Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses | Club Alpino Svizzero CAS
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Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses

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Soixante-neuvième Rapport — 1948P*r P.L. Mercanlon

Avec 4 illustrations ( 69—72 ) L' enneigement alpin en 1947/48 Le temps anormalement chaud, sec et ensoleillé qui a caractérisé tout l' été de 1947 s' est maintenu encore au début de Vannée nivométrique 1947/48, durant octobre entier. Le réenneigement alpin n' a commencé qu' en novembre dont les précipitations ont été copieuses. A la fin du mois il y avait déjà un revêtement de 1,5 m. au repère du Säntis ( 2350 m. ). La neige continua de s' amonceler en décembre et janvier. Des maxima se marquèrent au Säntis ( 4,s m .) et au Weissfluhjoch ( 2,, m .) à la mi-février déjà et, d' une manière générale, aux altitudes inférieures à 2500-2600 m. Puis le désenneigement y prit le dessus. Plus haut, en revanche, le manteau neigeux continua de s' épaissir à la faveur des mauvais temps persistants de juin et juillet. Août et septembre, plus normaux, ne vinrent pas à bout de ces entassements de sorte que les résidus d' étiage annuels ont partout, aux altitudes élevées, une grandeur exceptionnelle. Ex.: Silvretta, balise inférieure 2,s m .; balise supérieure,3,0 m ., hauteurs dépassant toutes les anciennes depuis 1916. La balise supérieure des Clarides n' a pas reparu. Sauf avarie, improbable, elle est enfouie par 5 m. de neige au moins. Les perches contrôlées par le chemin de fer sous le Col de la Jungfrau, à 3350 m ., ont indiqué des résidus automnaux de l' ordre de 7,5 m.1, chiffre peu sûr et probablement trop fort car la balise 3 Hœfeli n' a indiqué que 5n m. Le gain a été de 2,5 m. sur le Tsanfleuron ( 2900 m .), tandis qu' au nivomètre des Diablerets ( 3030 m .) le névé affleurait en fin de saison 8 m. plus haut qu' en 1947 ( 78 degrés au lieu de 62 ). Toutefois à l' échelle de VEismeer-Eiger ( 3100 m .) le niveau a baissé de 3 m. ( 6 en 1947 ), trahissant un fort tassement du névé. M. Oechslin a noté qu' au Bristenstock la couverture neigeuse n' est remontée qu' à 2340 m. au cours de l' été, soit 180 m. plus bas qu' en 1947. En revanche et ce qui semble paradoxal: la limite du névé moyenne que M. Oechslin a déterminée pour l' ensemble des glaciers d' Uri, était à 2575 m. 1, 45 m. plus haut qu' en 1947!

Le fâcheux été de 1948 s' est donc opposé au désenneigement usuel mais seulement aux grandes altitudes où les précipitations étaient de neige. Plus bas la pluie prévalait avec son action ablative intense. Les collecteurs glaciaires se sont donc « refaits », tandis que les dissipateurs, surtout ceux des grands glaciers descendant bas, continuaient de s' anémier: tel le Grindelwald Inférieur dont le front, pourtant assez abrité mais à 1200 m ., s' est retiré encore de 25 m. dans sa gorge.

Alors qu' on ne trouvait plus trace de vieille neige sur le Gletschboden ni de reste d' avalanche « In den Lammen », sur le Rhône, la terrasse du sentier militaire, devant le glacier de Gratschlucht, nette en 1947, était de nouveau encombrée d' un immense amas de vieille neige en septembre. ( Mercanlon ) M. J.L. Blanc a fait des constatations du même genre dans le Val de Bagnes à la mi-août.

1 W. Kuhn, Der Firnzuwachs pro 1947/48 in einigen schweizerischen Firngebieten. XXXV. Bericht der Meteorologischen Zentralanstalt, Zürich 1948.

Les fortes chutes de neige de décembre 1947 ont provoqué prématurément des avalanches importantes, notamment dans le Klöntal et à St-Gingolph, où la célèbre « Chaumény » a presque atteint les eaux du Léman.

En résumé l' enneigement des collecteurs glaciaires a été, en 1948, fortement progressif.

