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Les variations périodiques des glaciers

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

Par Prof. Dr. F,A. Forel à Morges et Prof. Dr. L. Du Pasquier à Neuchâtel.

Seizième rapport. 1895. * )

LVI. Quelques mots de théorie générale sur les variations

des glaciers.

Dans l' avant de mon XVme rapport j' ai résumé les résultats obtenus jusqu' à présent dans l' ensemble de nos études sur les variations des glaciers et j' ai essayé de généraliser. J' ai constaté que, malgré des allures individuelles spéciales à chacun des glaciers, on pouvait cependant reconnaître des faits généraux, des faits d' ensemble dans les variations périodiques; que dans certaines époques du XIXe siècle nous avions une crue plus ou moins simultanée dans la majorité des glaciers ( 1818, 1855 ), qu' à d' autres dates la décrue était prédominante et même unanime ( grande phase de décrue de la seconde moitié du siècle ).

Dans un Discours d' introduction sur la question des variations glaciaires que j' ai présenté à la Commission internationale des glaciers 2 ), j' ai fait un pas de plus et j' ai tiré de nos observations du XIXe siècle l' indication d' une loi, loi encore mal marquée, peu certaine, qui demandera vérification ultérieure, plutôt tendance que loi; quoi qu' il en soit, je puis la formuler ainsi: „ La variation en crue commence individuellement pour les divers glaciers qui participent à une période, la variation en décrue est simultanée pour l' ensemble des glaciers. "

Que la variation en crue commence individuellement, non simultanément dans les divers glaciers, c' est ce que nous avons constaté dans le développement de la petite période de la fin du XIXe siècle que nous avons suivie pas à pas dans nos rapports successifs. Cette petite période qui ne s' est manifestée avec un peu de généralité que dans les glaciers du Mont-Blanc, qui n' a apparu que dans la petite moitié des glaciers du Valais, que dans un petit quart de ceux de Berne et pas du tout dans ceux des Grisons, n' a point commencé au même moment dans ces divers glaciers. Les Bossons en 1875, la Brenva en 1878, le Trient et Zigiorenove en 1879, Macugnaga, Fée supérieur et Fée inférieur, Grindelwald supérieur, Rosenlaui en 1880, Argentière, les Grands, les Petoudes 1884... jusqu' au glacier des Bois 1889, Allalin 1890, Arolla et Ferpècle 1892, pour ne parler que des glaciers dont les allures ont été constatées par nous avec assez de sécurité, sont entrés successivement en crue; et, comme je l' ai dit dans mon XIVme rapport, il semble que les premiers mis en crue ont été des glaciers courts ou à forte inclinaison, les derniers des glaciers longs et à faible pente.

Au contraire, la phase de décrue semble débuter avec plus d' ensemble; l' époque du maximum de beaucoup de glaciers est la même. C' est ainsi que beaucoup de glaciers qui ont montré une crue au milieu du XlXme siècle ont eu leur maximum en 1855; c' est la date généralement indiquée pour la fin de la crue ou le commencement de la décrue, spécialement dans les Alpes autrichiennes, et aussi pour bon nombre de glaciers des Alpes suisses ( Rhône, glaciers du Mont-Blanc, glaciers de Grindelwald ). C' est ainsi encore que bon nombre des glaciers qui ont eu leur période de fin du XIXme siècle, sont entrés en décrue en 1893 ( Bossons, Tour, Argentière, Fée inférieur ). Le plus instructif à cet égard est le glacier du Rhône, parce qu' il est le mieux observé. D' après les chiffres très précis que nous a fournis M. Held et que nous avons publiés dans notre dernier rapport, la décrue de ce glacier allait en se ralentissant; chaque année la superficie de la moraine profonde mise à nu en 365 jours par le front du glacier était moins forte que l' année précédente; tout indiquait que la crue allait se manifester, et effectivement en 1890, 1891, 1892 le front du glacier empiétait tantôt sur un point, tantôt sur l' autre, sur la ligne occupée l' année antérieure. Nous attendions la mise en crue du glacier, lorsque les années 1893, 1894 et 1895 ont montré une recrudescence dans la décrue, une décrue toujours plus forte. La superficie mise à nu par le glacier a été:

m de 1891-92 520 de 1892-93

de 1893-94 14,800 de 1894-95.... 8,230 Le glacier ne s' est pas mis en crue définitive; mais, après être devenu stationnaire à la fin de la longue décrue de 1857 à 1892, il a recommencé de plus belle en 1893 à décroître avec une nouvelle intensité. Constatons ici l' utilité précieuse des excellentes observations que notre Club et la Société helvétique des sciences naturelles ont fait exécuter au glacier du Rhône, grâce au concours dévoué et désintéressé des ingénieurs distingués du bureau topographique fédéral.

Début individuel de la phase de crue, début simultané de la phase de décrue, telle est la tendance que nous signalons ici. Je veux essayer de faire un pas de plus en avant et tenter de justifier théoriquement cette loi.

