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Traversée du Rimpfischhorn

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

Avec 3 illustrations ( 25—27Par Ed. Pidoux

Huit jours d' ascensions et de traversées nous ont conduits à ski de Verbier à la cabane Britannia. Huit jours de solitude et de liberté; peu ou pas de touristes dans les cabanes, moins encore sur les sommets. Portant tous nos biens sur notre dos, nous n' avons pas quitté l' altitude, le tête-à-tête avec la neige et le rocher, sous un ciel immuablement bleu. Il nous semble poursuivre depuis un très lointain passé une existence supra-terrestre, rayonnante et sereine comme les glaciers et les sommets de notre voyage.

Hier nous passions de la cabane du Mont Rose à Britannia par l' Adler et le Strahlhorn, gravi les crampons aux pieds comme dans le plus sec des étés. Aujourd'hui nous allons réaliser un rêve vieux de quelques années: la traversée du Rimpfischhorn du nord au sud.

Le problème, c' est le transport des skis. Combien de traversées hivernales n' avons pas projetées — Lyskamm, Mont Rose, Seilon — sans pouvoir le résoudre! Pierre, mon compagnon — c' est de son âgeest pour le portage pur et simple à travers les arêtes. Il est capable, assurément, de réaliser des exploits de déménageur, mais je lui ai expliqué une fois pour toutes que je veux trouver mon plaisir à faire une ascension, non pas à venir à bout d' une corvée. Pierre a cru bien faire, alors, de couper ses skis en deux et il m' encourage à faire de même. Le charron de son village natal lui a confectionné un système de brides de métal et de vis qui doit assurer l' attelage des deux moitiés. Cela branle dans le manche et plie peu à peu sous l' effort. Pierre, périodiquement, redresse ses skis sur son genou pour leur rendre leur cambrure. Personne que lui ne voudrait pour son usage de ces bran-lotants pieds-plats.

J' ai proposé mieux que ces... demi-mesures: un échange de skis entre cordées traversant en sens inverse, ou le transport de nos lattes d' un côté à l' autre de la montagne par des amis qui se contenteraient d' un aller et retour par une même voie. Qui refuserait de remorquer des skis par une ficelle pendant une heure ou deux, quand le terrain s' y prête, comme au Rimpfischhorn, précisément?

Or, quand nous quittons Britannia, en ce matin du 15 avril 1947, le problème reste entier. Je ne veux toujours pas du portage, surtout sur une arête de pure varappe qui doit être l' événement de la journée. D' autre part, nous ne sommes que deux pour notre expédition. Les amis dévoués n' existent que dans mes théories. Par la force des choses, notre plan sera le plus simple, celui même que nos pères auraient envisagé. Nous laisserons nos planches au Col de l' AUalin et ferons à pied la traversée de retour par les névés sous la face ouest. Ce sera long et pénible. Qu' importe! L' arête nord nous tente assez pour que nous y allions sans trop raisonner. On trouve toujours l' énergie voulue quand il s' agit de se tirer d' affaire. Mettons-nous donc aveuglément dans cette nécessité.

TRAVERSÉE DU RIMPFISCHHORN II fait au départ un temps délicieux. On respire le printemps dans l' air lumineux et calme. Sans avoir pris un seul jour de repos, nous nous sentons allègres, heureux d' exister et de nous mouvoir.

La neige porte bien. Plutôt que d' user nos peaux de phoques, nous déambulons en promeneurs, les skis sous le bras. Pierre, plein de prévenance, a voulu se charger de tout le bagage, et je marche sans autre souci que de savourer cette heure parfaite.

Plus loin, la croûte s' amincit et crève sous le poids plus lourd de mon ami. Il chausse ses lattes et me distance, pour marquer au moins une supériorité sur un camarade léger ou même, comme il dit, superficiel.

Nous avons bientôt franchi l' éperon de l' Allalin et pris pied sur la voie royale du glacier qu' il s' agit de remonter sur la moitié de sa longueur. Rien de plus beau que ce long et facile parcours, sous un ciel italien, entre des montagnes au profil monumental: d' un côté, la pyramide ocrée de l' Allalin, puis le mur de prison du sombre Rimpfischhorn. De l' autre, précédé de ses satellites de neige, le blanc Strahlhorn comme un lion de marbre avec ses lionceaux...

Malheureusement, je crève à mon tour la croûte neigeuse, trop mince sous le pied, mais aussi trop lisse et dure pour le ski privé des peaux que Pierre, là-bas, emporte à grandes foulées. La marche devient un calvaire.Vigoureusement je le hèle et hurle des explications. Il répond par une joyeuse huchée et reprend son chemin. Il pense évidemment que je clame mon enthousiasme! Je le hèle encore, et il répond de même, puis une troisième et une quatrième fois. A la fin il se lasse et son bâton s' agite en signe qu' il a compris, et que ça peut suffire. J' ai beau enfler la voix, exprimer la colère, la supplication, je ne réveille plus que les échos de l' Allalin dont me répond la paroi déjà chaude de soleil, première cause de mon malheur.

