Les Cordillères de Viedma et leurs problèmes, Fitz Roy - Cerro Torre, etc. | Club Alpin Suisse CAS
Soutiens le CAS Faire un don

Les Cordillères de Viedma et leurs problèmes, Fitz Roy - Cerro Torre, etc.

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

Fitz Roy — Cerro Torre — Hielo continental

Par Saint Loup

Fitz Roy — Cerro Torre — Hielo continental Avec 3 illustrations ( 29—31 ) II est intéressant de rapprocher dans le temps et l' espace deux nobles montagnes: Cervin et Fitz Roy. L' une et l' autre s' individualisent et rayonnent au milieu de massifs où elles ne joueraient pas le premier rôle si altitudes et volumes étaient seuls pris en considération. L' une et l' autre associent paradoxalement la notion de masse et celle d' élan vertical. En apercevant le Fitz Roy pour la première fois depuis Punta del Lago sur le Viedma, je retombai dans le même vertige esthétique qui surprend toujours celui qui découvre ou re-découvre le Cervin en remontant le Valtournanche. Les deux rochers sublimes écrasent et soulèvent dans le même temps, par leur masse et par leur élan, Zermatt, la conque du Breuil ou la pénéplaine patagonique australe, désert gris et bleu qui prolonge l' Atlantique et tient en réserve pendant cinq cents kilomètres l' apparition du Fitz Roy, ce prodigieux jaillissement de la terre.

Le rapprochement doit être poussé plus loin. Ce sont des hommes passionnés qui ont conquis le Cervin sur l' indifférence d' un siècle exclusivement nourri d' héroïsme verbal. Ce sont aussi d' ardents pionniers qui firent connaître le Fitz Roy... Antonio de Viedma l' aperçut pour la première fois en 1782. En 1834, Charles Darwin entrevit sa pyramide. Francisco P. Moreno lui donna son nom de baptême en 1876, en souvenir du capitaine Fitz Roy, commandant le « Beagle » qui portait Darwin. Le géologue Hauthal commença l' exploration scientifique du massif en 1902. Puis les alpinistes se dirigèrent vers le Viedma, avec le R. P. De Agostini, Alfred Kœlliker, Lutz Witte, Kuhn 1. La passion qui torturait Whymper et Carrel entraîna vers le sommet les Bonacossa, Castiglioni, Gilberti, Dubosc qui venaient d' Europe. Le Fitz Roy entra dans les rêves de Giusto Gervasutti. Les Sud-Américains Hans Zechner, Bertone, Gianolini l' attaquèrent en 1947. Zechner qui est, sentimentalement, le Whymper du Fitz Roy, revint en 1948 accompagné de deux Autrichiens: Matzi et Guzzi Lantschner, pour tenter sa chance par les voies sud-ouest et nord, après avoir abandonné la route Bonacossa du sud-est. Mais, alors que l' attaque du Cervin eut lieu avec une sorte de violence instantanée, concentrant toutes les énergies de deux équipes dans un bref espace de temps, celle du Fitz Roy passe par des phases d' exploration, de reconnaissances rapprochées et de tentatives d' escalade qui s' épanouissent sur cent cinquante ans. Tout ceci fut conduit mollement, dans une ambiance sud-américaine, pour laquelle le rêve du sommet compte autant que sa conquête. Il semble qu' aucune attaque du Fitz Roy n' ait été conduite avec la farouche volonté de victoire qui a caractérisé l' attitude des premiers vainqueurs de la 1 Les trois explorateurs allemands négligèrent d' ailleurs le Fitz Roy et, du lac Viedma, par la vallée du Rio Tunel, ils atteignirent le « hielo continental » et découvrirent le Gordon Mariano Moreno.

