Les relations du Pays de Vaud avec Chamonix à la fin du 18e siècle | Club Alpin Suisse CAS
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Les relations du Pays de Vaud avec Chamonix à la fin du 18e siècle

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

Par Louis Seylaz

Avec 3 illustrations ( 80-82 ) De par sa situation au débouché de la vallée de l' Arve, Genève est la porte naturelle donnant accès aux « glacières » de Chamonix. C' est de cette ville que partirent en 1741 Windham et Pococke à qui l'on attribue - à tort - la découverte de cette vallée; ils furent toutefois les premiers touristes, du moins les premiers à en parler. L' année suivante, un groupe de Genevois conduits par Pierre Martel entreprenait ce même voyage aventureux, dont la relation, en anglais, parut à Londres en 1744. Chamonix et le Mont Blanc entraient dans l' histoire. Bientôt non seulement de minces plaquettes, mais des livres, le Voyage pitoresque aux Glacières de Savoye d' André Bordier ( 1773 ), la Description des Glacières de M. Th. Bourrit, les ouvrages de Dentan et des frères Deluc, les Lettres de Coxe et surtout les fameux Voyages de de Saussure vont associer le nom de Genève à ceux de Chamonix et du Mont Blanc. La plupart des voyageurs passant à Genève font la course de Chamonix, et l'on vient à Genève pour visiter Chamonix.

Le Pays de Vaud, alors sous la dépendance de Berne, donc sans existence politique propre, n' apparaît que très rarement dans cette histoire. Si sa part dans l' exploration et la conquête des montagnes fut modeste et effacée, elle existe cependant, car il a partagé la curiosité et l' enthousiasme pour le domaine alpestre et ses merveilles qui venaient d' être révélés au monde.

Dès 1742, le mathématicien Loys de Cheseaux dessinait le profil des monts de Savoie et calculait la hauteur du Mont Blanc qu' il voyait se dresser sur son horizon. Dix ans auparavant, Albert de Haller avait publié son poème Les Alpes, où il chante les vertus et les mœurs rustiques des montagnards. Il y décrit « les flots bouillonnants du rapide Avançon », et le prof. F. Vetter a démontré que l' auteur s' était inspiré des paysages des Alpes vaudoises et de la vallée du Rhône 1. Bien plus que les œuvres de J.J. Rousseau, dont La Nouvelle Hélotse date de 1760, c' est ce poème célèbre qui attira l' attention de l' Europe sur les Alpes. Lorsque de Haller vint s' établir en 1758 au château de Roche en qualité de directeur des Salines et s' occupa de compléter les matériaux pour l' Histoire des plantes de la Suisse, il fut en rapport constant avec de nombreux botanistes amateurs de la Suisse romande; il ne se passait guère de semaine sans la visite de quelque savant à Roche. D' autre part, de 1772 à 1775, nous trouvons à Lausanne le jeune Samuel Wyttenbach de Berne. Il est censé y achever des études de théologie, mais il est encore plus curieux des sciences naturelles et des choses de la montagne. En 1771, il a fait avec Ch.V. de Bonstetten une longue excursion dans l' Oberland bernois et le Valais; en 1774, il traduit et public une partie de l' ouvrage de J.A. Deluc sur les Alpes du Faucigny. Sur la recommandation de de Haller, Wyttenbach trouva un accueil amical chez J. Struve et se ha d' amitié avec son fils, J.P. Struve, dont il sera question plus loin. Ainsi, dès le milieu du 18e siècle, les Alpes et les sciences naturelles, botanique, minéralogie, topographie, etc., trouvaient dans le Pays de Vaud, comme du reste dans toute l' Europe, un climat moral et un terrain favorables. Un mouvement irrésistible entraîne les esprits vers la connaissance de la nature et bientôt particulièrement vers celle des Alpes. Une pléiade d' hommes cultivés s' adonnent à des recherches et se communiquent les résultats de leurs travaux. Ce sont ceux qui, s' inspirant de l' exemple 1 Ferd. Vetter, Der Staubbach in Hallers « Alpen », Festgabe zur 60. Jahresversammlung der allgemeinen Geschichtsforschenden Gesellschaft der Schweiz.B.ern, 1905.