Chronique des glaciers en 1948 Le fâcheux été de 1948 devait, à vue humaine, amener un ralentissement de la décrue générale de nos glaciers et remettre quelques-uns en crue. C' est bien ce qui s' est produit, selon les données sur 78 appareils recueillies par leurs contrôleurs ordinaires, agents forestiers, membres et collaborateurs de la Commission helvétique des Glaciers. Voici ces observations, dans leur présentation habituelle:

Bassin du Rhône Tableau IVariations, en mètres, en Glaciers19461461946/471947/48 Rhônexx20 env.

Gratschlucht1746x Fiesch4,,10,,4 Aletsch14247 Lang6,s12,, Kaltwasser4110 ( 2 ans ) Allalin19011405 Tälliboden5244 Schwarzenberg12384 Fee929,,11,, Gorner341915,5 Zmutt64,,(4ansFindelen178,, ( 4 ans4 Turtmann314,52 Brunneg12,t16,,19 Duron ( Tsinal)948 Morning2,s20,,3,B Bella-Tola10,s9,,7 Moiry8201,, Ferpècle31,g21,,13,, Arolla162317 Tsigiorenove203 ( 2 ans ) Duron ( Seillon)293 Lendarreg5,,59 Grand Désert4,g27,56,, Mont Fort113 0 Valsorey9,,37 Saleinaz123218 Trient161715 Grand Plan-Névé 60 ( 3 ans362 Petit Plan-Névé30 ( 3 ans18 0 Martinets46 ( 3 ans13 — Prapioz64 ( 2 ans88 — Scex-Rouge87 ,B ( 2 ans ) —91 — Paneyrossaz331(6 ans3,5 En outre le Tseudet est donné comme en fort recul.

La diminution persistante du glacier du Rhône, dont le retrait frontal dans des rochers de plus en plus abrupts empêche pratiquement la mensuration directe, a pu heureusement se déterminer par la photogrammétrie. Elle a été de quelque 15 mètres aux deux côtés de la langue et d' une trentaine à l' ex qui se perd dans un étroit sillon rocheux. L' aspect général de la cataracte ne diffère guère toutefois de celui que montre la figure du Rapport précédent. Au Belvédère la distance du bord glaciaire au repère plombé était le 15 septembre de 58 m.; en septembre 1947 elle était de 61 m. C' est un élargissement de 3 m ., valeur que la forme très irrégulière de la marge glaciaire rend d' ailleurs peu significative. La réduction de l' ablation estivale suffirait à l' expliquer. Le haut glacier est demeuré très enneigé.Mercanton ) Au Gratschlucht, le 15 septembre aussi, de négligeables vestiges de l' ancienne langue subsistaient seuls dans le recoin W de la terrasse que traverse le chemin militaire, chemin derechef encombré là, d' un bout à l' autre, par un amas de neige puissant qui a englouti nos repères. Ces derniers sont d' ailleurs devenus inutilisables, car le front vrai du glacier court aujourd'hui à quelque 90 m. au-dessus de la terrasse et il a fallu le munir d' un repère nouveau. ( Mercanton ) La vaste exploration glaciologique du Grand Aletsch entreprise naguère par le professeur Hsefeli et son groupe s' est activement poursuivie avec l' aide de la Commission des Glaciers, dont MM. Hsefeli et son collaborateur Kasser sont membres, selon un programme qui vise à établir le bilan hydrologique du glacier et les conditions physiques de son mouvement. Il n' a malheureusement pas été possible de reprendre les sondages sismiques commencés en 1947 par MM. Florin et Süsstrunk sur le profil de la Concordia, au départ du grand cours de l' Aletsch. L' épaisseur des glaces est là de l' ordre de 500 m. et la vitesse superficielle de 205 m./an, valeurs impliquant qu' en profondeur la vitesse d' écoulement des masses glacées est plus grande qu' à la surface. Ce point est de grande importance pour la mécanique du glacier.Hœfeli et Kasser ) D' autre part, au cours de l' été, la mission britannique dirigée de MM. Selig-rnlan et Perutz a réussi à enfoncer verticalement et jusqu' au sol dans le Jungfraufirn un tubage métallique de 8 cm. de diamètre et long de 136 m. On en observera le comportement dans son « voyage du glacier » vers l' aval ) 1948 aura été une année féconde pour la glaciologie suisse ailleurs encore: la Société « Energie Ouest-Suisse ( E. O. S. ) », en quête de nouvelles ressources hydrauliques, a réalisé un vaste et coûteux mais remarquable programme de recherches dans les Alpes valaisannes, en s' inspirant de la riche expérience de la Commission des Glaciers, notamment en matière de sondage sismique. Il s' agit en principe de capter les eaux de fonte sous le glacier même. Tour à tour Gorner, Zmutt, Mont-Collon, Tsigiorenouve ont été sondés soit sismi-quement, soit par des forages verticaux ou le percement de galeries horizontales. Au Gorner les quelque 1050 sondes sismiques de M. Süsstrunk, secondé par MM. Renaud, Florin, Pahud et d' autres, déterminations complétées par celles de 15 forages ( jusqu' à 220 m .) par le procédé thermique Calciati ont permis d' établir, sur 11 km2, la première carte d' ensemble du lit d' un grand glacier. Ce lit se présente comme une vaste combe rocheuse avec, en aval de la cabane Bétemps, une dépression centrale sous 400-450 m. de glace; au pied du Riff elhorn l' épaisseur est encore d' environ 250 m. Un vaste réseau de balises a fourni en outre de précieuses données sur l' ablation et la vitesse d' écoulement à la surface du glacier. Au Tsigiorenouve, vers 2600 m ., les glaces ont quelque 200 m. d' épaisseur. Un tapis de moraine épais de quelques mètres les sépare du roc.

