Course d’arête au-dessus du «Chöttihammertal» | Club Alpin Suisse CAS
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Course d’arête au-dessus du «Chöttihammertal» Une excursion riche de variantes dans le Prättigau inférieur

Une course à skis le long d' une arête, c' est plutôt rare. L' ascension du Hochwang depuis Furna, au-dessus de la basse vallée du Prättigau, est une course de type préalpin qui permet de choisir entre quelques variantes d' itinéraire et de profiter d' un magnifique panorama.

C' est surtout en été que les courses d' arêtes sont à l' honneur. Même si les excursions à skis mènent souvent à une arête, il est rare qu' elle constitue la plus grande partie de la course. On en trouve toutefois un exemple au-dessus de la basse vallée du Prättigau.

Il ne s' agit pas du Vilan bien connu, au-dessus de Seewis, dont un des itinéraires d' ascension suit longuement une arête: notre objectif, le Hochwang, se situe sur le versant opposé du Prättigau. Le Hochwang? Les sceptiques objecteront qu' il suffit de monter de 360 mètres pour y parvenir depuis les remontées mécaniques de la station de Schanfigg. Pas assez pour parler d' une vraie course de montagne. Ils ont raison, mais on peut aussi atteindre ce sommet depuis Furna, un hameau perché au-dessus de Jenaz, sur l' adret du Prättigau. C' est une excursion dont la topographie particulière et le dénivelé de 1200 mètres méritent la considération de l' alpiniste.

 

Expliquons-nous: pour de nombreux Grisons, il ne peut pas y avoir quoi que ce soit de sérieux en relation avec Furna. Ses habitants sont considérés comme des ploucs par leurs voisins du dessous, ceux du « Chöttihammertal », qui est le nom donné au Prättigau en mémoire d' un meurtre crapuleux perpétré en 1915 au moyen d' un marteau de forgeron ( Chöttihammer ). Pourtant, lorsque l'on se trouve là-haut par un beau jour d' hiver, on ne songe pas à rire des « demeurés » de Furna. On se contente de sourire de bonheur. La seule ombre au tableau pourrait venir de la lecture du guide de randonnée du CAS, qui décrit l' ascension du Hochwang depuis Furna comme une course longue, compliquée et sans intérêt à la descente.

Alors, faut-il quand même s' y risquer? Bien sûr, puisque le guide mentionne aussi un paysage magnifique. De plus, la course passe par plusieurs sommets et peut être abrégée. Lorsque les conditions sont bonnes, les deux côtés de l' arête offrent au skieur des pentes si belles qu' on les croirait créées tout exprès.

Comme pour les courses préalpines, on part ici d' une région habitée. De Hinterberg précisément. Dès le départ, il faut décider si l'on veut suivre en solitaire, remontant en pente douce vers le Ronentobel, une petite route conduisant à l' alpage de Fäutsch, ou si l'on préfère suivre les traces souvent nombreuses conduisant à travers une forêt clairsemée vers le Fadeuer bien fréquenté. La deuxième variante s' impose si l'on veut bien profiter de la randonnée sur l' arête.

 

En laissant le Fadeuer à sa droite, ce qui semble évident à considérer les traces habituellement nombreuses, on atteint l' arête après 500 mètres de dénivelé. On est alors impressionné par le contraste entre les flancs orientaux baignés de lumière et les pentes encore sombres de la vallée de Valzeina. Le regard porte déjà jusque vers le Rätikon à l' est, les Churfirsten et la région de l' Alvier au nord, ainsi que vers le Pizol et le Calanda à l' ouest.

Le parcours de l' arête alterne entre montées et descentes pas très longues. Cela commence par l' ascension plutôt raide du Rothorn. On y découvre une variante de descente vers la vallée de Valzeina par Rosstolen. C' est après le Rothorn que l'on trouve la partie la plus étroite de l' arête, qui, selon les conditions, peut obliger à déchausser brièvement les skis. Plus accueillantes les unes que les autres, les pentes latérales permettent de se livrer à un yoyo de descentes et de montées. La seule limite à ce jeu est la condition physique des randonneurs.

La traversée se poursuit par deux sommets encore, sur quelque 2 kilomètres, avant que ne se révèle le panorama du sommet du Hochwang. De là, on découvre toute la diversité des Grisons: l' Oberland grison, le nord et le centre du canton. La tentation est grande de faire du yoyo sur les pentes orientales pour regagner Furna, mais il existe une variante de descente au moins aussi attrayante: du P. 2322 sur l' arête, descendre le flanc nord jusqu' à Laubenzug dans la vallée de Valzeina. Il faut d' abord contourner une barre rocheuse par un grand virage à gauche, avant de poursuivre droit dans une pente raide. Cet itinéraire n' est à suivre que lorsque les conditions sont très sûres: les avalanches sont ici fréquentes et ravageuses.

 

Si l'on ne veut pas longer le vallon jusqu' au hameau de Valzeina, on choisira de remonter sur le Wannenspitz depuis Laubenzug. 600 mètres de montée, et l'on se retrouve au-dessus de Furna. On verra alors vraisemblablement les montagnes calcaires du Rätikon dans la lumière de l' après, et le spectacle fera oublier la frustration d' une neige devenue rare sur la plupart des pentes. S' il faut encore quelque chose pour égayer l' humeur, on songera aux habitants de Furna et du Prättigau: une rumeur malveillante relate qu' un villageois de Furna se serait laissé persuader par un habitant de la vallée qu' une courge était un œuf d' âne, et qu' il se serait assis dessus pour la couver.

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