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L'Innominata

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

Par René Ditterh

« Innominata! » Quel est ce nom étrange, ce nom qui charme et qui pourrait être celui d' une fleur ou d' une pierre précieuse?

Traversez les Alpes jusqu' au pays où le ciel est plus bleu et le vin plus généreux, jusqu' au pays des belles chansons valdôtaines, au pied de la grande montagne qu' ils appellent là-bas « Monte Bianco ». Allez flâner parmi les mélèzes en attendant de rencontrer un individu au teint basané, à la démarche souple et dégagée: ce sera un Rey ou un Grivel, peut-être un Petigax ou un Bracherei, fils ou petit-fils de la célèbre lignée des guides de Courmayeur qui s' illustrèrent bien au delà de leur vallée. Demandez-lui alors où se trouve ce qu' ils appellent 1'«Innominata »; lentement il se retournera et, de sa main calleuse, il dirigera votre regard au delà des « plantes»1 ), là où brille encore le soleil, vers une des plus hautes murailles des Alpes, l' immense paroi sud-est du Mont Blanc de Courmayeur, quelque part entre l' arête de Peuterey et celle du Brouillard.

En effet, entre les deux bassins creusés par les Glaciers du Brouillard et du Fresnay surgit une arête de granit d' abord, puis de neige, qui va se souder vers les 4000 m. à cette muraille s' élevant presque d' un seul jet de 800 m. vers le toit de l' Europe. C' est l' arête de l' Innominata. Elle se compose de deux parties distinctes; la première va de l' Aiguille Joseph-Croux ( 3221 m .) au Col Eccles ( 4000 m .), en passant par le Col et l' Aiguille de l' Innominata, le Col du Fresnay et le Pic Eccles ( 4030 m. ). La seconde s' élève du Col Eccles en plusieurs ressauts successifs jusque vers 4650 m. où elle se soude à l' arête du Brouillard.

Cette arête est certainement un des plus beaux itinéraires du Mont Blanc, et il semble étonnant qu' il faille attendre le mois d' août 1919 pour voir S. L. Courtauld et Edmond G. Oliver, accompagnés des guides Adolphe et Henri Rey ainsi que d' Adolf Aufdenblatten, en réussir la première ascension. Peut-être que déjà, depuis 1915, elle eût pu être vaincue si les frères Gugliermina, qui furent les premiers à la tenter, avaient été favorisés d' un peu plus de chance. A d' innombrables reprises ils montèrent au Col Eccles et même plus haut, mais chaque fois ils furent repoussés par la tempête qui, sur tous les itinéraires du Mont Blanc, est toujours à redouter. Peut-être aussi a-t-elle été délaissée par l' attrait que procurait aux alpinistes ses voisines, les arêtes de Peuterey et du Brouillard, plus individualisées et surtout plus connues parce que plus souvent décrites. Cependant, de l' avis unanime des grimpeurs qui ont réalisé ces courses, l' Innominata dépasse en beauté et en difficulté ces deux arêtes; le granit y est partout d' une excellente qualité, et c' est certainement là que l'on rencontre dans les Alpes, à une altitude aussi élevée, de la protogyne comparable à celle des Aiguilles de Chamonix.

L' intérêt qu' offre cette ascension, au point de vue alpinisme, ne pouvait nous échapper, et le souvenir des beaux moments que nous avions déjà passés sur le versant sud du Mont Blanc nous incite à y retourner; le 18 août 1935 nous traversons le Col du Géant pour nous rendre au coquet village d' Entrèves.

Le temps est menaçant, et dans la soirée déjà la pluie commence à tomber, la température descend rapidement. Le lendemain, à notre stupéfaction, nous constatons que la neige est tombée très bas, et ce brusque contretemps fait fuir deux de nos camarades; par les Cols de la Seigne et du Bonhomme ils regagnent la vallée de l' Arve tandis que Marullaz et moi, restés seuls, nous montons « cafardeux » au refuge du Fauteuil. Notre intention est de gravir l' arête sud de la Noire de Peuterey, mais, le temps restant incertain, nous ne pourrons nous accorder ce morceau de choix.

Néanmoins, le versant sud du Mont Blanc ne présente pas seulement des ascensions de premier ordre, comme beaucoup se l' imaginent, mais encore une quantité appréciable d' ascensions de difficulté moyenne ne manquant pas d' intérêt; nous profiterons des conditions atmosphériques peu favorables aux grandes entreprises pour en essayer quelques-unes. On a énormément écrit, dans les différentes revues alpines, sur les difficultés des grandes arêtes du Mont Blanc, et un nombre restreint d' alpinistes osèrent se risquer dans cet eldorado, exclusivement réservé jusqu' alors aux meilleurs grimpeurs. C' est certainement la raison qui a fait oublier les ascensions de second plan.

