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Raphaël Dallèves

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

Par P. de Rivai.

Vers 1900, deux étudiants sédunois terminaient leurs études, au collège de Sion, et déjà leur nom avait attiré l' attention du public. Dans les salons et les établissements de la capitale du Valais on se passait les poésies du collégien Louis de Courten. C' étaient des satires où l' humour se mêlait aux saillies fines et de bon ton. On montrait également des dessins d' un autre étudiant, Raphaël Dallèves, qui entre un cours de mathématiques et une leçon d' histoire, s' amusait à croquer des condisciples ou des paysages connus du pays. Le talent de R. Dallèves était plein de promesses.

Puis, ces deux étudiants suivirent chacun leur destinée. Louis de Courten embrassa la carrière médicale tandis que Raphaël Dallèves s' adonna à la peinture.

Quelques années plus tard, une mort tragique coupa le fil de l' existence radieuse de Louis de Courten, emporté dans les flots d' un de nos plus beaux lacs dont il rêvait de chanter la splendeur. Après sa mort, la famille de Courten édita dans un recueil intitulé: « La Terre Valaisanne » les poésies que le jeune poète se proposait de confier à l' impression. Ce recueil obtint un vif succès. C' était un élégant album dans lequel le vieux pays valaisan était décrit en une série de tableaux exquis, en une collection de gravures et d' eaux lumineuses de clarté.

Au moment où le livre de Louis de Courten paraissait, Raphaël Dallèves rentrait au pays natal, après sept années passées à Paris, à l' académie Jullian et à l' Ecole des Beaux-Arts, sept années au cours desquelles le jeune artiste, par un travail consciencieux et sérieux, avait discipliné son talent. Ce que son ami et condisciple avait décrit en des vers du plus pur métal, Raphaël Dallèves le grava en des toiles qui resteront immortelles. A son tour, il célébra la terre valaisanne, il chanta sa patrie pays du rêve et du mystère que la nature a fiancé à la légende du passé, sa ville natale un coin oublié de l' Espagne apparue avec sa citadelle et ses petites rues, les paysans j' ai souvent songé combien il serait doux de s' endormir au soir d' une inféconde vie au milieu de ces paysans qui valent mieux que nous.

( Terre Valaisanne, L. de Courten. ) Raphy Dallèves devint le peintre national valaisan. A part quelques séjours à Paris, quelques voyages en Italie pour visiter les expositions de peinture, il vécut pendant 35 ans à Sion, dans la demeure de famille où il avait Die Alpen — 1941 — Les Alpes.4 installé son atelier. Humble, modeste, charitable, il consacra son temps au travail, à la prière et aux bonnes œuvres.

Aujourd'hui, le vieux Valais s' en va entraîné par le flot montant des envahisseurs modernes. Bientôt nous ne serons plus chez nous; le Valais ancestral ne sera plus lui-même!

Aussi, ceux qui désireront connaître le vieux Valais graviront-ils la colline de Valére et visiteront-ils le musée Dalléves où seront exposées 70 toiles que le peintre, dans un geste aussi noble que patriotique, a léguées au canton du Valais et à la ville de Sion.

Certaines de ces toiles évoqueront les vieilles traditions si charmantes et si touchantes, image émouvante d' une population attentive aux mouvements de l' âme et que Dalléves représenta de la façon la plus parfaite. D' autres tableaux rappelleront les vieux costumes valaisans qui, malheureusement, tendent à disparaître et que Dalléves reproduisit avec un art patient, minutieux ne laissant dans l' ombre aucun détail.

Et les amis de la montagne admireront les toiles sur lesquelles Dalléves fait resplendir la divine splendeur des glaciers bleuissants, blancs reposoirs, étalés aux pieds des noirs rochers qui jettent vers le ciel leurs hardis clochetons.

Raphaël Dalléves aimait la montagne. C' est dans la solitude de l' alpe que son âme mystique trouvait la vraie joie, car plus près de Dieu.

Comme paysagiste R. Dalléves brossa des tableaux exquis du pays valaisan: les coteaux verdoyants de Savièse, les chalets bruns d' Hérémence et d' Evolène, les sommets étincelant de neige.

Mais c' est surtout comme portraitiste qu' il se distingua. Nul mieux que lui ne fut le peintre de la race valaisanne; le tableau « Femme d' Evolène » que Les Alpes reproduisent aujourd'hui, en est une preuve. En traits de toute beauté il sut exprimer la résignation, la volonté, l' énergie des paysans valaisans, sans cesse en lutte avec la nature. Dans ces visages dorés par le soleil, chaque ride, chaque sillon dit l' effort et le travail tandis que dans les yeux on lit la sérénité de l' âme. Il traita également de nombreux sujets religieux qui sont de véritables d' œuvre: L' Epiphanie, la Nativité, entre autres, qui le rapprochent de Durer et de Holbein.

C' était un dessinateur de grande valeur. Toutes ses œuvres témoignent de sa conscience professionnelle, de sa foi en la divine Providence et de son amour du Valais.

Rendant hommage à son talent, le comité central du C.A.S. le désigna comme membre du jury des expositions d' art alpin. Lui-même exposa à Genève et à Berne des tableaux qui furent très remarqués.

Le Valais tout entier pleure aujourd'hui la disparition prématurée de ce grand artiste, de ce loyal et pieux enfant du pays.

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