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L'expédition britannique au Jannu (1978)

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

Alan Rouse, Chamonix

En 1978, dans la raison d' après, nous avons fait une ascension de style alpin du Jannu ( 7710 m ) par la route des Français ouverte en 1962. Nous étions quatre, Brian Hall, Roger Bax-ter-Jones, Rab Carrington et moi-même. A l' épo de la première ascension, lejannu était considéré comme l' un des sommets himalayens les plus difficiles, et ce n' est qu' à la deuxième tentative que l' importante expédition comptant nombre des meilleurs grimpeurs français fut couronnée de succès. Aujourd'hui, grâce à l' amélioration de l' équipement et une conception nouvelle de ce genre d' ascension, il s' est révélé possible de gravir cette montagne dans un style purement alpin, avec quatre bivouacs en montée et deux en des-cente.Voici l' histoire de notre ascension.

Le 12 octobre 1978, une équipe de quatre hommes est en train de descendre le glacier de Yalung. Elle est bien lasse, et lourdement chargée d' un matériel d' équipement qu' il faut ramener après une tentative à l' arête est du Jannu. En dépit des six jours d' effort que nous a coûtés cette entreprise pour un gain d' altitude de 1200 mètres, la route choisie s' est révélée trop longue et trop difficile. Il est clair que notre premier objectif n' entre plus en ligne de compte.

Nous passons le jour suivant au triage de notre équipement et décider de ce qu' il nous convient de faire. Notre seule chance de gravir le Jannu est évidemment d' entreprendre le long et laborieux détour jusqu' au glacier de Yamatari et de tenter la voie des Français, beaucoup plus facile. Nous choisissons et empaquetons notre matériel en conséquence et fixons le départ au lendemain. Il faudra trois longues journées pour atteindre la base de notre voie d' ascension, et sans doute une semaine pour l' ascension elle-même. Nous emportons de la nourriture pour dix jours, sans vouloir tenir compte de la marche de retour. Nous projetons de grimper en deux cordées de deux, avec une seule corde de 45 mètres et de g millimètres de diamètre par équipe, plus un petit choix de pitons, de coinceurs et de broches à glace. Brian propose d' emporter aussi une tente, mais l' idée est écartée: chacun commence à se rendre compte du poids que, de toute manière, il faudra porter. t' insiste pour que nous prenions un piquet pour l' amar dans la neige, tandis que Brian et Roger décident d' ajouter une certaine quantité de combustible Meta. Il ne nous reste que six cartouches de gaz, et ils prévoient les grandes soifs de l' altitude.

Le matin du 14, nous quittons le camp de base et descendons le glacier de Yalung jusqu' à Ramshey, au pied du Lapsong La ' .Padam, notre sirdar, nous aide à porter nos cordes et notre équipement d' escalade Nous n' en sommes pas moins lourdement charges. Une famille de bergers gar-deurs de yaks réside à Ramshey. Nous pouvons leur acheter un peu de viande et la rôtir sur un feu de bois. La soirée est de toute beauté, mais plutôt froide, et la rosée abondante. Nous veillons assez tard, mangeant notre viande et causant. Nous jouissons des senteurs végétales et de l' air plus dense à cette altitude moindre. Padam retournera au camp de base demain matin, et deux ber- 1 La signifie col.

gers nous aideront au transport par-dessus le Lapsong La.