Je plonge et replonge, les tibias meurtris. C' est étonnant comme on peut détester quelqu'un dans ces moments-là. Mon ami me paraît le comble de la stupidité et de l' égoïsme. Comment peut-il se figurer que je m' égosille pour le plaisir de communiquer mes impressions matinales? Autant dire qu' il me prend pour un imbécile!...

Mon supplice prend fin au pied du Col de l' Allalin, trente minutes plus tard. Pierre a tout de même assez d' imagination pour juger que des peaux me seront utiles sur cette rampe.

Quand je le rejoins, ma rancune tombe tout d' un coup. Sa bonne foi me désarme, comme ses excuses navrées. Et puis, à quoi bon grogner? C' est fini, et je suis encore en vie...

Un peu avant le col nous plantons nos skis dans la neige en ayant soin d' y amarrer, pour le cas d' un vent subit, tout ce que nous laissons de notre bagage. Crampons aux pieds, nous partons à l' attaque.

Une pyramide neigeuse haute de quatre à cinq cents mètres soutient l' arête nord du Rimpfischhorn. C' est tout ce que nous pouvons voir pour l' instant de notre montagne; mais nous savons que, du sommet de ce capuchon pointu, une dentelle de pierre court, presque horizontale, au véritable point culminant, cinq cents mètres plus au sud. C' est elle que nous rêvons de parcourir.

La marche en crampons nous change agréablement de la monotonie du ski. Voilà huit jours que nous poussons nos lattes comme des bielles de locomotive!

La pente est juste assez raide pour que ce soit plaisir d' y crocher comme un télégraphiste à son poteau. Le plus amusant, c' est de chercher son chemin dans le flanc tourmenté par le vent du sud. A la surface glacée adhère un épais gaufrage de neige sculpté par les filets d' air. Des vagues se cabrent, s' aiguisent en socs de charrues, s' arrondissent en croissants tout pareils aux « barkhanes » du désert. On dirait les morceaux disloqués d' un immense puzzle en sucrerie. Nous évitons d' y plonger jusqu' aux genoux en manœuvrant dans les intervalles où la glace étincelle.

Nous montons, nous montons longuement, mais, par un effet de perspective, il nous paraît, en nous retournant, que nous avons à peine quitté le col dont les pentes se continuent paisiblement jusqu' à nous. Peu à peu, cependant, le flanc se redresse, les arêtes de la pyramide se rapprochent et nous touchons enfin l' avant que nous distinguions d' en bas. Un faux sommet, en réalité, car, de ce point, naît une fine arête blanche. Elle monte par degrés vers une masse rocheuse sans caractère: le grand gendarme, insignifiant de ce côté.

Nous sommes enfin sur une vraie montagne. On croirait l' arête nord du Weisshorn, avant l' attaque des premiers rochers. Gaiement, nous trottons sur la lame de neige; puis, quand elle se redresse, nous y creusons des degrés de la pointe du pied. Une bizarre rimaye entaille le faîte, au plus raide de la montée. Je puis de justesse enjamber la brèche profonde. Quelques minutes encore, à pointiller des deux pieds la corniche, et nous abordons le rocher.

On tourne le plus souvent le gendarme par la gauche. Notre premier coup d' œil est donc pour la paroi est. Nous la découvrons plaquée d' un revêtement de neige et de glace. D' en haut, cela semble vertical. Le vent seul a pu réussir ce crépissage, avec l' aide du soleil et du gel. Un oiseau ne trouverait pas où y crocher ses ongles.

Nous passons alors à l' inspection du flanc droit, en nous engageant dans une facile traversée; et soudain se découvre à nous tout entière l' arête que nous convoitons...

Autant l' œil est un organe intelligent et prompt, apte aux synthèses instantanées, autant la langue est embarrassée et lente, réduite aux plates enumerations. D' un seul coup, nous avons vu la tête noire du sommet, solidement campée à quatre ou cinq cents mètres; avec elle, une théorie de lourdes tours de granit et l' à profond qui tombe du gendarme dans la première brèche. Ce qui nous a frappés encore, c' est la sécheresse de la montagne, sur ce versant ouest et sur les crêtes. Le rocher nu et noir y couronne une terrible face de glace bleutée. Cela confirme ce que nous avons observé pendant ces huit jours: arêtes et parois sont, au nord et à l' ouest, dans des conditions estivales. Le Zmutt a failli nous retenir à Schönbühl, aussi parfait qu' à la fin de l' été. Par contre, les versants opposés sont garnis d' une neige épaisse.