face nord des Drus, des Jorasses, de l' Eigerwand, Badile E, etc., etc Si le Fitz Roy possède aujourd'hui, comme le Cervin en 1865, sa légende d' inac, ceci est dû, dans un cas comme dans l' autre, à des journaux qui appliquent aux montagnes l' échelle de leur propre médiocrité. Il n' y a pas ( hélas 1 ) de montagnes inaccessibles! Si la légende persiste, c' est parce que le Fitz Roy n' a pas encore trouvé un adversaire digne de lui. C' est seulement à l' heure où j' écris ces lignes que Lionel Terray tente sa chance au Cervin sud-américain. Là se termine le parallèle Cervin-Fitz Roy. Il manquera toujours au Fitz Roy le vrai visage de l' épopée. Il s' impose trop tard. La conquête du Cervin commençait en même temps que la découverte des lois de l' escalade moderne, celle du Fitz Roy se prépare à l' époque de sa maturité et, peut-être, de son déclin. Whymper et Carrel avaient tout à découvrir en même temps: les voies de la montagne et celles de leur propre technique. Terray attaque le Fitz Roy en grimpeur parachevé, en parfaite possession des trois techniques: orientale, occidentale, artificielle. Il est l' homme qui, pour la première fois, est à la mesure de cette montagne, mais il ne peut plus improviser une épopée, comme Carrel et Whymper. Il porte l' expérience des générations passées, mais aussi la fatalité du présent. Le point sublime de l' histoire alpine est dépassé. Tout ce qui a été ne peut plus être. Chaque geste de l' escalade s' achève dans une mort inexorable. Quelle que soit la classification technique dans laquelle entrera le Fitz Roy, quelle que soit la valeur esthétique de la pyramide sommitale, il ne pourra jamais devenir et rester, comme le Cervin, la montagne mère, « das Matterhorn ».

Le Fitz Roy, 3375 m ., est situé par 49° 14' de latitude sud et 73° environ longitude ouest. Rapports d' altitude et de proportions mis à part, il se situe dans la Cordillère patagonique comme les Aiguilles du Diable dans le massif du Mont Blanc. Il fait partie du complexe granitique qui sert de bastion est au « hielo continental », énorme masse de glaciers solidaires les uns des autres, étendus sur plusieurs degrés en latitude, et qui possèdent certains caractères des « icefjeld » polaires. La chaîne Fitz Roy est une branche avancée vers l' est de cette muraille qui se développe du nord au sud avec le Cordon Marconi, le Pollone, le Pier Giorgio, le Torre, le Cordon Adela, Doblado, Cerro Grande, Cerro Huemul jusqu' au lac Viedma.

Dans la chaîne Fitz Roy proprement dite, deux aiguilles rivalisent en altitude et difficultés avec la pyramide centrale, et une centaine d' autres jaillissent des glaciers. Vouloir limiter par conséquent l' intérêt à la seule pyramide Fitz Roy revient à déclarer que la Jungfrau est non seulement l' unique sommet de l' Oberland, mais encore de toute la Suisse. Car cette zone que j' appellerai volontiers le « complexe Viedma » ( limitée à l' ouest par le glacier Viedma qui fait partie du « hielo continental » et au sud-est par le lac Viedma ) offre à peu de choses près les possibilités de courses existant dans la Suisse entière! De ces milliers de sommets, cinq seulement ont été gravis jusqu' à ce jour ( sauf erreur ou omission ). Le Huemul ( 2670 m .) par l' expédition Kœlliker en 1916; le Cerro Electrico, par R. P. de Agostini avec Louis Carrel en 1932; le Cerro Doblado ( 2850 m .) par Castiglioni, Gilberti, Dubosc en 1937; le Pollone ( 2400 m .) par Zechner, Matzi, Lantschner en 1948; le Cerro Solo ( 2500 m .) par Matzi et Sabatté en 1948.

Par sa position excentrée, son esthétique réunissant en les équilibrant, comme le Cervin, la masse et l' élan, et enfin grâce à sa légende d' inaccessibilité créée par une presse ignorante d' une part, et les récits de ceux qui échouaient dans leur tentative d' autre part, le Fitz Roy a concentré l' intérêt des alpinistes au détriment des autres chaînes du complexe Viedma. A l' heure où j' écris ces lignes, je ne sais si Terray aura dominé les difficultés provoquées par les conditions atmosphériques moyennes sur la pyramide centrale — les seules à mon avis qui puissent mettre sa technique en échec — mais, de toute manière, victoire ou défaite, l' intérêt du massif restera considérable. Parmi les problèmes posés je voudrais en choisir trois qui sont caractéristiques: la pyramide centralel' aiguille Torre — la traversée du glacier continental. Ils ne sont pas limitatifs. L' exploration de cette zone étant loin d' être achevée, d' autres propositions surgiront peut-être, avec d' autres échelles de difficultés et des caractères différents.