Si nous considérons les phénomènes opposés dont la résultante est la grandeur actuelle du glacier, à savoir l' alimentation qui nourrit le glacier, la liquéfaction qui le détruit, il est évident que tout ce qui fait prédominer l' alimentation tend à pousser le glacier en crue, tout ce qui fait prédominer la liquéfaction tend à amener la décrue. L' alimentation du glacier est due essentiellement à l' accumulation des neiges sur les hauts névés, dans ce qu' on a appelé à juste titre le réservoir du glacier; la liquéfaction due à la chaleur atmosphérique et solaire agit essentiellement dans les basses régions, près de l' extrémité terminale du courant de glaces.

L' alimentation, cause des crues, a lieu à l' extrémité supérieure, la liquéfaction, cause des décrues, a lieu à l' extrémité inférieure. Or la masse de la glace produite par l' alimentation en neige s' écoule lentement dans le voyage du fleuve glacé; la glace du névé, celle du moins qui n' aura pas été changée en eau par la fusion, arrive seulement après de nombreuses décades d' années à l' extrémité terminale. Le voyage du glacier est d' autant plus lent que le glacier est plus haut et plus incliné.

Donc, tandis que l' action efficace de la liquéfaction se fait sentir à l' extrémité terminale à une époque immédiatement rapprochée du moment d' observation des variations glaciaires, l' action efficace de l' alimentation ne se manifestera à cette même extrémité terminale qu' au bout d' un nombre considérable d' années, variable d' un glacier à l' autre suivant leur longueur ou leur pente.

Il en résulte que les deux facteurs opposés qui déterminent la longueur actuelle du glacier ont leur origine à des époques fort différentes dans le passé: le facteur liquéfaction dans l' année présente ou les années immédiatement précédentes, le facteur alimentation dans un passé très éloigné. Donc, la prédominance de chacun de ces facteurs se manifestera d' une manière différente: la prédominance du facteur liquéfaction amenant une décrue apparaîtra simultanément sur l' ensemble des extrémités terminales à la suite d' étés extraordinairement chauds; d' une autre part, le voyage du glacier étant de durée inégale, la prédominance du facteur alimentation, qui amène les crues, apparaîtra successivement chez les divers glaciers, lorsque l' excès des neiges tombées sur les hauts névés, dans une série d' années extraordinairement humides, sera arrivé par écoulement jusqu' à l' extrémité terminale. Le début de la décrue sera donc simultané chez un grand nombre de glaciers; le début de la phase de crue sera successif chez les divers glaciers et se manifestera d' abord chez les glaciers dont le cours est le plus rapide, soit par leur faible longueur, soit par leur forte inclinaison.. .'Nous croyons avoir observé, dans nos 15 années d' études sur les glaciers des Alpes suisses et dans la contemplation rétrospective des faits historiques du siècle qui s' achève, des faits qui correspondent assez bien à ces déductions. Mais, comme je l' ai souvent dit, dans des phénomènes d' aussi longue durée et d' aussi lentes allures, les observations sont difficiles et les généralisations hâtives sont téméraires. Aussi est-ce pour appeler la critique théorique et expérimentale sur ces essais de loi que je me hasarde à les formuler. Espérons qu' elles se vérifieront, car elles semblent logiques.

Est-ce à dire que la phase de décrue doive toujours et nécessairement commencer simultanément chez tous les glaciers? Ce serait le cas si la décrue était toujours causée par une liquéfaction d' intensité exceptionnelle, provoquée par un ou plusieurs étés successifs de grande chaleur. Mais il peut y avoir une autre raison déterminante de la fin de la phase de décrue; la décrue peut provenir d' une insuffisance d' alimen. Après une période neigeuse peut survenir une période sèche; après une série d' années pendant lesquelles le névé ayant augmenté d' épais, le glacier richement alimenté, en grand débit, en écoulement à grande vitesse, se sera allongé lorsque l' excès de glace sera arrivé à l' extrémité terminale, surviennent des années sèches, à alimentation insuffisante; les névés s' amaigrissent et s' affaissent, le débit du glacier diminue, sa vitesse d' écoulement se ralentit, et le glacier tend à se raccourcir. Dans ce cas, la décrue se manifeste à l' extrémité terminale par cessation de la crue, et de même que la crue s' était traduite par une poussée de la langue du glacier à des époques différentes suivant la longueur et la pente du glacier, de même aussi la décrue apparaît successivement sur les divers glaciers.

La décrue peut donc avoir deux causes: l' une positive, action excessive de la liquéfaction à l' extrémité terminale du glacier; l' autre négative, fin de la crue par insuffisance de l' alimentation des » névés; dans le premier cas apparition simultanée de la décrue chez tous les glaciers auparavant en crue à la suite d' un été chaud, dans le second cas apparition successive de la décrue chez les divers glaciers, à mesure que la crue cesse par défaut d' apport excessif pour chacun d' eux.

Les variations périodiques des glaciers des Alpes.

Les deux causes de la décrue, positive ou négative, ou, si l'on veut, active ou passive, peuvent se superposer, et alors la décrue est générale; elles peuvent manquer l' une et l' autre, et alors la crue prédomine et devient, elle aussi, générale.