Rapidement, nous avons fait nos plans. Nous pourrions tourner le gendarme par la droite, à la corde dans de mauvais rocher et dans de la glace, puis par une traversée délicate. Ce serait peu élégant. Si rappel il doit y avoir, que ce soit du sommet, en plein soleil et par le fil de l' arête. Mieux encore, tâchons de descendre en escalade libre.

Quelques mètres sous le point culminant, une terrasse permet un bon assurage. Je pars en reconnaissance. Tout de suite, cela se révèle vertigineux à l' extrême. Il y a de bonnes prises, mais c' est trop vertical et tranchant... du moins au début d' une saison. Même assuré par la corde, je suis impressionné: si je lâchais prise, j' irais frétiller dans les airs comme un poisson au bout d' une canne. Quinze mètres s' écoulent, puis vingt du filin qui me frotte tantôt le nez, tantôt les oreilles, avant que l' arête présente une protubérance où je puis m' asseoir, jambe de-ci, jambe delà, le front au rocher. Pierre devra me rejoindre en rappelant. La varappe serait trop risquée.

Je me décorde pour faciliter ses manœuvres et demeure seul sur mon perchoir. Or, malgré mon attente, rien ne se passe là-haut. Je cherche à communiquer par l' intermédiaire d' un écho et finis par comprendre que mon compagnon s' occupe à débrouiller la corde, enchevêtrée comme cela n' arrive qu' une fois dans une vie. J' attendrai vingt bonnes minutes. La fureur de Pierre contre son écheveau est telle que je l' entends s' exhaler malgré la distance, la brise qui souffle et un grand quadrimoteur, blanc comme une colombe, qui ronronne sur nos têtes en cinglant vers l' Italie. Je tente de descendre un peu pour changer de position, mais un surplomb m' arrête, et je recommence ma longue faction jusqu' au moment où la corde se développe en sifflant dans le ciel. Le postérieur de Pierre paraît alors et croît à mon zénith. Impressionnant rappel: la longueur de la corde, l' élancement du gendarme en font un genre de pas-volant dont je corrige un peu les effets pour mon camarade en l' amenant à moi.

La corde obéissante nous tombe dans les bras. Un second rappel d' une dizaine de mètres nous dépose bientôt dans la brèche confortable.

Avant de nous engager sur l' arête, nous considérons les possibilités d' un retour. La remontée du gendarme doit être un morceau de choix. Les premiers mètres sont sans doute les plus durs. En tout cas, je n' ai pas osé les descendre sans rappel. Il semble encore possible de tourner tout l' édifice par l' ouest; mais d' ici comme d' en haut, cela paraît d' un genre frisquet et délabré qui gâterait une course parfaitement belle.

Et maintenant, en route pour le sommet...

... Le parcours de l' arête, ce fut, comme nous l' avions espéré, une de nos jolies courses et notre plus belle traversée hivernale. La comparaison s' impose avec la deuxième partie de l' arête nord du Weissmies. Même allure générale; même granit noir compact, sobre de lignes; même difficulté moyenne permettant une allure rapide, rythmée comme une danse. Peu de neige, et ferme, sûre sous les vibrams à l' égale du rocher. Nous ne manquons ni une aiguille ni un ressaut. C' est trop beau, trop amusant aussi, et nous gamba- dons comme des écoliers en liberté. Gambader? Mais oui, c' est le mot. Seulement, il s' agit de mouvements à l' échelle et au rythme d' un corps géant dont, pour une heure, nous nous sentons doués. La montagne nous soulève et nous berce avec l' ampleur des vagues, nous porte vers le sommet. Par bonds de dix, de vingt mètres, nous approchons de sa lourde tour, que défend un plan incliné de dalles. C' est trop peu pour absorber notre ardeur. Seule, une fissure-cheminée cherche à nous retenir par la patte, et il faut secouer en riant son étreinte avant d' émerger, un peu haletant, sur le vaste sommet...

Nous y fîmes une longue halte, en bras de chemise et nu-pieds, sous un foulard tendu en parasol. Calme, paix, solitude. Un air léger, caressant, l' haleine vivante de la montagne. Nous causions amicalement, sans troubler le vaste silence. Nos regards allaient de pointe en pointe, en reconnaissance parmi les cimes que, presque toutes, nous avions visitées à ski durant deux saisons. Nous nous sentions renouvelés par ces huit jours de vie demi-aérienne, sereins à l' égal de ce monde blanc et bleu, et en même temps piaffants comme des chevaux bien avoines...

La descente fut un plaisir nonchalant, par un chemin d' été dégagé de neige, dont le rocher vibrait de chaleur. Gaiement le piolet de mon ami sauta de sa main, donna du bec sur un caillou et bondit dans l' espace en chantant comme un diapason. Ce fut une amusante diversion d' aller le cueillir par un pendule au milieu de la plaque de glace où il avait choisi de se suspendre à un seul caillou...

