Compétition de ski-alpinisme au Pizol. Participer malgré la maladie | Club Alpin Suisse CAS
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Compétition de ski-alpinisme au Pizol. Participer malgré la maladie

Compétition de ski-alpinisme au Pizol

Si le ski-alpinisme rencontre un énorme succès comme sport de compétition, il connaît également de plus en plus d' adeptes auprès du grand public. Leo Thuli montre que, malgré sa sclérose en plaques, il est capable de pratiquer ce sport.

Lorsque je me prépare à rendre visite à Leo Thuli, j' ai quelque appréhension. Pourrais-je lui poser des questions sur sa maladie? En arrivant à Vilters, je fais la connaissance d' un homme plein de vitalité et de joie de vivre. Toutes mes craintes et tous mes doutes se dissipent en un clin d' œil. Un diagnostic atterrant Leo Thuli est né en 1944. Durant sa jeunesse, il pratique l' escalade et l' alpinisme avec beaucoup d' enthousiasme. Il y a quinze ans, il découvre le ski-alpinisme. « Je fais du sport le week-end ou s' il fait beau, car j' ai encore une autre activité accessoire très importante: je suis grand-père !» C' est avec beaucoup de fierté que Leo Thuli me montre les photos de sa petite-fille. En août 1997, il apprend qu' il souffre d' une sclérose en plaques, un diagnostic qui changera sa vie. Radicalement.

Le 7 février 2004 aura lieu le deuxième Pizol-Altiski. Leo Thuli a l' intention de participer de nouveau à cette course Malgré sa sclérose en plaques, Leo Thuli pratique le ski-alpi-nisme. On le voit ici s' adonner à son sport favori sur des montagnes non loin de chez lui, dans le pays de Sargans Pho to :m àd ./ ar chi ve s L ro Th uli Pho to :m àd ./ An dr ea s H ör ne r LES ALPES 1/2004

Première course Un mois après cette terrible nouvelle, Leo Thuli peut à peine gravir de petites collines. En avril 1998, son médecin essaie une nouvelle thérapie. Parallèlement, Léo Thuli change d' attitude à l' égard de sa maladie: « Je ne la considère plus comme mon ennemie, mais comme une nouvelle compagne. Elle me suit partout et j' essaie d' amadouer la rebelle. » Cette attitude ne l' a plus abandonné depuis et, en automne 2002, il se décide à participer au 1 er Pizol Altiski 2003, une compétition individuelle. C' est là sa première course. Au moment où il s' inscrit, il a un drôle de sentiment: « Est-ce que j' y arriverai ?»

Se préparer au défi En participant à cette course, Leo veut se prouver qu' il est capable de réussir malgré sa maladie. Dès les premières neiges, il gravit, comme de coutume, chaque week-end les montagnes situées à proximité de chez lui. Son entraînement se réduit à deux courses de deux heures par semaine. « Jamais je ne me déplacerais loin de chez moi pour mon entraînement. Je connais très bien le parcours de l' Altiski Pizol situé en majeure partie dans une région skiable, ce qui permet de ménager l' environnement. » Peu avant le départ, Léo a de nouveau des doutes quant à sa réussite. Il s' est inscrit dans la catégorie Fun. Le vainqueur dans cette catégorie est celui qui est le plus proche de la moyenne des temps de tous les participants.

Un bonheur sans pareil Lorsqu' il va chercher son dossard, Leo est accueilli chaleureusement par les organisateurs qui lui signalent qu' il est le participant le plus âgé. Au départ, il constate avec étonnement qu' il se trouve dans les premières rangées et ce n' est qu' à ce moment-là qu' il remarque qu' il n' y a pas de séparation entre les différentes catégories: les coureurs de pointe et les amateurs sont réunis. Pendant la course, Leo prend son temps, il s' arrête pour casser la croûte ou s' entretenir avec des spectateurs. « Lorsque j' ai vu qu' il y avait des participants affublés de costumes et d' équipements d' époques révolues, je me suis rendu compte qu' il ne s' agissait pas d' une compétition de pointe. Mais le fait de participer à une course est un phénomène indescriptible. » C' est par une coïncidence extraordinaire que Leo finira premier de la catégorie Fun. Finalement, le seul inconvénient, c' est qu' il n' avait pas assez de temps pour admirer la vue. Mais il compte se rattraper lors de la prochaine course.