Dans un site sauvage et peu fréquenté, le refuge du Fauteuil se prête admirablement à un séjour de quelques jours, et nous comptons y rester jusqu' à épuisement de nos vivres. Le temps n' est pas beau, de gros nuages se traînent le long des parois, et la gaieté n' est pas à l' ordre du jour. Je rôde autour de la cabane, je flâne, je ne sais que faire; Marullaz, plongé dans le guide Vallot, ne desserre les lèvres que pour me proposer d' aller gravir le Mont Rouge de Peuterey, joli sommet où se termine l' incomparable arête de Peuterey.

A 9 h. 30 nous nous mettons en route; nous traversons le Fauteuil et bientôt attaquons quelques cheminées tapissées de rude gazon. Elles nous conduisent sur l' arête que nous suivons facilement. L' itinéraire est facile à établir et les difficultés presque inexistantes; à 12 h. 30 nous atteignons le sommet. Nous y trouvons quelques cartes de visites: celles des premiers ascensionistes, MM. Wicks, Wilson et Bradby en 1905; cette pointe nous paraît être très rarement gravie.

Les nuages ont quelque peu desserré leur étreinte et nous laissent entrevoir le Glacier du Fresnay; l' endroit est des plus sauvages, et pendant de longs instants nous savourons la tranquillité qui nous environne. Il est passé 14 heures lorsque nous quittons le sommet et, par le même itinéraire qu' à la montée, nous regagnons nos pénates.

Le lendemain nous partons de meilleure heure, car c' est vers Y Aiguille Noire de Peuterey que nous dirigeons nos pas. Cette course également n' est pas difficile quoique assez dangereuse à cause de la mauvaise qualité du rocher.

En cinq heures d' escalade nous parvenons au sommet; là aussi, la vue est incomparable, toute la face sud du Mont Blanc se déroule à nos yeux: arêtes gigantesques, parois sillonnées de profonds couloirs; à regret nous quittons ce sommet en nous promettant d' y revenir par son arête sud, et nous entamons la descente; la route est difficile à repérer, et nous nous fourvoyons à plusieurs reprises. De l' Epaule, la sombre tête de la Noire précipite sa paroi nord vers des abîmes que nous cachent des brumes chassées par le vent; mais, les Dames Anglaises, conscientes de leur beauté, les déchirent, et leurs têtes de granit surgissent, fières et élancées. Nous avons quitté le sommet vers midi et ce n' est qu' à 17 h. 30 que nous déposons nos sacs sur le seuil de la cabane.

Nos vivres ne sont pas inépuisables, et nous allons être obligés de traverser demain sur le refuge Gamba qui est gardé; là nous trouverons de quoi satisfaire notre gourmandise. En passant, nous gravirons le Pic Gamba.

Lorsque nous nous éveillons, le temps est plus clair que ces jours derniers; aussi sommes-nous heureux de notre décision car, qui sait, peut-être pour-rons-nous cette semaine encore, monter au Mont Blanc par l' arête de l' Inno, cette arête qui commence à devenir une obsession; n' est pas la raison de notre présence dans ces parages?

Lourdement chargés, nous emportons tout notre matériel, piolet, crampons, etc.; nous déposons le superflu au Col des Chasseurs et de là, en espadrilles, nous attaquons le Pic Gamba.

Cette ascension est beaucoup plus difficile que les précédentes; les cheminées et fissures dominant le Col des Chasseurs sont des passages très ardus. Après les avoir surmontés, nous devons redescendre le versant Fauteuil dans des pentes de gazon très raides, désagréables en espadrilles; ensuite nous reprenons l' ascension, d' abord le long d' une étroite vire oblique ascendante, et de là nous nous élevons directement en zigzagant dans la paroi. Une plaque offre encore un passage difficile, puis, à l' aide de cheminées redressées, nous gagnons le sommet par le versant faisant face à l' arête sud de la Noire. De là-haut, le coup d' œil sur cette arête, découpant la succession de ses tours hardies dans le ciel, est des plus rébarbatif et n' encourage certes pas celui qui se laisserait tenter par cette ascension, qualifiée par certains comme « la course de rocher la plus difficile des Alpes occidentales. » En quelques jolis rappels de corde nous regagnons le Col des Chasseurs; là, nous reprenons notre chargement pour nous acheminer vers le refuge Gamba, impeccablement tenu par le gardien Julien Rey et sa femme.

Dans la soirée le temps se couvre à nouveau; dans ces conditions il est inutile de songer à un départ pour le Mont Blanc. Qu' importe, demain nous entreprendrons le parcours de la partie inférieure de l' arête de l' Inno, entre le Col du Fresnay et la Pointe Joseph-Croux.

Avant le jour déjà, une cordée accompagnée d' un guide quitte le refuge pour le même itinéraire; nous estimons qu' il est suffisant de partir de nuit pour les grandes ascensions et à 6 h. 30 seulement, nous nous mettons en route. Nous nous élevons directement par la moraine conduisant au Glacier du Brouillard; nous chaussons nos crampons et c' est à bonne allure que nous le remontons. En moins de deux heures nous atteignons le plateau supérieur; la vue se dégage, les parois du Pic Luigi-Amedeo nous apparaissent très enneigées, de même que la partie inférieure de l' arête du Brouillard.

