Chronique himalayenne 1970 | Club Alpin Suisse CAS
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Chronique himalayenne 1970

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

O. Dyhrenfurth, Ringgenberg ( BE )

Avec compléments des années précédentes Après quatre années de crise, 1970 fut une vraie année de surchauffe dans l' Himalaya; le manque de place nous fera traiter sommairement plusieurs récits, d' autant plus que les principaux événements de l' an dernier ont déjà été mentionnés dans nos communiqués préalables.

Le roi du Bhoutan, Jigme Dorji Wangchuk, encouragea l' ascension du Chomol Hari ( 7315 m ), borne NW de son royaume à la frontière tibétaine. Ce beau sommet avait déjà été gravi en 1937 par F. Spencer Chapman avec le Sherpa Pasang Dawa Lama qui devint célèbre depuis lors, mais bien des Bhoutanais refusaient de croire à la conquête de cette montagne sacrée. En 1970, le doute ne fut plus possible: le capitaine Prem Chand, Dorji Lhatoo, instructeur à l' Institut himalayen de Darjiling, Santosh Arora et le Sherpa Thendup foulèrent le sommet, le 23 avril, à io h 25, par un temps radieux, et ils en redescendirent sans encombre. Ce beau succès fut obscurci par une tragédie: le 24 avril, les capitaines L. Kang et Dharam Pal voulurent répéter l' ascension. A io h 45, on les vit à la jumelle environ 150 mètres sous le sommet. Puis le temps changea et les deux officiers disparurent. Même l' observation avec des hélicoptères ne donna aucun résultat. Le colonel N. Kumar est d' avis qu' ils tombèrent sur le versant tibétain, dans une paroi nord de plus de 200 mètres. On interrogea donc Pékin, mais les patrouilles chinoises ne signalèrent rien.

Référence: K. Guha dans « Himavanta » vol.II, mars 1971, pp. 3/4.

Il n' y a rien de nouveau à signaler dans le massif du Kangchendzönga qui était auparavant très visité. Le Makalu ( 8481 m ) en est devenu d' autant plus important. Après de longues tractations avec le gouvernement népalais, les Japonais obtinrent, en mars 1969, la permission de faire une reconnaissance qu' ils poussèrent de Barun Pokhari jusqu' au col SE ( 6500 m ). L' ex même fut fixée au printemps 1970.

Nous avons déjà signalé cette grande entreprise de la section Tokai du Club alpin japonais dans deux bulletins mensuels du CAS ( août I970, p. 185, et mai 1971, pp. 114-116 ). Résumons donc:

Le « commandant général » était Masao Kumazawa ( 65 ans ), alors que Tohei Itoh ( 46 ans ) était chef et Makoto Hara ( 33 ans ) chef technique. Le 21 mai ig?o, Tonosuke Kawagushi et Toshihiro Goto firent une première tentative, mais, à 18 h 45, la tempête les contraignit à abandonner, alors qu' ils étaient environ 80 mètres sous le sommet principal ( 8481 m ), et à bivouaquer vers 8300 mètres. Le 23 mai, Hajime Tanaka et Tuichi Ozaki reprirent la lutte, mais n' atteigni le sommet qu' à 19 h Io, au terme d' une ascension de près de dix-sept heures, et sans oxygène depuis 5 heures du matin! Ils descendirent au clair de lune au camp VI ( 7850 m ). Une autre cordée était prête à répéter l' ascen, mais le temps se gâta et la direction de l' ex ordonna l' évacuation de la montagne. La lutte avait duré soixante-neuf jours.

De l' aveu même des Japonais, pour une arête difficile et longue d' une dizaine de kilomètres, ils manquaient de Sherpa, et par conséquent d' oxygène au moment décisif. Que malgré cela une cordée ait arraché la victoire, et sans pertes, est d' autant plus remarquable. Selon leurs propres paroles, c' est « le résultat de nombreux efforts surhumains, d' une équipe parfaitement unie, et d' une immense chance! » Référence: « Makalu 1970 — la première ascension par l' arête sud-ouest » par Makoto Hara et Masao Asam ( Tokyo 1971 ).

MASSIF DE L' EVEREST Le Mont Everest ( 8848 m ) reçut en 1970 la visite de deux grandes expéditions japonaises, l' une de skieurs, et l' autre de grimpeurs. Le groupe de skieurs, fort de vingt-deux participants dirigés par Yuichiro Miura, eut un grave accident déjà au début d' avril: entre 5750 m et 5800 m, dans la barrière du Khumbu, un sérac s' écroula sur une colonne de porteurs et tua six Sherpa. Un septième porteur d' altitude mourut d' épuisement. Les détails ne sont pas connus. L' entreprise fut poursuivie, et, au début de mai, le camp V fut monté au Col Sud ( 7986 m ). Depuis 7700 m environ, Miura osa se lancer dans une descente à ski du grand couloir qui sépare l' Eperon des Genevois de la face sud de l' Everest.

II utilisa des parachutes de stabilisation. Selon des communiqués de presse, il aurait atteint une vitesse de 150 km/h environ sur une distance de trois kilomètres, puis il aurait perdu un ski et se serait blessé à la hanche. Le « film d' un record mondial à ski » tourné pour l' Exposition universelle d' Osaka offrit le sensationnel voulu, mais il ne s' agissait évidemment pas d' une descente du sommet de l' Everest - une réclame que personne ne pouvait prendre au sérieux.

L' expédition organisée par le Club alpin japonais sous la direction de Hiromi Ohtsuka comprenait vingt-trois grimpeurs, sept scientifiques, neuf photographes et journalistes, soit un total de trente-neuf Japonais, avec quarante-cinq Sherpa et environ cinq cents porteurs pour les régions inférieures. Deux hommes perdirent la vie: K. Narita succomba à une crise cardiaque au camp I ( 6100 m ), et le Sherpa Kyak Tsering fut blessé mortellement en traversant les séracs du Khumbu. Le vrai projet, dont on ne parla guère, était la face SW de l' Everest. Le Io mai 1970, la cordée Iwao Kano et Hiroshi Sagano y atteignit environ 8050 mètres, mais dut abandonner en raison du grand danger de chutes de pierres. Il fallut se contenter de l' itiné classique du Col Sud ( 7986 m ) et de l' a SE. Temo Matsuura, Naomi et Uemura touchèrent le sommet principal ( 8848 m ) le II mai et Katsutoshi Hirabayashi et le Sherpa Chotaley le 12. Le 17 mai Mlle Setsuko Watanabe ( trente ans ) établit un record féminin d' altitude en franchissant la bosse de l' Eperon des Genevois ( 8000 m ) sur la voie du Col Sud. Ce n' est certes pas un sommet, mais sans doute le point le plus haut jamais atteint par une alpiniste.