de de Haller, seront les fondateurs en 1783 de la Société des Sciences physiques et naturelles de Lausanne. « Près du sommet des monts, déclarent-ils dans la préface du premier volume de leurs Mémoires ( 1784 ), au fond des vallées de glace, la Terre offre les productions des latitudes septentrionales... au sein de nos monts éternels, la révolution des siècles amasse une foule de trésors inconnus. » On ne peut fixer de façon précise la date des premiers rapports entre le Pays de Vaud et la vallée de Chamonix. Le nom figure dans la liste des lieux visités par Abraham Thomas de Bex pour le compte d' Albert de Haller qui préparait son grand catalogue des plantes de la Suisse. La date n' est pas indiquée; elle doit se placer entre 1758 et 1764. A la même époque, le jeune H.B. de Saussure, au retour d' un de ses premiers voyages au pays des glaciers, s' arrêtait à Roche chez A. de Haller dont il avait fait bonne connaissance en 1758 et dont, lui aussi, contribuait à enrichir l' herbier. Un autre collaborateur très actif de de Haller était le doyen Abraham-Louis de Coppet ( 1706-1785 ), pour lors pasteur à Aigle, ardent botaniste et grand coureur de montagnes. A-t-il visité les glacières de Chamonix? Nous n' en savons rien; mais ce qu' on peut affirmer, c' est que les Thomas, avec qui il était très lié, lui auront certainement parlé de cette vallée au pied du Mont Blanc, à deux petites journées de marche de Bex, et où quatre ou cinq vastes glaciers descendent jusqu' à proximité des villages. Les botanistes de ce temps-là, tout comme les alpinistes de nos jours, formaient une sorte de franc-maçonnerie, une confrérie enthousiaste. On se communiquait ses trouvailles, on se faisait part des découvertes, on échangeait les spécimens rares de son herbier. Tout un réseau de liens se nouent ainsi entre ces hommes et ces femmes curieux des spectacles et des merveilles de la nature alpestre: A.L. de Coppet à Aigle, Laurent Garcin de Cottens, Benjamin Jaïn à Morges, Mme de Charrière de Bavois, Louis Reynier, J.P. Berthoud van Berchem, le chimiste H. Struve, le comte Razoumowsky, tous ces derniers à Lausanne, auxquels se joindront bientôt les frères Philippe et Samuel Bridel.

Enfin, des innombrables touristes qui, dès 1775, font le voyage de Chamonix, plusieurs s' arrêtent au retour dans le Pays de Vaud, et racontent. C' est ainsi que l' officier russe Serge de Landskoy \ qui a assisté avec le baron de Gersdorf à l' ascension de Paccard et Balmat au Mont Blanc, séjourne chez le Conseiller Jaïn à Morges. Le 30 octobre 1784, Mr Hill 2, gentilhomme anglais dont nous reparlerons à propos du Col du Géant, invité par J.P. van Berchem, assiste à une séance de la Société des Sciences physiques à La Naz près Lausanne.

La première allusion à des visiteurs vaudois dans la vallée de Chamonix se rencontre dans une lettre de Michel-Gabriel Paccard, le futur conquérant du Mont Blanc, à Benjamin Jaïn de Morges s. Paccard avait alors 22 ans et venait d' achever à Turin ses études de médecine qu' il va parfaire bientôt à Paris.

1 En 1782, Fred.César de la Harpe était précepteur d' un Lanskoy qu' il accompagna en Italie et en Suisse et ramena à St-Pétersbourg. C' était le titre cadet d' un des favoris de Catherine II; peut-être un parent de Serge Lanskoy qui se trouvait à Chamonix en août 1786.

2 Registre des procès-verbaux de la Société.

3 Benjamin-Gamaliel Jaïn, 1742-1803, d' une famille d' origine française établie à Morges, fut d' abord secrétaire de Ville, puis membre du Conseil des XII, avant de jouer un rôle eminent dans la révolution vaudoise de 1798. Amateur plutôt que savant, féru de botanique et de mathématique, il fut l' un des fondateurs en 1783 de la Société des sciences physiques et naturelles de Lausanne. Il était en rapports suivis avec les autres naturalistes vaudois et, dès 1779, avec les Paccard de Chamonix. C' est chez lui, à Morges, que Serge Lanskoy, à son retour de Chamonix, signa le 12 septembre 1786 l' attestation de la première ascension du Mont Blanc par le Dr Paccard et Jacques Balmat dont il avait été témoin oculaire quelques semaines auparavant.

