Mont Garibaldi (2678 m) | Club Alpino Svizzero CAS
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Mont Garibaldi (2678 m)

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Rene Widmer-Lanz, Grüningen

J' avais fait la connaissance de Ray Martin au cours d' un vol au lac de Snowcap dans le parc provincial de Garibaldi en Colombie britannique. Avec le chef de parc ClifT Ferner et Tim tForit clairsemée et magnifiques champs de ski a la Podrta gora 2Traversee du Triglav Photos Albert Allgaier, Stuttgart Traill, un équipier de kayak, nous avions, par la meme occasion, réussi l' ascension d' un sommet anonyme, au sud de ce lac. Nous étions la troisième cordée à atteindre ce sommet. Nous avions pu apprendre ce dernier point d' après les indications contenues dans une capsule de film, trouvée dans le petit cairn du sommet.

Au retour, nous avions vole près des flancs blindés de glace du Mont Garibaldi, et avions fait une halte intermédiaire au bord du lac du meme nom pour boire la tasse de thé obligatoire ( mes compagnons étaient Anglais ) avec les gardiens du parc, dans leur cabane de poutres de la crique Taylor. Je devais, par la suite, faire plus ample connaissance avec cette région, tout en me cassant les dents sur le Mont Garibaldi.

L' hiver suivant, au cours de plusieurs jours passés dans les prairies de la Defense Noire ( Black Tusk ) qui fait face au Mont Garibaldi, nous avions mari le projet, Ray et moi, d' en tenter l' ascension à ski au premier printemps. De la Defense Noire, signe caractéristique de la région, et de l' Arete du Panorama, nous avions pu observer son flanc nord, et nous espérions y trouver une voie, car le guide-manuel n' en donnait aucune.

Nous en étions là, en avril i960. Après une course rapide le long du Howe Sound, nous enträmes dans Squamish avec un équipement complet de skis, de corde, de matériel de bivouac et de provisions.

Sur ce meme Howe Sound, un bateau de la flotte anglaise procédait, il y a plus d' un siècle, à des mensurations, et c' est de son bord que l' of de quart, un matin, contempla avec étonnement la splendeur luisante d' une montagne neigeuse au-dessus des croupes boisées des montagnes cötieres. Il fut tellement impressionné par la beauté de ce spectacle qu' il donna à la montagne le nom de Giuseppe Garibaldi, qui à cette époque - on était en 1860 - avait enthousiasme toute l' Angleterre par sa lutte pour l' unité italienne.

Mais revenons à Squamish. De là, une com- pagnie d' hélicoptères offrait des vols de passagers jusqu' au Chalet de la Tete de Diamant ( Diamond Head ), un hötel primitif, mais sympathique, dont nous voulions faire le point de départ de notre ascension.

Nous avions la chance avec nous: Ray, autrefois pilote de la RAF et de la RCAF, et maintenant pilote commercial d' Air Canada, est rapidement sur la meme longueur d' onde que le pilote de l' hélicoptère, et ce dernier est bientöt pret à nous déposer, pour le prix du vol, sur le névé de Garibaldi, au lieu de nous transporter seulement jusqu' au Chalet de la Tete de Diamant. Pour cette raison nous sommes les derniers en ligne, mais cette perte de temps va etre compensée largement par le raccourcissement de la marche d' approche. Malheureusement le brouillard rend la vue si basse que nous ne pouvons atterrir sur le champ de neige. Après avoir fait le tour complet de notre sommet nous sommes déposés — comme tous les autres - près de la cabane de la Vieille Millie. Nous avalons rapidement une assiette de soupe de la cuisine de Millie et partons sur la couche de neige profonde bordant le lac Elfin, mais à distance prudente des pentes avalancheuses du Pic Colum-nar et en direction de la selle située à l' ouest des Gargouilles ( Gargoyles ). Là, nous sommes arretes par un couple, qui avait attendu l' hélicoptère à Squamish en meme temps que nous. L' homme est si impressionné par la grosseur de nos sacs qu' il renonce à son chocolat et nous en tend la tablette. Et, lorsque nous les avons informés de notre objectif, la femme ne vent pas ctre en reste, et elle nous donne, en plus, son propre chocolat.

Apres avoir franchi la corniche, nous glissons avec de nombreuses chutes — nos fardeaux nous y suivent fidèlement - en direction de la baie du Ring, et remontons sur son flanc ouest. Nous n' allons cependant pas loin et devons rebrousser chemin pour ne pas arriver sur les pentes abruptes dominées par la The de Diamant. Après avoir trouve le pont de neige que nous avait 1 ürt 7 X?