Le Lhotse ( 8511 m ), le quatrième parmi les plus hauts massifs du monde, comprend plusieurs sommets. Les dernières mesures donnent d' E en W: Lhotse Shar ( Shar = Est8398 m brèche8314 m Gendarme oriental du sommet central 8376 m brèche 8339 m Gendarme occidental du sommet central 8426 m brèche 8344 m Sommet principal 8511 m brèche au sommet du grand couloir 8494 m Epaule SW 8499 m La distance horizontale du Lhotse Shar au sommet principal est de mille deux cents mètres.

Le groupe de grimpeurs Karwendler de la section à' Innsbruck du Club alpin autrichien obtint du gouvernement népalais l' autorisation de faire une tentative au Lhotse Shar en 1970. L' équipe comprenait Siegfried Aeberli ( chef d' ex ), Rüdiger Lutz ( remplaçant et correspondant ), Rolf Walter, Sepp Mayerl, Hansjörg Köchler, Walter Larcher et le médecin Garbeis. Ils se contentèrent de neuf Sherpa avec le sardar Urkien, une centaine de porteurs et quelques messagers. C' était donc une modeste expédition « à la vieille mode ».

L' itinéraire du cirque d' Imja avait déjà été exploré en détail par une forte expédition japonaise en 1965, qui avait fait une tentative poussée: camp de base à 5300 mètres sur la moraine du glacier du Lhotse; de là au Col ( 5700 m ) -au nord de 1' Island Peak ( 6189 mpuis par le pilier S et l' arête SE du Lhotse Shar. Le 15 mai 1965, les Japonais avaient atteint 8100 mètres environ, où ils avaient fait demi-tour devant une brèche abrupte, profonde de deux cents mètres.

Les Autrichiens établissent leur camp de base à 5220 mètres sur la moraine latérale ouest du glacier du Lhotse, à l' abri des avalanches, et ils y construisent une cabane ( charka ) semblable à celles des bergers comme salle de séjour et dortoir. Une femelle de yak leur fournit de la viande fraîche. Un pilote suisse leur apporte de la benzine par air. Des grottes de glace servent de camps d' altitude: le I vers 6000 m, le II à 6700 m, le III à 7100 m, sur le toit de la montagne. Sans discontinuer, le trajet est assuré par des cordes fixes de quarante mètres, épaisses de 7 mm, fixées à des pitons, des vis à glace, des lames à neige, des piquets de bois, etc. Jusque vers 7000 mètres, les Autrichiens retrouvent de nombreuses traces laissées par l' expédition japonaise: des bougies, des morceaux de corde, de la benzine et de l' oxygène. Rolf Walter et Sepp Mayerl entreprennent l' ascension finale le 12 mai 1970 à partir du camp IV ( 7600 m ).

Ils gravissent durant trois heures le large névé du flanc SE jusqu' à une bosse ( 8050 m environ ) séparée de la paroi sommi tale par une large gorge aux nombreux couloirs. Une arête cornichée et sauvage forme le seul chemin. Il est temps de régler la respiration d' oxygène pour les derniers trois cent cinquante mètres de dénivellation. Chacun possède encore deux bouteilles. La « danse des pointes » se joue assez rapidement sur l' arête aiguë, car la neige est ferme. Sur les ressauts rocheux de la paroi terminale, il faut augmenter le débit de l' oxygène de trois à quatre litres par minute. Les deux grimpeurs emploient leurs réserves de force pour se hisser sur l' arête du sommet, une crête horizontale hérissée de petites corniches. A 12 h 30, c' est fait! A califourchon, on prend quelques photos. L' arête farouche qui mène au sommet principal du Lhotse disparaît déjà dans le brouillard. On échange les bouteilles d' oxygène vides contre les pleines - agréable allégement du sac - et on entame la descente. Dans la « soupe aux pois », l' orienta devient difficile, mais grâce à l' altimètre les deux heureux trouvent la tente du camp IV où ils sont accueillis avec joie et avec du thé chaud avant de continuer tout droit jusqu' au camp III.

Le lendemain Walter Larcher et le sardar Urkien veulent répéter l' ascension, mais ils doivent abandonner vers 8100 mètres, à la suite d' une panne dans un appareil à oxygène. C' est une malchance, mais non sans accident.

Le beau succès des Autrichiens n' est pas amoindri par le fait que, géographiquement parlant, le Lhotse Shar ( 8398 m ) ne doit pas être décrit comme « le quinzième et dernier 8000 », mais « seulement » comme un sommet difficile et relativement dégagé du groupe du Lhotse, dont le point le plus haut ( 8511 m ) fut atteint par les Suisses. Quant au double sommet central ( 8426 m et 8376 m ), il reste à faire. On ne l' atteindra probablement que du sommet principal ou du Lhotse Shar, par une escalade exceptionnellement difficile. Et la traversée de tout le massif du Lhotse ne semble raisonnable que par la coopération de deux grandes expéditions.

Référence: Alpenvereins-Pressedienst, Innsbruck, 1970 Un livre de l' expédition est annoncé.

GURKHA HIMAL Dans le Gurkha Himal, les topographes ont désigné par Peak 2g ( 7835 m ) une montagne entre le Manaslu et le Himalchuli. On l' a parfois appelée « Manaslu II », mais c' est une montagne trop distincte pour cela. Le nom de « Dakura » est aussi impropre, car il ne s' appli qu' au troisième sommet de son arête E, qui mesure environ 6000 mètres et domine le village de Lho dans la vallée de Buri Gandaki. Nous ne connaissons pas de nom satisfaisant pour ce Peak 29. Sa vieille altitude de 25 705 ft = 7835 m fut supprimée quand apparut sur la nouvelle « carte au pouce » ( I inch pour 1 mile, ou I :63.360 ) la cote 24.652 ft = 7514 m. Mais celle-ci correspond à l' importante Epaule S. Le sommet principal n' est pas encore mesuré à nouveau et nous conservons 7835 mètres.