La pyramide centrale est aujourd'hui bien connue sur toutes ses faces grâce aux efforts de Hans Zechner dont le nom doit rester lie à l' histoire du Fitz Roy. A cette latitude, les glaciers présentent en général des fronts très bas ( 1000 à 1200 m. en moyenne ). Ils laissent à l' escalade rocheuse une belle amplitude ( de 600 à 800 m. sur la voie sud-est, de 1000 à 1500 m. sur les autres voies ).

Les expéditions Bonacossa et Zechner ont reconnu trois voies d' accès vers les rochers sommitaux qui paraissent faciles:

La voie de l' arête sud-est, parcourue par Castiglioni, Gilberti, Dubosc, jusqu' au pied des grandes difficultés. Elle emprunte le complexe glaciaire situé entre le pied de la pyramide et le Cerro Rosado. Mal désigné sous le nom générique « Fitz Roy », le vaste glacier qui occupe l' espace en fer à cheval compris entre le Cordon Fitz Roy, le Pier Giorgio et le Cordon Adela, devrait céder son patronyme au complexe du sud-est, celui-ci recevant exclusivement les précipitations du Fitz Roy, celui-là étant alimenté par le Cordon Adela. Ce glacier sud-est que nous appellerons désormais « Fitz Roy » malgré les cartes et pour les raisons exposées ci-dessus, porte un premier ressaut rocheux dont les stratifications et la morphologie sont de même nature que celles de la pyramide Ce ressaut peut être tourné par le sud sans quitter la neige. Il porte un autre étage glaciaire qu' on peut remonter jusqu' au pied du gendarme nettement isolé sur la photographie panoramique et qui domine l' épaule. Celle-ci fut atteinte par l' expédition Castiglioni, Gilberti, Dubosc, sans difficultés dignes de ce nom. On pourrait ici reprendre le parallèle avec la conquête du Cervin!

Les Italiens ne dépassèrent pas l' épaule. Zechner, Matzi et Lantschner ne l' atteignirent pas, retardés disent-ils, par un très long travail de taille ( une journée aurait été nécessaire prétend Zechner !) dans le couloir qui assure la continuité entre les deux premiers étages glaciaires. Les seuls à pouvoir témoigner sur les régions supérieures sont donc les Italiens. Ils firent demi-tour, non pas tellement, semble-t-il, devant les difficultés d' escalade présentées par l' arête, mais chassés par un bombardement qui ne cessait, affirment-ils, « ni de jour ni de nuit ».

Cette arête qui est bien la clef de l' ascension par la voie sud-est, s' envole sur une dénivellation d' à peu près 400 m. pour se perdre dans une pente modérée, mixte, neige et rochers, qui paraît conduire facilement au sommet Observée du Rosado, elle offre une inclinaison moyenne de 60° ( mais le Rosado n' est pas le belvédère idéal pour en juger, et je puis me tromper, il faudrait la considérer perpendiculairement d' un point situé plus au nord ). Quoiqu' il en soit, et compte tenu d' une possible erreur d' optique, cette arête ne peut offrir de difficultés insurmontables pour un rochassier pratiquant les techniques modernes de l' escalade lorsqu' elle est en bonnes conditions, sèche, et si le fil de l' arête lui-même est à l' abri des chutes de pierres.

La face sud-ouest tentée par Zechner, Matzi et Lantschner paraît beaucoup plus difficile. La continuité de l' escalade est de l' ordre de 1000 à 1200 m ., sur des plaques d' excellent granit jeune, mais si tranchant que les gants ou la peau ne résistent pas plus de quelques heures. Il semble que cette face ne puisse être dominée sans l' emploi de nombreux moyens artificiels, étant donne la présence de toits formes par la stratification déversée. Donc, plusieurs bivouacs et des perspectives de retraite aléatoires sur une montagne soumise aux conditions climatériques de la Patagonie australe.