2 e course de ski-alpinisme Pizol Altiski La compétition aura lieu le 7 février 2004 au Pizol, dans le Heidiland. Le départ est fixé à 9 h dans les catégories Elite, Fun et Juniors. Prix d' inscription: Fr. 4O.–; Fr. 3O.– pour les Juniors. Infor-mation/inscription auprès du Secrétariat Altiski, tél. 081 300 48 30, courriel info(at)altiski.ch, Internet www.cssa.ch et www.altiski.ch a

Nadja Schumacher, Maienfeld ( trad. ) Lors du premier Pizol Altiski en 2003 Pho to :m àd ./ An dr ea s H ör ne r LES ALPES 1/2004

n l' explorateur anglais George Back est le premier Blanc à se lancer dans la traversée de l' im toundra canadienne et de son labyrinthe de lacs et de rivières. Avec une embarcation en bois et huit hommes d' équipage seulement, il se propose d' atteindre l' océan glacial Arctique. Ses relevés et dessins des zones côtières se sont révélés par la suite d' une grande utilité aux découvreurs du passage du nord-ouest.. " " .Parvenu avec trois navires sur la Terre du Roi-Guillaume en 1847/48, Sir John William, le plus célèbre d' entre eux, disparaît de façon mystérieuse avec les cent trente-quatre membres de son expédition dans les environs de l' actuel port de Gjoa Haven. On suppose qu' ils ont désespérément tenté de rejoindre la Back River et l' intérieur du continent. Bien des années plus tard, on a découvert sur l' îlot de Chantrey des restes humains et les vestiges d' un canot à rames. C' est à cet endroit que Meini et moi désirons nous rendre avec un canoë et deux cent cinquante kilos de bagages. Entre la débâcle printanière et les tempêtes d' automne, nous dis-

E

T E X T E Daniel Kistler, Schlieren ZH

P H O T O S Meinrad Humm/Daniel Kistler

Voici ma « place de travail » pour les neuf semaines qui suivent. Devant moi mes bagages retenus par un filet. Dans les eaux vives ou par mauvais temps, je les protège par une couverture étanche Pho to s:

M ein rad Hu mm /Da niel Ki st le r En route pendant neuf semaines dans les territoires canadiens du nord-ouest, entre environ 96° et 114° de longitude et de 60° à 69° de latitude itinéraire

EN CANOË De Yellowknife à la Terre du Roi-Guillaume

DANS LA TOUNDRA CANADIENNE

posons de neuf semaines exactement pour réaliser notre projet.

Les humeurs du Grand Lac des Esclaves

Trois jours après notre départ deYellowknife,une violente tempête nous surprend sur le Grand Lac des Esclaves dont la superficie égale les deux tiers de celle de la Suisse. La hauteur des vagues nous contraint à regagner la rive et à séjourner plusieurs jours sur terre ferme. A la tombée tant attendue du vent, le brouillard lui succède, si épais que nous distinguons à peine la proue de notre embarcation. Nous n' avons parcouru que cent cinq kilomètres en cinq jours et il en reste mille huit cents jusqu' à notre but. Nous décidons d' allonger nos étapes quotidiennes de huit à douze heures pour parvenir sans délai à Sandhill Bay dans trois semaines au plus tard. Sinon, il faudra faire demi-tour!

Marches sans fin

Nous arrivons à l' autre extrémité du lac après une navigation de quatre cent dix-huit kilomètres, effectuée en quatorze jours. A cet endroit, nous quittons quelques