Le Peak 29 fut plusieurs fois étudié entre 1952 et i960 par les Japonais, qui y firent au printemps 1961 une tentative infructueuse par le versant ouest. En 1963, le versant est fut exploré, mais le gouvernement népalais n' avait pas autorisé une ascension. L' autorisation ne vint qu' en 1969, année où une équipe japonaise monta de la vallée de Buri Gandaki par le glacier de Pungen jusque vers 7400 mètres, mais fut arrêtée par de grandes difficultés techniques et par la saison avancée. 1970 amena enfin la conclusion: Une expédition du Club de montagne de l' Université d' Osaka, sous la direction du médecin Senya Sumiyoshi établit une chaîne de camps après la mousson. Du camp V ( 7500 m environ ) H. Watanabe et le Sherpa Lhakpa Tsering attaquent le sommet le 19 octobre à 6 h. Le temps est beau et on peut bien les observer du camp III ( 6200 m ) avec une forte longue-vue à pied. Après avoir escaladé le difficile Rocher de la Grenouille, ils font une halte à I I h. Puis la montée est plus rapide, et, à 13 h 15, ils atteignent le bord de la calotte neigeuse, environ trente-cinq mètres sous le sommet lui-même qui n' est pas visible du camp III. A 15 h, seulement - évidemment après une longue halte au sommet -ils réapparaissent au bord de la calotte et commencent une descente régulière. Tous les spectateurs attendent avec joie les vainqueurs, qui atteignent à 16 h 40 l' endroit de leur halte du matin. Soudain le sardar fila Tsering pousse un cri depuis le camp IV ( 6900 m ): la cordée Watanabe-Lhakpa Tsering est tombée. On ne retrouvera les corps, toujours reliés par la corde, que sept cents mètres plus bas, à quinze minutes du camp IV. Un piolet cassé, les sacs, des caméras et des cassettes de films brisées et... une pierre grosse comme le poing, cause probable de la catastrophe. On n' en saura jamais plus. Tragique succès! Même sans documents à l' appui, personne ne mettra en doute que le brillant grimpeur japonais et son compagnon sherpa ont atteint la cime du Peak 29 ( 7835 m ).

Références: Correspondance d' Ichiro Yoshizawa. Rapport de Senya Sumiyochi, onze pages de texte et nombreuses photos.

L' expédition hollandaise 1970 dans l' Himalaya comptait gravir le Peak III ( environ 6000 m ) ou « Dakura » sur l' arête E du Peak 29. Mais la population de la vallée de Buri Gandaki, surtout dans les villages de Sama et Lho, est si hostile aux étrangers que même les sommets inférieurs, accordés par le gouvernement népa- lais, sont en pratique interdits. Le simple parcours d' un glacier est souvent considéré comme sacrilège et lourdement puni par les lamas fanatiques - à moins qu' on ne puisse corrompre les prêtres. Les Hollandais n' y réussirent pas. Ils revinrent plus au sud, depuis Lidanda jusqu' à Ngyak, et explorèrent la vallée déserte de Chuling. Entre le glacier de Lidanda et le glacier supérieur de Chuling se dresse le P. 6550 m ( qui pourrait être plus haut que cela ). Appeler ce sommet « Himalchuli NE » est malheureux, car il se trouve à cinq kilomètres environ du vrai Himalchuli ( 7893 m, selon les nouvelles mensurations ) et beaucoup plus bas. Lidanda Peak me semble un bien meilleur nom.

Sous la direction du médecin A. Noordijk, les Hollandais établirent leur base vers 3500 mètres au bord d' un lac idyllique. Ils étaient voisins d' une expédition japonaise qui, à la suite d' un grave accident au Baudha Peak, requit l' aide médicale de Noordijk et I' empêcha ainsi de participer à l' ascension du Lidanda Peak. Les autres montèrent quatre camps d' alti, dont le dernier à 6250 mètres, et, le 5 mai 1970, Herman Tollenaar et deux Sherpa touchaient le sommet du Lidanda Peak. Les jours suivants tous les grimpeurs et les Sherpa répétaient l' ascension à la grande joie de chacun. Pour leur marche de retour, ils choisirent: Rupina La ( 4734 mDarondi Khola - Gurkha ( Palluntar),où se trouve une piste d' atterris.

Référence: Rapport de A. Noordijk.

Dirigée par ïasuhiko ho, l' équipe du Club alpin de l' Université de Keio mit à son programme le Baudha Peak ( 6672 m ) qui est bien visible de la vallée de Kathmandu. Du camp de base ( 3500 m ) situé dans la Chuling Khola, trois camps d' altitude furent placés sur l' arête SE, dont le dernier vers 6150 mètres. Le 23 avril 1970, Y. ho, T. Inoue et' Tasuo Itaya escaladaient un sérac sur l' arête principale quand un des grimpeurs tomba et entraîna ses compa- gnons dans une glissade de cent cinquante mètres. La corde s' accrocha heureusement à un rocher. Fortement commotionnés, semble-t-il, ils durent bivouaquer. Au matin, Itaya tomba de nouveau, mais seul cette fois, et il disparut beaucoup plus bas dans le glacier. Les deux survivants furent pris en charge et soignés au camp de base par le Dr Noordijk. Iso, le chef d' expédition, souffrait de blessures au visage et de gelures; Inoue, touché à la cage thoracique, avait des difficultés respiratoires. Le corps d' Itaya fut retrouvé le 30 avril dans une crevasse.

Malgré tout, les Japonais reprirent leur tentative au Baudha Peak, dont Y. Kobayashi et K. Shibata firent la première ascension le 2 mai. Le camp de base fut évacué le 10 mai.

Références: C. Himalaya, Japanese Expeditions, Pre-monsoon 1970, Correspondance du Dr Noordijk.