Pour découvrir la face nord dans toute son ampleur, Zechner fut oblige de gravir le Pollone, place au fond du cirque Fitz Roy, près du Pier Giorgio. Etant donne l' inversion des phénomènes provoqués par l' ensoleillement, ce sont les faces nord qui, dans l' hémisphère sud, sont les mieux réchauffées et les glaciers qui baignent leur pied sont moins élevés que les autres. L' esca par la face nord présenterait donc une continuité supérieure à celle de toutes les autres, et serait de l' ordre de 1500 m. en rocher pur. Un ensemble de plaques recouvrantes avec un seul accident, un couloir très ouvert ne pouvant être attaque que sur ses bords, le fond étant balayé par les avalanches nombreuses et nourries.

Il semble, étant donne l' expérience acquise à ce jour, que la stratégie à déployer contre le Fitz Roy doive s' inspirer des conditions particulières de l' hémisphère sud: rimaye très basse sur les versants nord, élevée sur les versants sud, pour diminuer autant que possible la hauteur des escalades rocheuses, sévères sur toutes les voies. C' est pour cela que l' itinéraire des Italiens suit la ligne de moindre résistance du Fitz Roy, et c' est vraisemblablement par cette voie qu' il sera gravi, les faces sud-ouest et nord restant libres pour d' héroïques répétitions.

Si on peut être tenté, à premier examen, de situer l' arête sud-est au-dessous du niveau technique de certaines grandes courses des Alpes occidentales ou orientales, il est prudent de ne formuler aucun jugement définitif avant d' avoir fait entrer en ligne de compte les dangers objectifs représentés par le climat. A ces latitudes, le vent souffle, en été, avec une vitesse moyenne de 30 à 40 kmh. Mais il peut atteindre facilement 100 à 120 kmh. et souffler, plus rarement mais non exceptionnellement, à 150 et 180 kmh. La venue du mauvais temps est instantanée. Les vents dominant du sud-ouest abordent la Cordillère charges de toute l' humidité du Pacifique. Les précipitations sont énormes. Entre 2000 et 4500 mm. par an. La neige tombe toujours au-dessus de l' altitude 1000 à 1200 m. L' ensoleillement qui- succède au mauvais temps est si considérablement puissant que toutes ces masses de neige sont fondues ou précipitées en quelques heures provoquant ces avalanches de pierre qui firent reculer les Italiens au pied de l' arête. Mais, à ces latitudes, les « trous » atmosphériques sont plus nombreux que dans les zones fuégiennes. J' ai vu le Fitz Roy par un de ces grands beaux temps qui permettent de s' engager à fond dans nos montagnes, sur les parties hautes des arêtes italiennes du Mont Blanc par exemple.Vent nul, rocher sec, neige bien gelée le matin. L' escalade du Cervin sud-américain est donc un problème de chance pour une équipe possédant les conditions techniques requises.

A quelque cinq à six kilomètres au sud-ouest du Fitz Roy, à l' ex du Cordon Adela, s' élève le Cerro Torreou — 3000 m. ). Esthé-tiquement plus beau que la pyramide centrale — l' équilibre de masse en moins, une envolée supérieure en plus — il paraît incomparablement plus difficile et aussi plus chargé de dangers objectifs. C' est une des plus extraordinaires aiguilles du monde. Je ne sais comment la ramener à l' étalon alpin... Peut-être le Grand Capucin du Tacul, avec les difficultés élevées et soutenues de la paroi est mais sur une dénivellation double. Ajouter que la présence d' un glacier sommital pose un singulier problème de sortie et que cette ascension qui commencerait dans un climat dolomitique, ou presque, s' achèverait dans la glace verticale.

C' est en étudiant le Torre qu' un alpiniste en arrive à se poser la question: y aurait-il vraiment des montagnes inaccessibles? Celle-ci paraît toutefois si riche de dangers objectifs, si minutieusement défendue mètre par mètre, qu' elle ne peut s' imposer aux ambitions humaines que tout à fait à la fin d' une ère désespérante, quand toutes les voies possibles du monde vertical auront été parcourues. Elle est à l' escalade pure, ce qu' est l' Everest à la conception classique de l' ascension. Elle réserve au complexe Viedma un prestigieux avenir, même après la conquête de la pyramide Fitz Roy.

