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A la recherche de perles dans la région du Julier Randonnées à skis entre Bivio, Maloja et Silvaplana

Souhaitez-vous randonner en paix et prendre de la distance avec le quoti-dienLes randonnées à skis dans la région du Julier, faciles à moyennement difficiles, vous raviront. La neige y sera présente à coup sûr, et vous trouverez des itinéraires adaptés à toutes les conditions météorologiques.

Bivio? La plupart d' entre nous sont déjà passés par l' étroite rue de ce petit village situé non loin du col. Mais qui s' y arrête, si près de la Haute Engadine, de ses villages pittoresques et mondains, de ses sommets réputés et de ses lacs étince-lantsLorsque mon guide me parla d' une randonnée à skis au Julier, vu que le temps ne se prêtait pas à l' escalade de rocher ou de glace, je me montrai dubi-tative: « N' y a-t-il pas d' alternative? » Apparemment pas, mais je n' allais pas être déçue. Dans la montée au Piz Lagrev, on tourne le dos au Piz Julier ainsi qu' au Piz Albana.

« La perle du Julier », tel est le nom que s' est donné Bivio. On peut s' en convaincre en voyant le nombre de superbes randonnées à skis réalisables depuis le village, sans grand parcours d' approche, sur le côté sud de la route du col par exemple: de vraies perles. En 10-15 minutes, on atteint le Julier, de Bivio comme de Silvaplana.

Il suffit de quelques pas hors de la route du col pour se trouver dans un no man's land sévère et majestueux, où la trace disparaît rapidement dans le labyrinthe des vallons. Longeant les pentes ou les thalwegs, on se retrouve seul avec la vaste nature. Le silence n' est rompu que par notre souffle, mais de nombreuses traces témoignent de la présence de gibier dans ce décor inhospitalier. En y regardant bien, on peut avoir la chance de voir quelque bouquetin, chamois ou lièvre bondir au loin, ou d' observer des lagopèdes en vol.

Le randonneur solitaire sera toujours surpris des points de vue renouvelés sur des sites bien connus comme les lacs de la Haute Engadine avec les groupes de la Bernina et de l' Ortler en arrière-plan, ou le décor du Piz Güglia et du Piz Kesch faisant rempart aux sommets dominant Davos. En direction de Juf à l' ouest, le regard porte jusqu' aux quatre-mille des alpes valaisannes et bernoises, derrière les Piz Platta, Piz Scalotta et Piz Turba. Encore un quart de tour et l'on voit au sud le Bergell, la face nord effrayante du Piz Badile, le Piz Cengalo et le vaste groupe enneigé de la Sciora, la chaîne de la Disgrazia et le grand favori des skieurs du Bergell, le Piz Duan.

D' un blanc étincelant, bleu profond, gris sombre ou balayée de vents tempétueux, cette région de transition entre le nord et le sud se prête par tous les temps à quelque randonnée.

Il vaut la peine de commencer par le Piz Lagrev. La tempête de neige m' a hélas empêchée d' apprécier la belle vue que l'on a de ce sommet sur les lacs de la Haute Engadine, mais cette journée dans la plus belle poudreuse, seule avec mon guide, m' a dédommagée de toute peine. A part le Piz Lagrev, on peut aussi s' atta au Piz da las Coluonnas, au Piz d' Emmat Dadaint ou au Piz d' Emmat Dadora. Ce dernier est peu fréquenté, à tort car il offre une belle descente sur la route du Julier, voire sur Bivio lorsque les conditions de neige sont bonnes. Il faut encore mentionner le Piz Grevasalvas, qui permet une descente intéressante et rude sur Plaun da Lej au bord du lac de Sils. Et puis le Piz Lunghin, que beaucoup connaissent comme excursion estivale ou comme quadruple partage des eaux entre l' Inn ( vers le Danube et la mer Noire ), l' Eua dal Sett ( vers le Rhin et la mer du Nord ), l' Aua dall' Alpascelin et la Maira ( vers le Pô, l' Adriatique et la Méditerranée ). Il y a encore la Roccabella, qui domine Bivio. Il existe beaucoup d' autres variantes et, même après des années de fréquentation, on trouve encore de nouvelles pentes à parcourir. Par exemple, le secret Piz Materdell, que l'on gravit depuis Bivio ou Maloja et que la littérature a jusqu' ici négligé. Mais il suffit: celui qui veut découvrir la région s' adressera aux indigènes qui sauront lui indiquer l' excursion la plus recommandable.

Les excursions depuis Bivio sont modérément exigeantes: 2 à 4,5 heures de montée, 600 à 1000 mètres de dénivelé et des pentes pouvant atteindre 40 à 45 degrés. Les difficultés vont de facile à assez difficile. Même lorsque les conditions de neige sont relativement mauvaises, on trouvera toujours une combe habillée de la meilleure poudreuse pour compenser l' effort de la montée et les frissons de quelque descente un peu corsée. Si les conditions le permettent, il vaut la peine de songer à une descente vers l' Engadine ou le Bergell.

Il faut pourtant mettre en garde le randonneur: on se perd facilement dans cette région, et les conditions météorologiques comme l' état de la neige ne se laissent pas si facilement interpréter en raison de la situation particulière entre le nord et le sud.

Vestiges romains

Pass da Güglia et Bivio, ces noms à consonance latine rappellent que les Romains utilisaient déjà le Julier pour passer de l’Engadine à l’Oberhalbstein. On a largement décrit et commenté les vestiges d’un monument, des fragments de statues de marbre et des monnaies de l’époque de l’empereur Auguste. On n’est pas sûr de l’origine du nom du col : provient-il de la racine solaire « Jul », est-il dérivé de la racine nordique « julo » (col, brèche) ou évoque- t-il une traversée par Jules César ? On trouve encore au Julier, comme au Septimer voisin, des traces de l’ancienne route romaine.

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