ANNAPURNA HIMAL L' Expédition 1970 à l' Annapurna de l' armée anglo-népalaise avait pour but la seconde ascension de VAnnapurna I ( 8091 m ). Elle s' en tint essentiellement à l' itinéraire suivi en 1950 par les Français, et put constater à son tour combien le flanc nord de la montagne est soumis aux avalanches. Le camp de base avancé ( 5970 m ), installé à la mi-avril, fut atteint par des avalanches tombées de la Faucille qui blessèrent légèrement deux Anglais. On essaya un détour par le versant E. Mais vers 6400 m R. Summerton, qui était en train de filmer, fut surpris par la chute d' un sérac solitaire et eut encore de la chance de s' en tirer avec deux côtes cassées. Retour donc au chemin des Français. Le seul passage techniquement difficile fut la sortie de la combe sous la Faucille, où furent fixées des cordes. Le camp V ( 7400 m ) fut dressé le 19 mai. La terrasse neigeuse supérieure fut une promenade d' altitude, le couloir final n' offrit aucun problème malgré sa raideur, et, le 20 mai, les deux capitaines Henry Day et Gerry Owens touchaient le point culminant, vingt ans après les Français.

Référence: Correspondance de H. Day et H. Adams Carter.

En même temps, une autre équipe s' attaquait à l' effrayante face sud de YAnnapurna I qui, avec ses trois piliers hauts de près de 4000 mètres, forme une gigantesque réplique de la face nord des Grandes Jorasses. L' ascension en était-elle possible? Même les spécialistes les plus modernes ne donnaient guère de chances à cette entreprise fantastique. L' équipe bien soudée d' An et d' Américains était pourtant exceptionnellement forte. C' étaient: Chris Bonington comme chef, Martin Boysen, Nick Estcourt, Dougal Haston, Don Whillans, Ian Clough, Mick Burke et Tom Frost. Bonington invita encore Mike Thomson, le médecin Dave Lambert et le capitaine Kelvin Kent d' un régiment de Gurkha, responsable du camp de base et des liaisons. L' expé quitta Pokhara le 22 mars 1970. Elle plaça son camp I ( 4880 m ), le 2 avril, sur un rognon du Glacier sud de PAnnapurna, le camp II ( 5330 m ) à l' abri des avalanches, au pied d' une paroi surplombante. C' est de là que s' engagea la lutte sur le pilier choisi, à l' aplomb du sommet: le camp III ( 6125 m ), juste sous une brèche bien visible, le IV ( 6400 m ) après avoir contourné un champignon de glace, le V ( 6930 m ) dans une rimaye, sous la grande barrière rocheuse, le VI ( 7320 m ) exposé en pleine paroi. Nous ne possédons pas encore de précisions sur la cotation des difficultés, mais on ne peut pas se défaire de l' impression que cette équipe a réussi l' impossible dans la glace et sur le rocher, en escalade libre et artificielle, comme en tranports par un temps souvent défavorable. Il était prévu de monter encore un camp VII au-dessus de la barre rocheuse, mais quand, le 27 mai, Don Whillans et Dougal Haston eurent franchi les dernières cordes fixes, ils continuèrent par grand vent et sans oxygène jusqu' au sommet ( 8091 m ) où ils trouvèrent les traces laissées une semaine auparavant par Day et Owens. On ne voyait pas grand-chose, sinon vers l' est les deux sommets inférieurs, P. 8051 et 801 o. Toute la face sud baignait dans une mer de brouillard. Ils ne restèrent que dix minutes au sommet, sans rien éprouver qui ressemblât à de l'extase. « Nous pouvions à peine croire que c' était fini et qu' il nous restait seulement à descendre. » Le surlendemain Tom Frost et Mick Burke tentèrent de répéter l' ascension, mais la tempête ( probablement le début de la mousson ) et le froid les obligèrent à abandonner. Seule une cordée réussit donc l' incroyable exploit de gravir sept cent soixante-dix mètres en un jour, sans oxygène, en terrain difficile et par la tempête. Malheureusement un accident se produisit, le 30 mai, entre les camps II et I, donc « en bas » vers 5300 m, durant la dernière heure de dangers alpins: Ian Clough fut tué par la chute d' un sérac... malchance à laquelle le meilleur alpiniste ne peut rien.

. L' escalade de la face sud de l' Annapurna prouve que les méthodes modernes peuvent s' appliquer aussi aux parois géantes de l' Hima près de 8000 mètres. Ainsi s' ouvre pour l' himalayisme une ère nouvelle où les accidents seront probablement beaucoup plus nombreux.

Références: The Sunday Times, hebdomadaire des 21 et 28 juin 1970 - La Montagne et Alpinisme, décembre 1970, p. 362-369.

La première ascension de VAnnapurna III ( 7555 m ) fut réussie par une expédition indienne dont le chef M. S. Kohli, Sonam Gyatso et Sonam Girmi atteignirent le sommet, le 6 mai 1961, en venant de la vallée de Marsyandi par le nord-est. En 1970, une expédition féminine de neuf Japonaises s' attaqua à cette imposante montagne en venant du sud, par la vallée supérieure de Seti. Les participantes étaient Mlle Eiko Miyazaki ( directrice ), Mme Junko Tabei ( remplaçante ), Miles Eiko Hirano, Chieko Urushi-bara, Hiroko Hirakawa, Reiko Sato, Michiko Manila, Moris Yamazaki et Kyoko Ohno ( médecin ). Elles quittèrent Pokhara à pied, le 23 mars, et en huit jours atteignirent Khildung ( 3360 m ), où leurs cent quarante-quatre porteurs s' effrayèrent de la neige printanière, posèrent leurs charges et s' en retournèrent. Les Japonaises et leurs Sherpa eurent donc un gros travail de portage déjà avant le camp de base. Puis vinrent les camps: le I à 4350 m, le II à 4800 m, le III à 5300 m, le IV à 5900 m, le V à 6800 m le 18 mai. Le passage le plus difficile fut la montée entre les camps IV et V, où une face neigeuse de 700 mètres exigea mille mètres de cordes fixes. Une fois le camp V enfin établi, Mlle Hirakawa et Mme Tabei continuèrent, le 19 mai, avec les Sherpa Tenzing Girmi et Pasang Nima, pour atteindre le sommet ( 7555 m ) à 14 h 45. Elles n' y restèrent qu' une demi-heure, car le temps était mauvais et la température -I5°C. Il ne semble pas qu' elles prirent de photos utilisables. Elles retrouvèrent le camp V à 17 h 20, et tout le monde était au camp de base le 26 mai. Ce n' est pas un « record féminin d' altitude », mais c' est une réussite remarquable.

