Double traversée du Weisshorn
2e partie: arête E-arête YoungPar Arthur Visoni
Avec 2 illustrations ( 103, 104 ) Le char resplendissant d' Hélios a déjà recommencé sa course triomphale quand nous nous réveillons, vendredi, après une nuit bienfaisante.
Jour de détente prévu avant de mettre à exécution le plan que j' ai formé de traverser une seconde fois le Weisshorn pour descendre la fameuse arête Young. Mon ami Charles Graber s' est rallié avec empressement à ce dessein audacieux. Quant à Ruth et Jacqueline Humbert, que nous devons retrouver dimanche à Sion, elles redescendront samedi à Randa. C' est là qu' un hommage inattendu et mérité allait leur être décerné. Alors qu' elles arrivaient à la gare, un vieux guide les questionna; apprenant leur prouesse, le montagnard de lever son chapeau et de leur faire une gracieuse révérence. Je ne pourrai oublier le geste de courtoisie du guide ni la fierté avec laquelle nos compagnes contèrent l' incident!
L' entière réussite de notre randonnée de la veille, le bien-être dispensé par l' eau courante, l' atmosphère radieuse et la quiétude nous entourant, font de cette journée l' une des plus délicieuses passées près des monts.
Accompagnés des guides Inderbinnen et Brantschen, quelques alpinistes autrichiens arrivent dans la soirée.
Au moment de nous coucher, l' infini semé d' étoiles est toujours limpide; seul, un nuage lenticulaire se promène sur le Théodule. Mon altimètre, que je consulte, n' a pas bougé.
Dans la cabane où règnent l' obscurité et le silence, je reste encore longtemps éveillé, l' imagination sollicitée par l' inconnu du lendemain.
Il est 2 h. 30 lorsque je réussis à sortir Charles du profond sommeil que je lui envie. Sans bruit, quittant la soupente, nous descendons par l' échelle quasi verticale dont le pied appuyé contre l' armoire, tout près du fourneau, nous oblige pour la dernière fois à une gymnastique aussi précise qu' un mouvement de varappe!
L' examen du ciel, encore serein, est mon premier souci; l' altimètre n' a enregistré aucun changement de pression.
Pourtant, une heure plus tard, quand nous déambulons sur le glacier, plusieurs traînées nuageuses se montrent à l' ouest.
Nous avons fait route, jusqu' ici, avec les trois Autrichiens. Tandis que leurs guides, tentés par les bonnes conditions du Schalligrat mais indécis, suivent notre piste d' avant qui, quelque cent mètres plus loin, se divise pour aller soit au Schallijoch soit à l' arête E par le chemin habituel, nous prenons exactement la direction du col anonyme, 3471 m ., donnant accès au glacier de Bies.
Curieux de connaître une autre voie permettant d' atteindre l' arête E, mon intention est de remonter son contrefort initial coté 3779 m. 1. Avant d' arriver au col nous appuyons à gauche et traversons avec précautions une zone crevassée. La rimaye et une bande rocheuse n' ont pas retardé notre marche. La grimpée, pénible mais sans difficulté, dans le flanc SW du contrefort entièrement désagrégé, nous a amené à quelques pas du point précité cependant que l' orient s' illumine.
Nous attaquons aussitôt la crête. Les traces de clous dont elle est griffée nous démontrent, contrairement à ce que nous avions cru, qu' elle est fréquentée depuis fort longtemps. Une courte varappe, rendue piquante par la descente scabreuse d' un « rasoir », conduit à la bifurcation marquée par la « place du déjeuner » et où aboutit l' itinéraire habituel. Ce dernier, par où nous étions descendus, est un peu moins long, mais il est actuellement rendu dangereux par les chutes de pierres. Sans tenir compte de la tradition à laquelle invite le nom de ce lieu, nous continuons.