Mont Garibaldi en hiver Atwell Peak et Mont Garibaldi, vus du Glacier Garibaldi Mont Garibaldi en hiver Dalton Dome, Mont Garibaldi, Atwell Peak, Diamond Head Photos Archives Rene Widmer, Grüt signale Othar, le constructeur du Chalet de la Tete de Diamant, et l' avoir traverse, nous pouvons enfin entreprendre ä peaux de phoque la derniere montee vers le Cone d' Opale ( Opale Cone ). Les courroies des sacs nous coupent dejä profondement les epaules, lorsque, vers le soir, nous trouvons l' endroit ideal oü planter notre tente sur la vaste surface du neve Garibaldi. Pour le souper, nous recevons une poignee d' Irish stevo ( soupe aux legumes avec des pois et beaucoup de viande ) que Ray s' est fait cuire tres epaisse par une hötesse de l' air ( c' est ainsi que 5a se fait chez les pilotes ). Ce plat est melange ä deux poignees de neige et chauffe sur le rechaud ä benzine. Lä-dessus, nous nous enfilons dans les sacs de couchage.

Le lendemain, nous nous reveillons dans un brouillard opaque. Apres un porridge epais ( les vieux Confederes avaient dejä l' habitude de se mettre en route le ventre plein de bouillie d' avoine ), nous rampons au dehors et etirons nos membres ankyloses. Tandis que le brouillard se dechire par endroits, nous grimpons sur la crete de partage des eaux et cherchons ä reconnaitre les environs ainsi que l' itineraire de l' ascension prevue pour le lendemain. Les trous dans le brouillard se fönt plus nombreux, et nous donnent la vue libre sur le lac Garibaldi, le lac Range et la Defense Noire, dont la silhouette se dessine ä l' horizon. Avec son capuchon de neige, eile ressemble ä un gugelhopf glace, qui serait reste trop longtemps au four. Nous retournons tot ä la tente et utilisons les derniers rayons du soleil couchant pour faire fondre de la neige sur une windjack noire etendue sur la pente. II nous faut economiser notre provision de benzine mesuree au plus juste ( il convenait de ne pas augmenter le poids de nos charges ). A nouveau une poignee d' Irish stew, et nous nous jetons « sur la paille ».

Comme la veille, nous nous reveillons le lendemain matin dans le brouillard, qui commence cependant bientöt ä s' eclaircir. Nous chargeons nos sacs et tracons notre chemin dans la neige tombee pendant la nuit sur l' itineraire choisi la veille pour attaquer le Garibaldi par le nord. Tantöt nous marchons en plein soleil, tantöt dans une puree de pois si epaisse que nous devons recourir ä la boussole pour garder la direction. Nous avons dejä atteint le flanc nord et commence ä le gravir lorsque le brouillard se referme, et la neige se met ä tomber. Les flocons tombent de plus en plus epais et nous marchons bientöt dans trente centimetres de neige fraiche, juste sous la pente raide qui conduit directement ä l' arete du sommet. Notre Situation devient inconfortable. Nous rebroussons chemin et ne retrouvons la securite que sur la seile entre notre but et notre tente. Lorsqu' il cesse de neiger et que le brouillard se leve, nous pouvons voir sur les pentes plus abruptes les formes hachees de petits glissements de neige. Cela signifie que notre voie est barree, et, comme trop de temps s' est ecoule, nous ne pouvons plus approcher la montagne par un autre cöte. Nous apprendrons, ä notre retour ä la Loge de la Tete de Diamant, que c' est seulement sur nous qu' il a neige. Le flanc sud du Mont Garibaldi est reste dans le soleil toute la journee. De plus, le soleil a maintenant chasse tout le brouillard, et nous remontons ä notre tente pour vider la bouteille rituelle, sinon au sommet meme, du moins ä un endroit oü la pente se creuse de tous les cötes. Ce faisant, nous sommes punissables, car la loi defend la consommation d' alcool hors des auberges ou de sa propre maison, mais il n' y a certainement aucun representant de la Police montee royale canadienne dans les environs, et nous regagnons sans encombre notre tente et notre Irish stew.

Malheureusement nous avons epuise notre temps. Apres un dernier porridge, le matin suivant, nous suivons ä nouveau le chemin par lequel nous sommes venus il y a trois jours, vers la cabane du bord des lacs Elfin. La Vieille Millie a maintenant du temps pour nous, car nous sommes ses seuls hötes. Apres nous etre abreuves ä tour de röle ä la fontaine de soda ( nous etions complete- ment déshydratés ), nous nous commandons un repas gargantuesque avec beaucoup de salades. Nous avons abandonné le reste de notre Irish stew aux whisky jacks. Ce sont des oiseaux de la grosseur d' un merle, effrontés comme deux moineaux. Whisky jack est du reste si proche du terme utilisé par les Indiens pour décrire cet animal, que l' homme blanc a réussi à le prononcer après eux.

Le jour suivant, nous marchons dans le soleil, contents, sinon libérés, vers Squamish. Chaque pas nous rapproche du printemps.

