Trisul, Garhwal (Expédition télémark au-) | Club Alpin Suisse CAS
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Trisul, Garhwal (Expédition télémark au-)

Bien que les skieurs-alpinistes n' aient finalement pas été autorisés à parcourir la face nord qu' ils convoitaient, cet article illustre la diversité actuelle des approches possibles de la montagne, y compris dans les hautes chaînes himalayennes. Il s' agit ici de ski de télémark sur l' un des géants de l' Hi indien, le Trisul ( 7120 m ).

Faux espoirs « Le gouvernement indien a donné le feu vert à votre expédition !» Après des mois de démarches, c' est avec bonheur que j' étais réveillé un dimanche matin par ce téléphone de Delhi. Nous avions prévu de tenter l' ascension, puis la descente en télémark, du versant nord du Trisul ( 7120 m ), dans l' Himalaya du Garhwal. L' itinéraire d' approche de cette face glaciaire, qui a été skiée à plusieurs reprises, remonte la vallée de la Rishi Ganga et s' approche ainsi du Sanctuaire de la Nanda Devi, fermé à toute incursion étrangère depuis quinze ans. Argumentant que notre ascension, en théorie, ne pénétrait pas dans le Sanctuaire, nous étions, contre toute attente, la première ex- Souvent les bharals ( moutons bleus de l' Himalaya ) viennent brouter le matin autour des tentes voir le sommet, une première barrière rocheuse de plus de 1000 m de haut nous en bloque la vue. Après quelques jours d' acclimatation et de préparation du matériel, nous faisons une première montée en direction d' un col à l' est du Nanda Ghunti, un très beau sommet de 6309 m. Nous avons un petit espoir de trouver un passage qui nous permettrait de contourner le versant ouest et d' accé ainsi au versant nord. Après quelques heures de montée sous un soleil de plomb, nos dernières illusions s' ef quand nous arrivons à ce col. Le regard s' arrête sur des pentes et des parois vertigineuses formant un cirque, certes magnifique, mais qui n' en reste pas moins infranchissable. Le sommet du Trisul, maintenant visible, est superbe et domine une face de 1500 m, inclinée à 55°-60°.

L' arête sud-ouest demeure notre seule voie éventuelle et d' où nous sommes elle ne paraît pas irréalisable. Nous avons pourtant appris à nous méfier des dimensions himalayennes et juger les difficultés réelles est très a.

Le camp de base est magnifiquement situé à 4150 m au pied du Nanda Ghunti ( 6309 m ) Pour l' alpiniste, le skieur et le randonneur

Devant le Nanda Ghunti ( 6309 m ), deux skieurs repartent vers le camp de base difficile. Nous repérons l' endroit idéal pour notre premier camp, mais la chaleur devenant menaçante, nous décidons de revenir sur nos traces et laissons un dépôt de matériel au pied d' un petit couloir, plus proche de notre camp de base et arrivant directement au camp. Nous faisons enfin nos premières traces dans une neige transformée et quelques minutes plus tard nous descendons en virages courts la splendide pente faisant face au camp de base, sous les yeux émerveillés de Jyogi, notre officier de liaison.

Le couloir du Léopard des neiges Quelques jours plus tard, nous remontons vers minuit avec les tentes et prenons le matériel laissé au passage. Le camp I est établi en bordure d' un magnifique et immense plateau glaciaire qui coupe le versant ouest en deux. Alors que Mick arrange un peu le camp, je pars avec les autres pour repérer un autre couloir qui semble être la meilleure voie entre le camp de base et le camp I. Au sommet nous découvrons dans la neige les traces toutes fraîches d' un léopard des neiges que nous avons dû déranger. Pendant que John et Ace installent une main courante pour descendre dans le couloir, je remonte un peu sur la crête qui domine le camp de base de 1000 mètres et essaie de suivre les traces aux jumelles. Mais elles se perdent dans des rochers et si nous ne pouvons pas le voir, je suis persuadé que le léopard nous a vus et nous observe de sa cachette. Nous décidons de baptiser ce couloir le « Snow Leopard couloir » et John, Bob et Ace le descendent pour retourner au CB en quelques instants alors qu' il nous a fallu 5 heures à la montée. Mick et moi restons pour une première journée au camp I. A 9 heures il fait déjà très chaud et je prépare de la soupe et du thé. La réverbération est si intense que nous nous réfugions dans les tentes mais même à l' intérieur nous gardons les lunettes de glacier.

