L'Aiguille de la Persévérance | Club Alpin Suisse CAS
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L'Aiguille de la Persévérance

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

29 L' Aiguille de la Persévérance et le Blanc d' Upernivik Photos Edgar Timm-. Saint-Mauri«- du « ski-conversions » avec parfois des « virolets » réussis. Le brouillard vint cacher tout ça et s' en alla quand la neige ramollit. Sur le glacier de Corbassière, ce fut une rapide glissade dans la trace ouverte à la montée.

A la cabane nous faisons les « rétablos » d' usage, tandis que le gardien nous prépare un bon pot de thé. De Max Dumoulin nous pourrions dire que certaines vertus du peuple des montagnes survivent sur les hauteurs dont ils sont les bergers d' altitude. A 1 7 heures, nous souperons!... età 18 h 30 nous irons dormir dans unautrc dortoir, carpourdemains' annonce un Petit Combin... qui se fera gelé en montant et « à point » en descendant, mais cela, c' est une autre histoire!

L' Aiguille de la Persévérance

Côte ouest du Groenland ( 7io3o' NI52 i5' W )

Edgar Yhurre, çuidr, Si-Maurice Nous l' avons baptisée ainsi, cette magnifique aiguille de granit de l' île d' Upernivik, parce que persévérer, elle nous a fait persévérer!

Nous, c'est-à-dire deux guides, dix jeunes gens, des prêtres et un médecin. En tout, 15 personnes de TASCA ( Association sportive du collège de l' Abbaye de St-Maurice VS ), transportés à 71e 30' de latitude nord, pour y vivre une expérience quarante jours désert « alpin ».

Tout de suite, elle nous avait séduits, Y Aiguille de la Persévérance. que nous baptisions encore simplement la .Noire d' Upernivik, pour la distinguer de sa voisine immédiate, une montagne toute blanche.

Traversée Aiguille de la Persévérance Blanc d' I pernivik Groenland 1981. 71 30'X,'52° 15'\V î E g E rätn > id

Et notre première course de reconnaissance sera pour elle. Très vite, un pilier de granit sera repéré, qui nous permettra de tracer une voie de rêve pour atteindre l' arête, mille mètres plus haut.

Voie de rêve qui n' aura pas été sans de brusques réveils, provoqués par ces réalités que sont la pluie, la neige et les Fuites en rappel...

Mais avant de pousser plus loin notre histoire de la Persévérance, revenons au camp de base.

l' expédition, ses objectifs, ses réalisations Notre expédition était quelque peu particulière, en ce sens qu' elle s' était fixé un objectif chrétien. A savoir: par l' alpinisme et la randonnée, vi- 1 1981 26' c Jper 700C O É co ia 5S° lam vre une expérience de désert et de rencontre avec Dieu. Trois prêtres nous accompagnaient. Ce n' est pas le lieu, ici, d' exposer les tenants et aboutissants de cet objectif, ni même d' insister, dans une revue spécialisée de montagne, sur tout l' enri humain que nous avons pu acquérir grâce au contact avec les Esquimaux, grâce à ces moyens de vivre qu' ont été pour nous la chasse et la pêche, grâce surtout à cet affrontement quotidien de 15 personnes isolées pendant quarante jours sur une presqu'île.

Nous nous bornerons à décrire ici les objectifs et les réalisations de caractère alpin.

Presqu'île de Qjoqé... 71° 30' de latitude nord, 52e 15' de longitude ouest. Lieu du camp debase, au bord de la mer ( ce qui, soit dit en passant, est très agréable pour l' acheminement du matériel !). Un fjord au cœur d' une région montagneuse aussi grande que la Suisse romande.

Les questions de sécurité?

Qjoqé est à six heures de bateau d' Umanak, centre d' un millier d' habitants où les Danois ont construit un hôpital modèle.

Nous avions engagé deux indigènes, un père de Sommets gravis pour la i " fois, lors de I' expédition ASCA 1981 Camp de base »zi di 1DCn A Mt ASCA, 2120 m Mt Blajic, 1850 m ▲ Aig. de la Persévérance, 1550 m famille et l' un de ses enfants. Leur rôle était de nous acheminer par bateau au pied des voies et d' être des agents de secours. En effet, par bonne mer, ils pouvaient rejoindre Nugatsiaq, leur village, en une heure et demie et, de là, ils avaient la possibilité d' entrer en liaison avec la mine de Marmorilik, à une centaine de kilomètres au sud, où stationnaient des hélicoptères. Et si l'on se souvient encore qu' un médecin nous accompagnait...

Nous pouvions donc nous lancer...

Trois zones de courses vont retenir notre attention: la presqu'île elle-même, l' île d' Upernivik, en face, et, à une trentaine de kilomètres à l' intérieur des fjords, la région de Y inlandsis1 et de ses glaciers « vêleurs » d' icebergs.

Une foule de projets se dessinent... des tas de « premières » en vue!

