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Les Variations périodiques des Glaciers des Alpes Suisses

Remarque : Cet article est disponible dans une langue uniquement. Auparavant, les bulletins annuels n'étaient pas traduits.

par le professeur Dr P.L. Mercanton. à Lausanne.

Trente-cinquième et trente-sixième Rapports. 1914 et 1915.

Avertissement.

La guerre européenne, en empêchant le Club alpin de publier son Annuaire pour 1914, a retardé le Rapport sur les variations des glaciers pour cette même année. L' hospitalité trentenaire du Jahrbuch nous est trop précieuse mille fois pour que nous avions songé un instant à lui être infidèle. Ce retard a eu cependant l' incon de laisser le zèle scientifique de nos collaborateurs occasionnels se refroidir quelque peu; leurs indications sur l' état des neiges en 1915 ont fait totalement défaut. Espérons que la présente publication nous ramènera une aide indispensable.

M. Ernest Muret, inspecteur des Forêts du canton de Vaud, l' aîné des collaborateurs de feu F.A. Forel, qui rédigeait depuis 1897 la Chronique des glaciers suisses de ces Rapports, a exprimé sa volonté d' abandonner une tâche que les multiples devoirs de sa charge lui rendaient chaque année plus lourde. C' est à regret que le soussigné a assumé le devoir de succéder à notre collègue; les clubistes s' associeront au témoignage de notre reconnaissance pour son activité de près de vingt ans. Le doyen des glaciéristes suisses, M. le Dr Coaz, a quitté l' Inspectorat fédéral des Forêts pour jouir d' une retraite bien gagnée. C' est à son effort soutenu qu' on doit le magnifique développement du contrôle des glaciers suisses. Son successeur, M. Maurice Décoppet, nous a assuré qu' il ne laisserait pas péricliter une œuvre dont la valeur s' accroît chaque année. Nous l' en remercions ici. Nous remercions aussi la Commission zurichoise des glaciers et le Service fédéral des Eaux qui veulent bien apporter à ces Rapports l' aliment précieux de leurs observations, ainsi que les nombreux amis qui nous viennent en aide.

Comme auparavant ces Rapports resteront accueillants à toutes les collaborations utiles.Paul-L. Mercanton.

CXVII. La mesure des précipitations atmosphériques en haute montagne.

Les échelles nivométriques fixes nous renseignent sur les changements de niveau du collecteur glaciaire en nous dispensant d' opérations géodésiques délicates, à la portée des seuls spécialistes et pratiquement impossibles à répéter aussi fréquemment qu' il le faudrait. Les balises incorporées au névé mesurent l' épaisseur des neiges dont il s' accroît annuellement. Un troisième terme de l' équipement d' une station nivo- métrique sera l' instrument capable de recueillir et de conserver aussi longtemps que nécessaire les précipitations atmosphériques. Il s' en faut que ces précipitations, solides presque toujours, viennent intégralement alimenter l' appareil glaciaire; les jeux du vent et de l' évaporation s' y opposent. Néanmoins leur connaissance est à la base de notre compréhension des variations de dimensions des glaciers. Cette connaissance était, jusqu' à ces dernières années, quasi nulle; on manquait des moyens techniques indispensables pour l' emmagasinage et la conservation efficace des précipitations à des endroits où les contrôles ne pouvaient se faire qu' à des intervalles longs et irréguliers. Les tentatives faites dans ce sens par la Commission suisse des glaciers, à 2G00 m sur le glacier du Rhône, dès 1897, n' avaient pas abouti; la caisse de 1 m2 d' ouverture qui recevait les précipitations, n' était à l' abri ni des agitations de l' air ni de l' évaporation. Elle recueillait mal les eaux atmosphériques et les conservait moins bien encore.