Après la montée de Pikes Porgage, nous traversons d' innombrables petits lacs, l' un plus beau que l' autre LES ALPES 1/2004

petits baraquements retirés de pêcheurs, derniers signes de la civilisation. Chargés de nos lourds sacs à dos, mais remplis de joie à l' idée de nous dégourdir enfin les jambes, nous attaquons la montée de Pikes Portage à travers un paysage marécageux. Mais notre bonheur ne dure guère car, à la quatrième et dernière grimpée, nous sommes assaillis par des essaims de mouches noires. Nous trim-ballons les derniers colis de nos deux cent cinquante kilos de matériel sur les cinq kilomètres de cette pente puis dressons notre camp sur les rives d' un nouveau lac. Les quatre jours suivants s' écoulent de façon presque identique: quelques heures en pagaie jusqu' à l' autre extrémité d' un plan d' eau déchargement et transport de toutes nos affaires au bord du lac suivant,où le même scénario se répète. Sur terre, les seuls repères sont les « inukshuk », sortes de cairns typiques, construits par les Esquimaux. Au long des quatre-vingts kilomètres de l' Artillery Lake, le paysage change d' aspect, car nous franchissons la limite méridionale des immenses plaines de la toundra canadienne, région au climat rigoureux qui s' étend au-delà de la limite des arbres. Cailloux, buissons courts et rabougris, vertes prairies et nappes d' eau à perte de vue deviennent nos seules distractions.

Les caribous sont d' excellents nageurs. Ce sont également les seuls membres de la famille des cervidés dont la femelle est pourvue de bois. Souvent, nous les rencontrons dans l' eau froide Un étroit chemin nous amène au bord d' un petit lac situé au-dessus du Grand Lac des Esclaves Les troupeaux de caribous se dirigent vers le sud, car les nuits deviennent de plus en plus fraîches: quelquefois déjà, la température a atteint la limite du O° C Pho to s:

M ein rad Hu mm /Da niel Ki st le r LES ALPES 1/2004

Loups en chasse

Depuis notre départ du Grand Lac des Esclaves, nous avons aperçu toutes sortes d' animaux, dont des élans et des loups. Même les traces d' ours ne sont pas rares. Un jour, pendant la pause de midi, nous sommes témoins d' une partie de chasse mouvementée.. " " .Juste à côté de notre camp, un élan débouche des buissons et s' enfuit à grand galop tout droit dans le lac.. " " .Dix mètres derrière lui à peine, deux loups adultes le talonnent et ne décèlent notre présence que lorsque le premier a pénétré dans l' eau. Per-plexes et effrayés face à cette situation inattendue,ils se détournent de leur proie et se retirent, hésitants et déçus! A distance respectueuse, ils nous dévisagent longuement avant de disparaître soudain dans les profondeurs de la toundra.

Un millier de rennes pour compagnie

Au bout de quatre semaines,nous atteignons Sandhill Bay avec un jour d' avance sur le programme. La joie que nous en éprouvons est brève,car nous ne découvrons qu' un désert de cailloux à la place des eaux bondissantes de la rivière. La clémence de l' hiver précédent en est la cause, car la neige a fondu plus tôt que d' habitude. Nous décidons de suivre le lit asséché du cours d' eau avec tout notre chargement et de n' utiliser le canoë que pour franchir les quelques grandes mares encore présentes. Nos pas nous

Souvent nous essayons de monter notre appareil-photo de sorte que nous puissions faire une prise de vue nous montrant tous les deux en train de descendre les rapides. Une seule fois, nous réussirons à prendre la photo au bon moment L' émissaire du lac Beechy se révèle impraticable à la navigation, d' autant plus que notre canoë est long et lourd. Nous devons donc nous résoudre à le porter Il est rare que le Grand Lac des Esclaves soit si calme A de nombreux endroits, la Back River ne coule que très lentement. Pour avancer, nous sommes obligés de ramer LES ALPES 1/2004

conduisent tout droit dans un immense troupeau de rennes que nous dépassons avec notre embarcation sur les épaules. Ces ruminants semblent nous considérer d' un œil ahuri comme si nous débarquions d' une autre planète! A quelle saison cette rivière charrie-t-elle suffisamment d' eau? Cette question nous préoccupe pendant les cinq heures de traversée du lac Muskox. Son niveau est si bas que nous sommes réduits à tirer notre bateau à vide sur ses eaux glacées et profondes de quelques décimètres seulement. Toutefois, cet exercice se révèle moins fatigant que le portage, et notre progression s' accélère d' autant.