La traversée intégrale de l' énorme étendue glaciaire dite « Hielo continental » et qui occupe la partie centrale des chaînes patagoniques entre le Pacifique et la steppe argentine n' a jamais été réussie. Entreprise par Frédéric Reichert en 1914 et 1916, par De Agostini à deux reprises, par Gianolini en 1949, elle n' a jamais été achevée, c'est-à-dire qu' aucun explorateur partant de Patagonie n' a touché les eaux du Pacifique ou vice-versa 1. C' est un pro- 1 On m' a signalé une traversée du « hielo continental » qui aurait été accomplie en 1950, dans le secteur de la Cordillère Sarmiento. Mais outre le manque de précisions et de références je ne crois pas que ce voyage ait résolu le problème. Sous cette latitude le glacier blême bien connu d' Arnold Heim qui a étudié les abords du San Valentin pour le compte de la FSEA 1. S' il apparaît plus esthétique de le résoudre sur le parallèle du San Valentin, avec sortie sur le Pacifique, il semble que l' iti par le Paso de los Cinco Glaciares réserve plus de possibilités pour les découvertes purement alpines. Une telle exploration figurait au programme de l' expédition Lionel Terray 1952. Les sommets du Cordon Mariano Moreno, à l' ouest du glacier Viedma, sont encore aujourd'hui intégralement vierges et la chaîne elle-même pratiquement inexplorée. J' ai rapporté un inoubliable souvenir de la simple vision de cette haute barrière de glace depuis les canaux du Pacifique austral. C' est la nature dans sa splendeur primordiale, l' inconnu total qui permet de rafraîchir notre amour pour la terre qui nous porte.

L' accès au complexe Viedma est facile et relativement rapide. Rien de commun avec les épuisantes et coûteuses marches d' approche himalayennes. Il suffirait que les « Aerolineas argentinas » créent un service Santa Cruz—Punta del Lago ( et il sera créé un jour ou l' autre ) pour mettre le Viedma à 38 heures de Genève, Rome, Paris; l' estancia Madsen, base de départ pour le Fitz Roy, à 60 heures de nos capitales. Dans quelques années, ces escalades entreront dans les possibilités du mois de vacances dont dispose l' alpiniste européen pour une dépense qui est encore aujourd'hui de l' ordre de 3000 à 4000 francs suisses par personne; mais qui ne peut qu' aller diminuant si la navigation aérienne entre un jour dans la libre compétition commerciale, et ce jour viendra si le grondement des canons ne couvre pas celui des chutes de pierres dans les couloirs du Fitz Roy!

Ainsi, pour de nombreuses décades, les Andes offrent un merveilleux capital de grandes courses. Les graves problèmes qui se posent maintenant dans la conception même de l' alpinisme occidental ( pour les explorateurs de voies nouvelles: rentrer dans le rang de l' alpinisme à mobiles esthétiques, ou s' évader dans une découverte de l' En Soi où la montagne n' est plus que prétexte et qui mène à la plus sublime mais périlleuse intégration cosmique ) n' existeront pas de longtemps dans la Cordillère des Andes. Son secteur patagonique offre à l' alpiniste tout autre chose que t' Himalaya: une ambiance neige et rocher assez voisine de celle qu' il connaît en Europe, des « problèmes » situés à la limite supérieure des difficultés à côté de voies simples comme les Alpes jadis au temps de leur exploration, une démesure des espaces qui est encore à l' échelle humaine et que l' automobile et l' avion réduiront de plus en plus.

Le grimpeur occidental, nouveau Prométhée aujourd'hui cloué sur sa montagne, peut encore échapper pour quelques temps au triste destin que l' homme s' est assigné sur la terre en dérobant le fruit de la connaissance.

continental n' est plus représentatif du « icefjeld », c' est plutôt un glacier de type alpin aux proportions réduites.

1 Dans mon ouvrage Monts Pacifique, Arthaud-Paris, j' ai raconté l' histoire de ces tentatives.

Feedback