Le Freiberg Kärpf, la réserve d'animaux sauvages la plus ancienne de Suisse | Club Alpin Suisse CAS
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Le Freiberg Kärpf, la réserve d'animaux sauvages la plus ancienne de Suisse

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

Albert Schmidt, Glaris

Le Freiberg ( Franche montagne ) Kärpf, entouré des principales vallées et chaînes du pays glaronnais, constitue pour ainsi dire le cœur des Alpes glaronnaises et son centre topographique. Il est limité à l' est et à l' ouest par le Sernft et la Linth qu' à leur confluent au nord. La faille profonde de la vallée du Durnach et du col de Richetli le sépare des chaînes qui s' élèvent en direction des Grisons. De ses hauteurs, on peut se faire une juste idée de la structure des Alpes glaronnaises: d' un coup d' œil circulaire, on embrasse toutes les vallées ainsi que le monde glaciaire du massif du Tödi.

qui se retrouvent dans les cabanes Fridolin, Pianura ou Punteglias pour rendre visite au sommet du Tödi. Beaucoup d' entre eux, surtout les skieurs, suivent l' ancien itinéraire par le glacier de Biferten, d' autres celui de la Gliemspforte à partir de la cabane Punteglias, ou la voie de la paroi sud-ouest en partant de la cabane Pianura. Les autres voies sont moins fréquentées. Elles offrent encore à l' al, désireux d' escalader le plus haut sommet des Alpes glaronnaises, des voies intéressantes et d' un haut niveau.Trad. Annelise Rigo Bibliographie Pieth et Hager: Placidus a Spescha, sein Leben und seine Schriften, Coire 1913.

J. Hegetschweiler: Reisen in den Gebirgsstock zwischen Glarus und Graubünden in den Jahren i8ig~i822, Zürich 1925.

Ferd. Keiler: Das Panorama von Zürich, nebst Beschreibung der im Jahre 1837 ausgeführten Besteigung des Tödi,

Rudolf Bühler: Geschichte der touristischen Erschliessung des Tödimassivs und Clariden- und Bifertenstockketle, Glaris 1937.

Annuaire 1864 du CAS.

Gazette de Glaris 1837, 24 août.

La structure géologique des montagnes du Kärpf est à elle seule très intéressante et diffère totalement de la chaîne du Glärnisch qui ne se trouve qu' à 10 kilomètres. Le fameux chevauchement glaronnais ( il a fourni aux grands géologues du siècle dernier l' explication des différentes nappes alpines ) passe au beau milieu du monde alpestre du Freiberg. La ligne de séparation du calcaire de Lochsite ( ainsi nommé entre le socle plus jeune, écrasé et plissé, des masses de flysch de l' éocène ) et du verrucano supérieur et plus ancien tombe, sur un espace de io kilomètres seulement, d' une altitude de 2400 mètres ( au Chalchstöckli ) jusqu' à un niveau de 600 mètres, à la sortie du Sernftal ( près de Schwanden ). Les pierres de lave cristalli- nés incorporées au verrucano représentent, dans les Alpes glaronnaises, presque exclusivement sédimentaires, un apport « exotique » ( voir le chapitre consacré à la géologie, page 105. ) Ce qui particularise la région du Kärpf pour le grand public, ce ne sont ni la géologie ou la végétation, ni les possibilités touristiques, mais le fait très important qu' ici ( depuis quatre siècles ) se trouve la plus ancienne réserve d' animaux sauvages de la Suisse.

UNE RÉSERVE D' ANIMAUX SAUVAGE, VIEILLE DE 432 ANS C' est en 1548 déjà, donc à une époque incroyablement éloignée pour une question de protection de la nature, que le landammann Joachim Baldi a créé cette réserve de 106 kilomètres carrés ( surface importante et accordée généreusement selon l' opinion d' aujourd ). Cet homme politique avait convaincu le Grand conseil glaronnais de l' utilité d' une réserve, et, en 1569, la landsgemeinde ( c'est-à-dire le peuple glaronnais ) confirmait la décision de ses « dirigeants ». Depuis cette époque, les Glaronnais appellent Freiberg ( Franche montagne ) la région du Kärpf où « le gibier devait être protégé et le district mis à ban, à partir du Sernft, par les Wartstalden, des deux côtés de la vallée jusque derrière les Limmern... » '.