Référence: Communication du Club alpin japonais à H. Adams Carter.

Au nord-ouest de Pokhara, à 8 km et demi au sud de l' Annapurna I, se dresse une montagne à plusieurs pointes - d' abord cotée 7195 mètres, maintenant 7219 mètres - qui fut généralement appelée Annapurna Sud. La désignation Modi Peak lui convient mieux, car elle est indépendante et domine la vallée de Modi. Le nom d' Annapurna est déjà assez employé, quatre à six fois. La première ascension du Modi Peak fut réussie en octobre 1964 par une équipe japonaise qui suivit la voie la plus facile, celle du nord-est. En automne 1970, quatre guides de Chamonix, G. Devouassoux, M. Gicquel, T. Masino et G. Payot s' attaquèrent à la très abrupte face sud en partant de la Kyumnu Khola. Base à 4100 m, camp I à 5100 m, II à 6100 m, III à 6550 m, IV à 6860 m. Il fallut deux mille cinq cents mètres de cordes fixes. Le 26 octobre, De- vouassoux et Gicquel durent bivouaquer vers 7100 mètres et touchèrent le sommet ( 7219 m ) le lendemain à 6 heures du matin. C' est en résumé un itinéraire très difficile et exposé aux chutes de pierres et de séracs, qui fut pourtant réussi sans accident.

Références: « La Montagne », février 1971, p.36. Récit dans « Le Pic de Lierre », novembre/décembre 1970.

Une expédition japonaise de l' Université de Kansai dirigée par A. Kawakita réitéra le 25 avril 1970 l' ascension de VAnnapurna IV ( 7525 m ). Ce grand 7000, relativement facile, constitue un but aimé et satisfaisant.

Référence: Mountain Travel, Kathmandu.

Le Machhapucharé ( 6997 m ), la sainte « queue de poisson », reste tabou.

DHAULAGIRI HIMAL Le Dhaulagiri I ( 8167 m ) fut gravi en automne 1970 pour la seconde fois. Une équipe de l' Université de Doshisa dirigée par Tokufu Ota reprit, pour autant que nous le sachions, la voie des premiers par l' éperon NE et l' arête E. Le sommet fut atteint le 20 octobre par Tetsuji Kawada et Lhakpa Tensing depuis le camp VI ( 7800 m ).

Référence: Mountain Travel, Kathmandu, O. Box 170.

Extrémité nord-est du massif du Dhaulagiri, le Tukche Peak ( la « Pointe de Tukucha » du récit de Maurice Herzog ) fut gravi en 1969 par une expédition suisse, à laquelle participait Alois Strickler, qui atteignit deux fois le sommet principal ( 6920 m ) et aussi le sommet ouest ( 6839 m ). En 1970 s' y retrouvèrent deux groupes japonais. L' équipe de l' Université de Waseda, dirigée par Seiji Yamamoto établit sur l' arête nord ses camps I ( 5800 m ) et II ( 6300 m ). Le 30 avril, T. Yonemoto, E. Otani et H. Kikuchi gagnèrent le sommet principal ( 6920 m ) Peak sg ( 7835 m ) vu du Camp III. En pointillé: ligne de chute Photo: S. Sumiyoski. Archives Dyhrenfurth 2Le Makalu, vu du sud Photo Shirata, prise du Camp de base 1970. Archives Dyhrenfurth 3Le Nanga Parbat, vue aérienne prise du sud-ouest Photo: Fondation allemande pour explorations himalayenne* après douze heures de gros travail. A la descente, un peu au-dessus du camp II, ils firent une chute d' environ 300 mètres. Tous trois etaient gravement blessés, et plus entièrement conscients. Kikuchi glissa une seconde fois et se tua dans une crevasse du glacier de Mayangdi. Les deux autres furent sauvés le lendemain.

Référence: Rapport du J.A.C. « Japonese Expeditions, Premonsoon 1970 ».

Depuis le Tukche Peak, le faîte descend, au nord-ouest au Col des Français ( 5334 m ) pour tourner à l' ouest, prendre le nom de Mukut Himal et aboutir au Dhaula II ( 7751 m ). La crête est jalonnée de petits sommets, dont l' un fut escalade par l' expédition néerlandaise de 1967 et baptisé Dorji Me Tse ( 6100 m environ ). Une équipe du Club alpin académique nippon, dirigée par Kiyoshi Seita, se rendit dans la région après la mousson, et franchit le Col des Français qui relie la Vallée cachée à celle de Mayangdi. Il semble que cette Vallée cachée soit appelée Riklaa Samba par les indigènes. Avec trois camps d' altitude ( 5600 m, 5900 m et 6400 m ) M. Takahashi, N. Hirato, et H. Harada avec le Sherpa Phurba Kitar atteignirent, le 26 octobre 1970, le joli sommet du Sita Chuchura qui ne semble pas avoir été précédemment gravi. Les Japonais estiment son altitude à 6700 mètres. La nouvelle « carte au pouce » ( 1 :63.360 ) porte là deux cotes légèrement inférieures: 21 780 ft = 6641 m, et 21690 ft = 6610 m.

Référence: Rapport du J.A.C. « Japanese Expeditions, Postmonsoon 1970 ».

Au printemps 1970 une expédition sud-coréenne dirigée par Kim Jung Sup pénétra dans la vallée de Ghustung, dans l' aile occidentale du Dhaula Himal. Elle annonça la conquête du sommet sud-ouest du Churen, réussie le 29 avril par Kim Ho Sup et le Sherpa Rinzing Angyal. Le Churen Himal possède trois sommets égaux de 7371 mètres. Le même automne, des Japonais gravirent deux fois le sommet central et une fois le sommet sud-ouest. Ils s' agissait d' une expédition du Club alpin de l' Université de Shizuoka dirigée par Takashi Serizawa. Sommet central: M. Fukui et K. Hasegawa le 24 octobre, E. Dohna avec les Sherpa Ang Norbu et Tsangbu, le 26 octobre. Sommet ouest: Hasegawa et l' un des Sherpa, le 28 octobre.