Si nous comprenons bien cette théorie, il y a là, semble-t-il, une explication suffisante de l' irrégularité étonnante, de la complexité du phénomène des variations en grandeur des glaciers du même groupe de montagnes.F.A. F.

LYII. Chronique des glaciers des Alpes suisses 1895,

Le système des observations méthodiques organisé par l' Inspectorat fédéral des forêts, sous la direction de M. l' Inspecteur en chef J. Coaz, à Berne, fonctionne régulièrement. Les agents forestiers cantonaux de divers grades qui pourvoient à l' exécution de ces mesures ont envoyé à Berne des documents de grand intérêt et en général excellents. Nous leur exprimons à tous la reconnaissance des alpinistes et des naturalistes pour l' œuvre utile qu' ils accomplissent avec zèle et dévouement, pour les progrès heureux dont ils enrichissent ainsi la connaissance de la nature alpine.

La catastrophe de l' Altels du 11 septembre 1895 montre bien quelle est l' importance de l' étude attentive des glaciers et de la détermination des lois de leurs variations pour les intérêts de la population de nos districts montagneux.

I. Bassin du Rhône.

Nous donnerons comme les années précédentes le tableau des variations constatées, dans la longueur des glaciers, par les observations des forestiers valaisans recueillies par M. A. de Torrente à Sion, inspecteur cantonal des forêts. Pour aider à l' interprétation de ce tableau, nous donnerons les variations des deux années antérieures.

Variations Sens de la Glacier.

Vallée.

1893.

1894.

1895.

variation m m m en 1895.

Mescli Pleach — 36 - 5,4 — 22,3 décrue Aletsch Massa5 — 7 — 6 décrue Latschen Lötschen

+ 12

crue Baia Leuk — 13 Zanfleuron Sanetsch — 28 — 68 — 42 décrue Kaltwasser Saltine — 7 — 2,5 — 15 décrue Rossboden Simplon

+ 0,2

0 0 crueAllalin Saas

— 5,5 décrue F.A. Forel et L. Du Pasquier.

Variations Sens de la Glacier.

Vallée.

1893.

1894.

1895.

variation m m m en 1895.

Fée Saas

— 26 — 4,7 décrue G orner St-Nicolas — 26 — 25,5 Findelen

+ 30

+ 60

Zmutt 53 Turtmann Turtmann

— 2 9 Durand ( Zinal ) Anniviers — 24 _. 20 — 100 décrue Moiry 11 — 67o,0 décrue Ar olla Héren s

- 2,5?

Zigiorenove 11 -j-102

+ 74

+ 25

crue Ferpècle il

0 crueGrand Désert Nendaz — 1520 —. ' .5- décrue Mont fort 718 — 16 Ò décrue Otemma Bagnes — 17 — 15 — 3 décrue Giétroz n — 6 — 1..,. «'-. ' Durand ". f18 —-3 — 5 décrue Corbassière il — 9 0 :. ;'4 ' .; décrue Valsorey Entremont - 2,8 - 1,8 - 4,8 décrue Boveire' ft

+ 19,5

— 8,6

+ 17,6

crueTzeudet V »....

+ 3,4

crue La Neuvaz Ferret 0 — 5 — 4 décrue Saleinaz

4- 8

— 2 décrue A propos de ces mesures prises par les forestiers valaisans, et pour lesquelles nous exprimons notre reconnaissance à M. A. de Torrente et à ses agents, nous faisons les remarques suivantes:

a. La plupart des glaciers ont continué en 1895 les allures constatées les années précédentes. C' est conforme à ce que nous savons sur les variations des glaciers.

b. Quelques glaciers ont changé de signe dans le sens de leur variation. Allalin, Turtmann, Arolla, qui, Tannée dernière, étaient en crue, sont indiqués cette année comme étant en décrue. Attendons les observations de l' année prochaine pour constater définitivement la mise en décrue de ces glaciers.

c. Les glaciers de Fée ( inférieur ) et de Saleinaz, qui l' année dernière avaient commencé à décroître, continuent cette année cette même diminution. Nous pouvons donc les déclarer en décrue confirmée.

d. Le glacier de Boveyre est indiqué en 1893 et en 1895 comme étant eh crue, en 1894 comme étant en décrue. Ce ne sont pas là des allures correctes pour les variations d' un glacier. Il y a probablement eu erreur dans les observations de 1894. Nous en jugerons l' année prochaine.

e. Il reste comme étant en crue certaine les glaciers de Lötschen et de Zigiorenove, en crue probable Findelen, Ferpècle, Boveyre, Tseudet, en crue douteuse Allalin, Turtmann, Arolla.

f. Tous les autres sont en décrue certaine.

A ces mesures prises par les forestiers valaisans nous avons à ajouter quelques observations venues d' autre part, et pour lesquelles nous remercions nos obligeants correspondants:

Vallée de Conches. Glacier du Rhône. Extrait des observations faites en 1895 par M. l' ingénieur L. Held du bureau topographique fédéral:

La superficie de la moraine profonde mise à nu par la retraite du front du glacier est de 1894 à 1895 de 8230 m2; la moyenne des trois années 1892 à 1895 est 10,360 m2, tandis que pour les trois années précédentes 1889-1892 elle n' était que 2570m2. Il y a donc eu, depuis 1892, reprise marquée de la décrue qui, auparavant, avait une tendance évidente à arriver à l' état stationnaire.