Les raisons de cette décision prévoyante des Glaronnais devaient être d' origines diverses et d' ordre éthique aussi bien que pratique. Nous n' en citerons ici que la plus évidente: la multiplication des armes à feu dans la première moitié du XVIe siècle avait convaincu les responsables du pays que le gibier ( à cette époque source principale de viande ) serait rapidement décimé vu la popularité de la chasse chez les montagnards. En fait, les conséquences de cette protection tôt comprise se font sentir encore maintenant, si l'on compare la richesse du gibier des Alpes glaronnaises' Cit du procès-verbal du 10 août 1548.

I25 ( les trois réserves du canton continuent à alimenter les secteurs de chasse ) à celle des régions alpines analogues, où l'on ne voit plus guère de gibier pendant les ascensions et excursions.

D' autres réserves, à part le Freiberg, ont été créées au Glärnisch, au Wiggis et au Schilt, mais on y a de nouveau autorisé la chasse par alternance, tandis que le Freiberg Kärpf est resté un territoire protégé en permanence ( exception faite des années 1568 et 1812 ), symbole d' une tradition glaronnaise, inébranlable comme la montagne elle-même. Cela ne veut pas dire cependant que le Freiberg ait résisté aux assauts des quatre siècles sans flancher. Son histoire a subi les fluctuations d' événements mouvementés. En premier lieu - et encore de nos jours - ce sont les chasseurs qui n' ac pas la mise à ban de ce territoire et qui reviennent toujours à la charge. Plus d' une douzaine de fois, leurs démarches ont eu pour but une ouverture partielle ( ou par alternance ), mais la landsgemeinde, jouant son rôle d' instance suprême, et en accord avec le gouvernement, a constamment repoussé les prétentions des chasseurs. Elle s' est ainsi érigée en protectrice du territoire.

De tout temps, les disciples de Diane ont eu de la peine à admettre qu' ils n' étaient pas les seuls maîtres du gibier indigène. Mais aujourd'hui des prescriptions sévères réglementent la chasse et protègent les animaux, et les chasseurs eux-mêmes entrent dans le jeu de la protection. Comme la tentation d' une chasse aux trophées existe toujours, les chasseurs ne peuvent être des régulateurs que dans la mesure où cette tâche n' incombe pas aux gardes-chasse ou à la nature elle-même qui, par l' intervention d' oiseaux de proie ou à la suite d' hivers rigoureux, exerce une sélection naturelle.

Voici une curiosité de l' histoire du Freiberg, qui illustre à merveille l' attitude des Glaronnais envers la nature, et qui est fondée sur le principe: protéger et utiliser - donner et prendre /Jusque dans les années 70 du XVIIIe siècle, l' usage voulait que chaque citoyen honnête qui se mariait entre la St-Jacques ( 25 juillet ) et la St-Martin ( 11 novembre ) puisse revendiquer un ou deux chamois du Freiberg pour son repas de noces. Certes, il devait présenter une requête dans ce sens au Conseil à Glaris, lequel se faisait remettre à maintes reprises du gibier du Kärpf, ne fût-ce que pour des fêtes, des réceptions, ou comme cadeaux offerts à des personnalités étrangères. Le marié ne devait cependant pas abattre lui-même un animal des crêtes. Ce privilège était réserve, exclusivement, aux « tireurs du Freiberg » assermentés et charges en même temps de surveiller d' un œil vigilant le braconnage pratiqué en tout temps. Cet usage s' est perdu pour les raisons présentées un peu plus loin. Il faudrait le réintroduire à notre époque, non pour décimer le beau cheptel de chamois, mais pour réactiver un peu l' envie de se marier parmi la jeune génération!

LES ANIMAUX SAUVAGES DU FREIBERG Cependant l' initiative précoce d' une protection ne procura pas une sécurité absolue au gibier. De tout temps, et selon les circonstances du moment, on a pratiqué le braconnage plus ou moins intensément, surtout en période de guerre ou de misère, car, pour beaucoup de pères de famille nombreuse, c' était une question de survie. Les époques de crise du XVIIIe siècle ( qui ont contraint des centaines de familles glaronnaiscs à émigrer en Amérique ) ont creusé des trous sensibles dans les troupeaux de gibier naguère importants. Puis suivirent les années de la Révolution française, où le pays glaronnais fut le champ de bataille d' armées étrangères et où la population indigène fut en proie à une grande misère. En 1846 encore, le grand savant glaronnais Oswald Heer brossait un tableau pessimiste dans « Le canton de Glaris y tome VII de la peinture de la Suisse ) » en affirmant que les animaux sauvages sont traqués depuis plusieurs années au Freiberg autant qu' ail dans les Alpes.