En même temps, le Club montagnard de Kansai ( Osaka ) envoyait une équipe dirigée par Tetsuya Nomura au Dhaula IV ( 7661 m ) pour se renseigner à la suite de la disparition du groupe autrichien que Richard Hoyer avait dirigé en 1969. Mais la montée au Col ouest ( environ 6900 m ) sembla trop dangeureuse aux Japonais, qui se rabattirent sur le Dhaula VI ( 7268 m ) encore inconnu. Le camp de base fut établi le ier avril, à 4100 mètres, dans la vallée de Kaphe, et fut suivi de six camps d' altitude jusqu' à 6950 mètres. Le 17 avril H. Nakamura, M. Kimura, S. Tamamura et S. Kawasu foulèrent le sommet, qui offrait un panorama aussi beau que géographiquement instructif.

Le même automne, Michihiko Ogata dirigea une expédition du Club alpin de Fukuoka dans la même vallée et le même massif. Le 25 octobre K. Nakajima et G. Nabeyama firent la première ascension du Gama Peak ( 7150 m ), qu' on avait jusque-là confondu avec le Junction Peak ( 7108 m ), mais qui se trouve entre celui-ci et le Dhaula IV. Le Ier novembre Nakajima et M. Koga firent à leur tour l' ascension du Dhaula VI.

Références: Rapport du C. Japanese Expeditions...

1970. Mountain Travel, Kathmandu. Correspondance.

Le Kanjiroba I ( 6882 m ), point culminant du Kanjiroba ( ou Kang Jerowa ) Himal au Népal occidental, et but déjà souvent vise, faisait en automne 1970 l' objet d' une expédition de l' Uni d' Osaka dirigée par Kazuhisa Johkei. Par la vallée de Jagdula et le glacier du même nom, les Japonais gravirent l' arête sud-est, où ils placèrent un camp VI vers 5800 mètres. De là, I. Sato, H. Okuda, H. Sawai et M. Sawada atteigni- 1 4 L' Annapurna III ( 7555 m ), vu de l' ouest ( extrait du panorama Tent-Peak ) Photo: G. Hauser. Archives Dyhrenfurth 5Versant ouest du Nanga Parbat, vue de la vallée de Diamir Photo: Fondation allemande pour explorations himalayennes rent le sommet, le- 7 novembre, à 15 h 30. Ils durent bivouaquer à la descente à 6400 mètres. C' est un succès remarquable après les trois reconnaissances que John Tyson fit avec des Anglais de 1961 à 1969.

Références: K. Guha. Mountain Travel, Kathmandu. Alpine journal C. Japanese Expeditions... 1970.

Dans le coin NW du Népal, près du Garbyang indien, se trouve Y Api ( 7132 m ), gravi en i960 par des Japonais. Son voisin à l' est est le Nampa ( 6755 m ), plus bas, mais bien dégagé, abrupt et pas encore gravi. Une petite expédition de Manchester dirigée par John Allen y fit une tentative en automne 1970, mais le mauvais temps l' obligea à renoncer à une cinquantaine de mètres sous le sommet.

Référence: Mountain Travel, Kathrhandu.

GARHWAL ORIENTAL Le Trisul, haut de 7120 m, connu et peu difficile, fut de nouveau gravi en 1970, d' abord le 4 juin par une expédition féminine indienne dirigée par la doctoresse Meena et accompagnée de trois Sherpa, puis le Io juin par une équipe de dix membres de la police frontière indo-tibé-taine.

Une expédition indienne dirigée par R. G. Desai approcha par l' est le Bethartoli, voisin septentrional du Trisul. Elle réussit la seconde ascension du sommet sud ( 6318 m ), le 4 juin. Un autre groupe essaya en même temps le sommet principal ( 6352 m ), mais dut s' arrêter vers 6030 mètres. A la descente - à sept hommes sur une corde de 50 mils furent balayés par une avalanche. Deux seulement s' en tirèrent sans mal, un Sherpa ( Pemba Tsering ) fut blessé, et quatre furent victimes de la mort blanche sous la neige ou dans des crevasses: l' Indien Nitin V. Patel, et les Sherpa Ang Kami, Chhawang Phinso et Gnapa.

En septembre le Bethartoli S ( 6318 m ) fut gravi à nouveau par une équipe de l' Association montagnarde de l' Assam. Mentionnons encore, entre le Trisul et le Maiktoli, de Mrigthuni ( 6855 m ) qu' Ajit Kumar Sarma escalada le 4 octobre avec cinq Sherpa. Une planche de neige se détacha, alors qu' ils descendaient, juste sous le sommet. Une cordée fut emportée sur 300 mètres, mais sans dommage.

Références: Rapports de K. Guha dans « Himavanta ». Correspondance de H. Adams Carter.

Une expédition indienne dirigée par R. Chandekar prit pour but le Nanda Khat ( 6611 m ), au sud de la Nanda Devi. Le 31 mai ig7o, une avalanche les atteignit alors qu' ils cherchaient un emplacement pour leur camp II dans les séracs du glacier de Pindari. D. C. Arora et R. S. Prabhu furent tués et cinq autres gravement blessés. L' entreprise fut abandonnée.

Référence: Rapport de K. Guha dans « Himavanta^ », vol. II. n°4, août 1970.

GARWHAL OCCIDENTAL Au nord du massif de Gangotri se dressent les deux sommets du Mana Parbat ( 6794 m et 6771 m ). Une expédition du Club montagnard de Calcutta, dirigée par B. N. Rakshit, s' y rendit après la mousson de 1970. Le 8 octobre, A.Mu-kherjee et P. Chakravarty avec les Sherpa Thundu et Chunje firent la première ascension du Mana Parbat I.

Référence: « Himavanta » Vol. II n°6, octobre 1970, et n°7, novembre 1970.