Pendant l' année 1894/95 la diminution en longueur est en moyenne de 20m, au maximum 37 m. Sur aucune partie du front du glacier il n' y a eu d' allongement.

La largeur du glacier sur le profil vert, qui était en 1874 de 533 mT n' est plus, en 1895, que de 300 m.

Vallon de la Massa. Glacier d' Aletsch. Ecoulement du lac Märjelen. Les journaux anglais nous ont donné quelques dates nouvelles à ajouter à celles que nous avons citées dans nos rapports précédents ( IX et suivants ) » C' est à la suite d' une enquête provoquée par M. le Dr C. S. du Riche-Preller, de Londres. Voici, d' après ces documents, les dates plus ou moins certaines de l' évacuation du lac dans les dernières années.

1887, journaux.

24 juin 1889, id.

25 juillet 1890, le prince Roland Bonaparte.

1892, M.

H.

R. Scott.

1894, M.

H.

Wilson.

24 septembre 1895, D* du Riche - Preller.

On sait que le canton du Valais, aidé par la Confédération, a fait creuser une galerie dé décharge du lac dans le vallon de Fiesch qui l' empêche de prendre un volume dangereux. Le tunnel, d' une section de l,2 m sur l,85 m, a une longueur de 583 m et a abaissé le niveau maximal du lac de 11,3 m. La diminution de volume du lac obtenue par cet émissaire artificiel est de 6 millions de mètres cubes, et le volume actuel est évalué à 4 millions de mètres cubes environ, tandis qu' il était de 10 millions autrefois. Ce travail a été terminé dans Tannée 1895. ( Notes de M. l' ingénieur J. Epper de l' Inspectorat fédéral des travaux publics. ) Alpes vaudoises. Les observations prises par M. Decoppet, inspecteur forestier à Aigle, ont donné les résultats suivants:

Paneyrossaz.... décrue de 1—8 m.

Grand Plan-névé.. décrue de 2—13 m. Petit Plan-névé. stationnaire. Martinets...... décrue dé 2—5 m.

Diablerets..... le glacier surplombe et les observations sont impossibles.

Nous avons fait une erreur de signe dans l' interprétation des observations de l' année dernière, quand nous avons indiqué les glaciers de Paneyrossaz et de Plan - névé comme étant en crue; la variation de 0 à 8 m et de 7 à 36 m que nous avons donnée comme positive en 1894 était une variation négative^ Ces glaciers sont actuellement en décrue.

Vallée de Bagnes. Glacier d' Otemma. Ainsi que nous le faisions prévoir dans notre rapport de Tannée dernière, le lac temporaire de Orête-sèche s' est reformé au printemps de 1895, et ses eaux se sont écoulées par-dessous le glacier d' Otemma le 18 juin; le volume du lac n' était guère que la moitié de celui de 1894; la crue de la Dranse n' a été que de 50cm et a été parfaitement innocente.

Notes de M. le prof. Dr Ch. Bioche à Paris.

nBreney en croissance.

nGiétro0. Gonfle sensiblement; on peut s' en assurer facilement en le regardant du pont de Chable. Les guides de Chable affirment qu' on ne le voyait pas il y a une dizaine d' années. Le cône de débris augmente malgré les digues qui dirigent l' eau de la Dranse sur le glacier remanié, ce qui indiquerait une forte poussée en avant.

„ Çorbassière. La partie supérieure, au-dessous des séracs du Combin,est bouleversée et très crevassée; le glacier a gonflé au-dessous de la chute qui se trouve entre les Avouons et le point coté 2542 m de la carte Siegfried. D' après le guide Genoud, la partie inférieure pousse en avant. " ( Les mesures des forestiers indiquent au contraire une décrue, ) „ Vallée d' Entremont. Sonadon en croissance, ce qui est confirmé par les guides de Bourg-St-Pierre.

„ Glacier du Y élan continue à pousser le Valsorey.

„ Le Valsorey gonfle; la partie terminale est très encombrée de débris; il est difficile de saisir l' extrémité; il semble avancer peu. La grotte a disparu.

„ Glacier de Tzeudet. En croissance; il tend à se débarrasser des cailloux qui couvraient sa partie inférieure; il pousse le glacier de VaK sorey et s' avance vers la moraine ancienne qui est sur sa rive gauche. "

Val Ferret. Notes de M. Jacot Guillarmod du bureau topographique fédéral. „ Les glaciers principaux de la partie suisse du massif du Mont-Blanc, Trient, Saleinaz et la Neuvaz, sont encore en crue, c' est flu reste l' opinion des montagnards. En comparant l' état actuel avec la -carte levée par Guebhard en 1877, il y a peu de changements; partout élargissement et avancement. La seule différence importante est la cote de l' arche terminale du glacier de la Neuvaz, 2004 m en 1877, 1930 m en 1895. Y a-t-il eu là une erreur ?"

