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Semaine clubistique

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

( 7—14 août 1926. ) Il est de tradition dans la section biennoise du C.A.S., comme dans d' autres sections, d' organiser chaque année une semaine clubistique, nommée aussi course d' exercice, qui tient ses assises tantôt dans l' une, tantôt dans l' autre partie de nos Alpes suisses. Cette manifestation a essentiellement pour but d' initier à l' art montagnard les jeunes clubistes qui, pendant une huitaine, ont l' occasion d' exercer, sous la direction de nos meilleurs alpinistes, leurs talents sur le rocher ou le glacier. Notre semaine clubistique n' est donc pas une course aux sommets, aux 4000 en particulier; ses participants ne prétendent nullement découvrir de nouvelles routes ou réaliser des records de vitesse. Elle a un programme, puisque toute course alpine doit en avoir un, mais des plus élastiques, et auquel le chef de course fait subir en général d' amples amputations, plus rarement des adjonctions. Si l' étude de la technique alpine forme la base de notre programme, les dirigeants ne négligent pas non plus de montrer aux novices la beauté et le charme de la nature alpestre, sans qu' il soit nécessaire, pour en jouir, d' exposer sa vie à l' excès. Notre « semaine » ne réunit pas que des débutants; de vieux chevronnés se joignent aux jeunes, pour parcourir une fois encore les parages qui firent la joie de leur jeunesse; d' autres y viennent avec un ami, un collègue; d' autres pour des raisons que j' ignore.

Cette année, notre course était fixée aux 7—14 août. Très bien étudiée par nos trois chefs de course, elle présenta un programme des plus attrayants:

Montée au Grimsel en autocar, puis traversée de l' immense massif neigeux de l' Oberland central jusqu' au Lœtschental; de nombreuses ascensions sont prévues en cours de route. Le programme officiel ne les mentionne pas, mais dans les coulisses on cite l' Oberaarhorn, le Finsteraarhorn et même la Jungfrau.

C' est au nombre de 24 que nous prenons le train samedi 7 août à Bienne. Il a plu durant la matinée; de lourds nuages se traînent le long du Jura, le baromètre est à la baisse. Cependant la note est optimiste: sûrement le temps se lèvera dans l' après.

Berne, Thoune, le temps ne se lève pas, on ne voit rien de ces cimes tant attendues, qui se cachent dans la brume. Interlaken, il commence à pleuvoir. Meiringen, il pleut toujours, et du magnifique panorama nous ne voyons rien... que du brouillard. En quelques minutes nous embarquons dans les confortables autocars postaux où, bien pourvus de couvertures, nous narguons la pluie et le froid qui commence à se faire sentir. Sans autres incidents que la rencontre de nombreux touristes se hâtant sous l' averse, un rapide coup d' œil à la chute de la Handeck et la vue des nombreux chantiers et installations des forces motrices de l' Oberhasli, nous arrivons à l' hospice du Grimsel. La pluie fait place à la neige, le vent souffle en tempête. Il n' est plus question de partir cette nuit comme le prévoyait notre programme.

Dimanche 8 août. Le ciel, un moment éclairci, s' embrume de nouveau, le terrain est blanc de neige, de lourdes nuées et un vent glacial ne présagent rien de bon. Nous décidons quand même le départ; l' optimisme de notre chef de course rassérène les plus moroses. A 6 heures, nous quittons l' hospitalier bâtiment du Grimsel pour la cabane d' Oberaarjoch; en conditions normales on fait ce trajet en huit heures, nous en mettrons bien davantage à cause de la neige fraîche tombée depuis 24 heures. Nous nous engageons immédiatement le long du vaste plateau d' alluvions du glacier d' Unteraar, qui bientôt disparaîtra sous les eaux du lac artificiel du Grimsel. Voici le torrent d' Oberaar que nous franchissons sur un pont de fortune, puis, par une pente rapide, nous gagnons la vallée de ce nom. Les buissons chargés de neige et le terrain humide et glissant rendent la marche pénible.Vraiment, la montée de nuit ne doit pas être particulièrement agréable dans ce terrain coupé de ruisselets, de blocs de rochers ou de buissons de vernes. Le soleil cependant se montre furtivement entre des nuages, pour disparaître, hélas! définitivement et faire place à une véritable tempête de neige qui nous atteint au pied du glacier d' Oberaar, au moment de nous encorder. Le froid est vif et les gants, mitaines et passe-montagnes ne sont pas superflus. Nos cinq cordées s' engagent sur le glacier, suivies de quatre porteurs chargés de nos approvisionnements. Le guide von Bergen en tête foule énergiquement la neige fraîche; les suivants utilisent ses traces avec avantage.