Le matin suivant, le feu est allumé aux premières lueurs de l' aube, et nous sommes prêts au départ avant que le soleil n' apparaisse derrière le Rathong. Si nous partons d' aussi bonne heure, c' est parce que nos amis les bergers doivent être de retour dans leur famille ce même jour. Nous leur donnons à chacun, à l' homme d' âge et son fils, vingt-cinq kilos de charge, ce qui réduit la nôtre à vingt environ. Ils marchent rapidement, et nous voilà bientôt au sommet du Lapsong La, à quelque goo ou 1200 mètres, au-dessus de Ramshey. Nous leur offrons quelques friandises, et ils nous donnent de petits cubes d' un fromage sec extrêmement dur, qu' ils retirent avec soin d' un bout de ficelle on ils les gardent enfilés comme les perles d' un collier. Le sommet du col est parsemé de cairns, la plupart étroits et élancés: quinze centimètres de diamètre pour plus d' un mètre de haut. Au loin, le Makalu et l' Everest sont clairement visibles. Les pentes orientées à l' ouest, qui tombent sur le glacier de Yamatari et plus loin sur celui de Ghunsa, sont encore fortement gelées, aussi prenons-nous la tête en marquant idu pied de larges pas pour les deux porteurs. Peu après midi, nous arrivons aux moraines gazonnées qui flanquent le glacier de Yamatari, ayant ainsi perdu 1000 à 1200 mètres d' altitude depuis le sommet du Lapsong La.

Nous voici établis à l' abri de quelques blocs morainiques et caressant l' idée d' un jour de repos pour économiser nos forces en prévision de la route à faire. Mais nous estimons bientôt qu' il serait mieux de nous hâter pour profiter des excellentes conditions de temps dont nous bénéficions. Ainsi, le 16, bien reposés par une longue nuit de sommeil, nous sommes en route le long du glacier parsemé de blocs. Il nous faut sept heures pour atteindre le point on l'on doit quitter le glacier de Yamatari pour attaquer notre voie d' ascension. A 19 heures, nous sommes tous établis au dernier endroit on l'on peut voir encore un peu de verdure avant de la quitter pour bien des jours, et nous buvons tout le liquide possible: un ruisselet coule là tout près. Nous sommes à une altitude de quelque 4800 mètres. Il nous reste donc à peu près 3000 mètres à gravir.

Rab Carrington et moi-même formons l' une des cordées, Roger Baxton-Jones et Brian Hall forment l' autre. Bien que chaque duo possède un équipement qui le rend autonome, nous avons décidé de rester ensemble tant pour monter que pour descendre. Cela nous est d' ailleurs impose en partie par le fait que nous n' avons pris qu' une corde par équipe pour économiser le poids. Personne ne jouera le rôle de leader, ni l' un des grimpeurs, ni l' une des cordées, car nous sommes tous également qualifiés pour une telle ascension.

Le quatrième jour de notre course, nous nous proposons d' atteindre le camp III des Français. C' est un très long parcours, mais sans difficulté technique particulière. Nous marchons en butant parmi les blocs dans la grisaille qui précède le serein matinal; puis nous jouons des pieds et des mains pour gagner le glacier suspendu. Nous chaussons les crampons pour franchir un petit mur de glace conduisant à la partie la plus importante de ce glacier. En dépit de l' altitude relativement faible, la neige très poudreuse rend la marche vraiment pénible.Vers onze heures, nous faisons halte pour le thé sur un îlot rocheux ensoleillé. L' après se passe laborieusement à fouler la neige profonde, et vers quatre heures, nous décidons de mettre fin à notre étape, à un endroit situé peu au-dessous du camp III des Français. Pendant la course, nous avons dépassé une corde fixe de quelque trente mètres, vestige de leur ascension. Tendue le long d' un étroit palier rocheux, elle sera, avec un autre petit bout de corde pendu à un sérac, le seul signe de leur passage. Le site de notre bivouac est spacieux et confortable, perché au sommet d' une côte rocheuse entre deux glaciers.

Après une bonne nuit de sommeil, nous déjeunons tout à notre aise, puis Roger et Brian se mettent en route pour conduire à travers une courte chute de séracs. Notre idée est de donner à chaque duo la conduite de la course un jour sur deux, de manière que l' autre jouisse d' une journée relativement facile. Un court passage par un mur de séracs évite la région crevassée qui a pose quelques problèmes aux Français et conduit au plateau où ils avaient place leur camp III. Au-dessus de nous se profile la Tête du Butoir, d' un aspect fort peu sympathique, festonnée de corniches, de séracs et de champignons de neige. Il y a deux moyens de surmonter les 600 mètres qui nous séparent de ce gigantesque gendarme neigeux. Droit devant nous s' ouvre le couloir tenté par les Français en 1959. Il est en rocher et en glace, incliné à 55 ou 60 degrés, et serait engageant, n' était le rassemblement de séracs aux aguets par-dessus le sommet. Une arête vient buter de la gauche dans la Tête et paraît plus facile et plus sûre, bien que certaines parties en soient invisibles. Nous optons pour l' arête comme les Français l' ont fait avec succès en 1962.