Mais partie remise n' est pas partie perdue. Entre-temps j' étais devenu gardien de parc dans les Prairies de la Défense Noire. Chaque jour j' avais devant les yeux le sommet qui nous avait renvoyés à la maison au printemps, car il se reflétait dans les eaux invraisemblablement bleues du lac Garibaldi, non loin de la cabane. En septembre i960 se présenta enfin une occasion de tenter une nouvelle attaque. Le moment semblait d' autant plus favorable que je m' étais entraine pendant tout l' été sur presque tous les sommets de la région du lac Range avec des amis ou mon collègue gardien.

Ray était monte à pied nous rejoindre aux Prairies, une bouteille de bordeaux pour le som-m t dans son sac. Après avoir traverse le lac sur un de nos bateaux patrouilleurs, touche terre dans la baie de la Table ( Table Bay ), et tire le bateau suffisamment haut sur la rive, nous marchons vers le glacier de la Sentinelle ( Sentinel Glacier ), Au-delà du col, à l' ouest du glacier Pikes ( sur lequel nous avions fait du ski durant tout l' été ), nous nous dirigeons vers le glacier Warren, pour dresser la tente à environ 2000 mètres. Le soleil se couche, rouge sang, derrière la chaine du Tantale ( Tantalus Range ), pour nous réveiller, magnifiquement doré, après une nuit froide. Notre sommet parait à portée de la main, au-dessus de nous, si près que nous n' ava que quelques morceaux et nous mettons en route, avec l' intention de nous retrouver au bivouac déjà pour le repas de midi. Nous gra- vissons dans la ligne de pente l' éperon de neige raide sur lequel nous avions été contraints au retour, lors de notre première expédition. Mais bientöt des crevasses géantes, que nous n' avions pu voir d' en bas, nous obligent à changer de chemin, puis la pente devient si abrupte que nous devons tailler des marches. Il est déjà près de midi lorsque nous découvrons un pont sur la rimaye et nous abordons le rocher. Loin au-des-sous de nous s' étend « mon » parc, puis le pays s' ouvre largement vers le nord et Test, avant de disparaître dans la brume. Plus bas dans la vallée de Cheakamus, on apercoit un voile de fumée: un feu de foret devait faire rage là-bas. A l' ouest, nos regards sont retenus par la grande masse du Mont Tantale. Au sud, devant nous, à quelque cinquante mètres plus haut se dresse notre but. Mais, cette fois-ci encore, nous ne l' atteindrons pas! Le Mont Garibaldi fait partie de la lèvre supérieure d' un vieux volcan. Le rocher - c' est aussi de la lave - est au toucher comme de la pierre ponce rongée par le temps. Toutes les prises nous « restent » dans les mains. Il faudrait déblayer tout ce ressaut de l' arete pour arriver au sommet.

Le mois d' aoüt 1965 arrive sans que nous ayons atteint notre objectif. Cette fois-ci je suis revenu au Canada en touriste. J' ai apporté à Vancouver une bouteille de Montibeux de Martigny et l' ai conservée, bien emballée, malgré la soif qui m' a tenaille sur l' autoroute du Transcanada, de l' Atlantique au Pacifique.

Presque rien n' a changé: la Vieille Millie de la Loge de la Tete de Diamant nous souhaite beaucoup de chance - avec une assiette de soupe! sur quoi nous gravissons le Cone d' Opale. Entre-temps s' est construit néanmoins un nouveau chemin dans la vallée de la baie du Ring, ce qui nous épargne la montée et la descente de la selle près des Gargouilles. La où nous avons plante notre tente, il y a quatre ans et demi, le glacier est découvert. Nous montons encore un peu et nous installons pour la nuit à 1300 mètres environ. Le temps est incertain. Cependant, le len- demain matin, nous risquons une sortie. Comme le cote nord nous a econduits deux fois, nous nous detournons du névé Garibaldi directement vers l' ouest, pour traverser les séracs qu' au plateau. Celui-ci, forme par le cratère lui-meme, est entouré du Mont Garibaldi, du Pic Altwell et du Dome Dalton. Après la zone de crevasses, nous atteignons relativement facilement le plateau ( cette fois-ci nous nous sommes munis de crampons ) et enfin le flanc sud du Garibaldi. Le rocher est meilleur sur ce cote que sur la paroi nord sur laquelle nous avons échoué, bien qu' il soit composé de lave, lui aussi. Mais tous les obstacles ne sont pas encore derrière nous. Brusquement le sommet s' encapu de brouillard, comme s' il vomissait des grenades fumigenes. Lorsque la purée de pois se retire enfin - nous ne nous sommes pas laisse chasser si rapidement - un gros orage nous oblige à chercher un abri. Mais à peine les dernières gouttes sont-elles tombées que nous nous précipitons par-dessus un monceau de débris vers un petit couloir que nous avons découvert pendant la pluie. Bientot nous atteignons le sommet. En silence nous buvons chacun une gorgée de la bouteille de la victoire. Il s' est passé beaucoup de temps depuis notre première tentative au vieux Garibaldi, et depuis le commencement de notre amitie.

Traduit de l' allemand par Catherine Vittoz

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