Par le beau temps, alors que l' œil et l' esprit sont distraits par la vue des sommitées voisines, par les effets de lumière sur la neige ou le passage d' un oiseau, la montée à l' Oberaarjoch peut être assez plaisante. Mais dans le brouillard, alors que le vent en rafale vous souffle la neige au visage, que le sac vous scie les épaules, que les pieds et les mains s' engourdissent, il est souverainement monotone. On n' aspire qu' à arriver au plus vite; on avance, insensible aux beautés réelles de la montagne en ses éléments déchaînés. Cependant, les heures s' écoulent, nous voyons poindre le but de nos efforts, la pente se fait plus raide, quelques rochers apparaissent dans la brume, nous sommes sur le bon chemin. Enfin voici le col, le steinmann apparaît, puis la cabane elle-même, perchée sur un promontoire. L' accès n' en est pas facile, la neige recouvrant les marches du rocher; grâce au câble scellé au roc, tout se passe bien et à 15½ heures le dernier homme fait son entrée dans la cabane plus que pleine.

L' arrivée d' une nombreuse caravane dans une cabane crée toujours un moment de confusion; cependant, peu à peu les corvées se forment, le fourneau ronfle à merveille et les traces de fatigue disparaissent derrière un bol de thé ou une assiette de soupe. Dehors il neige toujours, la tempête augmente, si possible, d' intensité. Que demain nous réserve-t-il? C' est au milieu d' une harmonie assourdissante des éléments en furie que nous cherchons un sommeil bien gagné.

Lundi 9 août. Quel radieux réveil! La clarté du soleil inonde notre dortoir, les cimes voisines étincellent au jour levant; toutes traces de la tourmente ont disparu. Notre programme comprend pour aujourd'hui l' ascension de l' Oberaarhorn, sommité au nord de la cabane, à 3642 m. d' altitude. L' ascension s' en fait facilement en une heure, nous en mettrons une et demie à cause de la neige tombée la veille. La montée n' est pas pénible, une longue pente neigeuse, sans aucun danger. Voici le sommet, des exclamations jaillissent spontanément de toutes les poitrines. Si l' Alpe nous a un peu éprouvés à son premier contact, elle nous a réservé une magnifique récompense.Voici au sud l' immen des Alpes valaisannes, du Mont Blanc au Dammastock; plus à l' est les massifs de la Suisse centrale et du haut Tessin nous montrent des reliefs en partie inconnus. La vue locale est également digne de ce magnifique belvédère qu' est l' Oberaarhorn. Voici la sombre paroi du Finsteraarhorn, l' Agassiz, le Schreckhorn; au sud le Galmihorn, le Wasenhorn et nombre d' autres « Horn » dont nous nous bornons à admirer l' élégante silhouette ou les sombres précipices.

Spontanément un hymne jaillit de nos cœurs, saluant les montagnes, la belle nature et ceux qui savent les admirer. La descente s' effectue rapidement et, l' après, chacun se fait un devoir de manier la pelle ou la pioche pour débarrasser notre cabane de son linceul de neige.