Harnachés- de notre matériel d' escalade, nous sommes bientôt prêts à nous crocher à un morceau de quelque intérêt. Les pentes conduisant à l' arête ne présentent que peu de difficulté et nous grimpons ensemble la face curieusement cannelée et d' une inclinaison de 50 à 55 degrés. L' arête se révèle étroite et délicate, entre des flancs très raides. Nous avançons avec prudence, assurant au piolet dans la neige désespérément légère, avec l' espoir que tout ça va rester en place. Pour éviter les champignons surplombants, nous nous ingénions à progresser de plusieurs longueurs dans le flanc droit, où la glace est creusée de trous comme du gruyère, et chaque trou rempli de neige poudreuse. Il faut se déplacer avec les bras enfoncés jusqu' à la garde, bien que la technique sur les pointes antérieures des crampons soit parfois nécessaire. Roger fait une chute de cinq mètres sur un petit mur de neige vertical, mais Brian parvient à le retenir, et ils cherchent une issue dans une autre direction. Il est certain que ce passage particulièrement mauvais nous donnera du fil à retordre à la descente. Un autre mur de neige très raide a l' air presque insurmontable, mais finit par succomber à raison de quinze minutes pour un mètre. Une profonde tranchée dans la neige marque notre passage. A présent, l' arête vient mourir dans une masse hideuse de blocs de glace aux dimensions gigantesques. On dirait une cascade gelée dévalant sur le tranchant d' une arête aussi étroite qu' exposée. Ça ne ressemble vraiment à rien que nous ayons jamais vu. Par chance, la grimpée se révèle plus facile qu' il ne semblait. Quelques heures encore, et nous atteignons un endroit favorable au bivouac.

Tandis que Rab est en train de dégager une surface horizontale où nous étendre pour dormir, il découvre un large trou, et il devient évident que nous nous trouvons au sommet d' énormes blocs de glace pris entre deux murs de séracs. Pendant ce temps, Brian est allé reconnaître la route qu' il s' a de suivre demain. Soudain il disparaît à notre vue tandis qu' un pont de neige s' effondre sous lui. Il reste suspendu sur un grand vide, et Roger peut tout juste le retenir. Rab assure Roger en vitesse et j' assure Rab, tandis que Brian essaye de se tirer du trou. Finalement nous nous installons tous pour la nuit sans autre mal.

Nous sommes à présent à 6400 mètres, et tout semble aller bien pour nous quatre, quoique la malheureuse reconnaissance de Brian nous ait appris que toutes les issues pour nous tirer d' ici sont joliment pleines d' embûches. Le matin suivant, avec Rab et moi comme leaders, nous grimpons deux longueurs vraiment douteuses dans la neige très profonde et la glace. La deuxième comporte une reptation le long d' une mince fente horizontale, après quoi il faut s' en extraire par la pente de neige qui domine, dans une position terriblement exposée. L' absence totale d' assurage et l' impossi de faire marche arrière dans cette sorte d' escalade ajoute aux doutes lancinants sur la manière dont nous pourrons descendre ce passage.