NB. Les observations des forestiers valaisans indiquent une décrue pour la Neuvaz et Saleinaz.

Vallée du Trient. Glacier du Trient Observations de M. J. Guex f - de Vevey.

„ De 1894 à 1895 rive gauche avancement 3 m milieu2 m rive droite1 » La crue va sensiblement en se ralentissant. ".

Les photographies de M. J. Tairraz, à Chamounix, montrent une variation minime dans l' état du glacier.

Glacier des Grands. Notes de M. F. Doge à la Tour-de-Peilz. .„Du 8 octobre 1891 au 8 septembre 1895 l' axe du glacier s' est allongé de 35 m? soit en moyenne de 8,7 m par an; de 1890 à 1891 en ce même point l' allongement n' était que de 4 m. La crue est donc en accélération.

„ Le glacier s' est considérablement élargi, les moraines latérales «'éboulent sous la pression de la glace; dans le bas du glacier une grande caverne s' est formée. La calotte inférieure du glacier forme à sa partie médiane une vallée assez profonde qui est remplie des pierres éboulées des moraines latérales. Le glacier a complètement changé de forme. Au lieu d' être allongé dans la partie inférieure, il présente actuellement une large calotte, à pentes très raides, au centre de laquelle est une vallée. La région des séracs me paraît être plus élevée que précédemment. "

Quant à l' étude des glaciers du Mont-Blanc à Chamounix et Courmayeur, nous la laissons dorénavant aux soins de nos collègues de la €ommission internationale des glaciers, MM. le Prince Roland Bonaparte, à Paris, et le professeur Dr. Torquato Taramelli, à Pavie, qui se sont chargés de la surveillance des glaciers de France et d' Italie.

00

Glacier.

Vallèe.

Observateur.

Variations Äe« » de la variation 1894.1895.

décrue.décrue.

id.id.

id.id.

crue.crue.

décrue.stationnaire, stationnaire.id.

décrue.décrue.

id.id.

id.id.

id.id.

id.id.

id.id.

B QD H co UnteraargletscherAar SteingletscherGadmen RosenlauiReichenbach Oberer Grindelwaldgl.Lütschine Unterer Grindelwaldgl. „ extrêmes.

Ad. Müller — 6 m à — 87 m moyennes.

— 30 my m — 23 m -f-l0raenv.

B

S o

CP Cu CD

» « 10- à Abr. Müller — 35 m à Om et Kienthal Lauenen Létìk 7n F. Reichenbach Um àm Um à0 m — 32 m10ni A ces valeurs numériques les forestiers bernois ajoutent quelques notes intéressantes.

„ Grindelwald supérieur montre des changements considérables dans sa forme; tandis qu' il croît évidemment du côté droit ( côté oriental ), il décroît du côté gauche. Les notes des journaux qui parlent d' une crue importante sont pour le moins prématurées; pour en juger, il faut une plus longue période d' observation.

„ Grindelwald inférieur sans changement.

„ Eiger sans changement notable.

„ Tschingel paraît en décrue rapide. ( F. Marti, forestier d' arrondisse à Interlaken. O. F. ) „ Gelten. Le glacier est, dans les 25 dernières années, reculé de mille mètres et plus. ( F. Reichenbach, garde-forestier à Lauenen. O. F. ) L' altitude de la langue terminale du glacier est 2415 m. ( P. Christen, forestier d' arrondissement à Zweisimmen. O. F. Wildhorn. Altitude de la langue terminale, 2400 m. ( F. Christen. O. F. ) "

Les observations bernoises, qui ont été réunies par M. l' inspecteur en chef Stauffer à Berne, se résument comme suit: Continuation de la variation dans le même sens que Tannée dernière, confirmation de la décrue dans les cas où elle était douteuse, Stein et Rosenlaui; tous les glaciers mesurés sont en décrue ou stationnaires, à l' exception de Grindelwald supérieur qui est encore en crue.

Vallée de la Kander. Glacier de l' Alteïs. Le 11 septembre, vers 5 h. du matin ( 4 h. lk temps moyen ), se produisait à la partie inférieure de ce glacier la rupture qui a donné lieu à l' éboulement, tant de fois décrit déjà, de la Spitalmatte.

Sans nous arrêter aux dégâts matériels causés par cette catastrophe,6 hommes et 160 têtes de bétail tués, 10 hectares de forêts d' arolles entièrement dévastés et un bel alpage de plus de 100 hectares recouvert d' une couche moyenne de 3 à 4 mètres de glace et de débris pierreuxpassons aux particularités du phénomène qui touchent de près au sujet de notre chronique.