Deux difficultés se présentent en effet: le tourbillonnement des flocons de neige et l' évaporation de la matière aqueuse. Le premier effet perturbateur ne semble pas de ceux qu' on écartera définitivement: les caprices du vent sont trop grands; la présence même de l' appareil pluviométrique est une cause de trouble dans la marche des filets d' air. On a réalisé un grand progrès cependant en entourant, à distance convenable, l' ouverture du récepteur nivométrique, d' un écran dont le rebord supérieur est au niveau de la dite ouverture ( Paravent de Nipher ). Dans les totalisateurs actuels on donne à cet écran métallique la forme d' un tronc de cône circulaire renversé, dont la base supérieure, la plus grande, a un diamètre de 100 à 120 cm, la base inférieure 20 cm de moins et la génératrice quelque 25 cm. L' écran est soutenu par des bras aussi effacés que possible, pour éviter la stagnation de la neige. Un pluviomètre muni d' un tel écran recueille environ 20 °/o de précipitations de plus qu' un instrument sans protection.

L' évaporation est un facteur de déperdition rapide du contenu pluviométrique, qu' il soit solide ou liquide. Les recherches classiques de Forel et Ch. Dufour ont prouvé que le glacier est le plus souvent un agent desséchant pour l' air qui le balaie. Un pluviomètre ouvert, placé à son voisinage, perdra donc rapidement son contenu par une véritable distillation vers la glace. Il est facile de se mettre à l' abri de cet effet; il suffit de recouvrir la masse liquide d' une couche d' huile de vaseline qui la sépare de l' atmosphère. Cette huile ne rancit pas, ne s' évapore pas et ne s' épaissit guère; un demi-kilogramme constitue pour une surface de 20 dm2 une protection efficace.

L' emmagasinage des précipitations solides comme telles est impraticable; il tombe en haute montagne 15 à 20 m de neige par an. Il est de toute nécessité que cette eau revienne à l' état liquide. Ce résultat s' obtient en enfermant dans le récipient pluviométrique une charge préalable d' un sel capable de provoquer la liquéfaction de la neige qu' il touche. Le chlorure de calcium était tout désigné pour ce rôle. A son contact la neige fond en absorbant de la chaleur; la solution ne se congèle qu' à une température bien inférieure à 0°.

L' application de ces trois principes: protection par un écran contre le vent; protection par une couche d' huile contre l' évaporation; liquéfaction des précipitations solides par contact avec un sel, a trouvé son expression, qui semble bien définitive, dans le totalisateur de M. Mougin, Conservateur des Eaux et Forêts en France, Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

perfectionné par le D " Maurer, de Zurich 1 ). Cet engin, tel que le Bureau central météorologique suisse l' a adapté aux conditions rudes de la haute montagne, comprend trois parties principales: le récipient pluviométrique, l' écran, et le bâti. Le récipient est, comme l' écran, fait de tôle galvanisée. Il se compose d' une partie cylindrique inférieure ( diamètre 50 cm ) prolongée vers le haut par un tronc de cône dont la petite base est l' ouverture pluviométrique même. Cette ouverture circulaire est garnie d' un anneau de bronze à bords tranchants définissant exactement une surface de 2 dm2. Un orifice d' écoulement est ménagé au bas du récipient; on le commande à l' aide d' une clef que l' observateur garde par devers lui. L' écran ( voir plus haut ) est agrafé par trois pattes au récipient même. Cet ensemble est supporté par deux colliers montés sur trois jambes verticales. Ces jambes sont constituées par des tubes de fer, de 6 cm de diamètre et très solides. Toutes les parties de l' ap sont raccordées à boulons et galvanisées. L' ensemble, très robuste, pèse environ 100 kg ( voir figures ).

Ces totalisateurs sont dimensionnés de manière à conserver les précipitations d' une année entière et à être vidés chaque année à la fin de l' été. Plusieurs sont en service dans nos Alpes suisses à l' heure qu' il est, et le Service fédéral des Eaux comme le Bureau météorologique central suisse en placent sans cesse de nouveaux, car tout est encore à faire dans ce domaine. Quelques-uns de ces instruments ont fourni déjà d' intéressants résultats. Le plus haut placé, celui Fig' 5 RemPlissa9e d " mou9in au22 IX 1915. du Col de la Jungfrau ( 3450 m ) a emmagasiné, du 10 septembre 1913 au 9 septembre 1914, 268 cm d' eau; celui de la cabane Concordia ( 2850 m ) 261 en 1913 — 1914 et aussi en 1914 — 1915.