Le cerf, le chevreuil, le bouquetin ( celui-ci déjà au moment de la création de la réserve du Frei- berg ), le gypaète barbu, finalement aussi l' ours et le lynx furent exterminés. Seuls les chamois, qui savaient s' adapter, purent survivre en petits groupes dans des retraites éloignées.

L' interdiction de la chasse sur tout le territoire du canton, un contrôle plus efficace et l' idée naissante de la protection de la nature apportèrent une amélioration constante pendant la seconde moitié du siècle dernier. En revanche, les années de la Première Guerre mondiale furent la cause d' un dernier recul. Puis le cheptel des animaux sauvages s' accrut de plus en plus et s' approcha même ( du moins pour les chamois du Freiberg ) d' une saturation encore acceptable. Dans les réserves de chasse, on a pu tirer de nouveau le chevreuil à partir de 1926, tandis que le cerf a passé, dans les années 30, des Alpes grisonnes et de l' Oberland saint-gallois dans la vallée du Sernft, pour s' établir dans le Freiberg ainsi que dans d' autres régions. Le bouquetin, espèce sédentaire elle aussi, a été réintroduit dans le canton de Glaris. Le gouvernement glaronnais, qui en prit l' ini, aurait-il pu trouver une région plus propice que le Freiberg? Les g bouquetins lâchés entre 1957 et i960 y ont trouvé heureusement un espace vital agréable, et aujourd'hui cette espèce montagnarde, qui compte 55 à 60 bête, peut être observée un peut partout autour du Kärpf.

Il incomberait à notre génération de réintroduire le lynx, qui trouverait des biotopes favorables dans les forêts abruptes et rocheuses au-dessus des vallées du Sernft et de la Linth. Les expériences concluantes dans les endroits où ils ont été lâchés en Suisse, et les résultats des recherches les plus récentes seraient une raison de tenter un essai.

Le nombre constant des aigles du Freiberg ( 9 à 10 oiseaux^, qui trouvent ici des terrains de chasse giboyeux, prouve que les carnivores ne les privent pas de la faune dont ils se nourrissent, mais contribuent plutôt à leur développement.

Aujourd'hui, les chillies suivants, communiqués par les gardes-chasse, montrent la répartition des différentes espèces d' animaux sauvages du Freiberg:

chamois bouquetins cervidés chevreuils renards blaireaux fouines martres marmottes lièvres variables lièvres 920 aigles royaux10 55 autours17 158 buses6 176 éperviers13 85 faucons 60 crécerelles25 52 grands ducs4 18 grands coqs 395 de bruyère25 100 petits coqs 60 de bruyère130 perdrix blanches 125 gelinottes des bois 50 ( Informations fournies par le Service cantonal de la chasse de Glaris, 1977. ) A part la rage, qui ne sévit que sporadiquement, il n' y a qu' un seul problème: le cerf. Cet animal, facilement migrateur, trouve au Freiberg d' excel terrains d' été, mais peu de quartiers d' hiver favorables. Il a ainsi pris l' habitude, comme aux environs du Parc national, d' emprunter des itinéraires traditionnels qui le conduisent dans la vallée au début de l' hiver, après le rut; mais il quitte la vallée par temps de haute neige pour en suivre le flanc jusqu' au Schilthang près de Glaris. Là, les cerfs se groupent dans les forêts qui leur conviennent et causent de graves dégâts en mâchant et en pelant les jeunes arbres.

Une partie des animaux des régions non proté-géescherche maintenant àse mettre à l' abri au Freiberg pendant la saison de la chasse, de sorte que les chasseurs ne peuvent pas intervenir pour assurer l' équilibre de la faune. Aussi les gardes-chasse se sont-ils vus obligés, ces dernières années, de tirer le cerf même dans le district franc, ce qui ne plaît ni aux amis des animaux, ni aux chasseurs. On espère cependant pouvoir maintenir le nombre de bêtes à 250 environ pour tout le canton, ce qui serait économiquement admissible.