Rapides et navigation à voile

Le temps est devenu nettement plus instable et frais. Les longues journées de vingt heures et davantage de clarté polaire sont définitivement derrière nous. En revanche et à notre grand réconfort, la navigation a repris au long de très nombreux petits rapides,nous conduisant aux chutes de Mally, section courte et accidentée de la rivière, encombrée de gros blocs de rochers engendrant des ondes stationnaires importantes.

Le lac Beechy nous réserve une surprise toute particulière; pour la première fois de notre voyage, nous avons le vent dans le dos et pouvons enfin tester une pièce de toile bricolée auparavant, transformant ainsi notre canot en bateau à voile! En huit heures exactement, nous avalons les cinquante kilomètres de longueur de ce lac. Mais son émissaire se révèle impraticable à la navigation car, semblable à un torrent de montagne, il se fraie à travers un verrou rocheux un chemin constellé de nombreuses cascades.

Notre itinéraire se poursuit à travers un paysage aux dimensions infinies, orné de bancs de sable d' un blanc magnifique, de nappes d' eau cristalline, de pâturages d' un vert éclatant, d' une grande variété de roches et de

Le départ: devant nous, un fleuve de 240 km et d' innom rapides Au milieu de la toundra, nous découvrons de belles berges de sable Avant d' atteindre le lac Pelly, le fleuve se perd dans un delta de sable. Notre progression est ralentie par les bancs de sable Pho to s: M ein rad Hu mm /Da niel Ki st le r LES ALPES 1/2004

gorges étroites. Cygnes, lagopèdes, aigles, hérons, oies sauvages, plongeons et hirondelles arctiques séjournent ici chez eux.

Rencontres inattendues

En explorant les environs, je surprends un bœuf musqué en train de brouter. Sans bruit, je m' approche de lui qu' à cinq mètres seulement, pour le photographier. Sentant ma présence, il me regarde intensément avant de se préparer à une brusque attaque. Il fonce soudain sur moi, tête baissée. Ce n' est pas le moment de paniquer! Rester calme, ne montrer aucun signe d' effroi, se cabrer comme un ours et bondir de côté au dernier moment, telles sont les consignes. Le colosse stoppe son attaque à un mètre de moi en labourant le sol sablonneux de ses sabots antérieurs. Je n' entends plus que son halètement et les battements saccadés de mon cœur. Avec précaution, je sors mon pistolet lance-fusées et tire un pétard en l' air. Inter-dit, le taureau ne réagit pas, puis détale soudain au triple galop.

Un mois plus tard, nous atteignons le lac Pelly, premier de plusieurs vastes plans d' eau formant un labyrinthe long de deux cent vingt kilomètres. Nous mettons le cap sur une île sise au milieu du lac. En cet endroit retiré, nous rencontrons à notre grand étonnement Robert Perkins, qui s' est fait déposer au bord du lac Muskox quatre semaines auparavant et a pagayé jusqu' ici en solitaire dans son canoë.. " " .Il attend patiemment l' arrivée de l' hydravion qui doit le ramener en pays civilisé. Lors de notre conversation,il s' avère qu' il est un auteur très connu au Canada. Spécialiste de la toundra et de son histoire, il aime puiser son inspiration et écrire dans des endroits aussi reculés que celui-ci. Il est aussi surpris que nous de rencontrer des êtres humains si loin dans le Grand Nord. Car la plupart des personnes au courant de notre projet pensent que l' assèchement de la rivière nous a depuis longtemps contraints à renoncer.

Une étendue qui semble infinie!

Nous nous nourrissons de poisson presque quotidiennement LES ALPES 1/2004

Drame dans la tempête

Après une agréable soirée en compagnie de l' écrivain, nous quittons l' île. Plus tard, nous essuyons une violente tempête, soulevant des vagues de près de deux mètres dans un détroit d' un kilomètre de large environ. Aucun demi-tour n' est possible, car tout changement de direction du canot entraînerait son chavirage immédiat. Au gouvernail, j' ai besoin de toutes mes forces pour conserver le cap, pendant que Meini rame afin de maintenir l' embarcation à la surface de l' eau. Le vent nous pousse tout droit au milieu du lac et nous ne voyons plus les rives. La crainte s' installe en nous. Qu' adviendrait de nous si les éléments nous emportaient plus au large encore ou si le bateau coulait? Notre canoë ne reste stable que parce que nous le pilotons à travers les hautes et longues vagues, à quarante-cinq degrés contre le vent, tel un bac se rapprochant du rivage, accroché à son câble. Au bout d' une heure de pénible navigation et grâce à une bâche bien im-perméabilisée, nous parvenons enfin sur terre ferme complètement épuisés, pour nous abriter aussitôt derrière des rochers, car la tempête se renforce.