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» ,uT " 7' l I« )J l'/«f Ami«« A />«ot Ar /»j « Iftt' zlU tlt Chamonix le 22 Sept 1779 Monsieur Je vous remercie, monsieur, de vôtre bon Souvenir dont vous m' honore dans vôtre lettre à François Paccard: pour profiter des offres obligeants que vous y inséré, je vous diroi que je serois charmé d' apprendre les principales observations que vous avés faites sur la guérison de la paralysie par l' électricité. J' ai fait plusieurs voyages depuis vôtre départ; je suis allé 2 fois sur le Erevan avec ma baguette isolée, j' y ai porté une barre de fer que j' ai isolé; la première fois que j' y suis allé je n' ai apperçu aucune électricité, ni positive, ni négative, c' était par un tems clair et serain; la 2e fois par un tems nébuleux que je m' y suis transporté, j' ai eu de foibles signes d' électricité positive. J' ai aussi entrepris d' y monter le 18 de ce mois à nuit tombante, lorsqu' une aurore boréale s' y fesoit appercevoir, j' y ai porté mes instruments électriques; mais j' y suis arrivé quelque tems après qu' elle a eu disparue; le chemin difficile, l' obscurité de la nuit m' ont empêché d' y arriver aussitôt que je le croyois; j' appercevois pourtant encore quelques vestiges de colonnes ignées au nord-est qui etoyent fort éloignées j' aurois désiré de faire plus que la description de ce phénomène curieux. Le 19 il est tombé de la neige sur les Alpes, elle est presque toute fondue aujourd' huy que j' ai observé un phénomène que je vai vous rapporter; un vent du sud-ouest élévoit continuellement un brouillard sur le mont-blanc qui s' est répandu sur une petite partie de la vallée il formoit une nuë si peu condensée qu' on appercevoit facilement les objets à l' opposite elle étoit aux bords composée de demi-cercles enchâssés les uns dans les autres; ailleurs elle représentait de grandes herborisations telles que celles qu' on observe sur les vitres en hyver, ou les dendrites, il y en avoit qui bordoyent le soleil ayant toutes les couleurs de l' arc. Seroit-ce le feu électrique qui arrange la flamme sur un charbon ardent, qui distribue en triangle, tetragone, pintagone etc des fils de lin suspendus à la chaîne, qui auroit forme ces arrangements? Ce brouillard provenoit d' ailleurs de cette nouvelle neige; tous ceux qui en proviennent présentent-ils toujours ces phénomènes curieux?

Je suis occupé maintenant à rédiger ma collection d' histoire naturelle en ordre sistéma-tique et à rassembler mes observations pour pouvoir en porter une liste à Paris où j' irai dans le courant du mois prochain; ainsi si vous voulés bien m' honorer d' une réponse je vous prierois de le faire avant ce temps, ou d' attendre que j' y sois; si vous souhaité que je fasse quelques observations ou que je vous en envoyé de celles que j' ai faites, je vous prie de me commender ainsi qu' en tout ce qui vous feroit plaisir et dont je serois capable, je suis, Monsieur vôtre très humble et obéissant serviteur Michel Gabriel Paccard med. x A Monsieur Jaïn fils Secrétaire de Ville à Morge en Suisse Une autre lettre de Chamonix, datée du 23 septembre 1779, mentionne également la visite de Benjamin Jaïn « aux glacières ». Elle est signée de François Paccard, cousin de Michel Gabriel, qui avait servi de guide aux visiteurs. La date du voyage n' est pas indiquée, le contexte laisse supposer qu' il eut lieu dans le courant de l' été 1779.