La mesure des quantités d' eau emmagasinées s' est faite jusqu' ici par voie volumétrique; on vide le réservoir, par fractions, dans un vase de contenance exactement connue, une éprouvette graduée, par exemple. On soustrait du volume trouvé celui qu' occupait la charge préalablement enfermée dans le réservoir au début de la période considérée. Cette charge a été presque toujours jusqu' ici 6 kg de chlorure de calcium, 6 kg d' eau pure, 0,5 kg d' huile de vaseline.

* ) On lira avec fruit, pour plus amples détails, la brochure „ Die Niederschlagsmessungen im Hochgebirge " ( Schweizerische Wasserwirtschaft, VIIe année, nos 6 à 9 ) de MM. Maurer et Collet, avec 5 ligures.

La méthode de mesure volumétrique a deux inconvénients très sensibles. Tout d' abord la solution de chlorure de calcium a un volume inférieur à la somme des volumes de l' eau et du sol anhydre qui la forment. La contraction dépend de la concentration saline. Les volumes mesurés doivent donc être corrigés d' après des normes qui dépendent aussi de la température de la liqueur. D' autre part, si le vase de mesure est grand, il est encombrant pour le transport; s' il est petit, il faut en opérer le remplissage un trop grand nombre de fois; on risque alors des erreurs notables. J' ai employé pour le totalisateur d' Orny, en 1915, un litre jaugé et pour l' appoint une éprouvette graduée de 200 cm2; il m' a fallu plusieurs heures pour le contrôle des GO litres de solution que l' appareil recelait. Il n' est pas douteux que l'on arriverait plus vite et plus sûrement par des pesées; dans ce but j' ai fait construire une balance romaine portative pouvant peser 6 kg par 5 grammes, à laquelle vient s' attacher une poche de remplissage en étoffe imperméable. L' avenir justifiera, je crois, l' emploi de ce matériel.

La présence de sel dans le totalisateur n' exclut pas absolument la congélation d' une partie de son contenu. Elle a été constatée à plusieurs reprises quand, le totalisateur ayant emmagasiné beaucoup d' eau, la solution était très diluée. Il faudra augmenter la quantité de chlorure. D' autre part, il conviendra de vernir en noir la surface externe du réservoir, pour profiter de la radiation solaire, très intense à la montagne quand il fait beau; on accentuera un peu ainsi le refroidissement nocturne, mais le gain diurne de chaleur sera supérieur et diminuera en quelque mesure les chances de congélation persistante.

Les totalisateurs sont avant tout destinés à des contrôles espacés; il y aurait pourtant intérêt à multiplier ces contrôles sans être obligé de vider l' appareil. Je suggère d' appliquer à ce problème le principe du jaugeage par titration volumétrique si heureusement mis en pratique par le Dr Mellet. ( Voir XXXIVe rapport, 1913, CXIV. ) On se contenterait de soutirer les quelques centimètres cubes de solution nécessités par l' analyse; n' importe quel touriste soigneux pourrait faire ce soutirage. Bien entendu, la méthode n' est applicable que si tout le sel du récipient est dissout; ce sera généralement le cas dès le printemps; on aura soin de s' en assurer par un brassage préalable du contenu pluviométrique r ).

Le totalisateur Mougin semble établi aussi rationnellement que possible. Il pourrait cependant ménager des surprises, et l'on aurait tort de ne pas en surveiller attentivement le fonctionnement pendant les premières années, en toute saison. Certaines valeurs de la précipitation obtenues éveillent des doutes, tels les 300 cm d' eau mesurés à Orny ( voir CXIX ), quand partout ailleurs on n' a pas dépassé 274 cm. Deux causes d' erreur sont à redouter, l' une accidentelle, l' autre systématique. La cause d' erreur accidentelle est le placage par le vent, contre le totalisateur, de la neige humide chassée par la bourrasque. Un amas se forme qui peut envahir l' intervalle entre l' écran et le récipient pluviométrique. Il est clair qu' alors, la neige tombant ultérieurement sur ce placage peut être balayée dans l' ouverture, causant une erreur par excès, ou au contraire l' obstruer ( mougin du Diableret, voir CXIX ).

