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Des falaises calcaires sur fond de mer Grimpe sur la côte amalfitaine

C'est au sud de Naples que s' étend la presqu'île de Sorrente avec ses falaises verticales, au bord de la scintillante mer Tyrrhénienne. Des secteurs d' escalade restés sauvages y côtoient des paysages à couper le souffle et l' art de vivre à l' italienne.

Grondement de la mer, criques et plages de galets, petites villes pittoresques et maisons aux couleurs pastel, tels sont les souvenirs qu' emportent avec eux les milliers de touristes qui inondent chaque année la côte amalfitaine. Il existe cependant un aspect moins bien connu de cette côte, caractérisée par ses rochers raboteux, ses concrétions parcourues de creux et ses récifs de plusieurs mètres de haut. S' il y en a un qui connaît cet aspect de la région comme son sac à magnésie, c' est bien Oreste Bottiglieri. Le moniteur d' escalade, âgé de 38 ans, est le fondateur et l' âme de « Climbing House », une société qui gère depuis plus de vingt ans des secteurs d' escalade en Campanie. Il a lui-même équipé plus de 500 voies et il est l' auteur d' un topo d' escalade sur cette région spectaculaire que lui et ses amis ont pris le temps de faire découvrir à quatre grimpeurs suisses. Benno Seeholzer était du voyage.

Le petit village de Scala, juché à 400 mètres au-dessus de la mer sur une raide falaise, est le point de départ du voyage de découverte. Sur la Piazza Duomo, jeunes et vieux se retrouvent au bar. « Le cappuccino du matin accompagné d' une brioche est devenu pour nous un véritable rituel avant la grimpe », raconte Benno Seeholzer. Après un bref voyage en voiture, on atteint en une demi-heure à pied une paroi calcaire de 200 mètres de haut, orientée au sud.

Le gris de la paroi, couronnée en plusieurs endroits par des toits, alterne avec des zones de couleur jaune. De voies faciles d' une seule longueur à des voies de plusieurs longueurs en 7 c, la diversité attend le grimpeur. Oreste Bottiglieri est convaincu qu' il s' agit du plus beau secteur d' escalade de toute la Campanie, cela pour plusieurs raisons: « un calcaire de la meilleure qualité, des environs très séduisants, tranquillité, isolement, le tout à quelques minutes seulement du village ». L' assurage se fait confortablement depuis le chemin ombragé au pied de la falaise. « Mais attention, il faut être sur ses gardes vers 13 h », glisse Benno Seeholzer en souriant, tandis qu' un berger passe par là avec ses chèvres. « Lorsqu' ils ont faim, ces animaux ne demandent pas mieux que de pouvoir lécher le sel sur les mollets de grimpeurs baignés de sueur. »

Un autre jour, nous gagnons la mer, avec pour objectif la Spiaggia di Duoglio, entre Amalfi et Positano. Cette plage appartient à un hôtel, et l' escalade y est tolérée uniquement en dehors de la saison des baignades. Lorsque le portail d' accès au complexe hôtelier est fermé, il ne reste plus que l' accès par la mer. Les grimpeurs jouent alors les équilibristes le long d' une paroi rocheuse, sautant de pierre en pierre. Il s' agit de ne pas trébucher si l'on tient à garder son sac à dos au sec. « Mais la fantastique Spiaggia di Duoglio vaut bien une petite prise de risques », selon Benno Seeholzer. Les voies y sont légèrement déversantes et, avec leurs 10 à 15 mètres de hauteur, très courtes, mais assez intensives. La partie de droite est l' endroit idéal pour s' essayer pour la première fois au deep water soloing ( escalade sur fond de mer sans corde, ni baudrier ). L' exercice est bien sûr réservé à ceux qui n' ont pas peur de se mouiller.

Notre prochain objectif au programme est la Punta Campanella, à l' extrémité de la presqu'île de Sorrente, avec vue sur Capri. Un lieu rempli d' histoire, comme nous le raconte Oreste Bottiglieri. Autrefois, c' est ici que les bateaux des marins mycéniens, envoûtés par le chant des sirènes, venaient s' échouer, jusqu' à ce qu' Ulysse mette fin aux sombres machinations de ces femmes-oiseaux.

On atteint le cap depuis le petit village de Termini. Un escalier d' époque médiévale à gauche du phare mène à la mer. Le secteur d' escalade est encore en phase de préparation. Les rochers gris, polis par la mer, se dressent sur quelque 80 mètres à la verticale au-dessus de cette dernière. Les voies qui gravissent leur calcaire extrêmement compact ne sont pas moins belles, ce qui fait la fierté d' Oreste Bottiglieri. Le secteur se prête bien comme école d' escalade familiale. A côté d' une voie en 7 c qui exige beaucoup de persévérance, quelques voies plus faciles de degré 5 raviront les moins téméraires.

Ce lieu n' est de loin pas uniquement un bijou du point de vue sportif. L' éclat de la grande bleue invite à la baignade et, pour ceux qui passent la nuit sur les récifs, le soleil couchant offre un spectacle inoubliable.

Notre dernier objectif s' appelle Lungo Mare, l' allée de palmiers de Salerne. Le San Liberatore surmonté de sa grande croix ne passe pas inaperçu. Les 80 voies de la montagne de Salerne sont accessibles en quelques minutes à pied depuis le village de montagne de Marini. « Un rocher de nature perfide qui vous achève les bras », c' est ainsi que Benno Seeholzer décrit l' escalade exigeante dans cette zone. Dès les premiers mètres déjà, on se retrouve dans un surplomb, et la sortie en dalle qui suit demande une technique du pied des plus fines. Un terrain d' entraînement idéal qui fait partie de l' histoire de la société « Climbing House ». Oreste Bottiglieri se souvient: « C' est ici que nous avons équipé les premières voies, c' est ici que nous avons appris à poser des spits. » Il y a peu, lui et ses collègues ont procédé à l' assainissement d' anciennes voies et en ont profité pour en équiper toute une série de nouvelles. 

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