Aventureuse excursion à la Terre du Roi-Guillaume

Avec une journée d' avance sur notre programme, nous atteignons les baraquements tombés en ruine d' une infir-merie jadis construite sur une île au milieu de l' embou du fleuve. Deux cents kilomètres de pleine mer nous restent à parcourir jusqu' à Gjoa Haven, mais cette traversée est impossible à bord de notre canoë. Cinq jours plus tard arrive enfin un modeste bateau en aluminium, équipé de deux moteurs de quarante chevaux et piloté par trois Inuits. Ces Esquimaux de petite stature ont pour mission de nous transporter à la Terre du Roi-Guillaume. Leur embarcation est supérieure d' une taille et demie à la nôtre. Notre esquif une fois embarqué et solidement arrimé, il ne restera que peu de place à bord.

A la nuit tombante, les indigènes dressent notre camp sur l' île. C' est une tente de lin, sans toile de fond, rappelant celles de la ruée vers l' or.. " " .A notre épouvante, les Inuits

Grand Lac des Esclaves: avant la montée de Pikes Portage Lever du soleil. Grand Lac des Esclaves, 4 heures du matin LES ALPES 1/2004

surchauffent dangereusement notre étroit refuge avec le réchaud à gaz. Manquant de nourriture, nous partons en pleine obscurité à la chasse au caribou. Sans trop s' éloigner du camp, les Esquimaux débusquent et abattent un animal qu' ils s' empressent de vider et de dépecer. Rien ne sera perdu, ni les yeux, ni les oreilles!

Le lendemain, nous atteignons le Rasmussen Basin qui débouche sur la haute mer. Après dix minutes de navigation déjà, nous rebroussons chemin, car les vagues tapent méchamment contre le bateau et l' un des deux moteurs tombe en panne. Il nous faut rejoindre notre tente surchauffée et attendre une mer plus calme.

Au petit matin du jour suivant, les flots se sont assagis. Nous tentons pour la seconde fois de parvenir à Ogle Point par un froid mordant.. " " .A mi-parcours, l' un des deux moteurs s' arrête à nouveau. Nous constatons une fuite d' essence et, par radio, appelons à l' aide Gjoa Haven, localité de neuf cents habitants. Trempés de la tête aux pieds, nous nous rapprochons de la rive avec un seul moteur et des vagues de plus en plus grosses. La rive est enfin en vue,mais le second moteur peut nous lâcher à tout moment. Nous débarquons finalement à Ogle Point avec la dernière goutte de carburant. Huit heures après, le précieux liquide nous arrive, nous permettant d' atteindre enfin Gjoa Haven, terme de notre expédition.

Roald Amundsen, qui fut le premier Européen à franchir le passage du nord-ouest reliant l' Atlantique à la mer de Beaufort, a hiverné par deux fois dans ce petit port naturel et lui a donné le nom de son navire. Les Inuits surnomment cet endroit « Uqsugtuq », ce qui se traduit par « graisse de baleine en grande quantité ». Pour ce peuple de chasseurs qui parcourt la toundra sans relâche, toute propriété personnelle est considérée comme une charge rendant la vie difficile. Ils ne trouvent aucune joie dans les biens matériels, mais affectionnent au contraire l' entière liberté de leurs mouvements et la perception par tous leurs sens de la nature souveraine. Elle les fascine et leur dispense le renouvellement de leurs forces. Après neuf semaines passées dans ces sauvages contrées, nous comprenons mieux leur mentalité, sans pour autant renier les aspects positifs de notre civilisation. a

Traduit de l' allemand par Cyril Aubert

Le réchaud à gaz remplacera bientôt notre feu de camp. En effet, en raison du climat rigoureux de la toundra, les arbres sont extrêmement rares Pho to s:

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