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Skis courts

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

Par Edmond Quinche

// n' est pas inutile de présenter aux lecteurs l' auteur de l' article qu' on va lire. Sa personne et ses fonctions confèrent à ses opinions un poids particulier. Instructeur de ski depuis vingt ans, M. Edmond Quinche est expert à l' inter des clubs de ski, directeur de cours préparatoires au brevet suisse d' instructeur et chef de classe dans les cours alpins d' armée. « J' ai eu, nous écrit-il, l' occasion d' essayer les skis courts pendant quinze jours avec une classe de skieurs moyens et deux de forts. Les skis normaux et courts ont été mis à l' épreuve dans les différentes pentes et les différentes neiges lors d' un cours central à Andermatt. J' ai pu confronter mes expériences avec celles de nos amis français E. Allais et J. Couttet et des maîtres du ski autrichien au congrès international de ski tenu au val d' Isère. Il en résulte que nous sommes d' accord sur les conclusions qu' on peut en tirer, et que j' ai exposées dans mon étude. » Mode nouvelle? Snobisme? Non, certainement pas, car il y a longtemps qu' ils existent, et je ne veux pas en faire l' historique.

Sans vouloir prendre parti ni pour ni contre le ski court ni encore moins m' associer à ceux qui les ont introduits ces trois dernières années, je pense simplement que les skis courts sont là pour faciliter la pratique de ce sport à certaines catégories de skieurs. Ils sont à conseiller aux personnes physiquement faibles n' ayant pas d' entraînement ou n' allant à ski que quelques fois dans la saison, de même à celles qui auraient abandonné un certain temps la pratique du ski et qui désirent recommencer avec le handicap des années. Les étrangers n' ayant jamais skié venant chez nous pour un court séjour et désirant faire un peu de ski seront certainement plus vite à l' aise sur des skis courts et profiteront au maximum de leur séjour.

Le point essentiel à retenir dans l' emploi du ski court, c' est la réduction de la vitesse; elle ne joue aucun rôle pour la catégorie de skieurs que nous venons de citer. Ils éprouvent avec joie la possibilité de pouvoir évoluer dans les terrains variés avec beaucoup moins d' efforts et de fatigue.

La cause principale de ces avantages réside dans le dosage des efforts diminués très fortement lors des changements de direction. Il ne faut pas conseiller les skis courts aux personnes désirant apprendre la technique sérieusement, car le passage à un moment donné Die Alpen - 19SS - Les Alpes24 aux skis normaux se fera sérieusement sentir, d' où frais inutiles sans gain de temps, quoi qu' on en croie.

En conclusion, pour toute personne désirant pratiquer le ski pendant une courte période et apprendre sans trop de difficulté, pour l' étranger arrivant de son Paris ou de son Londres natal, pour la dactylo ne disposant que de quelques jours de vacances d' hiver et de moyens limités, le ski court est à recommander. Il leur évitera certainement des efforts inutiles et les déceptions du débutant.

Pour la haute montagne le problème se pose différemment; les skis courts n' offrent pas toujours les avantages espérés. Les longues pentes de biais sur neige dure sont fatigantes pour les chevilles, le ski étant plus large. Les pentes de neige soufflée formant des vagues courtes et dures sont terriblement fatigantes, même impossibles à descendre, la longueur des skis n' offrant pas assez de surface, le contrôle de ceux-ci devenant presque impossible. Dans les couloirs rapides avec neige de printemps, le dérapage latéral n' offre pas la sûreté de skis normaux surtout si l'on est chargé. Sans cela, dans toutes les autres neiges le ski court garde ses avantages de légèreté, de grande mobilité à une vitesse régulière et réduite. En montée, avec charge, les tracés et l' adhérence égalent le ski normal; avantage aux skis courts en couloirs raides et étroits.

En résumé et comme exemple: pour le déplacement en montagne d' une troupe composée de skieurs moyens, il est à conseiller. Il est certain que la mobilité d' un groupe est plus aisée en terrain accidenté ( pentes rapides avec obligation de virer court ), l' attaque du virage se fait sans crainte. Les bons skieurs n' ont aucun avantage à pratiquer le ski court en haute montagne, ils évoluent tout aussi bien et dans n' importe quelle circonstance avec des skis de longueur normale et certainement avec plus de plaisir, car ils conservent la vitesse et la sûreté.

Jusqu' à présent, la fabrication de ces skis n' a pas été toujours faite rationnellement. Le ski court était trop large et trop court, obligeant souvent le fraisage de trois rainures pour empêcher le flottement. On les a faits aussi trop épais et sans souplesse. Le véritable ski court doit avoir une souplesse égale à celle du ski normal. La longueur minimum doit être contrôlée ainsi: dressé devant soi, la pointe du ski doit arriver à la hauteur des yeux; la longueur normale est celle de la personne qui l' utilise. Toute autre forme ou longueur doit être exclue.

En conclusion, je ne veux pas manquer de dire que, pour beaucoup de skieurs, le ski court offre de nouvelles perspectives de joies hivernales. Les professeurs de ski et instructeurs suisses doivent se faire un devoir de faire utiliser ce nouveau matériel en l' adaptant judicieusement à certains de leurs élèves, sans penser à leurs possibilités personnelles, mais à celles de leurs clients. Il ne leur est pas non plus interdit de l' expérimenter. Personnellement j' ai essayé le ski court pendant quinze jours dans toutes les neiges et terrains variés avec une classe de dix élèves; j' y ai trouvé une grande satisfaction, mes élèves aussi.

Sans prendre parti pour ou contre, mais en conseillant d' utiliser ce matériel là où il rendra service, je suis content d' avoir pu émettre mon opinion sur un sujet si souvent discuté ces dernières années, pas toujours avec la compétence voulue peut-être.

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