Monsieur Je vous avois fait tenir l' histoire du françois intrépide qui devoit escalader le Monblanc, mais vôtre lettre du lel 7bre me foit soupçoner que vous n' avés reçu aucune de mes nouvelles ainsi je prends la liberté de vous abréger ce que je vous en avois dit. Le Conseil général où les guides dévoient délibérer de tous les motens de parvenir sur le Monblanc n' a pas eu lieu, parce que les essais du François sur lal' avoient déconcerté et presque mis ors d' état de ne plus rien oser; il n' a plus été question que de savoir comment on transporterait cette grosse et large voiture d' où il concevoit à son aise de si hauts projets, on a tant combiné qu' on a cependant pu le résoudre a être une fois prudent, et d' embaler sa voiture pour en faire le transport plus commodément; je ne vous depain point l' embaras et la gêne d' une telle charge, il suffit que vous sachiés que jamais je n' ai va un homme plus consterné et plus exanimé après des essais périlleux que ne l' étoit ce François après des projets et des volages combinés dans les plaines de Paris; nous rions tous les jours de lui et tandis que nous imaginerons ses bizareries nous rirons.

J' ai remis à l' adresse indiquée deux barils de miei choisis pour vos dames, j' espère qu' elles le trouveront aussy bon, et qu' elle voudrons bien se persuader qu' à vôtre considération j' ai fait mon possible pour vous faire tenir la premiere qualité, en vous avertissant que si vous me croies utile à vous procurer de la même qualité et la quantité que vous voudrés, vous aurés la complaisance de m' en avertir afin que je puisse prendre mes precautions pour vous servir avec sous les égards avec lesquelles je serai toujours dispose à guider vos adresses et vous même 1 Cette lettre et la suivante ont été publiées dans le recueil Dr Jaïn - Choix de lettres et documents. Morges 1882, 2e livraison.

Les originaux, de même que ceux des lettres suivantes, sont chez M. Paul Wüst à Morges, descendant de la famille Jaïn, qui a bien voulu nous autoriser à en prendre copie, ce pourquoi nous lui exprimons ici nos sincères remerciements.

Nous avons restitué à ces documents leur orthographe et ponctuation originales.

lorsque vous entreprendrés une seconde fois le volage des glacières, en vous assurant du profond respect avec lequel j' ai l' honneur d' être, Monsieur votre très humble et très obéissant serviteur et guide Chamonix le 23 7bre 1779Francois Paccard1 P. S. S' il est permis d' oser mes compliments à Mrs Cambels, Cox et de Saussure et autres que j' ai eu l' honneur de guider.

A Monsieur Jaln secrétaire de Ville,à Morges en Suisse La lettre annonce « deux barils de miel pour vos dames ». Jaïn avait donc un compagnon dans ce voyage de 1779. Une note de la main de Gamaliel-Benj. Jaïn - peut-être un brouillon de lettre - écrite en 1787 mais qui rappelle un fait antérieur, désigne Louis Reynier:

La relation de M. V(an ) B(erchem ) me rappelle un voyage que j' ai fait dans les mêmes lieux et les sensations que j' y ai éprouvées. J' étois allé au Jardin avec Mr Reynier pour en reconnaître la végétation, et y cueillir les plantes mêmes dont cette relation donne le catalogue. Nous avion laissé au Couvercle deux de nos guides pour faire provision de bois. A notre retour du Jardin quel fut notre embarras lorsque ces deux hommes nous dirent que le meilleur gîte dont parle Mr Van Berchem étoit rempli d' une neige durcie que tous leurs efforts n' avoient pu entamer. L' impossibilité de s' y établir nous força d' en chercher un autre, et parmi les débris de l' Aiguille du Couvercle nous choisîmes deux blocs de granit sous lesquels on ne pouvoit à la vérité se loger, mais dont les saillies suffisaient pour nous mettre au moins à l' abri de la pluye. Nous voilà donc tous étendus sur la terre, les pieds tournés contre un grand feu que les guides avoient soin d' entretenir, et qui nous garantissait bien ou mal du froids que nous commencions à sentir.