RÔLE SOCIAL DES DISTRICTS FRANCS Comme nous l' avons déjà précisé dans notre bref rappel historique à propos de Chasse ou protec- tion, il convient d' examiner le terme de district franc bien au-delà de son sens premier. Il n' existe évidemment pour ces régions ( qui ne sont pas, à vrai dire, des zones entièrement protégées ) pas de loi autre que l' interdiction de chasser ( à l' excep des plantes légalement protégées et des dispositions de la loi sur l' aménagement du territoire ).

Les districts francs, facilement accessibles et offrant diverses possibilités touristiques ( comme le Freiberg glaronnais ) remplissent encore une autre fonction. Pour la population qui recherche une détente, pour le gibier qui n' est plus menacé par la chasse mais par la modification de son milieu, pour les études de zoologie enfin, la valeur de ces réserves se situe à d' autres niveaux, qui d' ailleurs s' interpénétrent. On parle du rôle social des régions protégées. Les zones, où les animaux peuvent se mouvoir librement dans un milieu naturel, offrent un autre moyen d' observer les animaux que les jardins zoologiques. Contrairement aux grandes réserves africaines, aux parcs nationaux des Etats-Unis ou à d' autres pays étrangers, elles sont accessibles à tout moment et ouvertes même aux couches sociales les moins favorisées. Elles permettent de familiariser enfants et jeunes gens avec les problèmes de la nature, de stimuler leur sens de l' observation, d' éveiller enfin leur compréhension et leur respect envers la nature et ses créatures.

Nous autres alpinistes apprécions la valeur de ces zones protégées, car nous nous souvenons du nombre de fois où nous avons parcouru les montagnes sans rencontrer un seul animal sauvage. A part les régions riches en gibier de l' Oberland bernois, des Grisons, ou du Valais, ainsi que les districts connus par leur colonie de bouquetins, on n' a guère l' occasion d' observer des animaux sauvages, que ce soit dans les Dolomites, dans le massif du Mont Blanc ou dans les Alpes uranaises. En revanche, une balade dans les forêts et pâturages ou sur les sommets du Freiberg Kärpf offre chaque jour, été comme hiver, la possibilité de surprendre des animaux sauvages, dans la mesure, bien sûr, où le touriste n' est point trop pressé et prête attention au monde environnant.

65 Sur le glacier sommital de la paroi nord du Glarner Tödi 66 Vue de la voie directe du couloir Röti ( Glarner Tödi ) 67 Cordée dans le couloir Röti 68 Bouquetins du Foostock ( sommet situé à la limite des cantons de Glaris et de St-Gall, au nord du Piz Sardona ) 69 Harde de chamois du Freiberg Kärpf, territoire où vivent plus de neuf cents animaux Nous ne citerons plus qu' un argument parmi ceux que l'on pourrait encore avancer en faveur des zones protégées: la distance parcourue par le gibier en fuite est à peu près la moitié de celle franchie en terrain de chasse, ce qui évidemment facilite l' observation et permet un contact plus direct avec l' animal. Cependant — et il convient de le souligner - les animaux du Freiberg Kärpf ne sont pas apprivoisés comme ceux d' un jardin zoologique ( comme les chasseurs le prétendent ) au point de s' approcher des touristes sans crainte: les chamois, les bouquetins et les cerfs sont vite effarouchés, mais aussi les marmottes, plus confiantes, ont gardé leur timidité naturelle envers l' homme et se comportent toujours comme des animaux sauvages. Le photographe animalier en fera l' ex mieux que personne: il devra recourir à plus d' une ruse pour obtenir des clichés réussis.

LE FREIBERG KÄRPF EST-IL AUSSI MENACÉ?

Le Freiberg glaronnais n' est nullement à l' abri de toute menace. Cette affirmation peut surprendre à une époque où l'on est de plus en plus conscient des problèmes posés par l' environnement et la protection des sites encore vierges. Ne devrait-on pas reconnaître, aujourd'hui précisément, la valeur inestimable de cette merveilleuse région alpine, la richesse de la faune, le grand intérêt géologique du massif, l' abondante diversité de la flore? Dans plus d' une région des Alpes, surtout près des grands centres touristiques, on se féliciterait de pouvoir jouir d' une telle zone de détente dûment protégée. A titre de comparaison, le parc alpin du Lukmanier—Dötra—Greina, qui va être créé dans les Alpes tessinoises, représentera exactement ce que les Glaronnais possèdent depuis des siècles au Freiberg.