Une ennuyeuse pente de neige poudreuse nous conduit au sommet de la Tête du Butoir, d' où une jolie arête aérienne va joindre la Tête de la Dentelle. Roger, qui fait autorité parmi nous quant à l' as cension des Français ( il est le seul à avoir lu leur livre ), nous apprend que nous devons tourner en traversée par le flanc gauche pour gagner un couloir conduisant au sommet de l' obstacle haut de 130 mètres. La traversée se fait en partie dans une pente raide à l' extrême et en plaque à vent. Nous nous y déplaçons avec d' infinies précautions, faisant des pas aussi espaces que possible pour éviter de créer une ligne de rupture. Rab essaye de gravir la face aux cannelures très redressées, mais il bat en retraite, dégoûté de cette neige épouvantable. J' essaye à mon tour, avec le même résultat. Entre-temps, Brian et Roger sont arrivés. Commence une discussion sur le genre de situation où nous allons sans doute nous mettre. La retraite à partir d' ici serait très difficile, même par temps favorable, et nous allons au-devant de nouvelles difficultés. Mentalement, nous essayons de nous représenter la descente. La plus grande partie en semble réalisable. Roger est allé reconnaître le terrain en franchissant un angle, et il nous crie enfin qu' il a atteint un goulet montant à une certaine hauteur et qui semble praticable. Nous suivons tous, pour trouver en effet un caniveau dont le lit est occupé çà et là par de la glace, et nous nous accordons le luxe d' un assurage coulissant avec une vis à glace. Le goulet conduit à une plate-forme située à dix mètres seulement sous le sommet de la Tête de la Dentelle. Roger continue par une bosse neigeuse exposée pour atteindre un terrain facile. Encore un passage infaisable en descente, peut-être? Nous demandons à Roger ce qu' il pense, et il estime que ça doit être O.K.! Plus loin, le chemin semble facile; mais quand nous nous dressons enfin au sommet de la Tête de la Dentelle, nous nous sentons tous les quatre sérieusement engagés dans l' aventure.

Nous voici maintenant sur le vaste plateau du « trône », et un vent glacial nous oblige bientôt à chercher refuge pour la nuit dans nos sacs de couchage. Nous utilisons des plaques de neige comprimée par le vent pour ériger des murs autour de nous, mais ils ne procurent qu' une mince protection contre les constantes rafales en tourbillons.

C' est notre troisième bivouac de la montée, et il n' est situé que cent ou deux cents mètres plus haut que le précédent. La majeure partie de l' escalade s' est déroulée aujourd'hui à l' horizontale les conditions, Rab et moi abandonnons la lutte qu' exigent la cuisine et le thé, et nous passons une nuit de mauvais sommeil. Les deux autres persévèrent et parviennent à faire un peu de thé.

Le matin suivent, les coups de vent ont un peu diminué, mais il fait très froid quand nous nous mettons en route pour notre quatrième jour d' es. La journée s' écoule sans autre événement à travers un terrain facile. La marche régulière et laborieuse nous rapproche peu à peu de la tête sommitale. Nous nous relayons pour ouvrir la trace et finalement atteignons la rimaye près de laquelle se trouvait le camp V des Français. Elle promet un bivouac confortable, aussi faisons-nous halte ici pour la nuit.

Nous nous trouvons maintenant à 7000 mètres. Il nous reste 700 mètres environ à gravir. Entre le point où nous sommes et le sommet, les Français ont encore établi un camp VI et n' ont fait en un jour que la montée de là au point culminant. Nous décidons, malgré la distance que cela comporte, de tenter le sommet le jour suivant. Bivouaquer une fois de plus, et plus haut sur la montagne, avec ce froid intense et ce vent violent, ce serait aller au désastre. Pour assurer notre objectif, nous décidons de ne prendre que le matériel d' escalade indispensable, quelques sucreries et une lampe frontale, ce qui nous épargnera le port d' un sac à dos. Pour être en mesure de partir très tôt, nous nous mettons dès minuit à la préparation du thé. A trois heures et demie, nous sommes prêts au départ. Rab prend la tête pour sortir de la rimaye et gravir les pentes de glace qui la dominent. Le froid est plus intense qu' aucun de nous ne l' a jamais éprouvé, et le vent se manifeste en jets glacés tourbillonnants. Un beau clair de lune nous aide à faire route, mais nous languissons tous après l' aube dans l' espoir que le froid intolérable se relâchera un peu.