Dans la pente de glace précédant les rochers constituant le sommet de l' Aiguille de VIrinominata nous rejoignons la cordée partie avant nous. Le guide taille de profondes marches, car ils n' ont pas emporté leurs crampons. Bientôt nous atteignons la cime. Un arrêt prolongé nous permet de mieux admirer les formidables parois qui nous environnent: le Mont Blanc à portée de main, la Blanche de Peuterey, les Dames Anglaises plus aristocratiques que jamais et la Noire dont les escarpements de la paroi ouest et de l' arête sud sont des modèles de hardiesse.

Après avoir grignoté quelques biscuits, nous nous acheminons vers l' arête sud-est que nous allons parcourir à la descente jusqu' au Col de l' Innominata. Le début de l' arête recouverte de neige fraîche nécessite de l' attention; néanmoins, nous progressons rapidement et peu après nous atteignons l' avant. De ce point, nous continuons, d' abord sur l' arête en escaladant ou contournant de petits gendarmes, ensuite en prenant franchement sur le versant sud dominant un des plus petits glaciers des Alpes, celui du Châtelet. Quelques cordées avant le Col de l' Innominata nous sommes arrêtés par une zone de dalles assez raides que nous franchissons à l' aide de la double corde.

Au col une discussion s' engage. Je voudrais descendre directement de ce point à la cabane; Marullaz croit qu' il serait plus sage de gravir encore la Pointe Joseph-Croux par son arête nord, prétextant qu' une fois à la cabane, nous ne saurons plus que faire; une fois de plus je passe par sa volonté en jurant évidemment que ce sera la dernière.

Du col une première tour barre l' accès direct à l' arête; par une fissure oblique, puis en nous élevant directement, nous réussissons à forcer le passage. De là, l' arête file, peu inclinée mais hérissée de gendarmes, vers la Pointe Joseph-Croux; l' arête de l' Innominata se termine ainsi d' une façon élégante.

Ces divers gendarmes, d' excellent granit, se contournent ou se surmontent. La différence de rocher a été brusque et le col marque la transition; d' un côté, amas de blocs tenus entre eux par de la terre qui s' affaisse sous nos pieds, de l' autre, granit compact et solide.

Encore une courte fissure sur le versant sud et, en rampant sur une dalle dominée par un surplomb, nous parvenons au point culminant; il est 12 h. 35. Une soif terrible nous serre la gorge; nous essayons de l' étancher en recueillant, à l' aide d' une carte de visite, l' eau qui coule sur les dalles. Mais le refuge est trop rapproché pour que nous insistions longtemps.

Rapidement nous commençons la descente, si rapidement que nous nous trompons d' itinéraire et, finalement, nous sommes obligés de remonter. Pourtant, nous atteignons bientôt le petit Glacier du Châtelet, puis les éboulis qui nous mènent cahin-caha à la cabane. Il est 14 h. 15.

Alors que nous prenons notre repas du soir, un violent orage s' approche et enfin éclate; ce sont des torrents d' eau qui s' écoulent de toutes parts. Tristement, nous songeons que ce ne sera pas cette année que nous monterons L' INNOMINATA.

5 km Versant sud du Mont Blanc.

au Mont Blanc par l' arête de l' Innominata. Nous sommes cependant un peu réconciliés avec elle en pensant que nous avons déjà parcouru la partie inférieure qui mérite, elle aussi, d' être visitée. C' est une très belle ascension, courte et n' offrant pas de difficultés spéciales; par contre, la vue que l'on y découvre tout au long est superbe et cette raison seule vaut la peine qu' on accorde une journée à cette partie de l' arête.

Le soir arrive brusquement et nous allons nous étendre sur les paillasses; durant la nuit le vent ne cesse de souffler et le matin une pluie fine tombe, de gros nuages courent dans le ciel. Nous sommes consternés car nous devons aujourd'hui même retraverser le Col du Géant.

A regret nous quittons le refuge; avant d' avoir atteint la vallée, nous sommes déjà trempés jusqu' aux os et, durant la journée entière, nous subirons notre triste sort en maugréant. Ce soir seulement, à la cabane du Requin, nous serons à l' abri. Le lendemain nous rentrons à Genève.

L' été 1936 ne se présente pas sous des auspices favorables; le mois de juin a été détestable et juillet ne vaut guère mieux. Nous n' avons encore réussi aucune course et les vacances approchent. Un à un de beaux projets se noient dans toute cette pluie qui semble ne jamais vouloir s' arrêter.