Les deux caravanes, quittées trois heures plus tôt, ont suivi leur idée première et se profilent devant nous. Ménageant nos forces nous escaladons ressaut après ressaut avec un plaisir nouveau. Le revoir de ces rochers que nous avions étreints, pourchassés par la nuit tombante, ravivait en nous le souvenir d' une heure émouvante.
Nous profitons du moment pendant lequel nous fixons les crampons pour prendre un léger repas. L' arrêt sera bref, la température nous contraignant à nous vêtir chaudement. Après une courte apparition le soleil bienfaisant s' est caché derrière les nuages qui s' amassent maintenant à l' est. Leur apparence m' apporte la conviction qu' ils sont les avants-coureurs d' orages locaux.
La perspective figurée par l' arête neigeuse, différente et nouvelle pour nos yeux, trompeuse aussi à cause de notre lente élévation, confère au Weisshorn sa physionomie particulière.
Sur l' épaule soutenant l' édifice sommital nous croisons les Autrichiens et leurs guides. Ces derniers ont mené la course rondement.
Les marches d' un escalier vertigineux, paraissant suspendu à la voûte des cieux, vont régler le rythme de notre respiration.
A l' instant même où nous débouchons sur le faîte, deux alpinistes conduits par Vital Vuardoux franchissent les derniers mètres de l' arête N. L' as a duré six heures.
L' évolution des conditions atmosphériques, observée avec plus de curiosité que d' appréhension, présente toutes les particularités d' un phénomène; en effet, le Weisshorn se trouve être la seule montagne épargnée jusqu' à présent par les orages assaillant chacun des massifs environnants.
Les rayons solaires épars, complices de notre détermination, font briller de mille diamants l' élégante et perfide corniche sur laquelle nous nous engageons vingt minutes plus tard.
1 Voir dans Les Alpes ( janvier 1948, Varia, page 7 ) l' article: Nouveau chemin d' accès à l' arête E du Weisshorn.
Nos montres indiquent près de 11 heures quand nous nous installons, pour un repos bien gagné, au pied du grand gendarme de l' arête N. Une lame tranchante ondulant au-dessus de blancs précipices, telle est l' image, rendue vivante par le déferlement continuel de vapeurs autour de la cime, qui nous est restée du trajet effectué jusqu' ici.
Doit-on s' étonner qu' un « sans-guide » étudie très minutieusement l' as ou la traversée importante qu' il se propose d' entreprendre? Parfois d' une courte durée, d' autres fois lente élaboration, cette analyse préparatoire, origine d' enrichissement tant au point de vue alpin que littéraire, est motivée par des raisons péremptoires. Ignorer des choses capitales par leurs conséquences, se fier uniquement au savoir approximatif, à la chance et à ses propres capacités physiques, peut aboutir à des déboires ou à un échec. Des notions précises, synonymes d' assurance et de jugement exempt d' erreurs, seront pour les « sans-guides » — ce sont surtout des jeunes — le gage le plus sûr de la réussite.
N' est pas regrettable de négliger ce qui rend justement une ascension passionnante et l' entoure de charme, c'est-à-dire: l' historique de la montagne qu' on va gravir, ses particularités, son étude topographique et structurale, enfin ses voies d' escalade?
On oublie trop souvent que le grimpeur réduit à sa seule initiative doit tout découvrir de cette petite fraction de l' écorce terrestre qu' il veut explorer.
La conduite d' une course conçue selon ces quelques principes orthodoxes engendre un fécond intérêt sans cesse renouvelé. Source intarissable de satisfaction et de joie, elle offre en outre l' occasion de développer notre aptitude à l' effort réalisateur.
Arête Young! Nom glorieux d' un grand alpiniste immortalisé par une montagne qu' il a tant aimée, marquant toutes ses faces et toutes ses arêtes de la trace conquérante de ses pas.
Nom depuis si longtemps et si souvent associé à mes rêveries. Le songe, enfin, est devenu réalité. La présence immédiate de la célèbre nervure éveille en moi des sensations neuves et contradictoires, faites de visions antérieures, de descriptions enregistrées que vont enrichir maintenant l' observation et les impressions vécues.