L' aube se lève après que nous avons parcouru quelque dix longueurs, mais elle ne nous réconforte guère: le vent devient toujours plus violent. Tous nous poussons l' effort au maximum pour avancer assez vite et atteindre le sommet avant midi - heure critique, si nous voulons descendre en sécurité. Rab, en tête, avance normalement tandis que nous dépassons l' endroit du camp VI des Français. L' ascension, techniquement parlant, serait sans doute cotée TD sur l' échelle alpine, mais nous pouvons aller de l' avant, trouvant pour la première fois de bonnes conditions de neige. Nous nous engageons dans un couloir d' où fusent dans toutes les directions des tourbillons qui nous rongent la peau du visage et rendent toute parole impossible. Après une vingtaine de longueurs au total, nous débouchons sur l' arête sommitale. Elle vent bien nous faire grâce en devenant facile quoique toujours fatigante. Huit longueurs encore, et nous touchons le sommet. Trente mètres plus loin, il s' en trouve un autre, plus élevé peut-être, mais nous déclinons l' invite d' aller vérifier. Il est onze heures et demie, le 2 t octobre. Chacun à notre tour, nous nous dressons sur le point culminant avant de nous lancer dans la descente.

A quatre heures, dans le même après-midi, nous regagnons notre bivouac. Durant toute la journée, nous avons été harcelés par le froid mordant, et nous sommes soulagés quand doigts et orteils se réchauffent dans les sacs de couchage. Malgré le temps parfait, les vents violents persistent et la nuit ne nous procure aucun repos.

Le matin suivant, nous ne nous levons pas avant l' aube, puis nous descendons à petite allure du « trône » vers la Tête de la Dentelle. Le passage de l' ul longueur sous la Tête - la première maintenant à la descente - se révèle plus facile que nous ne l' attendions: nos traces, encore visibles, sont à présent gelées. Pourtant, en l' absence de tout assurage, c' est une épreuve pour les nerfs. Encore quelques heures, et nous arrivons à la Tête du Butoir. Descendre les deux longueurs difficiles après l' endroit du troisième bivouac, c' est une chose im- possible à envisager, aussi devons-nous chercher une autre voie. Aussuré par Rab, je m' avance jusqu' au bord du dôme fuyant sur lequel nous nous trouvons. C' est pour constater que la neige pourrie devient de plus en plus raide, et que plus bas, hors d' atteinte, elle se change en sérac vertical. Si seulement nous pouvions parvenir à un peu de glace, nous pourrions placer un rappel sur une vis. Le deuxième endroit où je fais une tentative conduit au même résultat négatif, mais je suis plus heureux lors d' un troisième essai. Une protubérance, sorte de petit pinacle de neige et de glace, s' est détachée du sérac, et je fais en sorte de descendre jusque-là. Nous installons un rappel douteux autour de ce saillant comme à une bitte d' a. Après avoir poussé encore quelques reconnaissances et posé un second rappel, nous nous retrouvons sur la voie de la montée et continuons par là notre descente.

Le petit mur de neige très raide qui nous a coûté tant d' efforts à la montée est de ce genre de choses qu' on ne descend pas, aussi devons-nous sacrifier notre piquet à neige pour l' ancrage d' un rappel. Peu après, nous voici au mauvais pas sur l' arête de glace. Je sculpte un pauvre champignon de neige et rappelle sur la corde tenue d' en haut. Mais quand Rab descend en double, le champignon lâche comme nous l' avions plus ou moins prévu. Rab fait une chute de six mètres, mais par chance je suis sur l' autre versant de l' arête et je maîtrise sa chute sans trop de peine. Finalement, trop fatigués pour continuer, et comme il fait déjà sombre, nous bivouaquons pour la sixième fois, à 6000 mètres environ.

Le lendemain, nous descendons tout droit vers les pentes du Lapsong La, versant Yamatari. Tous nous sentons la faim, nos vivres étant épuisés depuis la veille au soir.

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