Mardi 10 août. C' est vers le Wasenhorn qu' aujourd se dirigent nos pas. Le Wasenhorn, 3457 m ., s' il est un peu délaissé des alpinistes — ce qu' explique peut-être son altitude relativement faible — n' en est pas moins une sommité des plus intéressantes et qui vaut une visite. L' ascension présente des difficultés moyennes: quelques cheminées, une arête de neige enlèvent toute monotonie à cette course. Par le glacier de Fiesch nous gagnons la Bielerliicke, chemin d' accès de la cabane de l' Oberaarjoch depuis le Valais; la neige gelée est excellente, la rimaie à peine découverte ne nous oppose aucune difficulté. De la Bielerliicke, nous passons, comme exercice, une petite tour rocheuse, sans danger, bien que certain ressaut ait fait passer un frisson dans le dos de quelques novices. L' ascension de la cime proprement dite nous prend assez de temps; les cinq cordées ne peuvent avancer rapidement sur les blocs entassés ou sur le mince chemin de l' arête de neige, qui, quoique courte, est le point délicat de l' ascension. Un faux pas, une glissade vous enverrait 500 ou 600 mètres plus bas d' une seule traite. Heureusement la neige est excellente et, sans incident, toute la colonne se trouve réunie au sommet. La vue est à peu près semblable à celle de l' Oberaarhorn, un peu plus étendue au sud, un peu moins au nord.

La descente s' effectue par le même chemin et rapidement les cordées reprennent le chemin de la cabane. La remontée du glacier de Fiesch est éprouvante, l' air est lourd, un soleil de plomb darde ses rayons sur la neige; gare les nez ou les lèvres insuffisamment garantis!

Nous voici jouissant à nouveau de l' hospitalité de notre vieille cabane; ah! les heureux instants passés au sein de l' Alpe chérie, en face des sommets et des glaciers majestueux; on flâne, on dévisage à la jumelle quelque lointaine caravane, on fait la connaissance de nouveaux amis. Pour les vivre, ces heures bénies, ne vaut-il pas la peine de braver la neige et la tempête! Cependant, quelques traînées de nuages apparaissent à l' ouest, le beau temps ne durera pas. Nous ne nous en formalisons pas autrement, notre programme du lendemain ne comprenant que la traversée de la Gemslücke, pour rejoindre la cabane du Finsteraarhorn.

Mercredi 10 août. Les prévisions de la veille se sont réalisées, le brouillard voile les sommets, le temps sent la neige. Nous partons pour la cabane du Finsteraarhorn et disons au revoir à l' Oberaarjoch. La traversée du glacier s' effectue sans peine; de temps à autre un bruit sourd, un cri étouffé: c' est un collègue qui plonge dans une « boîte aux lettres »; aucun cas grave. Nous atteignons le passage de la Gemslücke, le vent fraîchit, la neige n' est pas loin; devançons-la et hâtons-nous de gagner la cabane. La descente du côté ouest est en général assez malaisée, le terrain, un éboulis peu solide, cède à chaque pas et rend nécessaires quelques mesures de précautions. Cette fois, la neige nous évite ces inconvénients. La pente est si engageante que quelques amateurs parlent de « rutscher »; seule une intervention énergique les fait renoncer à leur projet qui aurait pu mal finir sur un des nombreux blocs émergeant de la neige. Par-ci, par-là des dépôts de bois destinés à l' Oberaarjoch et la luge qui sert à leur transport.

Nous longeons les contreforts du Finsteraarhorn, partie en éboulis, partie en neige ou en glace.Voici la cabane, elle a un air des plus accueillants, perchée sur son rocher, malgré la neige qui commence à tomber. Le gardien nous accueille gracieusement et nous restaure de son mieux. La neige continue à tomber mêlée de pluie; impossible de mettre le nez dehors.

Nous avons prévu pour le lendemain l' ascension du Finsteraarhorn; vers le soir les plus optimistes voient leur courage les abandonner, il faudra renoncer au clou de notre programme. Pour créer une diversion, la chorale se groupe et longtemps nous charme par ses belles productions. Le départ, le lendemain, est fixé à 3 heures, si, conformément aux ordres reçus, le temps se remet.