Nous allons jouer le dernier acte. Accroupi à l' ombre d' un pan de rocher, à deux pas de la selle ensoleillée, j' assure le filin de Charles qui disparaît au bout d' une vingtaine de mètres. Un appel retentit. J' empoigne à mon tour la grosse corde fixe courant le long d' une muraille rébarbative et surplombante. Nous nous trouvons dans la face W. Une inspection s' impose sur la direction et le meilleur cheminement à suivre. Nos propos confirment qu' il faudra chercher à l' estime les quelques pitons scellés çà et là. L' inclinaison du terrain n' est pas extrême; par contre son délitement demandera toute notre attention. Nos 30 mètres de corde d' attache permettent à mon ami d' arriver de justesse et sans perte de temps à la première fiche où bientôt je le rejoins. Les conditions de la montagne, excellentes, nous sont favorables; mais j' imagine que le verglas doit rendre compliqué ce parcours transversal. J' ai sorti le filin de rappel de mon sac, et les 50 mètres de chanvre sont lancés plus bas. Mon camarade a beau fouiller du regard à droite et à gauche, c' est seulement quand j' atterris à ses côtés qu' il déniche le deuxième anneau. Nous nous abaissons à nouveau de 25 m. Ces deux rappels, afin de graduer les efforts qui attendent nos bras, ont été descendus avec la seule aide des mains. Le gouffre ouvert sous nos pieds nous invite à rallier ici l' arête Young proprement dite.
Stimulés par le feu de l' action, poussés par la curiosité, nous nous penchons peu après sur les dalles fuyantes — véritables carapaces de granit emboîtées les unes au-dessus des autres — de la nervure. « Elle se pourrait comparer à un gigantesque serpent pétrifié, pendu à la tour par le cou et fouettant de sa queue le glacier. » Nulle autre comparaison que cette phrase de l' écrivain anglais ne me semble mieux rendre l' extraordinaire effet du tableau.
C' est ce moment que choisit le ciel pour répondre à notre coup d' œil circulaire et interrogatif. Les nuées, après une course échevelée à travers l' espace, telle une cavalcade fantastique, encerclent le Weisshorn. L' orage est imminent. Nous entamons la descente comptant sur un répit illusoire et voulant à tout prix quitter le fil de l' arête. Un quart d' heure ne s' est pas écoulé que le brouillard nous talonne et nous submerge. A l' aspect sinistre qu' une clarté décroissante donnait aux choses, succède une visibilité de plus en plus réduite. Les cordes très solidement fixées nous inspirent entière confiance et nous dévalons hâtivement. Les grondements répercutés et d' indéfinissables remous nous avertissent de l' approche de la perturbation. Nous nous trouvons maintenant au-dessus d' un mur vertical plongeant dans un abîme de brume laiteuse. J' apprécie le calme imperturbable de mon compagnon qui s' élance sans hésitation dans le vide. Heureusement l' obstacle n' est pas d' une grande hauteur, mais dans l' angoisse qui commence à m' étreindre, les secondes me paraissent durer des minutes. Le signal d' atterrissage de Charles met fin à mon supplice et je me trouve, l' instant d' après, collé au mur bombé, cependant qu' un éclair luit et que l' orage éclate.
Une petite vire, havre inespéré, nous a accueillis. Nous restons immobiles sous les brèves et redoutables lueurs suivies des roulements du tonnerre amplifiés par de géantes mais invisibles tables d' harmonie; protégés par nos blouses-tempête nous résistons aux rafales de la tourmente qui, brutalement, nous cinglent.
Un peu en retrait de l' extrême bord de la nervure, nous jugeons notre situation relativement bonne. La peur, dont nous avons senti les prémices, a fait place à une inévitable mais consciente acceptation.