A l' action du corps maintenant en repos succédait celle de l' âme, notre imagination nullement distraite commença non seulement à se peindre ce que nos yeux nous avoient montré, mais même à se ( forger ?) d' inquiétantes chimères. La singularité du site que nous occupions, la nature de l' espace qui nous séparoit de tous les lieux habités, notre position parmi les éboule-mens que les dégels du printems renouvellent disait-on chaque année, mais que des blocs suspendus sur nos têtes, et sur lesquels nous avions jette les yeux en silence, sembloient nous menacer de ne pas attendre le printems pour se dérocher, tout cela venoit se présenter à nous et éloignoit de nos paupières le sommeil que la fatigue eut dû appeller. Un coup de tonnerre éloigné vint nous tirer de nos rêveries et nous vîmes se former un orage derrière la haute chaîne qui nous séparoit de la Val d' Aoste. Heureusement les nuées les plus condensées ne purent franchir cette énorme barrière, et les vents ne nous amenèrent qu' une pluye fine à laquelle notre feu put résister. Mais comment exprimer l' effet du tonnerre dont le son profond et lugubre venoit se mêler au bruit continuel des avalanches de glace et des chutes de rochers, celui de l' éclair qui par des alternatives d' une vive lumière et d' une noire obscurité, nous présentait la plus étonnante nature et aussi tôt après le néant... 2 Une troisième lettre est de Michel Paccard, dit le Doyen, frère de François Paccard et cousin du docteur M.G. Paccard. Il annonce sa visite à Morges et donne des nouvelles du docteur3:

1 Voir note page précédente.

2 Papiers Jaïn.

3 Cette lettre, de même que celles qui suivent, sont inédites.

A Monsieur Jaîn,à Morges Monsieur, J' ai reçu avec la plus grande satisfaction du monde votre obligeante lettre du 17e du mois dernier.

Je tâcherai de faire votre commission pour le miel que vous souhaitez aussi bien que pour Mr Vapothicaire dont vous faites mention; il y en a fort peu cette année, il sera plus cher et pas si beau. Je ne puis vous fixer le prix quant à présent. J' espère être dans vos cantons vers la fin de ce mois, et je vous en ferai le prix le plus honnête qu' il me sera possible.

Je vous suis très obligé de la part que vous voulez bien prendre à nos malheurs, mais ce n' est qu' un faux bruit qui s' est répandu dans vos cantons, car Dieu mercy nous n' avons pas eu une année vilaine, depuis longtems nous n' avons eu rière ce lieu aucune maladie ni sur les personnes ni sur les bestiaux.

Quant au Médecin Paccard il est toujours à Paris où il doit rester deux ans; il s' y plaît beaucoup, il y fait différens cours et va tous les jours assister aux visites dans les hôpitaux.

Mon frère est très sensible à votre bon souvenir, il prend la liberté de vous saluer et moy qui suis en attendant de vous voir, Monsieur votre humble et obéissant serviteur Chamonix ce 5e 8bre 1780 Michel Paccard Ce qui frappe est le ton familier, cordial de ces missives, qui dénote des relations suivies et amicales entre les Paccard et leur correspondant de Morges.

Les papiers Jaïn contiennent une dernière lettre du Docteur Paccard:

A Mr Jaîn, Secrétaire de Ville à Morges Monsieur,Chamonix le 29 9bre 1783 Je viens de Turin; on va donner un ouvrage de Botanique sur les plantes des Etats du Roy de Sardaigne: on m' a demandé les additions que nôtre pays peut fournir: j' envois une liste de quelques-unes de nos plantes: Comme vous l' avez parcouru cette année, je viens vous inviter à envoyer aussi la vôtre. Si vous avez quelque chose de rare vous serez cité avec la justice qu' observent les botanistes qui veulent accréditer leurs ouvrages. C' est Mr le proffr Allion 1 qui le donne; il sera plus étendu que celui de Mr Haller, travaillé avec beaucoup d' érudition: Vous pouvez m' envoyer vôtre catalogue pour le faire parvenir; mais au plutôt, car on doit mettre sous presse au commencement du mois prochain. J' ai cru devoir rendre cette justice à vôtre savoir.

Je suis parfaitementVôtre très humble serviteur Docteur Paccard M. F. T. p. p.

On vient de faire une Accadèmie des Sciences à Turin Retenons la mention nette et précise d' une course de B. Jaïn à Chamonix en 1783. Ce devait être la troisième, car les documents ci-après nous renseignent sur sa visite de 1781, en compagnie de Laurent Garcin et de Charles Exchaquet, alors directeur de la Fonderie de Gampel ( Valais).a suivre ) 1 Carlo Allioni, 1728-1804. Directeur dès 1760 du Jardin botanique de Turin. L' ouvrage auquel Paccard fait allusion est la Flora Pedemontana, 3 vols in-folio, Turin 1785.

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