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De l'art aux endroits où on ne l'attend pas Vingt-quatrième exposition d'art du CAS

L' exposition d' art 2009 sera visible dans cinq cabanes du CAS, et l'on en attend une visibilité dépassant largement le cadre du CAS. Pour la plupart des personnes concernées, c' est une expérience originale. Un regard dans les coulisses permet de mettre en lumière quelques aspects de la préparation et de ce qui attend les visiteurs.

Le CAS entraîne l' art dans les montagnes

Reto Rigassi est l' un des dix-sept artistes que le CAS a invités à participer à l' expo d' art 2009, qui se tiendra cet été dans cinq cabanes du club. C' est un projet très ambitieux, inscrit dans la ligne des 23 expositions d' art organisées par le CAS au cours des 76 dernières années pour satisfaire à l' exigence de promotion de la culture figurant dans ses statuts. Cette fois, les membres de la commission de la Culture ont osé s' affranchir des traditions pour « mettre au vert » l' exposi, en donnant à quelques cabanes du CAS le rôle d' exposants temporaires d' œuvres artistiques contemporaines. L' art se trouve ainsi débarrassé du cadre étroit du musée pour montrer si et comment il peut s' affirmer dans un environnement alpin. D' autre part, l' art contemporain est un domaine étranger à beaucoup de membres du club, ce qui éveillera des réactions contrastées d' ac voire d' approbation.

C' est avec cette idée que le CAS a pris contact avec la Société suisse des beaux-arts ( SSBA ), laquelle a donné son appui et proposé Andreas Fiedler pour la tâche de commissaire.

Interventions subtiles

Andreas Fiedler, expert rompu à l' orga d' expositions, particulièrement celles consacrées à l' art contemporain, est la figure centrale de cette manifestation décentralisée ( Les Alpes, 1/2009 ). C' est à lui qu' on en doit la conception et la mise en œuvre à travers la coordination au sein du CAS. L' une de ses tâches principales, selon ses propres déclarations, a été le choix des artistes car un tel projet n' autorise pas toutes les démarches, ni n' importe quel travail. « Dans cette optique, le terme d' exposition me semble inadéquat », dit-il. Sa grande expérience des représentations artistiques dans l' espace public le porte à parler plutôt d' interventions. Les travaux sont peu nombreux, mais conçus en fonction de la situation et doivent « constituer une subtile incitation à la réflexion et ouvrir au visiteur un vaste champ d' associa et d' interprétations ». La mise en scène se veut modeste, certaines interventions ne se découvrant pas au premier regard. Les objets ne doivent pas modifier l' ambiance de la cabane, afin de ménager les personnes ne goûtant pas A la recherche du panorama: Arno Hassler en chemin dans la région de l' Albula avec sa caméra panoramique.

Des masques éloquents, des drapeaux surprenants

Plusieurs des artistes se sont trouvés devant une situation inédite quant au contenu et à la logistique du projet à réaliser: un terrain inconnu où même des artistes montagnards ont dû pour la première fois se poser la question de l' effet des productions artistiques à 2000 mètres d' altitude. Lesquelles allaient produire de l' effet ou s' avérer insignifiantes? On ne peut pas comparer la présentation d' une œuvre dans un local éclairé et silencieux à son installation dans une nature changeante, parfois à proximité immédiate d' une terrasse bruyante, ou dans un local mal éclairé et déjà entièrement aménagé. Ce n' est pas non plus la même chose de s' adresser à un public d' ama venus à dessein, ou aux visiteurs d' une cabane n' ayant aucune attente de sollicitation artistique autre que celle de l' environnement naturel.

Les artistes vont s' adapter de manière très individuelle à ce cadre inhabituel Vue sur les Alpes. Les artistes Monica Studer et Christoph van den Berg interpellent le spec- tateur avec leurs photos numériques. Ici la photo Bergstation 2, 2008, impression à jet d' encre, 120 x 270 cm.

Photo :S tuderv an den Ber g, Bâle, et cour tesy Nicolas Krupp, Bâle Elaboration d' une œuvre d' art: Reto Rigassi ôte la rame de papier du support rocheux où demeure le négatif. Photo: Mar co V olken d' exposition. Geneviève Favre Petroff, de Romanel-sur-Lausanne, a choisi de présenter cinq masques posés sur un socle et livrant au spectateur des enregistrements de sa propre voix. Les Zurichois Peter Fischli et David Weiss ont installé un rayonnage portant des livres dont le rapport au monde de la montagne soulève des questions auxquelles ils répondent aussi. La Vaudoise Ariane Epars a créé un nouveau sceau que l'on trouvera dans les cinq cabanes et que l'on pourra utiliser. Le Schaffhousois Yves Netzhammer amène partout le drapeau, qu' il remplace par des bannières de son cru. Ces deux dernières interventions remettent visuellement en question des habitudes, ce que fait aussi Arno Hassler avec ses photographies de grand format rappelant des panoramas alpins mais dont une subtile altération égare la perspicacité du spectateur.

Du travail aussi pour les gardien(ne)s

Les gardien(ne)s des cinq cabanes ont dû aussi faire preuve d' ouverture d' esprit et de flexibilité, devant garantir l' exploita ordinaire et répondre aux exigences et questions des artistes, trouver des solutions aux problèmes qui peuvent se poser dans la mise en place des œuvres: placer ici un rayonnage, là un éclairage, libérer une ou plusieurs parois du réfectoire, trouver les possibilités de raccordement électrique, de transport, renseigner sur les vents, les possibilités de faire des trous, la largeur de la porte d' entrée, l' époque de disparition de la couverture neigeuse. Il a fallu une disponibilité à laquelle ils n' étaient pas préparés. Durant l' exposition, ils ( elles ) devront assurer les tâches courantes et s' occuper aussi des visiteurs attirés par les présentations. Pour leur éviter d' avoir à servir de guides et conférenciers d' ex, le CAS a édité des fiches d' in sur les œuvres présentées. Elles seront mises à disposition dans les cabanes. De plus, il est prévu de publier aux Editions du CAS, à fin juillet, un catalogue présentant toutes les interventions ( donc aussi celles que le lecteur n' aura pas vues lui-même ) ainsi que les principales informations sur les cinq cabanes, leurs accès et les possibilités d' excursions qu' elles offrent.

La 24 e exposition d' art du CAS, qui n' en est pas vraiment une, a pour but de stimuler la réflexion en nous confrontant à des œuvres marquantes de l' art contemporain, qui remettent en question nos attentes et nos habitudes. Ces travaux alimenteront certainement des discussions enflammées sur les terrasses, dans les réfectoires ou sur les chemins. Et c' est le mieux que l'on puisse attendre de l' art contemporain. a Marco Volken, Zurich ( trad. ) Les interventions artistiques sont évidemment discutées préalablement à leur installation. L' artiste Arno Hassler est ici en discussion avec le gardien de la cabane Es-cha Josias Müller et le curateur Andreas Fiedler.

Présentations prévues des interventions artistiques

Toutes les interventions artistiques prévues sur les sites des cinq cabanes pourront être vues dès le début du mois de juillet. Les présentations officielles auront lieu aux dates suivantes: Etzlihütte di 14.6 Capanna Basodino sa 2O.6 Cabane du Mont Fort sa 4.7 Wildstrubelhütte sa 18.7 Cabane d' Es sa 25.7 On trouvera d' autres informations sur l' exposition sur www.sac-cas.ch. Le guide de randonnée à paraître aux Editions du CAS, But de randonnée: vue imprenable sur l' art, sera disponible dès août.

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