En altitude les conditions doivent être des plus mauvaises et Marullaz, voulant éviter un déplacement inutile à Courmayeur, écrit à Laurent Grivel pour lui demander des nouvelles de ses montagnes. Impatiemment nous attendons sa réponse. Ce sera une nouvelle déception car, laconique, il nous annonce qu' avant fin août la paroi du Mont Blanc ne sera pas praticable.

Comptant sur une amélioration prochaine du temps, nous décidons malgré tout de partir pour Courmayeur. Quelles illusions! le ciel ne se découvrira que durant deux jours, suffisamment cependant pour réussir une belle course, l' Aiguille Noire par sa redoutable arête sud, mais pas suffisamment pour nous permettre d' éviter un bivouac accompagné de pluie, foudre et tempête. De nouveau nous nous en retournons sans avoir pu combler un de nos désirs les plus chers; mais, le proverbe dit très justement: « Tout vient à point pour qui sait attendre. » Nous attendrons donc.

Août arrive à échéance et nous disposons encore de quelques jours. Le 22 nous retraversons les Alpes par le Petit Saint-Bernard. F. Marullaz, V. Bressoud et R. Aubert sont de la partie; ainsi nous serons quatre. Dans la soirée, lorsque nous atteignons le col, le Mont Blanc se révèle tout à coup; ses puissants escarpements, son architecture de titan, sa coupole encore toute auréolée de lumière, tout cela surgit des pâturages pelés, et il nous semble qu' enfin il nous salue, nous invite. Aubert qui nous accompagne pour la première fois sur ce versant n' en croit pas ses yeux et nous demande si nous réussirons quelque chose « par là-derrière »; c' est ainsi qu' il appelle cette face. Si au moins le « oui » que nous lui répondons pouvait être entendu des dieux qui gardent cette montagne pour qu' enfin ils nous favorisent et que ce rêve devienne une réalité. Si au moins!...

Nous employons le début de la semaine pour d' autres ascensions et réussissons en particulier la traversée des Grandes Jorasses; ce n' est que le jeudi que nous sommes de retour à Entrèves. Le temps disponible est restreint, mais les conditions sont favorables et le temps reste superbe; nous monterons demain au refuge Gamba.

La matinée de ce 28 août se passe à flâner dans les rues de Courmayeur où nous achetons les provisions nécessaires. Après le repas, étendus sur de confortables chaises-longues à l' ombre des grands sapins, nous admirons ces séracs, ces glaciers suspendus qui brillent et contrastent avec les sombres parois de roche. Nous songeons que demain nous serons là-haut, nous aurons peut-être soif à ces heures; nous nous souviendrons des instants délicieux que nous passions 24 heures auparavant. Mais ces doux instants, nous ne les apprécierions pas autant si nous n' en étions quelquefois privés; et c' est là un des avantages que nous procure la montagne, car elle nous fait souvent reprendre goût aux choses qui, sans elle, nous auraient peut-être lassés depuis longtemps.

A 15 heures enfin, nous enfourchons nos motos pour gagner la Visaille. Nous les entreposons à la gendarmerie et, par un agréable sentier traversant une forêt de mélèzes, nous suivons les bords pierreux du torrent descendant des Glaciers du Brouillard et du Fresnay. Il fait chaud, le soleil est implacable et c' est à pas lents que nous progressons. Mais le soir va venir et il ne faut plus flâner; vaillamment nous continuons. Le sentier est raide, il se faufile au travers de dalles, et bientôt nous devons nous hisser par les cordes fixes qui nous conduisent sur le plateau supérieur, au pied de la Pointe du Châtelet.

La cabane est proche; les derniers rayons brillent sur le Mont Blanc de Courmayeur tandis que déjà ils ont quitté les sommets moins élevés. La Noire de Peuterey nous apparaît au travers d' un léger voile et semble vouloir se parer pour la nuit. Des grondements incessants secouent cette tranquillité: ce sont les Glaciers du Fresnay et du Brouillard qui vivent et se meuvent lentement; sinistre, le sourd fracas des séracs qui s' entrechoquent, sinistre, ce sombre cirque, décor naturel et puissant d' un drame dont le sujet serait... l' enfer.

Il est tard. Lorsque enfin nous poussons la porte de la cabane une agréable odeur de potage réveille notre odorat, et rapidement nous entourons la table.

Après le repas nous faisons nos sacs et bavardons encore un peu; nous parlons évidemment du Mont Blanc et de l' Innominata. Bressoud ne pourra malheureusement pas nous accompagner; ses chaussures sont en effet devenues inutilisables et il devra rester à la cabane. Laisser cet ami nous est une peine profonde, mais il sait bien que, « de cœur », il fera la course avec nous.