A l' affluent du Mont-Colon ( Arolla ) une galerie de 205 m. dirigée vers le pied des rapides s' est heurtée à la paroi rocheuse sous 96 m. de glacé tourmentée où des phénomènes nouveaux de stratification et de déformation plastique sont apparus, éminemment instructifs.E. O. S. ) Bassin de l' Aar Tableau IIVariations, en mètres, en Glaciers Oberaar

Unieraar Grindelwald Supérieur., Grindelwcdd Inférieur..

Stein

Blümlisalp

Schwarz

Tsanfleuron Rätzli

Gamchi— Wildhorn

Rosenlaui

Trift

194S/46 1946/47 1947/48 - 20 - 22,, 13«

- io«

cotes en m.

section en m> moyennes Ecarts sur 1945/46 maximum moyennes maximum Grunerhorn, Finster Wildläger, Lauter Mieselen..

Pavillon Dollfus Brandlamm Supérieure Brandlamm Inférieure 1 2585 }2540 2400 }2265 12105 |1980 + oo,8 — 1,1 -1,1 - 1,4 -2,, + 1,.

+ 3,8 — 6 — 6 — 5 — 12 + 426 + 930 — 1535 — 1140 — 1275 — 1465 36,,, 29,.t 31 », 25,,, H » 6,,3,,2,,1,.

-0,,l,i + o,.

49,, 45,, 42,« 33,7 18,, 11,, Le tableau IV donne les quantités de glace dissipées à l' Unteraar en 1946/47 et 1947/48:

Tableau IV19*8147194714S De front à front 222,000 m » 382,000 m » Du front au profil Brandlamm Inférieure... 297,000195,000 De Brandlamm Inférieure à Brandlamm Supérieure 3,118,0001,867,000 De Brandlamm Supérieure au Pavillon Dollfus 6,478,0002,713,000 Du Pavillon Dollfus au Mieselenegg 10,075,0003,250,000 Total des masses dissipées 20,190,000 m3 8,407,000 m3 Excès sur l' année précédente11,466,000 11,783,000 Du profil Mieselen au profil du Lauteraar.. 2,290,000 m3 682.000 m3 Du profil Mieselen au profil du Finsteraar.. 10,832,000 1,924,000 Un fait inattendu retiendra l' attention: sur 100 à 200 m. de largeur la marge droite du glacier, celle qui s' alimente sous le Finsteraarhorn, n' a montré, elle, qu' un abaissement de surface insignifiant et des augmentations de vitesse alors que partout ailleurs c' est l' affaissement et le ralentissement qui prédomi-naient. C' est précisément aussi cette bande qui se termine par le segment frontal stationnaire signalé plus hautFlotron; O. K.W. ) En été 1948 la Commission des Glaciers a exécuté le sondage sismique de détail du bas de l' Unteraar.

