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III. Corrections et additions

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Corrections et additions

Corrections et additions Dans le but de corriger et de compléter mes hypothèses toponymiques, j' adressais, à la fin de mes articles de juillet 1929 et de janvier 1930, un appel aux lecteurs mieux informés que moi. Une correspondance volumineuse y a répondu et j' en éprouve une vive reconnaissance. Comme il est d' un bon exemple de reconnaître ses erreurs et d' avouer son ignorance, je résume ci-dessous quelques-unes des remarques intéressantes dont on a bien voulu me faire part.

Lyrerose. M. M. Guigoz, à Saxon, m' écrit: « Lyre, en patois, signifie: partie découverte au bord du glacier, la moraine. Donc „ moraine rose ", de 1a couleur du terrain. » De cette remarque, il résulterait que lyre ( prononcé à peu près lyaire ) viendrait de glarea et aurait un sens voisin de glarier, « pierrier ». C' est possible. Toutefois je persiste à croire que les noms ci-après, qui ressemblent fort à Lyre rose, viennent bien de area « aire, plateau »: Lirec, Liretta, Leire ( Anniviers ); en Lyre ( 1715, Monthey ); Plan Lire ( Fully ), etc.

Laneey ( M. M. Guigoz ):

« Les personnes âgées disent encore: Antzlet. » J' y vois une prononciation bagnarde: ( L)anhlè, par chute de 17 initial.

M. Guigoz et M. Maurice Gabbud, rédacteur du Confédéré, un patoisant distingué, de Lourtier ( Bagnes ), me font remarquer que s initial ne se prononce pas ch, comme je l' ai prétendu. Ma remarque s' appuyait sur les savantes observations faites vers 1870 par J. Cornu dans la vallée de Bagnes. jourd' hui, sous l' influence du français, l' s initial s' entend souvent: j' ai noté moi-même la prononciation: soportyeu « aide berger ». Cependant, aujourd'hui encore, l' a bagnard n' a pas la netteté de la même consonne dans la bouche d' un Français: on observe un léger chuintement. Cela n' a du reste aucune importance pour l' étymologie.

Chermontane. Je traduisais Tsarmôlana ( calmis augustana ) par chaux d' août. M. le prof. L. Gauchat, qui y voyait précédemment: Chaux d' Aoste, veut bien m' écrire:

« Je n' hésite pas à vous donner raison au sujet de Chermontane. » Son approbation m' est précieuse et je l' en remercie vivement.

La Sage. M. L. Gauchat:

« La Sage doit bien être salicem „ le saule ", comme vous le supposez, malgré l' absence de l' arbre, ce qui n' est pas sans exemple. Le plus curieux: La Châtagne, à la montagne neuchateloise. » Louvie. M. J. U. Hubschmied ( Küsnacht-Zurich ) m'écrit: « Je crois que le savoyard louïe, que vous citez, et Louvie remontent à un gaulois *lokwa „ lac ". Que le mot louïe ait disparu, en Valais, comme appellatif, n' est pas un argument décisif contre cette étymologie. *Lokwanos ,,les gens du lac " a abouti à l' italien Luano, Lugano et aux anciens noms allemands de Lugano: Louwens, Lauis, Lauerz, ainsi qu'à Lauerz, Lowerz ( canton de Schwyz ). » A rapprocher de Louyes, près de Fully; nom des étangs ou marécages formés par les débordements estivaux du Rhône. ( J. G. ) Corbassière. M. Hubschmied:

« Est-ce que ce nom ne serait pas un dérivé de corvus? Cf. l' italien cor-baccio „ corbeau " et le nom de la Suisse allemande: Chräjere „ endroit où il y a beaucoup de Chräje = corbeaux ". » Fionnay. M. J. U. Hubschmied:

« La prononciation bagnarde Fionnin décèle une forme plus ancienne *Fionni ou Fionnil, qui est un dérivé de *fion „ agneau ", et qui aura signifié sans doute „ bercail ". ( Cf. chien—chenil. ) *Fion est un diminutif de feya,, mouton ". Cf. le provençal fedon et le français faon, du latin fetone, diminutif de fêta „ brebis ". » Otemma. M. J. U. Hubschmied:

« Du latin ( alpis ) altissima. Otemma ou Hautemma aura désigné autrefois l' alpe qui se trouve au pied du Glacier d' Otemma. » Dixence. J' avais accusé à tort les cartographes d' avoir inventé ce nom de rivière, qui semble avoir disparu de l' usage local actuel.

Dans les Mémoires et Documents de la Société d' histoire de la Suisse romande, tome XXXII, p. 309, on peut lire:

« Aque que dicitur Dessenchi tendentis ad aquam de Borny... » Et plus loin:

«... in cursu aque dicte Dessonchi... ».

Donc, au milieu du XIVe siècle, on disait: Dessenche, Dessonche.

Etier. M. F. Olivier, professeur à l' Université de Lausanne, a eu l' amabilité de me signaler une étude publiée en 1861 par le Dr H. Meyer sur les routes romaines des Alpes suisses 1 ). J' y trouve quelques indications qui viennent confirmer mon étymologie d' Etier: ( ad ) octavum ( lapidemà la huitième pierre milliaire. En effet, Meyer établit que Bourg-St-Pierre se trouvait au 20e mille, et non au 24e, comme pourrait le faire croire la pierre qu' on y peut voir et qui a sans doute été transportée dans ce village. Or d' Etier à St-Pierre ( 20e mille ), il y a 18 kilomètres environ, soit 12,000 pas romains. 20—12 =8. C. Q. F. D.

Il a été frappé comme moi par le nom d' un lieu-dit situé en amont de Sembrancher: Au Dimîlio, qu' il écrit aux Dix milieux, qu' il interprète comme je l' ai fait: « Au 10e mille », et qu' il rapproche avec raison de l' italien Vinti-miglio, Albintimiglio « au 20e mille ».

Quant au mystérieux fût de colonne de Vollège, le curé de Sembrancher lui raconta que c' était une pierre milliaire, trouvée il.y a bien longtemps. Meyer se demande si c' est une simple colonne provenant d' un bâtiment, ou si c' est une pierre milliaire, maladroitement enterrée la tête en bas, ce qui rend invisible toute inscription. Je me suis posé les mêmes questions devant cette Pierre des os, qui a, sans doute aucun, été déplacée, et je laisse aux archéologues curieux le soin de résoudre ce problème. Chacun leur en serait reconnaissant.

Saint-Martin ( Val d' Hérens ). Dans mon article de juillet 1929, page 276, je supposais que l' ancien nom de ce village avait dû être Hérens. Divers textes cités par Gremaud ( nos 1024 et 1043, p. ex ., des Documents relatifs à l' histoire du Valais ) confirment cette hypothèse. Le nom primitif était bien Hérens ou Heruens; plus tard on dit: Saint-Martin d' Hérens, et de nos jours: Saint-Martin. On sait que des changements analogues se sont produits pour le nom de Saint-Nicolas ( district de Viège ). Le Chouson primitif devint Saint-Nicolas de Chouson, aujourd'hui Saint-Nicolas, tout court.

Vevey, mai 1930.

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