Les derniers détails réglés, le réveil est fixé à 1 heure; nous nous enroulons dans les couvertures pour quelques heures. Longtemps encore Bressoud et le gardien bavardent à la cuisine tandis que dans le dortoir nous essayons de prendre du repos. Mes deux camarades, comme moi du reste, doivent être nerveux; à maintes reprises ils se tournent, puis se retournent. C' est un état d' âme créé par l' incertitude du lendemain, par l' éternelle question: réussirons-nous? où serons-nous dans quelques heures? C' est le travail mental cherchant la solution d' un problème non résolu; cette même nervosité se retrouve chez le candidat bachelier avant de se présenter devant les jurés. Etat d' âme qui empêche de trouver le vrai repos et que tout alpiniste a subi à la veille d' une entreprise importante. Bref, les minutes lentement s' égrènent et semblent des heures. Je m' endors pourtant d' un sommeil lourd de cauchemars dont je ne suis libéré que par la voix tonitruante de Marullaz qui crie: « Debout, nous sommes restés endormis! » Le gardien, en effet, nous a oubliés et nous devrions déjà être en route pour le Mont Blanc depuis une heure environ.

Et maintenant... autre tourment. Fatigué, je regrette les paillasses; le cauchemar continue, mille dangers se présentent nettement à mon esprit. Comme je voudrais que le temps nous empêche de partir! Suis-je soudain devenu un pleutre? problème qui intéresserait sûrement quelque docte psychologue; je ne m' en embarrasse guère pour le moment et raille « ma peur », la hideuse peur qui ôte à l' homme ses moyens. D' un brusque élan me voilà repris par le goût de la lutte et le besoin de me dépenser.

Il est presque 2 heures. Le gardien a vite préparé une tasse de café, Bressoud nous souhaite bonne chance et nous déclare sans ambage qu' il ne voudrait pas être à notre place; nous lui répondons que nous en reparlerons plus tard et lui donnons rendez-vous ce soir même à la cantine de la Visaille.

Poignées de mains... la porte a claqué... il fait sombre et froid, les cartes sont jouées... Déjà nous nous heurtons aux blocs jonchant le chemin mal indiqué. Nos pas sont hésitants, la faible lueur de notre lanterne n' est pas suffisante; le souffle est court, nos poumons ne sont pas encore habitués à l' air vif de l' extérieur. Nous avons perdu le chemin. Péniblement nous nous élevons vers la moraine dans un amas de pierres instables; 45 minutes de cette gymnastique nous ont amenés sur le Glacier du Brouillard. Il semble qu' il fait plus clair. Nous chaussons nos crampons et, en avant... Machinalement, nous montons, notre esprit s' envole ailleurs et ce n' est que lorsque, brusquement, la corde retient que nous sommes ramenés à la réalité. La pente qui devient plus raide, de profondes crevasses qu' il faut contourner, rompent la monotonie et brisent le rythme vite lassant de cette marche dans la nuit où le ciel et les montagnes se confondent.

Nous avons dépassé la base de l' Aiguille de l' Innominata; nous sommes sur un petit plateau glaciaire au pied du Col du Fresnay. Deux routes se présentent: monter au col ou se frayer un passage au travers des séracs et s' élever directement vers le Pic Eccles. C' est cette dernière solution que mes camarades préfèrent; je m' incline en ronchonnant, pensant que nous allons perdre un temps précieux et que, peut-être même, nous ne passerons pas.

Nous nous faufilons, traversons des ponts fragiles; des stalactites de glace qui pendent se brisent et disparaissent dans le noir, suivies d' un bruit métallique. Nous allons à gauche, revenons à droite, franchissons des séracs; la progression est lente. Entre temps, sans que nous nous en apercevions, le jour est venu; nous pouvons souffler la lanterne.

Je m' évertue à croire que nous ne passerons pas; je suis pessimiste et Marullaz me le fait remarquer. Peut-être est-ce la crainte de ne pas réussir et de devoir revenir sur nos pas alors que l' itinéraire du Col du Fresnay eût été, à mon avis, préférable. Bref, je me rends à l' évidence et vaillamment j' attaque une pente inclinée; quelques degrés taillés dans une position aérienne, et nous sommes près de la rimaye. Devant nous le champ est libre.

La rimaye franchie, nous décidons de filer en écharpe par le versant est dominant le Glacier du Fresnay. La pente est raide, mais les dents acérées des crampons mordent profondément; nous avançons rapidement, nous prenons de l' altitude, et lentement il semble que les sombres escarpements Die Alpen — 1938 — Les Alpes.14 de la Bianche et de la Noire de Peuterey s' abaissent, alors que derrière cette masse l' horizon devient plus vaste. Toujours en diagonale, nous nous élevons jusqu' à la naissance d' un couloir se dirigeant vers le sommet du Pic Eccles; nous l' empruntons, tantôt dans le fond, tantôt sur ses bords verglacés et, de cette façon, nous parvenons à l' arête près du sommet que nous atteignons à 6 h. 40.