Comme on le sait, le glacier de l' Alteïs rentre dans la catégorie des glaciers de versant, improprement appelés glaciers suspendus ( Hängegletscher ). C' est un triangle presque equilateral de 1000 m. environ de base, dont l' un des sommets coïncide avec celui de i' Àltels. Sur le côté gauche, ce triangle se prolonge en une langue de glace de 150 à 200 m. de large et de 800 m. de long à peu près. L' altitude du sommet de l' Alteïs est de 3636 m ., celle de l' extrémité inférieure de la coulée de glace à gauche de 2670 m ., la base du triangle était à 3100 m. environ lors du levé de la carte 1: 50 000. L' existence de la coulée de gauche est déterminée par un ressaut de la roche en place qui la retient dans le bas. Le versant nord-ouest de l' Altels étant formé par les surfaces régulières des couches jurassiques plongeant au nord-ouest est très uniforme. Son inclinaison est d' une trentaine de degrés sur l' horizon. Dans la partie supérieure, l' inclinaison du glacier, d' abord peu différente de]35°, augmente jusqu' à 55° environ pour diminuer de nouveau dans la région du sommet.

Cela dit, on comprend non seulement qu' une rupture ait pu se produire à la base du glacier, mais encore que, glissant le long de surfaces de couches régulières de l' altitude de 3100 m. à celle de 1900 environ, la masse en mouvement ait acquis une vitesse prodigieuse et donné lieu à des effets particulièrement intenses.

La forme de la rupture qui s' est produite le 11 septembre est grossièrement celle d' un demi-cercle de 550 mètres de diamètre, ce diamètre coïncidant avec la base du triangle. Ce qui reste du glacier produit, à distance, l' effet d' une arche gigantesque couchée sur le flanc de la montagne. Je pense que cette forme de voûte est statiquement nécessaire et déterminée par l' existence dans le glacier d' une courbe de pression, partant de l' arête de droite et du glacier descendant au nord sur Gastern et aboutissant aux escarpements du flanc gauche du glacier de l' Altels au-dessus de l' origine de la langue de gauche. En d' autres termes, le glacier de l' Altels est arc-bouté à droite contre l' arête et le glacier du flanc nord, à gauche contre les escarpements du flanc gauche; la partie du glacier inférieure à cette courbe de pression ne pouvait donc être en équilibre que grâce à un frottement suffisant sur son fond ou grâce à une résistance suffisante de la section d' arrachement à la rupture.

Les traits de détail de cette surface de rupture sont presque partout ceux d' une cassure fraîche qui n' a aucunement été prédéterminée par des crevasses. Sur les 1100 mètres de longueur de la surface de rupture, 60 à 80 mètres tout au plus suivent une ancienne crevasse. Les crevasses qu' on a signalées comme ayant dû déterminer la rupture sont en grande partie situées ailleurs sur le glacier et y existent encore sans changement.

Quelles ont donc été les causes de la rupture du 11 septembre?

Une connaissance exacte de l' histoire du glacier de l' Altels, de ses variations et des changements qui s' y sont produits ces derniers temps pourrait seule, si nous l' avions, fournir une réponse définitive à cette question. L' histoire du glacier ayant déjà enregistré en 1782 une catastrophe toute semblable à celle du 11 septembre dernier, serait-on peut-être en présence d' un phénomène périodique, se reproduisant toutes les fois que le glacier atteint certaines dimensions? Les catastrophes de l' Altels seraient alors en quelque sorte le pendant de celles de Randa. Nous pouvons affirmer qu' il n' en est rien, les premiers levés de la région, faits en 1841 et 42, dont j' ai pu prendre connaissance au Bureau topographique, montrent qu' alors le glacier était notablement plus grand qu' il ne l' était avant le 11 septembre 1895.

D' autre part, M. Heim, se fondant sur les déterminations faites du coefficient de résistance de la glace à la rupture, a calculé qu' une masse de glace pareille à celle qui s' est éboulée le 11 septembre ne pouvait se maintenir sur la pente qu' en vertu d' un frottement considérable de la glace sur son fond. Il pense que le glacier de l' Altels est en général gelé sur son fond, mais que cette année-ci, par suite de la température extraordinairement élevée qui n' a cessé de régner du 26 août au 11 septembre, le glacier s' était dégelé du sous-sol. Ce dégel, dû à une augmentation de la température du sol, à une légère élévation de la géo-iso-therme de 0°, aurait amené une diminution de frottement telle que la section de rupture, sollicitée par une force notablement plus grande que celle à laquelle elle pouvait résister, céda.

Cette théorie, si plausible qu' elle soit au premier abord, suscite cependant quelques difficultés, aussi ne croyons-nous pas devoir prendre position à son égard avant d' être mieux renseignés sur l' histoire du glacier. Un fait paraît certain: L' avalanche de 1782 et celle de 1895 se sont produites chacune après quelques semaines anormalement chaudes. Ceci ressort clairement des recherches de M. Forel.