A peine avons-nous fini d' assembler les anneaux de la corde que le grésil nous martèle, son ruissellement sur les dalles apportant la diversion d' un joli bruissement. Sans illusions sur ce qui nous attend, car nous sommes encore à 4200 m. environ, nous croyons avoir été privilégiés. Effectivement, la cordée de deux est un avantage et nous avons échappé au danger d' être bloqués dans la face ouest.
Adossés contre l' énorme bloc de granit, moderne figuration d' atlantes, nous voyons les grêlons s' amonceler sur nos chaussures, combler chaque anfractuosité, rouler dans les plus petites fissures. Ce fait et le grésillement dans nos cheveux du fluide capricieux brusquent notre départ.
Comme d' habitude, j' ai glissé mon piolet entre les courroies de mon sac tandis que Charles porte le sien à l' intérieur du sac. Le rocher est devenu affreusement glissant.
Ainsi qu' une démonstration de puissance, la dernière fulguration nous était destinée. Une flamme s' est accrochée à la pointe du piolet de mon ami en même temps que je perçois une vive douleur au milieu du dos. Par bonheur, nous n' avons aucun mal, mais l' alerte a été chaude ou plutôt... brûlante!
Notre corde, que nous avons protégée, est encore sèche. Quant à celles jalonnant l' itinéraire, leur emploi est rendu plus agréable par l' humidité qui les imprègne 1. Il nous en reste près de 200 mètres à serrer de nos mains. Le ménagement de nos glandes salivaires nous sera donc une petite compensation dans le malheur!
A mesure que nous gagnons en profondeur, péniblement, dans le brouillard toujours opaque, l' orage perd de sa violence et la grêle cesse de tomber. Nous allons comme des aveugles dans le labyrinthe que hantent des cyclopes guettant leurs proies éventuelles, attendant l' instant propice où elles seront à la merci d' une erreur; mais boucles et cordages constituent le fil d' Ariane guidant nos pas. Cependant le piège que je redoutais ne tarde pas à se présenter. Nous cherchons en vain le lien auxiliaire ou l' anneau qui doit permettre de descendre l' à devant lequel nous sommes arrêtés net. Des vires tapissées de neige et de glace se dérobent vers la droite. Nous optons pour la voie la plus directe, et Charles s' engage, bien assuré, sur les écailles imbriquées et couvertes de lichens mouillés bordant le ressaut. Tandis que nous pourrions évoluer avec sécurité et rapidité relatives si le rocher eut été sec, les conditions présentes obligent à une marche extrêmement prudente et ralentie.
Une demi-heure s' est écoulée et nous nous trouvons à présent en pleine paroi. L' arête, de proportions démesurées, s' estompe au-dessus de nos têtes. Les torons blanchis du fil réapparaissent soudain, semblables à un reptile allant se lover dans une sombre niche. Une traversée latérale nous ramène à la crête toujours ligaturée et qui plonge derechef. Nous avons atteint une vire peu engageante de dalles inclinées. Dégagée de la gangue de neige durcie qui l' enrobait, une corde longue de 15 m. nous mène, le long d' un toit glacé, jusqu' à un couloir coupé par une paroi perpendiculaire où se trouvait anciennement une échelle. L' obstacle est franchi à l' aide du filin de rappel, et ce dernier 1 En effet, chacun a pu le constater, les cordes sèches sont plus glissantes. Preuve en est l' observation que j' ai faite à plusieurs reprises à la Dent du Géant où la plupart des grimpeurs terminent l' escalade absolument démunis de... salive!
Les cordes de l' arête Young ont été partiellement remises en état en 1942 et 1944; leur longueur actuelle peut être estimée à 400 mètres.
nous est d' une grande utilité pour revenir à gauche sur des plaques verglacées et enneigées.