Insensiblement, la lumière devient plus intense; c' est l' heure où le disque solaire s' approche lentement de l' horizon où il va apparaître brusquement. Instants féeriques; les rochers vont prendre une teinte plus harmonieuse et la neige devenir plus scintillante. Déjà là-haut, près du sommet, le soleil a conquis quelques pouces de lueur terne et plate, cette lueur blafarde du petit jour. Et cette nappe d' or s' avance sans que rien ne puisse lui résister. De toute part, il semble que la vie renaît et, nous-mêmes, nous nous sentons vivifiés comme si nous avions été trempés dans quelque fontaine de Jouvence.

Tous les sommets voisins se teintent peu à peu tandis qu' à l' horizon des nuages roses traînent dans l' air blond du matin. Seules, dans la vallée où règne encore l' ombre, presque la nuit, les brumes s' étirent nonchalantes, s' accrochent, et semblent ne jamais vouloir céder le pas.

Nous sommes à plus de 4000 mètres et c' est une féerie que d' assister de là-haut à cette métamorphose. Et, maintenant que toute la paroi du Mont Blanc est illuminée, que partout le soleil a reconquis son royaume, que tous les rochers, tous les glaciers semblent vivre, nous comprenons mieux pourquoi nous montons vers les cimes; nous comprenons mieux aussi pourquoi nous supportons les désagréables moments que nous subissons jusqu' à ce qu' enfin cette heure tant désirée arrive. Ce sont ces instants qui toujours nous ramènent vers les hauts sommets, et une seule de ces minutes vaut bien quelques peines; elle efface tous les mauvais souvenirs pour ne laisser subsister que les bons. Nombreux sont ceux qui pourraient en profiter; mais, ne sachant pas dompter leurs forces ou vaincre leur crainte, ils préfèrent croupir dans les vallées et demander à ceux qui redescendent riches de souvenirs nés en quelques heures ce qu' ils trouvent de si attrayant à s' en aller se fatiguer inutilement au lieu de profiter des ressources et du confort qu' offre une station à la mode. Il faudrait qu' un instant ils soient transportés à l' en où nous sommes, qu' ils puissent contempler ces immenses parois de granit allant s' abîmer sur les glaciers, animés, semble-t-il, par une présence surnaturelle; qu' ils puissent admirer, au delà du royaume de la glace et de la roche, les hameaux dispersés ici et là, les chalets, minuscules taches sombres qui se détachent sur les vertes prairies de la Vallée d' Aoste.

Les heures passent inexorablement. Que ne pouvons-nous parfois arrêter les aiguilles de notre montre pour profiter plus longtemps de ces instants toujours trop courts! Nous devons repartir!

Prudemment nous nous dirigeons vers le Col Eccles. L' arête est fine et inclinée; assurés au piolet, donnant à chaque pas un vigoureux coup de soulier suffisant pour créer une marche solide, nous descendons jusqu' au col. De là, toujours sur une aérienne crête de neige, nous traversons pour \ L' INNOMINATA nous heurter au granit, structure même du Mont Blanc; puissants piliers, qui sont à cette montagne ce que les colonnades sont au Parthenon.

Directement, par la crête assez large, nous nous élevons. Nous prenons alors plus vite de l' altitude; la fine crête du Col Eccles s' éloigne et déjà, du côté du Glacier du Brouillard, le gouffre se fait plus profond. Une cheminée abrupte arête notre élan; trois mètres... cinq tout au plus; en se coinçant, en se tirant, centimètre par centimètre, on s' élève. Une main a réussi à saisir le bord supérieur et cela suffit pour se rétablir.

Nous sommes à la naissance d' une vire inclinée longeant deux gendarmes aux lignes élancées; la suivre paraît aisé, mais la neige encombre les meilleures prises, et c' est en glissant à chaque pas, en suppliant « d' assurer ferme » que le leader progresse lentement.

La vire franchie, nous passons au travers d' un trou et, de là, par une haute dalle légèrement fissurée, verticale, nous continuons à nous élever.

Une crête de neige pourrie nécessite une grande prudence; puis nous obliquons vers notre gauche en direction du grand couloir qui trace une ligne blanche au travers des grandes dalles jaunes mouchetées de neige par-ci par-là. Nous atteignons bientôt un des bords du couloir; il paraît en bonne condition, mais il ne faut pas nous y attarder, car il est près de 10 heures et, depuis longtemps déjà, la chaleur travaille toute cette face de la montagne. De grosses stalactites pendent là-haut sous un auvent de granit; elles pourraient se briser et leur chute provoquer des glissements de neige.

Lentement, sûrement, le premier s' engage dans le couloir, mesurant chacun de ses pas. Ses camarades scrutent continuellement vers le haut pour le prévenir en cas d' alerte. Quelques débris roulent, serait-ce un avertissement? Vite, les enjambées se font plus longues, les marches moins profondes; enfin les rochers de la rive opposée sont atteints sans que rien de sérieux se soit produit.

Nous suivons les bords du couloir pendant quelques cordées; le rocher est humide. Maintenant ce sont des plaques de neige dans lesquelles le piolet doit couper de bonnes marches; puis il nous faut traverser à gauche, vers un autre couloir prenant en écharpe en direction de l' ouest. Mais une soif terrible nous épaissit la langue, et nous profitons d' un filet d' eau se frayant péniblement un passage entre quelques blocs, pour nous désaltérer et prendre quelques instants de repos.