Mais le mauvais temps tempérera notre ardeur. Cependant, nous aurons la joie de faire deux sommets de randonnée dans la région de l' inlandsis dont l' un, en tout cas, n' avait jamais été gravi — baptisé pour le plaisir Super-Chips, un magnifique sommet, le Mont Asca - du nom de l' expédition - 2 Inlandsis: calotte glaciaire qui recouvre le Groenland sur sa quasi-totalité, avec près de 3 kilomètres d' épaisseur en son centre.

dominant le camp de base de ses 2100 mètres et dont les difficultés pourraient être comparées à celles du Chardonnet, et enfin « notre » Aiguille de la Persévérance avec la traversée sur le Blanc d' Upernivik.

Avant d' entrer plus en détail dans la relation de cette course, mentionnons encore de belles randonnées dans la région du village de Nugatsiaq, le long des lacs de Qioqé et de ceux d' Upernivik, vers un petit sommet au-dessus du camp de base, nous avons planté une croix et encore à la Grande Ruine baptisée ainsi par ses premiers ascension-nistes3, du fait qu' il s' agit d' un immense tas de cailloux branlants, haut de 1600 mètres.

Mais il y en aurait encore des sommets à gravir... sommets de randonnée, sommets neigeux, sommets rocheux ou parois de granit, invraisemblables de beauté. L' île d' Upernivik en particulier est une mine de sommets à découvrir. Avis aux amateurs! Mais revenons à notre aiguille!

LA PERSÉVÉRANCE ET SON HISTOIRE Après une reconnaissance à quatre, le 14 juillet, nous consacrons deux journées à équiper le pilier de la Noire d' Upernivik. En tout 13 longueurs équipées, dans le IVe et le Ve degré, avec une demi-longueur de VI où nous avons laissé une corde fixe.

Nous pensons qu' il faudra cinq jours pour traverser le pilier, la face, l' arête sud de la Noire et le Blanc d' Upernivik. Aussi, le lundi 20 juillet, em-portons-nous trois gros sacs de matériel et de vivres ainsi qu' un sac léger que nous nous passerons, à tour de rôle, pour aller ouvrir la voie.

Nous traçons quatre nouvelles longueurs pour atteindre le sommet du pilier, à 670 mètres d' alti. C' est là que nous bivouaquons et que la pluie nous réveillera, le jour suivant!

Un temps de déception, un temps plus long d' attente! Une petite accalmie nous permet d' ouUne équipe conduite par Michel Darbellay en 1967; celuici nous a fourni de précieux renseignements pour la réalisation de notre aventure.

vrir trois nouvelles longueurs, mais nous devons redescendre au bivouac: le temps est vraiment trop incertain. En effet, après un nouveau bivouac sous la pluie, nous battons en retraite en plaçant 17 rappels!

Le 4 août, nous remettons ça... mais nous n' ar même pas au sommet du pilier, et nous allons nous abriter dans un trou, 14 heures durant, avant de redescendre toujours sous la pluie!

Ce n' est que le io août ( c'est-à-dire 6 jours avant notre départ pour la Suisse ) que nous pouvons attaquer pour de bon. Le soir, nous avons gravi les 17 longueurs du pilier ainsi que la face qui nous ouvre l' accès à l' arête sud. Cette paroi représente 8 longueurs d' escalade difficile, plus quelques autres en terrain facile. Quand, enfin, nous débouchons sur l' arête de la Noire d' Uperni, il neige!

Nous installons le bivouac à 1170 mètres d' alti, soit mille mètres au-dessus du point d' atta. Il neige pendant 36 heures! Et pourtant l' al fait une chute de 150 mètres. Nous attendons, car nous n' avons aucune envie de redescendre par la face.

Le 12 août, vers g heures du matin, le temps se remet au beau, et une magnifique journée s' an pour la traversée de l' arête sud de la Noire, arête facile ( avec seulement deux ou trois longueurs de IV ), mais rendue délicate par l' enneige.

Le ressaut sommital nous offre encore des longueurs de choix. Heureusement le soleil a séché les passages difficiles, mais il nous faut équiper tout de même une longueur artificiellement, avant d' attaquer un mauvais passage verglacé. Après une dernière magnifique longueur de IV, nous foulons le sommet convoité.

C' est à ce moment que nous décidons d' appeler notre Noire d' Upernivik Y Aiguille de la Persévérance. Puis nous descendons par l' arête nord, facile, qu' à l' endroit du second bivouac, entre la Noire et le Blanc d' Upernivik. Le ciel se couvre de nouveau.

Le lendemain, tout va bien, et nous traversons le Blanc en une seul journée de I g heures, sans autre histoire qu' une face nord de plus de cinq cents mètres à descendre en fin de parcours, avec une longueur de près de 65 degrés et toutes les autres, interminables, entre 45 et 50 degrés *.

Encore un pierrier de mille mètres à dégringoler, et nous voici de retour, au bord de la mer, à trois heures du matin, heureux...

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