Il convient cependant de bien comprendre que le Freiberg Kärpf n' est pas un site totalement protégé, mais un ensemble de surfaces exploitées et de régions naturelles. C' est ce qui en fait la valeur, comme le relevait, en 1954 déjà, le professeur de géographie Jost Hösli:

70 Au grand surplomb de l' alpinodrome de Widerstein. Une photo souvenir du guide Saxer ( t ) en pleine action Photos Albert Schmidt 71Cabane Pianura ( 2g^y m ) et le Schärhorn dominant le glacier de Hù' fi Pholo Schim« flier. Claris 72 Cabane Fridolin ( Tödi ). A gauche, le Piz Urlaun; au-dessous, le glacier de Biferten; immédiatement au-dessus »Le Freiberg Kärpf n' est pas un parc naturel protégé soustrait à toute ingérence et influence humaine. C' est le fait d' être un paysage fortement marqué par l' exploitation économique, où jaillissent en même temps des forces naturelles, qui en fait justement le charme. Depuis des siècles, la conviction d' un ordre supérieur englobant toute vie, fortement ancrée dans la pensée et les sentiments des Glaronnais, a créé cet exemple d' une œuvre enrichissante où se côtoient et coopèrent la nature et l' action humaines. » Seuls, les initiés ont connaissance ( depuis quelques années ) de la menace qui plane sur le Freiberg Kärpf: on prévoit des modifications, dont il ne peut être question dans notre propos, car des propositions précises et concrètes n' ont pas encore été faites. Les nemrods vont-ils passer à l' action et revendiquer pour la chasse une grande partie du Freiberg, avant 1981, date du renouvellement de la mise à ban? Et cela dans une région peu fréquentée jusqu' à maintenant par les touristes et où le gibier pouvait vivre encore sans être particulièrement dérange? Ou bien le plan déjà esquissé de la construction d' une route des Alpes, desservant un futur champ de tir militaire dans la vallée supérieure du Durnach, prendra-t-il réellement forme? On se demande si le canton de Glaris n' a pas déjà fait plus que sa part en matière de camps d' instruction militaires. Puisque le tir n' est pas légalement autorisé dans les régions protégées, la haute vallée retirée du Durnach, encore relativement intacte, devrait être retranchée du Freiberg.

Le danger d' une ouverture au tourisme d' été ou d' hiver de la brèche du Kärpf, jugée inévitable encore en 1970-1972 par les promoteurs de téléphériques et de remonte-pentes, semble écarté pour l' instant. On pourrait bien sûr multiplier les installations sur les belles pentes tout autour du Schabell. Mais une extension dans la région des sommets et sur le côté nord du Wildmad amènerait d' un seul couple développement des pistes de ski au cœur du Freiberg et y aurait, au cas d' une jonction éventuelle avec la zone de Mettmen, des répercussions désastreuses pour la protection de la nature.

du pignon de la cabane, le Grünhorn; à droite, la paroi nord-est du Glarner Tödi Arktis Photo, Glaris: Ch. Schindler 73 Vue aérienne: les glaciers de Hüfi et des Clarides, imposantes étendues et combes glaciaires. Au milieu de la photo, de gauche à droite: cabane Pianura, Hinter et Vorder Al-pelistock. A droite, en bas: le glacier de Sand sur lequel se projette l' ombre du Piz Casarauls. Vue plongeante sur le vallon d' Ober Sand Arktis Photo, Glaris: Ch.Schindler Les Glaronnais, qui vivent dans une région de montagne aride et pauvre en terres arables, n' au évidemment jamais admis une zone de protection de la nature interdite à l' exploitation. Malgré une utilisation intense, le Freiberg Kärpf présente aujourd'hui encore un « équilibre des forces » comme on pourrait qualifier son état actuel. Ses sites sont pour la plus grande partie encore intacts et non enlaidis par de grandes constructions. Alors que la faune y trouve un espace vital encore largement mesuré, le Glaronnais en tire, lui aussi, un profit économique certain.

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