Suçant à la gourde remplie d' un breuvage acre, nous sommes assis, sur des gradins, les uns au-dessus des autres; nous avons l' impression de nous trouver dans quelque amphithéâtre d' université écoutant un professeur donnant un cours sur les possibilités à disposition des individus en haute altitude et les effets que peuvent provoquer une mauvaise nutrition, tout en insistant sur les bons résultats de certains aliments très assimilables. Théorie! Nous dévorons du saucisson à l' ail, du salamis, du chocolat, du fromage, tout cela arrosé d' eau glacée! Qu' en penserait le professeur? Nous doutons fort que ce mélange soit favorable à nos intestins! Mais tant pis, pour le moment nous nous en portons bien et c' est avec plus d' énergie que nous repartons à la conquête du Mont Blanc.

Avant de nous engager, nous examinons la zone visible pour choisir l' itinéraire le plus favorable; après une judicieuse inspection nous attaquons. En longeant une haute paroi de roche terminée par de puissants surplombs, en nous aidant de petites prises, les pieds façonnant des degrés dans la neige dure du couloir, insensiblement nous progressons.

Un mur nous arrête quelques instants; l' obstacle, bien que très instable, est franchi, puis c' est une grande dalle dégagée qui marque la fin du couloir et le début de l' arête qui doit nous conduire maintenant vers celle du Brouillard. Les doigts serrent le bord arrondi de la dalle, les souliers raclent, s' accrochent à une rugosité et bientôt l' obstacle est derrière nous. Lentement, le corps torturé par tant d' efforts se redresse; l' œil peut alors admirer les Aiguilles deTrélatête, le bassin de Miage et, beaucoup plus loin, au delà d' une zone de nuages floconneux, les montagnes du Dauphiné. Il semble que nous planons; insensiblement tous les monts s' abaissent et les vallées s' élargissent; c' est cette évolution du relief qui nous prouve que nous montons, que bientôt de toutes parts nous dominerons et que seul un ciel immuablement bleu se trouvera au-dessus de nous. Cette impression, celui qui l' a ressentie une seule fois, ne peut l' effacer de sa mémoire. L' air qui se fait plus rare et aussi plus vif, l' effort plus pénible, les mouvements plus lents, tout cela donne une valeur réelle à ces ascensions et, bien qu' ici la varappe soit moins périlleuse que certaines acrobaties, les visions et les impressions qui se déroulent le long d' escalades en basse altitude ne peuvent être comparables à celles que réserve la haute montagne; et, si je devais choisir entre gravir une paroi purement rocheuse ou escalader un grand sommet de nos Alpes, je n' hésiterais pas. Est-ce la suprême grandeur des sites qui militent en faveur de nos déclarations, étayées depuis longtemps par l' expérience? Jamais encore comme sur l' Inno nous n' avions senti à un tel degré cette indescriptible beauté. La grande solitude qui nous environne est certainement pour beaucoup dans ces impressions.

De l' endroit où nous sommes, la crête file légèrement vers le nord; le rocher est continuellement bon, les plaques, les cheminées se succèdent sans interruption. Bientôt, c' est une arête ourlée d' énormes corniches et nous devons progresser avec prudence, lentement, mesurer chacun de nos pas. Enfin nous atteignons la grande pente terminale qui se heurte, une centaine de mètres plus haut, à l' arête du Brouillard.

Nous ne rechaussons pas nos crampons et préférons traverser un peu plus à l' ouest pour nous élever le long de rochers menant presque vers la crête. Cela nous permettra un assurage plus efficace que sur la pente de glace, recouverte de neige fondante qui n' adhère pas. La traversée est exposée, les rochers deviennent moins bons.

Petit à petit la glace remplace les rochers, les îlots s' espacent de plus en plus. Le piolet entre alors en action, il faut frapper avec force pour creuser une marche digne de ce nom; le souffle se fait plus court, et des arrêts plus fréquents deviennent nécessaires. Nous approchons de 4700 mètres, il n' est pas loin de 13 heures. Ceux qui ne taillent pas trouvent le temps désespérément long et invitent le premier à activer et à raccourcir ses pauses indis- pensables. La crête se rapproche et, comme le cheval sentant l' écurie, nous forçons l' allure; peut-être est-ce une erreur, car nous le faisons certainement au détriment de la sécurité. Sous nos pieds, la pente fuit, puis les rochers, d' un seul bond, tombent sur le Glacier du Brouillard; il ne ferait pas bon glisser en cet endroit; mais cette idée nous effleure à peine, tant nous sommes heureux de vivre, et il nous semble impossible que nous puissions périr au milieu de ce que nous aimons. Pourtant, si réels que soient les sacrifices imposés par la montagne, je me demande souvent qui est débiteur!