Au sud du lieu dit Gangotri - sur le cours supérieur de la Bhagirathi - se trouve le massif de Jogin, terrain de chasse de l' Institut montagnard Nehru ( Uttarkashi ) que dirige le lt.col. J. C. Joshi. En juin, deux groupes réussirent la première et la seconde ascension du Jogin I ( 6465 m ). Le Jogin III ( 6116 m ), gravi déjà en 1967, fut aussi visité. Les Jogin I et II ( 6342 m ) étaient de nouveau au programme en septembre, mais de fortes chutes de neige s' y opposèrent.

Références: Rapports de K. Guha, Soli S. Mehta et J. C. Nana vati, de l' Himalayan Club.

KULU-LAHUL Mme Sujaya Guha, épouse et collaboratrice de Kamal K. Guha, qui dirige le nouveau mensuel indien « Himavanta », dirigeait un groupe d' In de Calcutta. Elles quittèrent Manali le 5 août et établirent leur camp de base ( 3870 m ) sur la rivière Chandra, au nord-est de la langue du glacier de Bara Shigri. Elles réussirent, le 21 août, la première ascension du P. 20130 ft = 6136 m, qu' elles appelèrent Lalana.

Mais l' entreprise finit tragiquement: durant la marche de retour, lors de la traversée du ravin de Karcha, Mme Guha et Mlle Saka furent emportées et noyées dans le torrent glaciaire en crue.

Référence: « Himavanta », septembre et octobre 1970.

Le Dharamsura ( 6445 m ), naguère appelé White Sail, se dresse entre le vallon de Tos et le bas du glacier de Bara-Shigri. Une équipe de l' Association montagnarde de Delhi en fit la troisième ascension à fin mai. Le i er juillet quatre officiers et treize cadets de l' Académie militaire de Poona étaient au Mulkila ( 6517 m ), déjà souvent gravi. Un autre sommet favori de la région est le Hanuman Tibba ( 5929 m ) que G. Bruce et son guide Henrich Fuhrer, de Meiringen, conquirent en 1912 déjà et baptisèrent Weisshorn de Solang. Ce joli sommet fut gravi une fois encore, le 5 octobre, par une expédition féminine indienne que dirigeait jV. C. Usha.

Référence: S. Mehta et C. Nanavati, Himalayan Club.

Une équipe japonaise de l' Université de Joshi dirigée par R. Kanda, partie de Beaskund, franchit le col de Solang ( 4996 m ), établit son camp de base près de la source de la Ravi, monta trois camps d' altitude et atteignit le Mukar Beh ( 6069 m ), le 13 septembre. Kanda et Nakamura, depuis le glacier de Kudy, firent, le 17 septembre, la première ascension du P. 5934, qu' ils appelèrent Sophia Peak. Le 23 septembre, ils étaient de retour à Manali. Ils gravirent encore le Hanuman Tibba et le Deo Tibba ( 6001 m ), souvent courtisé lui aussi.

Référence: J. A. C. Japanese Expeditions, Postmonsoon 1970.

L' automne 1970 vit aussi une expédition italienne, dirigée par Corradino Rabbi ( Turin ), dans la région de Manali. Elle escalada pour la première fois le Hanuman Tibba ( 5929 m ) en partant du col de Solang par la très aiguë arête nord, qui offrit des difficultés du IVe degré et exigea un bivouac. Les Italiens firent ensuite une chevauchée d' arêtes par le Ladakhi Peak ( 5400 m environ ) et le Manali Peak ( 5700 m environ ) jusqu' au Mukar Beh ( 6069 m ).

Référence: C. Rabbi, Punjab 1970, Rivista Mensile, avril 1971, P- >53~'59- PANJAB HIMALAYA Dans le district de Chamba, deux officiers britanniques - Rory Cape et Stewart Rae - firent, en octobre 1970, la première ascension du Menthosa ( 6443 m ), un des plus hauts sommets du bassin supérieur de la Ravi.

Référence: S. Mehta et C. Nanavati, Himalayan Club.

Complément. En automne 196g, un petit groupe d' Indiens et d' Anglais fit une reconnaissance au glacier de Brammah, au nord de la rivière Che-nab, dans le Kishtwar Himal. Selon le rapport de A. Clarke, quelques petits 5000 furent gravis, mais les imposants 6000 ( P. 6484, 6392 et 6230 ) restent vierges.

Référence: A.A.J.. 1971, pp.448/449.

En mai 1970, une expédition féminine anglo-américaine, dirigée par Mme Niki Clough, se trouvait dans cette région. Le camp de base fut situé dans le vallon de Kiar, sous le glacier de Prul. Un ou deux 6000 étaient au programme, mais le temps fut si mauvais qu' il fallut se contenter de reconnaissances et de deux petits sommets ( 5425 m et 5640 m ). Puis vint la nouvelle de la mort de Ian Clough à l' Annapurna I, et l' expédition fut interrompue.

Référence: A.A.J.. 1971, pp. 449/450.

Une petite expédition japonaise de Tohokei-ryu-Kai n' eut pas de chance non plus dans ce massif. Son but était, au sud du glacier de Prul, le Bharanzar ( 6575 m ) que Fritz Kolb avait baptisé la Montagne du Croissant en 1946. Le camp de base fut placé au-dessus du village de Hawar, à la source de la Maro, vers 3200 mètres. Le 24 juin, alors qu' elle approchait du sommet, Mme Kei Ohara, qui dirigeait l' équipe fit une chute mortelle. L' entreprise fut abandonnée.

Références: Correspondance d' Ichiro Yoshizawa. Fritz Kolb: Einzelgänger im Himalaya ( Bruckmann, Munich !957)- A.J. 1970, p. 186-193.

On signale la première ascension du Phunang-ma ( 6788 m ), au Ladakh, par des Indiens dirigés par le capitaine F. C. Bahaduri.

Référence: S. Mehta - C. Nanavati.

KARAKORUM Le Saser Mustagh et ses grands 7000 invaincus forment l' aile sud-est du Karakorum. Une expédition de la Fondation montagnarde indienne, dirigée par le major V. Bahuguna ( f ) visait en 1970 le point culminant, le Saser Kangri ( 7672 m ). De Panamik ( 3230 m ), ils montèrent, en juin, au glacier Phukpoche et placèrent leur base à 5425 mètres. A la recherche d' un itinéraire, ils gravirent quatre petits sommets anonymes ( 6140, 6190, 6587 et 6858 m ) par le glacier nord de Phukpoche. Sur le Saser Kangri lui-même, ils atteignirent 6550 mètres environ par deux voies, mais sans pouvoir continuer. Le Saser Kangri est difficile techniquement et politiquement, car il est proche du plateau de Depsang et de la vallée supérieure de Shayok, qu' occupent les Chinois.