La cause d' erreur systématique est plus redoutable de beaucoup: le totalisateur emmagasine non seulement la neige tombante, mais encore le poudrin glacé arraché par le vent à la surface du névé et qui, soulevé par les rafales, est capté par la M Des essais sont en cours à l' Observatoire de Lausanne depuis mars li)16.

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Jahrbuch S.A.C. L LE LAC DE MARJELEN ( LAC POSTÉRIEUR ) ET LE GLACIER D' ALETSCH PENDANT LA DÉBÂCLE DU 24. IX. 1909 Druck: Benteli a.a., Bümpliz-Bern.

gueule béante du pluviomètre, d' où il ne peut plus s' échapper. On ne voit pas comment éviter cet effet. Peut-être ne faut-il pas se l' exagérer, car le vent empêche, d' autre part, le captage d' une certaine part de la neige tombante. L' avenir seul permettra de juger le totalisateur Mougin à sa juste valeur; il convient de lui faire confiance en attendant, puisque aussi bien, tout imparfait qu' il soit, il est actuellement notre seul recours.P.L. M.

CXVIII. Le lac de Märjelen et les conditions de son écoulement.

Le Service fédéral des Eaux a publié en 1915 un 1er volume d' Annalesqui est un beau témoignage de l' activité scientifique et pratique de ce Service, l' ancien Bureau hydrographique fédéral. Ce volume est consacré à la merveille de nos Alpes, à ce recoin de nature polaire qu' est le lac glaciaire de Märjelen. C' est l' ensemble des recherches poursuivies depuis 1908, avec le zèle inlassable et la profonde science qu' on lui connaît, par M. O. Lütschg, 1er adjoint technique au Service fédéral des Eaux. L' actif directeur du Service, le Dr L.W. Collet, a voulu que la forme du livre fût digne de son fond et rien n' a été épargné pour en faire et une joie pour l' esprit et une fête pour les yeux. 52 planches: diagrammes, cartes, etc., mais surtout magistrales photographies, dues à l' habileté de M. Lütschg, illustrent son exposé qui touche à une foule de points intéressants. La place nous manque malheureusement pour analyser ici cette monographie; disons seulement qu' elle est divisée en deux parties: la première, la plus attrayante pour le glaciologue, traite du lac de Märjelen et de son régime, la seconde de ses émissaires, le torrent de Fiesch et la Massa. Tout d' ailleurs y est à lire.P.L. M.

CXIX. L' enneigement des Alpes suisses en 1914 et 1915.

La guerre aura eu sa répercussion jusque sur l' étude de l' enneigement alpin. Elle nous a privé de collaborations fidèles, de celle de M. le professeur Ku-nigsberger, le zélé surveillant du massif du Gothard entr' autres. Les nombreuses patrouilles militaires qui ont parcouru les hautes régions avaient d' autres préoccupations que d' en contrôler l' enneigement. Quel utile appoint cela aurait pu être à notre documentation cependant! Malgré tout les quelques fervents de la nivométrie alpine que compte notre pays ont pu continuer leur u' uvre, et nous ne manquons heureusement pas de renseignements précis. Les voici résumés:

Etat des neiges.

Alpes de la Suisse orientale. M. Frauenfelder, avocat à Schaffhouse, a trouvé les régions du Rhœtikon et de l' Albula encore plus enneigées au milieu de juillet 1914 qu' en 1913; la neige y descendait plus bas. A quelques centaines de mètres au-dessus de la cabane Lindau, sur le trajet vers St-Antönien, on rencontrait une couverture de neige presque continue, très épaisse notamment au col de Drüsen. Il y avait encore beaucoup de neige aussi dans les montagnes de Bergün dès 2500 m. A la vérité la fonte estivale a été plus intense dès la fin de juillet qu' en 1913.

. ' ) Der Märjelensee und seine Abfiussverliältnisse. Eine hydrologische Studie von Ing. O. Lütschg. Annnlen der Schweiz. Landeshydrographie.Vol. I ( Au Secretariat du Service des Eaux. Prix: 15 frs.4° br. ) P.L. Mercanton.