D' autre part, il importe de tenir compte des variations récentes de dimensions du glacier de l' Altels. A Kandersteg, on est généralement d' avis que „ tous les glaciers diminuent ", cependant, diverses photographies datant de 1881, 1887 et 1893, que j' ai réussi à me procurer, montrent clairement une augmentation de longueur du glacier pendant cet intervalle de temps. Ce résultat est en parfait accord avec le dire des guides qui m' ont renseigné sur la situation de la ligne terminale du glacier en 1895. Je ne crois pas que cette crue du glacier soit normale, c'est-à-dire due exclusivement à une augmentation de l' enneigement, car, d' après mon expérience personnelle, l' enneigement des hautes régions du massif Balmhorn-Altels a plutôt diminué depuis 1889. On se trouverait donc ici en présence d' un allongement du glacier anormal, dû à la plasticité de la glace. Il en résulterait une augmentation de poids de la partie inférieure du glacier qui ne serait pas compensée par une augmentation équivalente d' épaisseur, c'est-à-dire de résistance de la section de rupture. S' il en est bien ainsi, on comprend le rôle de cette variation dans le phénomène de la rupture.

Est-ce là la raison principale de la rupture, ou bien s' agit, comme le pense M. Heim, d' une élévation de l' isogéotherme 0° dans Tinté- rieur de la montagne, ou bien, comme cela est possible, ces deux phénomènes ont-ils agi simultanément? c' est là une question sur laquelle je me propose de revenir plus tard, lorsque des observations suffisantes nous permettront d' y répondre avec un peu plus d' assurance.

En attendant, je prie instamment tous ceux qui pourraient me fournir des photographies du versant nord-ouest de VAltels avant la catastrophe, de bien vouloir me les communiquer en indiquant la date ( mois et année au moins ) à laquelle elles ont été prises.

En outre, MM. les amateurs et photographes qui auront l' occasion dorénavant de photographier l' Altels du côté nord-ouest nous rendraient un réel service en faisant parvenir ä Tun de nous leurs épreuves datées. Une bonne série de photographies permettrait de suivre les détails du procédé de régénération du glacier, détails sur lesquels nous aurons nécessairement à revenir dans nos rapports subséquents.

Je crois devoir donner encore ici quelques dimensions de F avalanche* du 11 septembre telles qu' elles ressortent de mes mesures directes ou photogrammétriques:

Epaisseur de la tranche de glace éboulée 0—40Epaisseur moyenne environ 25 m. Superficie de la partie éboulée 145 000 m2.

.Volume de la masse éboulée environ 3 800 000 m3.

Superficie de l' avalanche sur le fond de la Spitalmatte:

a ) Partie recouverte d' une couche épaisse de glace, 120 " hectares.

b ) Zone entière atteinte par la chute de pierres 275 hectares.

L. D. P.

III. Bassin de la Heuss.

Les observations du canton d' Uri ont été exécutées par M. Théodore Meyer, inspecteur en chef des forêts à Altorf. Elles ont donné pour l' année 1894-95 les résultats suivants:

Glacier.

Vallèe.

Variations extrêmes » Variation moyenne* Wyttenwassergletseher Urseren — 8 m à — 3018* Kehlegletscher Gesehenen — 8 m à T-24 m — 14 m Wallenbühlfirn n _ 4 m à — 80 m — 26« Kartigelfirn Meienthal — lm à — 12 m — 6 m Rossfirn n _ 17 m à — 28 » — 24 m Erstfeldergletscher Erstfeld — 10 m à ^30 m —13* En résumé: décrue générale confirmée. Continuation de la décrue constatée l' année dernière.

Maderanerthal. Observations de M. E. [Krayer-Ramsperger, à Bâle.

Glacier de H' ü fi. De 1894-95 décrue de 10™ Pas de voûte, mais une tranchée ( Schlucht ) de 3 m de haut.

Une photographie que nous communique M. Krayer montre l' énorme diminution du glacier dans les trente dernières années.

Glacier de Brunni. Décrue de 55 m dans Tannée dernière, langue du glacier très amincie; pas de voûte du torrent.

Vallée de Ma d' Engelberg. Les observations ont été faites sous la direction de M. Kathriner, forestier en chef à Sarnen, par MM. Jos. Waser et Jos. Küster, forestiers d' arrondissement à Engelberg.

Glacier de Firnalpeli, sur le versant oriental du Titlis.

Divisé en d' eux branches:

Branche occidentale du Firnalpeligletscher, décrue de 2 à 15 m. „ orientale2 à 111 ».

Glacier de Griessen: sur le versant occidental de l' Engelberger et du Wissigstock. Le front du glacier a avancé en certaines parties, reculé dans d' autres, comme l' indique le tableau suivant:

>nné e I — 5™ Ordonnée VI — 3,8 m n II — 3 m 1 ) VII

+ 4,6-

r> III

n VIII

+ 1,4-

n IV — lm n IX

+ 8,6 »

V4.2 m Les observations de l' année prochaine nous permettront de décider dans quel sens a lieu la variation qui, d' après les observations actuelles, est indécise.

IV. Bassin de la Linth.

Vallée de Linthal. Glacier de Biferten. Le front du glacier est à peine abordable par suite des chutes fréquentes de glace qui sont dangereuses. De 1893 à 1895, raccourcissement de 6 m.

Glacier des Clarides ( Claridenfirn ). De novembre 1894 à septembre 1895, raccourcissement de 2 à 36 m suivant l' ordonnée mesurée. Observation de M. A. Leuzinger, adjoint forestier à Glaris.

