valorsine ».

Aucun doute n' est possible. Ni le dessinateur de la carte ni celui de la planche n' ont été à Chamonix. C' est une calomnie que de suggérer que Jean-Christophe Fatio y ait été, et quant à Nicolas Fatio, on n' en sait rien.

Cependant, Grüner voulut à tout prix avoir tant soit peu raison. Sa note continue: « Je reconnus très distinctement les mêmes montagnes dans la vue de la vallée de glace représentée par Monsieur Bourrit. » Ceci tourne à la comédie, car lorsqu' on compare la planche de Grüner avec celle de Bourrit, « Aspect de la Vallée de Glace du Sommet du Montanvert », on voit bien à droite une montagne qui correspondrait avec le « Mont Mallet » et le « Dru », et un glacier qui va de l' arrière à gauche au premier-plan à droite. Mais si on lit la légende de Bourrit avec attention, on voit qu' elle continue, « Cette vue sera naturelle dans le Miroir ». La planche de Grüner aurait donc tort de ressembler à celle de Bourrit. Impossible également d' expliquer les erreurs de 1 C' est précisément la planche gravée par Vivarès dont Bourrit s' est plaint.

2 Planche 105.

Die Alpen - 1948 - Les Alpes29 LES FATIO DE DUILLIER ET LES ALPES la planche de Grüner par une inversion; le « Dru » et le Montenvers sont du même côté de la Mer de Glace.

Les valeurs attribuées par les Fatio de Duillier à la hauteur du Mont Blanc étaient susceptibles d' une amélioration, qui fut d' ailleurs apportée par Jean-Philippe Loys de Cheseaux en 1743 et par Sir George Shuckburgh en 1775. Mais une des opinions émises par Jean-Christophe Fatio mérite lo Votiti 3# çi~ " 2u. Sofret du TT1 antaauerr. Gete vue sen. nauirelLt danr U IHrro/r Extrait de Bourrit: « Description des Glacières de Savoye » d' être rapportée. Après avoir donné le chiffre de 2000 toises au-dessus du niveau du lac, il conclut: « Cela me fait croire que toutes les Montagnes qui ont jusqu' à présent été mesurées avec quelque exactitude, il n' y en a point de plus haute que la Montagne-maudite;... » Ici, Fatio voyait juste. Au début du siècle, Johann-Jacob Scheuchzer estimait que le Titlis était la cime la plus élevée des Alpes; son fils Johann-Caspar Scheuchzer allait bientôt opter pour le Piz Stella. Pour John Tuberville Needham, en 1751, cela sera le Mont Tourné ( aujourd'hui le Mont Pourri ) en Tarentaise. Jacques-Barthé-lémy Michèli du Crest accordera en 1755 des hauteurs démesurées au « Gotthard » et au Schreckhorn; en 1766 Christophe Jetzeler préconisera l' honneur pour le Tödi. Cela ne sera qu' en 1772 que Jean-André De Luc et en 1775 Sir George Shuckburgh réussiront à faire accepter le Mont Blanc comme le monarque des Alpes et la cime la plus élevée de l' ancien monde.

Pour terminer, je pose un petit problème. Jean-Christophe Fatio ne porta pas sa lunette seulement sur la Dôle et sur le Mont Blanc. On lit au paragraphe 946 des Voyages dans les Alpes de Saussure, « M. Fatio, après avoir mesuré trigonométriquement au-dessus de notre lac la hauteur du Mont Anzeindaz, qui sépare le Bas-Valais du Canton de Berne, avait donné à cette montagne 1460 toises au-dessus de la mer. » On se rappelle que Jean-Christophe Fatio attribuait 426 toises au Lac de Genève au lieu de 188. Il faut donc retrancher 238 toises des 1460, ce qui donne 1222 toises pour le « Mont Anzeindaz », soit environ 2390 mètres au-dessus de la mer.

Grüner connaissait le « Mont Anzeindaz ». La traduction française de son ouvrage en dit: « La suite des montagnes est interrompue par la vallée nommée Antseindas, qui mène au Canton de Valais, & tourne ensuite au Sud-Ouest. Le premier mont qui suit cette direction, est le vaste Mont d' Antseindas, composé de plusieurs parties, dont la mitoyenne est nommée la Cheville: il y a vers le midi de petits amas ou revêtements de glaçons. La hauteur de ce mont, que M. Mikhélix a pris pour le Stellihorn, a selon M. Facio de Duillers mille quattre cent soixante toises au-dessus de la mer. » De sa prison d' Aarbourg, le pauvre Jacques-Barthélémy Michèli du Crest attribua 2158 toises à son « Stellihorn », chiffre sans aucune valeur vu la pauvreté de son outillage, mais la cote la plus petite de toutes celles qu' il attribua à la chaîne des Alpes Bernoises et Vaudoises. Ce « Mont Anzeindaz », ne serait-ce pas le Diableret?

Feedback