Alpes de la Suisse centrale. M. R. Bilhviller ( Zurich ) a constaté près d' un mètre de vieille neige au Speer ( Toggenbourg ) jusqu' à l' alpe de Käser inférieure ( 1330 m ), le 21 mai 1914. Le 12 juillet de la même année, il y avait encore de la neige sur le glacier de Biferten à partir de la cabane Fridolin ( 2156 m ). La neige fraîche, qui tomba dans le Linthtal le 21 septembre 1914, ne fondit plus dès 2500 m.

Le 29 juillet 1914 il restait 7 flaques de vieille neige au flanc droit du vallon de Gletsch. D' après le portier de l' Hôtel Seiler, elles disparaissent d' habitude beaucoup plus tôt. Les cônes d' avalanches étaient très épais encore à l' entrée du vallon de Gletsch supérieur. Il y avait encore beaucoup de neige au col de la Grimsel ( Mercanton ).

Alpes de la Suisse occidentale. En juillet 1914 il y avait beaucoup de neige dès 2200 et 2300 m en Valais. De nombreuses flaques persistaient sur le glacier Duran à 2500 m, qu' on n' y avait pas vues depuis 14 ans. Le 8 juillet il y avait encore 3 mètres de neige autour de la cabane du Mountet; le 15 juillet les gros blocs en émergeaient à peine. La cime orientale des Diablons était entièrement enneigée; l' arête nord de la Pointe d' Arpitetta était toute blanche et la face Sud de cette cime présentait de grands névés jusqu' à 2818 m.

En revanche un affleurement de roche apparaissait à 2500 m à la face W du Besso; on ne l' y voyait pas en 1913 à la même époque. Plusieurs névés se voyaient sur l' arête des Aiguilles de l' Allex. Les dalles du Rothhorn de Zinal, du côté de Zermatt, étaient tellement enneigées le 15 juillet qu' on y enfonçait presque jusqu' aux genoux ( Dr Thomas, Genève ).

Le 27 juillet 1914 la limite du névé était sur le Grand glacier d' Aletsch à la Concordia ( Mercanton ).

Le 10 octobre 1914, le grand névé habituel, en dessous de la jonction des chemins de la combe d' Orny et de la Breya ( 2470 m ) s' était encore étendu et épaissi; sa limite supérieure n' était plus qu' à une demi-douzaine de mètres du Sentier de la Breya. 11 subsistait 4 névés au-dessus du Plan jusque vers la cabane d' Orny; un cinquième occupait le talweg du vallon; la „ tine " devant la cabane était pleine. Cependant il n' a pas paru que ces flaques fussent notablement plus grandes qu' en 1913. Au col d' Orny la neige a continué son envahissement; le 10 octobre 1914 on arrivait de plain-pied à la terrasse de la cabane. La grande falaise en regard de celle-ci à occident subsiste pourtant grâce au vent. Elle avait 14 mètres de hauteur, soit un demi mètre de plus qu' en 1912, mais il n' est pas certain que le fond du creux, à son pied, n' ait pas été quelque peu exhaussé par les neiges ( Mercanton ).

M. Fischer-Reydellet, de Fribourg, a note que, le 30 juin 1914, toute la combe entre le Petit et le Grand Moléson, face au nord, était entièrement enneigée ( 1800 à 1950 in ), fait inusité. Le 6 juillet les flancs du Widdergalm et les sentiers habituellement très marqués qui conduisent au sommet étaient enneigés dès 1800 m. L' armailli qui y séjourne depuis 1896, tous les ans, du 5 juillet à fin août, n' avait jamais rien vu de semblable. Le 13 juillet les crêtes de la M e refluli étaient revêtues d' une corniche comme M. Fischer-Reydellet n' en a vu d' habitude que vers le 15 juin. Le 22 juillet au Rothekasten il a observé autant de neige que le 29 mai 1906, comme quantité sinon comme distribution.

Pour 1915 les renseignements sont très rares. Une année d' interruption de ces Rapports suffirait elle à décourager nos collaborateurs bénévoles les plus fidèles V Nous voulons espérer que cette pénurie d' observations est toute passagère.

Au Col d' Orny, durant l' été 1915, la crevasse-rimaie qui coupe parfois le chemin de la cabane Dupuis s' est rouverte après plusieurs années de disparition il a fallu la ponter d' une planche. La grande soufflure à l' ouest de la cabane présentait une falaise verticale de 14.25 de hauteur, 25 cm de plus qu' en octobre 1914 ( MM. Correvon et Pachoud ). Fig. 1.