Jeudi 11 août. A 2 heures diane, la neige tombe toujours, le brouillard est des plus épais. Allons, notre dernier espoir s' envole et c' est sous sa couverture que chacun cache sa déception. Les vivres touchant à leur fin, nous devons rallier la cabane de Concordia dans la journée, pour nous procurer les précieux viatiques nécessaires à notre existence matérielle. Sans cela, qui sait si nous n' attendrions pas que la chance nous soit favorable. Le sort en est jeté et à 8 heures nous quittons cette hospitalière cabane du Finsteraarhorn qui, à tous points de vue peut passer pour un modèle du genre. Nous nous dirigeons sur la Grünhornlücke qui nous permettra d' atteindre facilement la Place Concordia et la cabane de ce nom. La neige est peu profonde et le glacier favorable; quelques crevasses qui s' entr traîtreusement rappellent à l' ordre ceux qui seraient tentés de trouver superflue la marche en cordée.

Nous marchons depuis une demi-heure; la neige cesse de tomber, le brouillard, vivement secoué par une bise d' est, se déplace en longues traînées, laissant apercevoir le soleil entre deux bouffées. Puis, comme au théâtre, le voile qui nous cache encore le Finsteraarhorn se déchire d' un coup et le géant nous apparaît dans toute son imposante beauté. Immaculé, il étale à nos yeux son immense paroi, son arête déchiquetée, tandis que ses voisins émergent à leur tour de la brume.Voici l' Agassizhorn et, tout de blanc revêtus le Rothorn qui n' a de rouge que le nom, le Grünhorn et tant d' autres.

Il fait bon quitter la neige, qui commence à se détremper, et prendre pied sur le rocher de Concordia. Le temps, qui décidément se range tout à fait, nous permet de jouir d' un nouveau spectacle, toujours le même et toujours renouvelé. La reine en est sans contredit la Jungfrau, qui semble bien rébarbative. La chaîne de l' Aletschhorn offre à l' œil une belle perspective de précipices; quelques avalanches en descendent avec fracas. L' Eggishorn, au sud, nous masque de sa pyramide une partie des Alpes Pennines, tandis qu' à nos pieds le glacier d' Aletsch étend paresseusement sa carapace de neige et de glace.

Que tous les touristes inexpérimentés qui, seuls ou à deux, se lancent en téméraires au travers des glaciers, inconscients sans doute des dangers auxquels ils s' exposent, n' étaient avec nous cet après-midi, alors que nous procédons à quelques repêchages de volontaires descendus dans des crevasses! Plus d' un parmi nous, au vu des difficultés de l' entreprise, aura aussi fait ses réflexions particulières et juré par devant lui de ne jamais prendre part à une traversée de glacier sans être suffisamment encadré.

Le temps se maintient au beau. Si le Finsteraarhorn n' a pas voulu de nous, l' Ebene Fluh, où nous irons demain, nous réserve un meilleur accueil.