Quelques vieilles marches dans la glace bleue nous conduisirent à l' épaule de Zermatt. Le soleil et le gel en avaient fait des savonnières où mes paumes durent remplacer mes inutiles vibrams, tandis que Pierre, bien clouté, tenait à la ligne, en le taquinant, son maladroit goujon. Nous jetâmes un dernier coup d' œil à notre chemin de descente: deux ans plus tôt, nous y avions peiné dans la neige profonde. Aujourd'hui, ce n' était plus qu' un lourd édifice de rocher sombre dont quelques langues de glace léchaient le pied. Notre traversée s' était faite comme en plein mois d' août. Il fallait un effort d' ima pour se figurer qu' on était en avril seulementl.

Le retour à nos skis se chargea de nous le rappeler. Des étendues de neige poudreuse nous attendaient. Nous nous y jetâmes à grandes foulées, dans la ligne de la plus forte pente. Situation bouffonne! Pour la première fois depuis une semaine nous avions une neige à ski parfaite, et nous étions réduits à la massacrer sous nos lourds souliers qui s' en remplissaient comme des pluviomètres. Ceux de mon ami, du moins. J' ouvrais la piste, guêtre et pantalonné. Dans mon sillage, Pierre bondissait et plongeait comme un marsouin, baignant ses longues jambes qu' il s' obstine à garder nues sur toute la distance qui sépare ses très courtes chaussettes de sa très courte culotte. C' était à moi de rire, à présent.

1 Cette traversée est possible dans des conditions plus hivernales. Le rappel du grand gendarme est une solution toujours valable. Plus loin, le verglas n' est à craindre que dans la cheminée du sommet. C' est là qu' une caravane amie serait utile pour un jet de corde... après avoir transporté les skis!

Nous traversons d' un bon pas le premier bassin en laissant une ornière qui fait peine à voir dans le névé étincelant. La côte issue du grand gendarme est facile à franchir. Il y a deux ans, elle s' ornait d' un rognon de séracs aujourd'hui disparus. Le second bassin est un réflecteur aveuglant qui condense les rayons solaires. Le foyer de cette réverbération paraît se déplacer avec nous... Sur mes talons, Pierre prétend que tout le travail lui reste à faire. J' enfonce de trente centimètres à peine: il assure qu' il en fait encore deux fois autant. Avec lui, ces traversées de « patauges » m' ont toujours paru supportables, même brèves, presque insignifiantes. Notre bonheur est fait de ce qui nous met en moins mauvaise posture que les autres...

Un raidillon où la couche en fusion se dérobe vingt fois sous le pied nous laisse enfin grimper sur le dernier plateau qui nous ramènera au Col de l' Allalin. Cela a marché rondement jusqu' ici.

Nous retrouvons au pied du cône neigeux de l' avant les soufflures de neige collées sur la glace. Je choisis maintenant, pour cheminer, la neige, où mes vibrams dérapent moins, et je mène bon train. Brusquement la sucrerie s' effondre et j' éperonne des deux talons le vide d' une cave qui me paraît prodigieusement vaste. La corde tendue m' empêche d' y aller voir de l' œil, et d' un coup de rein je reviens à la surface. Il est bon de rapprendre périodiquement qu' un glacier n' est pas une plaisanterie. Trop de gens s' effrayent d' une pente innocente, mais se confient en aveugles à des étendues à l' air bonasse. Deux fois encore, sur quelque cent mètres, je plonge de la même manière. Et pourtant rien, dans cette surface travaillée par le vent, ne trahit la présence de crevasses. Toute cette région en est fertile et la corde n' y est pas un vain ornement.

Le trajet de l' épaule ouest au Col de l' Allalin nous a pris une heure et quart. Valait-il la peine d' échafauder dix projets pour cette traversée? La nécessité nous a fait adopter le plan le plus simple et le meilleur. Mais le skieur est un paresseux. Une trotte un peu longue dans la neige l' effraye, alors qu' elle faisait la joie de nos grands-pères. On dira qu' il est absurde de faire du ski de printemps en laissant ses lattes au pied d' une montagne à une heure et demie de la cabane. Mais ce qui importe, n' est pas la beauté d' une ascension? Que le ski aille où le pied ne peut, les crampons où le ski renonce, puis les pieds et les mains, la corde et le piolet, les pitons même, chacun à leur tour et quand il le faut. Prenons ce que la montagne nous offre de plus beau et de meilleur, en payant le prix qu' elle demande. C' est nous, près de dix fois sur dix, qui resterons débiteurs...

Nous nous répétons ces sages pensées, le même soir, à la cabane, autour d' un pot de thé. Ce huitième jour, c' a été le point culminant de notre traversée. Demain, nous descendrons en plaine comblés: deux hommes heureux.

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