La neige fraîche m' a empêché de dénombrer les plaques de vieille neige dans le ravin de l' Eau d' Orny; il m' a paru toutefois que le névé situé immédiatement au-dessous de la jonction des chemins de la combe d' Orny et de la Breya était plus petit qu' en 1914. Le glacier d' Orny était passablement crevasse sur le chemin de la cabane Dupuis.

Au glacier de Ferpècle, vers la Motta Rotta, il y avait, le 15 juillet 1915, de nombreuses et grandes crevasses, obligeant le touriste à de multiples détours, alors qu' en 1913 on pouvait passer là tout droit ( M. J. Guex ).

Relevés nivométruxues.

Nivomètre d' Orny. Il a été prolongé, le 11 octobre 1914, jusqu' au numéro 29. En voici les lectures pour les trois dernières années:

Nivometro d' Orni ) ( 3100 m ). Tableau 1.Degrés ( 2 degrés valent 1 mètre.Degrés Dates 1913 191- 4 I 20 — 1 V20 ( enfoui ) 13 VI >24 30 VI 18 — 3 VII — 24 12 VII — 24 15 VII18 VII — 23 23 VII — 24 26 VII — 23 28 VII31 VII 17 24 1 Vilio Vili 16 — 4 Vili 156 Vili — 8 Vili 17 — 191ÖDates191319~419159 VIII2014 VIII19 2418 VIII1620 VIII1824 VIII17 23 9 0 23 009 0 21 26 Vili 17 30 Vili 16 1 IX 15 2 IX — 9 IX 12 26 IX — 3 X — 4 X 13 7 X — 11 X — 27 X 13 17 9fi TY.17 1616.518 16 P.L. Mercanton.

Le minimum de 1914 a été moins bas que celui de 1913 et le minimum de 1915 moins bas que celui de 1914. En revanche, le maximum de 1915 paraît avoir été moins élevé que celui de 1914. Toutefois les différences des valeurs extrêmes de 1914 et 1915 sont peu accentuées et nullement en rapport avec le gain d' alimentation du névé en 1915, marqué par la balise, toute proche, du col d' Orny. Ce gain a été de 2.o m en effet, tandis que le nivomètre n' accuse qu' un résidu automnal de O.j m. On doit donc admettre qu' un tassement du névé en a abaissé la surface au pied du nivomètre. La réapparition de la crevasse, à ce col, au droit de la cabane Dupuis, crevasse restée invisible les précédentes années, corrobore cette opinion.

Voici les bilans des trois dernières années au nivomètre d' Orny:

T,, Tr AccumulationDissipationRésidu lalücau 11. JliverMètresEtéMitresAutomne Metres 1912—1913 >3.5 1913 > 3., 1913 0 1913 — 1914 >6 1914 >4 1914 +2 1914 — 1915 4 1915 3.., 1915 -j- 0.& Ainsi donc le collecteur glaciaire, suralimenté par l' hiver 1913—1914, insuffisamment délivré par l' été suivant, s' est affaissé en 1915 sous la surcharge que l' hiver 1914 —1915 lui imposait. Une vague de déformation est, selon toute vraisemblance, en train de descendre le cours du glacier et peut-être se traduira-t-elle par une poussée en avant de son front. Divers indices le font supposer déjà.

Balise nivometrique du COl d' Orny. Elle émergeait, le 4 octobre 1913, de 359 cm, sous une inclinaison d' environ 20° par rapport à la verticale. Le 11 octobre 1914 cette inclinaison atteignait 27° et l' émergence 113 cm. L' accroissement du névé le long de la tige a donc été de 246 cm en 372 jours: ce qui correspond à un accroissement d' épaisseur du névé de quelque 2.25 ni. Une rallonge de 206 cm est venue, le 11 octobre 1914, compléter l' engin qui émergeait ainsi de 316 cm, en terrain presque plat et à 29 ° de la verticale.

Le 13 juin 1915, M. Maurice Crettex, guide, trouvait la balise presque enfouie et couchée dans le névé.