UOberaar a délaissé encore 6044 m2 de terrain dans un retrait moyen de 13,j m- L' amas morainique échoué devant le front a vu son noyau de glace perdre 5 m. de hauteur.Flotron; O. K. W. ) Au Gauli, en dépit de longues et onéreuses recherches à la mi-octobre, ni l' épave du Dakota ni la haute perche la balisant n' ont pu être retrouvées. Chute dans quelque crevasse ou enfouissement sous les neiges résiduelles de l' automne? On ne sait mais cette disparition semble devoir réduire à néant notre espoir de suivre en surface le voyage de l' avion dans le sein du glacier.

( Flotron ) Au Rosenlaui l' itinéraire menant à la cabane Dossen traverse une langue de glace cachée sous manteau morainique épais qui la faisait méconnaître. Maintenant, affaissée d' une dizaine de mètres, elle est devenue plus ébouleuse et incommode. Au milieu du glacier et sous le Wellhorn les chutes de pierre dangereuses ont recommencé et vers les sommets les pentes sont de plus en plus crevassées et raides. Un éboulement de glace a tué trois touristes passant sous le glacier.

De même le petit Sillern ( Doldenhorn ) a enseveli de ses éboulis frontaux trente moutons sur la Gabelweide et barré la route du talweg. Les chaleurs précoces de 1948 ont détaché sans doute les glaces de leur support rocheux, comme jadis à l' Altels.

Les bas du Trift ont à ce point pâti de la décrue qu' il a fallu établir un escalier sous la cabane Windegg pour gagner le glacier.Campione ) Au Grindelwald Supérieur, l' extrémité réelle du glacier s' est rétrécie et a reculé encore. Il a fallu reporter la grotte plus amont. Sous les échelles du Milchbach il y avait, le 17 octobre, divorce entre glace et rocher, engendrant un antre large de 4 à 5 m ., haut de 4, dont la voûte se montrait pétrie d' énormes bulles d' air lenticulaires. Le cryocinémètre a marqué là un mouvement de 2,8 cm./j. vers l' aval. L' étendue caillouteuse entre le glacier et les flancs du Milchbach — de fait un glacier « mort » — s' est affaissée considérablement encore. Toute la nappe morainique descend de plus en plus abruptement vers le torrent, dénudant la roche en place où il a fallu parfois agrafer le sentier de la grotte. Sur le torrent la glace apparaît en un vaste portail à voûte crevassée.

Le 16 octobre, au front du Grindelwald Inférieur sur la gorge, on a mesuré un recul de 25 m. L' extrémité du glacier était partout plus abrupte qu' en 1947. Au voisinage de l' abîme le cryocinémètre a indiqué une vitesse moyenne de 8i8 cm./j ., avec de notables variations temporaires révélant le déplacement irrégulier des masses.Jost et Mercanton ) Le lagot au front du Blümlisalp a doublé de grandeur depuis 1943.

Tableau VI ( suiteVariations, en mitres, en 1941/4513451*61946/47 Bassin de l' Adda Forno — 1930,s28,5 Bassin du Tessin Rossboden15,51,50 Basodino— 19116144,5 ) 2 I Bresciana105 ( 2 ansAu pays d' Uri, dont notre collègue M. Oechslin a méritoirement mensuré tous les glaciers, le Schlossberg a beaucoup souffert des pluies dans sa partie basse ( 1850 m .) alimentée par les éboulis du vrai front qui maintenant s' est retiré dans des rochers difficiles.

Au Hüfi l' accès de la langue est barré, aux hautes eaux, par la cascade du Schafloch sous laquelle il faut passer maintenant. Le glacier a libéré sur 35 m. de largeur une terrasse rocheuse que le torrent traverse pour aller se jeter dans sa profonde gorge.Oechslin ) Au Tschierva le torrent sort d' un tunnel large de 20 m ., haut de 15 à 20 et profond d' une soixantaine de mètres.Campell ) A l' exceptionnel recul du Basodino en 1947, 116 m. I, s' oppose en 1948 une avance de 144,6I II s' agit d' une languette large de 8 à 15 m. seulement, pointant devant le front normal qui, lui, n' a avancé que de 2 mètres. Vraisemblablement l' énorme ablation de 1947 avait-elle vidé là de ses masses glacées un étroit chenal de la laisse, que 1948 aura de nouveau rempli.Morganti ) Le tableau VII récapitule les contrôles:

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