L' Innominata est vaincue!... Le leader vient de planter son piolet sur l' arête du Brouillard, et déjà il se redresse. Il tire la corde le reliant à ses camarades qui, rapidement, le rejoignent. L' arête que nous allons suivre maintenant ne nous est pas inconnue et nous nous reportons à trois ans en arrière alors que nous passions en cet endroit, que nous scrutions du côté de l' Innominata, sans même songer qu' un jour il nous serait donné de gravir cette arête.

Sans histoire nous continuons; la trace est pénible à faire et nous enfonçons profondément dans la neige pourrie. Nous sommes oppressés. Enfin, à 14 h. 30, nous foulons le sommet du Mont Blanc de Courmayeur. Un coup d' œil du côté de la vallée; tout en bas la coquette église d' Entrèves brille au soleil; il semble qu' entre elle et nous se tende un ruban invisible sur lequel sont inscrits quelques-uns des plus beaux moments que nous ayons vécu dans les Alpes. Puis nous continuons; de nouveau nous soufflons, de nouveau nous enfonçons. Mais le but est proche, la crête est atteinte, nous sommes sur le point le plus élevé de l' Europe: le Mont Blanc.

Ici déjà, nous reprenons contact avec tout ce que nous avons quitté en nous éloignant des vallées; une trace que le vent a effleurée se dessine en relief, et il ne nous reste qu' à la suivre sans nous en écarter. Pendant quelques instants nous admirons en silence tout ce qui nous environne; la plaine nous apparaît au travers de nuages qui évoluent dans l' éther, se meuvent, s' évitent, se rencontrent, bouillonnent par-dessus les crêtes les plus basses pareils à une eau déchaînée se précipitant dans un gouffre. Des nombreuses fois que nous sommes montés ici, par différents itinéraires faciles ou difficiles, jamais encore la vue n' avait été plus surprenante, le spectacle plus saisissant.

Après avoir gravé ce tableau vivant dans notre mémoire, nous empruntons la trace, sûrs qu' elle nous conduira où nous le désirons; et, par les Bosses et le Dôme du Goûter, nous filons vers le Glacier de Miage. Sans nous arrêter, rapidement, machinalement, nous descendons, et ce n' est que sur les moraines, avant la cabane du Dôme, que nous dénouons la corde. Quelques instants plus tard nous avalons, debout, une citronnade et nous reprenons notre chemin à travers d' impossibles éboulis recouvrant l' interminable Glacier de Miage italien.

Lentement la nuit descend sur tout ce chaos. La fatigue se fait sentir, les yeux voudraient se fermer, et nous songeons à des prairies où nous pourrions nous étendre; pourtant elles ne sont pas loin, et après avoir traversé encore d' effroyables monticules de boue s' affaissant à chaque pas, nous rejoignons un sentier qui nous conduit aux abords immédiats du Lac Combal dans lequel se mirent déjà les premières étoiles.

Puis, c' est la route, interminable, pénible; la plante des pieds brûle. A 20 heures enfin nous parvenons à la cantine de la Visaille. Nous y retrouvons notre camarade Bressoud qui avait déjà retenu un lit, ne comptant pas nous revoir aussi vite. Mais, pendant que nous sommes en mouvement, nous préférons descendre jusqu' à Entrèves.

Un quart d' heure plus tard nous sautons de nos motos, et c' est devant une table bien garnie qu' enfin nous détendons nos nerfs, satisfaisons notre appétit et étanchons notre soif.

Et, lorsque le lendemain, assis sur les escaliers ou sur le vieil établi de la forge des Grivel, sous un ciel sans nuage, nous bavardons avec le père en dégustant un de ces vieux vins piémontais qu' il est allé tirer dans un gros pot de grès, nous prenons plaisir à écouter les histoires qu' il nous raconte sur ses montagnes et sa vallée. Nous songeons que nous sommes bien heureux de pouvoir aussi parcourir les Alpes et nous créer ainsi des souvenirs. Dans cette ambiance familière, rustique, nous comprenons mieux pourquoi nous gravissons les cimes qui nous ont réunis et qui maintenant nous unissent. Sans elles jamais nous n' aurions connu cette amitié souvent créée dans le danger, amitié qui n' est que plus sincère et que la mort même ne pourrait interrompre.Voilà pourquoi, tant que nos forces nous le permettront, nous continuerons à gravir les plus fiers sommets, nous choisirons les rudes ascensions, symboles des aspirations de l' homme dans la vie quotidienne.

Horaire:

Refuge Gamba2 h.

Pic Eccles6 h. 40/7 h. 10 Traversée couloir9 h.45 Arête de Brouillard 13 h. 10 Mont Blanc de Courmayeur.... 14 h. 30 Mont Blanc 15 h. 05 Vallot 15 h. 40/16 h.

Cabane du Dôme 17 h. 20 Visaille 20 h.

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