V, Bassin du Rhin.

Glacier de Pizol. Ce glacier, dont la variation était indécise l' année dernière par suite de la disparition des repères, montre cette année un raccourcissement indiscutable allant de 12 à 28 m suivant les points. Observations de M. Robert Jäger, forestier d' arrondissement.

Le glacier de Sardona, dans la commune de Pfa' ffers, a été observé pour la première fois cette année.

Par les soins des forestiers grisons, des repères ont été placés devant les glaciers suivants en 1895:

Glacier.

Commune.

Arrondissement.

Vallée.

Observateur Err Tinzen Tiefenkasten Albula Schaniel Porchabella Bergün Ti n Beeli Jöri ( Weisshorn ) Klosters Klosters Landquart Krättli Schvoarzhorn Davos Ti n Ti Scaletta n Landwasser n Lenta Vais Ilanz Vorderrhein Freuler Segnes Flims n n îî Ringel Tamins ChurEnderlin Lavai Somvix Dissentis 1 M Giesch Les deux premiers de ces glaciers ont été mesurés deux fois en 1895, en juillet et octobre, et ont montré une décrue très forte.

Glacier ôHErr de — 3 à — 7 m en moyenne — 5 m 4 repères. Porchabella6 à—10,2 m7,7 m 14 „ Pour le glacier de Lavaz, la surface de moraine mise à nu par la décrue des 30 à 40 dernières années est évaluée par M. Giesch à 3 hectares.

VI. Bassin de l' Inn.

Les glaciers de Morteratsch, de Rosegg et du Pigno ont été mesurés en 1895 par M. Gregori, à Samaden, et ont donné:

Morteratsch décrue moyenne de — 12,3 Rosegg14 Pigno16,8 Pour le glacier de Lischana, commune de Schuls, M. Rimathé a placé des repères en 1895.

VII. Bassin de l' Adda.

Les glaciers de Palü, commune de Bevers, sur le versant italien du col de la Bernina, et le glacier de Forno, commune de Casaccia, vallée de la Mera, ont été mesurés en 1895 par M. Gregori; ils ont montré:

le Palü, une crue moyenne de4,5 m le Forno,15 m.

Le glacier de Palü serait donc en crue. C' est la première fois que nous trouvons un glacier grison en augmentation.

vm, Bassin du Tessin.

Cinq glaciers ont été mesurés sous la direction de M. l' Inspecteur forestier Müller, à Bellinzone.

Glacier.

Commune.

Arrondissement.

Observateur.

Corno Bedretto Levantina Christen Casiletto Aquila Blenio Boiler Basodino Bignasco Locamo Medici Cor vag noli La vergno n Sassonero Peccia Variation moyenne.

— 23 < Pour le Corno, les observations sur les 4 repères donnent les variations suivantes: +3,6™ +4,0ni — 17,0 m — 65,5 m de 1893 à 1895. La ligne de base devra être changée par le fait de la création d' un lac morainique de 400 sur 60 m qui recouvre la ligne de base. Ce lac doit avoir un écoulement souterrain. Le petit lac marqué sur la carte Siegfried n' existe plus; la jonction entre les glaciers de Corno et de Gries n' existe de même plus, ces deux glaciers étant séparés.

Pour le glacier de Sassonero, les mesures donnent pour l' un des repères une crue de 12,8 m, pour l' autre, une décrue de 1,4 m. Cette différence provient probablement du point où la mesure a été faite; en 1894 jusqu' à la première glace visible, en 1895 jusqu' à la langue terminale même qui est recouverte de moraine, mais que M. Medici a découverte sous les débris. En 1894 il y avait une décrue de 6 à 8,8 m; il est probable que l' année prochaine on constatera de même une décrue.

Pour les trois autres glaciers mesurés par les forestiers tessinois, la décrue est manifeste et non douteuse. Ces quatre derniers glaciers ont été mesurés en 1894 et 1895.

Résumé.

En résumé, quelques-unes de nos conclusions de l' année dernière sont corrigées, d' autres confirmées. La crue n' est pas confirmée pour les glaciers de Turtmann, Paneyrossaz, Plan-Nevé, les Clarides, Pizolr Porchabeïïa. La décrue n' est pas confirmée pour le glacier de Tzeudet. En revanche la décrue est probable ou certaine pour tous les glaciers des Alpes suisses actuellement en observation, à l' exception des glaciers suivants:

Latschen, Findelen, Zigiorenove, Tzeudet, Trient, les Grands, Valais, Grindelwald supérieur, Berne, qui sont en crue certaine, confirmée par les observations de plusieurs années; Rossboden, Arolla, Ferpècle, Boveyre, Valais, et Palü, Grisons, qui sont en crue probable.

La petite crue de fin du XIXe siècle, qui avait atteint un assez grand nombre de glaciers, a donc pris fin pour la plupart en 1893, comme nous l' avons dit dans nos rapports précédents. Un petit nombre seulement de glaciers en crue ont résisté aux chaleurs exceptionnelles des trois derniers étés.

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