Vers 3 heures de l' après, il commence à neiger. Depuis que nous sommes là, nous avons un temps magnifique le matin puis les nuages arrivent systématiquement en début d' après et il neige invariablement jusque dans la soirée. Certains jours nous subissons même des orages et des vents d' une violence effrayante au camp I. En quelques minutes, nous passons du four solaire à la tempête glaciale et c' est sous la tente que nous passons la plus grande partie de ces journées au camp.

Un sommet inaccessible Après une autre descente par le couloir du Léopard pour aller rechercher du matériel au camp de base et remonter, nous nous trouvons prêts à traverser le plateau glaciaire pour aller installer le camp II au pied de l' arête sud-ouest. Encore une fois nous quittons le camp I de nuit afin d' éviter la chaleur insupportable du matin et par une montée progressive et facile, nous longeons tout le pied de la face ouest, imposante au-dessus de nous. L' emplacement du camp Mick s' engage dans le « Snow Leopard couloir »; au loin, au pied de l' arête, l' emplacement du camp II deux est idéalement situé sur un replat à un peu plus de 5750 m. Plus nous nous rapprochions, plus le pessimisme entrait en moi, et alors que nous savourons le spectacle et le panorama sous les premiers rayons du soleil, nous découvrons en même temps l' arête... qui s' avère impossible à gravir. Le petit espoir que nous avions de l' escalader en technique alpine s' efface rapidement devant ces 1400 m de glace bleue et de rochers beaucoup plus raides qu' ils ne le paraissaient depuis le premier camp. Nous sommes équipés de matériel de ski-alpinisme de télémark et sans de vraies chaussures rigides, avec peu de vis à glace et des piolets classiques, il est tout à fait impensable d' envisager le sommet. Ace s' exclame: « Hé, c' est magnifique ici, mais nous sommes du mauvais côté de la montagne !» Voilà qui résumait parfaitement notre situation. N' ayant point été autorisés à gravir le versant nord, nous avions fait le maximum possible sur le versant sud-ouest. Peu d' expé étaient venues là auparavant, nous avons pu explorer ce versant du Trisul de long en large et nous avons quand même établi un record en télémark sur cette superbe montagne. Geoff avait très vraisemblablement donné les plus hautes leçons de télémark à Jyogi, l' officier de liaison!

Cette expédition au Trisul a eu lieu du 10 mai au 10 juin 1997 et l' équipe était composée de John Falkiner, Ace Kvale, Ian Reid, Bob Mazarei, Geoff Dyke, Mick Wheeler et Nicolas Jaques.

Nicolas Jaques, Verbier VS

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Nicolas dans la descente du couloir; en arrière-plan, la cascade de glace et le sommet du Trisul

Patrouille des Glaciers 1998

La 8e édition de la fameuse course débutera le jeudi 30 avril 1998. Comme en 1996, deux courses seront organisées pour la catégorie B et une seule pour la catégorie A.

Les inscriptions sont prises cette année plus tôt que pour les précédentes éditions, soit dès le 3 novembre et jusqu' au 15 décembre 1997. Quant au nouveau règlement de la course, il est d' ores et déjà disponible, en quatre langues: français, allemand, italien, anglais.

Pour toute information, inscription et commande: Cmdt dw mont 10, rue du Catogne 7, 1890 Saint-Maurice VS, tél. 024/48692 65 ( jours ouvrables de 14 à 16 h ), fax 024/486 92 69.

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Pour l' alpiniste, le skieur et le randoneur

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