Références: Récits de K. Guha, S. Mehta et J.C.Na-navati, Him. Club. Correspondance d' H. Adams Carter.

Le K6 ( 7281 m ), la plus élevée des fameuses Aiguilles de Kondus, fut vaincu le 17 juillet 1970. Les Alpes, bulletin de déc. 1970, p. 263, et Alpinismus 1 /71, p.44, ont déjà résumé cet exploit réussi par la Section académique viennoise du Club alpin autrichien sous la direction d' Ed, et il n' est pas nécessaire d' y revenir. Il ne faut pas non plus anticiper sur le rapport officiel de l' expédition et ses photos.

Références: Ed.Koblmüller, sept lettres du 14. 6. au 16.9.1970. Service de presse de l' ÖAV, Innsbruck, 13.8.1970.

Les 7000 les plus courtisés du Karakorum sont le sommet ouest ( 7453 m ) et le sommet central ( 7291 m ) du Malubiting. Seuls les sommets est ( 6970 m ) et nord ( 6843 m ) sont gravis à ce jour. La reconnaissance munichoise de 1970 au Karakorum, formée de Peter von Gizycki ( géologue ), Bernd Melzer, Horst Caha et Michael von Gizycki, obtint à grand-peine l' autorisation d' es les deux sommets principaux. Le 10 juin, ils étaient à Arandu ( 2770 m ) sur la rivière Basha. Huit jours plus tard, le camp de base était placé à 4300 mètres, sur le haut glacier de Chogo-Lungma, au pied du contrefort oriental du Spantik Peak ( 7029 m ), en face du Rillen-wand ( 6218 m ) et du Laila ( 6985 m ). Après une reconnaissance, ils choisirent le glacier suspendu qui descend vers le nord-est de la selle entre le sommet est et le central. Deux camps y furent placés vers 5000 et 5500 mètres, puis une tente légère fut dressée à 6000 mètres, 6450 mètres et sur la selle vers 6850 mètres. De là, les frères Gizycki s' engagent, le 28 juin, dans la face nord-est du sommet central, visant le sommet principal. Mais, à 7000 mètres, Michael a un ennui de crampons. Il tombe, se rattrape et perd un crampon. Le cœur gros, ils font demi-tour et descendent avec peine à la selle où une tempête les oblige à rester dans leur tente. Le 29 juin, le temps se calme. En reprenant la descente ils s' aperçoivent avec effroi que le camp II a été touché par une avalanche. Ils approchent et découvrent diverses pièces feet W 24 4B1 biting e~ 22870 N 22 H 51 S km 3 Mites 1 m * 3,280857 ft Sketch of upper Chogó Lungmâ based on the triangulation and survey of W.Kick,Regensburg,Oct. 1954 d' équipement, puis... le corps de Bernd Melzerl Ebranlés, ils déposent la dépouille dans une crevasse.

Au camp de base, ils trouvent Horst Caha, qui s' en est tiré sans blessures graves: L' avalanche de glace l' a jeté dans une crevasse où il resté inconscient un certain temps et d' où il a péniblement réussi à sortir. Il a trouvé Melzer mort d' une fracture de la colonne vertébrale, puis s' est traîné jusqu' au camp I et le lendemain à la base.

L' entreprise fut abandonnée. Le Malubiting est dangereux, comme l' ont appris à leurs dépens les expéditions de 1955, 1959, 1968, 1969, 1970 et 1971. Son heure viendra pourtant. Références: Rapport dev. P. Gizycki. Esquisses de W. Kick NANGA PARBAT I97O Dans la préface de La fusée rouge du Nanga Parbat de Reinhold Messner, le chroniqueur écrit: «... Les frères Reinhold et Günther Messner réussirent, en 1970, la traversée du Nanga Parbat ( 8125 mdu sud au nord-ouest - montant par la face de Rupal haute de 4500 mètres et descendant par le versant de Diamir. Cet exploit est la digne réplique de la fameuse ascension A' Hermann Buhl, qui, en 1953, vainquit en solitaire la montagne du destin des Allemands. La splendide réussite des deux Tyroliens fut tragiquement assombrie par la mort de Günther dans une avalanche. Même bien en dehors des cercles montagnards, on suivra avec autant d' intérêt que de sympathie comment se déroula l' action par une fusée rouge que lança le chef de l' expédition. » Signée A.D. ( Adolf Diemberger ), la recension que donne de ce livre le Bulletin du Club alpin autrichien ( N° 1376, p. 71/72 ) réplique «... La fusée rouge? Au mieux, c' était une première erreur, que Günther Messner suivit, contrairement à tous les plans, en s' engageant beaucoup trop rapidement dans l' ascension à la suite de son frère. Selon le plan, Reinhold aurait du, après son ascension solitaire au sommet, redescendre seul au camp V. Qu' ensuite Günther ait été ébranlé au point de ne plus oser redescendre ( ils n' avaient même pas de corde !), qu' après leur descente dans la brèche le contact radio avec l' équipe du lendemain ait conduit à un malentendu, ce sont des circonstances imprévisibles. Entièrement spontanée aussi, la décision de Reinhold de descendre par le versant de Diamir qui lui était entièrement inconnu. Que cette descente ait réussi, voilà non seulement un exploit, mais le seul exploit alpin... » Notre Chronique himalayenne, qui reste simple et aussi générale que possible, ne peut s' attacher à une analyse détaillée, d' autant moins que cette affaire a créé un scandale de presse et une action en justice au tribunal local et au tribunal supérieur de Munich. Le chroniqueur se réserve de revenir là-dessus et de s' en faire une opinion quand seront connus les résultats des procès ouverts entre MM. Herrligkoffer et Messner et la Maison d' édition de Nymphen- burg.

Traduit de l' allemand par Pierre Vittoz

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