Nos deux cordes sont, maintenant, complètement trempées et les passages suivants exigent à plusieurs reprises les manœuvres de rappel. Cependant, la diversité restitue à notre descente tout l' attrait que j' en escomptais. De fait, les nombreuses sections démunies de cables et de pitons permettent à la varappe pure de reprendre tous ses droits. La remarquable compacité du granit contribue aussi à maintenir nos sens constamment en éveil car nous devons dégager les prises les plus menues de la neige fondante qui les cache, et l' abondance des mousses réclame le maximum d' attention ainsi qu' une absolue sûreté dans nos mouvements. Inexorables, les heures s' écoulent. L' ardu décèlement du tracé, le froid qui engourdit nos mains et rend douloureux le maniement répété des cordes de plus en plus raides, mettent patience et volonté à rude épreuve. Le moment le plus dur fut celui où, le chanvre n' obéissant plus, je dus remonter près de 20 m .; de guerre lasse je décrochai le double filin et redescendis par mes propres moyens. Au milieu de tant de difficultés, discernement et réactions, heureusement, demeurent actifs. Charles se montre, selon son habitude, un compagnon idéal aux saillies toujours inattendues.
Enfin, à 19 heures, en même temps que nous touchons les névés du glacier du Weisshorn, nous atteignons la limite du brouillard. Rapidement, nous dévalons les pentes neigeuses dont la faible déclivité surprend nos réflexes habitués aux lignes verticales.
Sur la moraine, avant de nous décorder, la chaude poignée de main échangée marque la fin des fortes émotions que nous a procurées le déroulement imprévu d' une course grandiose.
Mais le temps presse; malgré nos sacs alourdis, c' est à vive allure que nous traversons pierriers et torrents. L' étude topographique faite au préalable s' avère fructueuse et nous permet de rejoindre, au crépuscule, l' esquisse d' une sente conduisant au chalet des Leisses. Littéralement affamés, car nous n' avons rien absorbé depuis l' arête N, nous découvrons une saveur délicieuse au morceau de pain sec accompagné de fromage et d' un fruit mangés devant le chalet inhabité.
Ragaillardis, nous reprenons le sentier duquel nous éclairons, de notre lanterne, les zigzags emplis d' ombre. A 22 heures nous arrivons à l' alpage d' Arpitteta. Quoique les étoiles, timidement, se montrent les unes après les autres dans le ciel nettoyé peu à peu de ses derniers nuages, la nuit étend un voile noir autour de nous. Le sentier s' efface parfois pour se retrouver plus loin; bientôt nous le perdons tout à fait. Il nous faudrait encore deux heures pour gagner Zinal, à condition de reprendre le bon chemin. Comblant le vœu secret que chacun renferme en son cœur, nous choisissons, d' un parfait accord, 1'«Hôtel de la Belle Etoile » dont les portes sont largement ouvertes.
Jamais bivouac ne fut plus apprécié ni plus agréable. Un épais tapis d' herbe et de mousse nous parut le lit le plus moelleux qu' on pût désirer. Dans l' obscurité environnante, le cercle formé par l' humble lumière d' une bougie enclôt d' intimité notre solitude. Joyeusement, les cordes ont été déroulées et nous avons endossé tous nos vêtements disponibles. J' ai glissé les pieds dans mon sac, tandis que Charles a préféré mettre la... tête dans le sien!
Le froid mordant, avant 2 heures du matin, nous sort du profond sommeil dans lequel nous étions tombés. Grelottants, nous allons tenter d' allumer un feu avec des branches de rhododendrons. Aux dires de mon camarade, c' est grâce au souffle vigoureux de mes poumons que nous avons réussi!
A travers les flammes dessinant d' étranges arabesques, des images fugitives évoquent encore les âpres beautés que nos yeux ont admirées. Dans le lointain résonne, par intermittence, une clochette dont le timbre est d' une exquise suavité. Elle sonne pour nous le retour dans le monde civilisé; mais chaque note verse aussi dans mon âme une goutte de nostalgie: regrets de quitter la montagne séductrice.