Vendredi 13 août. Au petit jour nous franchissons l' un après l' autre l' échelle qui, du rocher de Concordia, donne accès sur le glacier. La neige gelée crisse sous les clous. Le temps est d' une pureté remarquable, le ciel, déjà pourpre à l' orient, conserve encore à l' occident une teinte bleu foncé, et là-haut, dans la Lœtschenlücke, longtemps scintille une étoile: heureux présage d' une belle journée. Rapidement nous atteignons les premiers contreforts de l' Ebene Fluh, la neige durcie se prête à un essai de marche avec les crampons, destiné à familariser les novices à la marche avec ces engins. Nous montons une pente point trop inclinée pour que notre attention ne puisse s' en distraire quelques instants pour admirer la formidable paroi de l' Aletschhorn en face, ou au loin la silhouette du Finsteraarhorn. Là-haut, sur la crête de l' Ebene Fluh, le vent doit souffler avec rage; de fins nuages de poussière neigeuse tourbillonnent et forment une belle corniche qui domine le gouffre. Comme à l' Everest, constate quelqu'un qui a assisté à la conférence du capitaine Finch. Peut-être, mais à une bien petite échelle.Voici la pente finale, fort raide; la glace blanche est recouverte de neige insuffisante pour que l'on puisse s' y aventurer sans tailler des marches. Notre guide s' y adonne à pleins bras, au grand dommage de ceux qu' atteignent plus bas les déblais de neige et de glace. Une petite rimaie n' offre pas de difficulté, puis la pente s' incurve encore. La bise mord les doigts, et les pieds qui stationnent longuement deviennent peu à peu insensibles. Comme un peu de la chaleur qui nous attend sur l' autre versant serait la bienvenue! Pas à pas nous gagnons de l' altitude, voilà la dernière corniche derrière laquelle la première cordée a disparu. Nous y voilà. Quel éblouissement! De tous côtés de la neige et encore de la neige étincelante sous les feux du soleil. La majeure partie des Alpes suisses est étalée en un vaste panorama sous nos yeux. Voici la Jungfrau tout proche, plusieurs caravanes s' y distinguent à l' œil nu; puis le Finsteraarhorn, l' Aletschhorn, le Bietschhorn, énorme carapace de glace, le Balmhorn au profil sévère et d' autres encore. Tout au loin le Mont Blanc et son frère, le Grand Combin, et, plus rapprochées, les cimes du Valais central. Au nord le plateau et le Jura sont noyés dans la brume tandis qu' à nos pieds Inter- laken et Murren semblent des oasis de verdure perdus dans un désert de pierres et de neige.Vite quelques photographies, un dernier coup d' œil circulaire et, dévalant rapidement les pentes ouest de l' Ebene Fluh, nous nous dirigeons vers la cabane Egon von Steiger qui nous abritera ce soir. Ce versant, beaucoup moins raide que l' autre, permet l' ascension du magnifique belvédère qu' est l' Ebene Fluh même au moins entraîné des touristes. Il fait chaud, bien chaud le long de l' Anengrat qui empêche les souffles d' air de parvenir jusqu' à nous, et les nez, les lèvres déjà atteints par la bise et le froid du matin prennent des teintes de plus en plus violacées au grand dommage de leurs propriétaires.

L' accès de la cabane est assez malaisé en temps ordinaire, de larges crevasses barrent le chemin. Aujourd'hui la neige nous permet d' arriver sur l' esplanade sans un détour ni un faux pas. Un brin de toilette, une tasse de thé et nous voilà frais et dispos; la vue est imposante, bien que limitée. Le Lœtschental s' étend dans toute sa longueur, dominé par la puissante pyramide du Bietschhorn; les églises blanches tranchent sur le fond des forêts et des chalets brunis. Tout au bas Kippel et Goppenstein, c' est le chemin du retour. C' est le dernier soir que nous passons à la cabane, demain c' en sera fini de cette vie saine et active, au sein de l' Alpe; nous serons repris par l' activité trépidante de la ville. Ne nous restera-t-il rien de ces huit jours? Oh! si! longtemps encore nos souvenirs évoqueront devant nos yeux les tableaux contemplés, les visions de sommets déchiquetés ou d' arêtes de neige fuyantes sous les rayons du soleil; et les bonnes amitiés contractées, alors que liés à la corde, nous formions une chaîne solide, ne seront-elles pas un souvenir vivant de nos excursions! A la joie du retour, de revoir les siens, se mêle un sentiment de mélancolie, mélangé du regret des jours passés, de la fuite du temps, de la fatigue accumulée peut-être.

Samedi 14 août. C' est le dernier jour. On fait les sacs pour la dernière fois et pour la dernière fois aussi nous nous encordons pour descendre le Langgletscher. Il a la réputation d' être terriblement crevassé, mais cette fois encore la neige durcie facilite notre chemin et au bout d' une heure et demie nous prenons pied sur le terrain solide. C' est la fin. Les cordes sont roulées, les lunettes inutiles désormais cachées au plus profond des poches. Il ne nous reste plus qu' à descendre les pâturages; les derniers rhododendrons fleurissent encore, mille fleurettes émaillent le gazon.

A 18 heures nous reprenons à Goppenstein le train qui nous ramène à Bienne, le visage brûlé, boursouflé, le corps fatigué, mais l' esprit heureux de la réussite de cette belle manifestation alpiniste.

Samuel Aubert.

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