Le 7 octobre 1915 l' engin sortait de la neige sur une longueur de 68 cm, faisant avec le til à plomb un angle d' environ 63 °. L' in a donc passé de 29 u à 63 ° au cours de l' année; on ne peut se défendre d' y voir une nouvelle manifestation de l' affaissement du névé dont j' ai évoqué la vraisemblance au paragraphe précédent. La direction même de cette inclinaison croissante vient à l' appui de cette hypothèse; les couches superficielles du glacier marchant plus vite que Fis les profondes, doivent faire Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

pencher la balise vers l' aval et c' est bien ce que l'on constate. En admettant une inclinaison moyenne de 45 °, la balise a dénoncé un accroissement d' épaisseur du névé de 2.o m, du 11 octobre 1914 au 7 octobre 1915, au col d' Orny. L' engin a été rallongé et quelque peu redressé de sorte que sa tige émergeait le 7 octobre 1915, de 311 cm en faisant avec la verticale un angle de 36°. Il est probable qu' elle reprendra en 1916 une incli- naison excessive et qu' elle de- Fig. 3. Nivomètre du Diableret ( Niv .) et totalisateur ( T ). 22IX 1915.

vra être remplacée àbref délai.

Le 4 octobre 1913 j' avais repéré, an théodolite, la position du point d' émer de la balise, tant en direction horizontale qu' en altitude. J' ai répété ces mêmes mesures le 7 octobre 1915. Il n' y a pas lieu d' entrer ici dans le détail, assez compliqué, de ces opérations. Notons seulement que les altitudes du point d' émergence de la balise ont été rapportées à celle d' une croix rouge, peinte sur un gros bloc de granit, à l' angle sud-ouest de la terrasse de la cabane Dupuis.

Du 4 octobre 1913 au 7 octobre 1915 la balise s' est déplacée vers le sud-ouest, c'est-à-dire vers l' aval du cours glaciaire, de l.am, soit de 0.65 m par an; en même temps la surface du névé s' exhaussait à son point d' émergence de 2.4 m. Cette dernière valeur concorde remarquablement avec le bilan du nivomètre pour le même laps de temps: ~-2.5 m. Pendant la même période la balise accusait un gain d' alimentation de 4.25 m. L' affaissement, présupposé, des masses glaciaires était bien réel; il a dépassé l1^ m.

Totalisateur d' Orny. Grâce à un subside du C.A.S. et à l' obligeant appui du Bureau météorologique central, j' ai pu acquérir et installer le totalisateur de précipitations qui manquait encore à l' équipement nivométrique du col d' Orny et dont le besoin se faisait sentir chaque année davantage. Cet instrument a été construit par la maison Brunschweiler, à Zurich, selon les indications du Bureau météorologique, spécialement pour la haute montagne. Il est d' un transport assez pénible, mais est très robuste. L' engin a pris place à demeure, le 11 octobre 1914, sur l' éperon rocheux situé à 250 mètres au NW de la cabane Dupuis, sur le chemin de la Pointe d' Orny, à la cote 3150 m environ. Son ouverture, de 2 dm2, est à 3.20 m du sol. Son réservoir a reçu, le jour même, une charge préalable de 6 kg de chlorure de calcium et 6 kg d' eau pure. Cette bouillie a été surmontée d' une couche d' huile de vaseline de quelques millimètres d' épaisseur ( O.5 kg en tout ). MM. Ed. Correvon ( Jaman ) et Lacombe ( Diablerets ) m' ont aidé dans l' installation du nouvel appareil avec leur complaisance tant de fois déjà mise à l' épreuve en faveur du groupe nivométrique d' Orny. Je les en remercie publiquement.

M. Correvon s' est retrouvé avec M. Pachoud ( Jaman ), Mlle A. Morel et l' auteur sur les lieux pour la première vidange annuelle du totalisateur, le 7 octobre 1915.

L' appareil avait correctement résisté aux intempéries. Il a emmagasiné une quantité d' eau très importante: la mesure en a été entravée et rendue très longue et pénible par la présence dans le récipient d' une couche de glace, épaisse de cinq à sept centimètres et qu' en dépit d' efforts soutenus il n' a pas été possible de fondre entièrement. Il en est resté quelque 1 kg au compte de 1916; le fastidieux et délicat contrôle a duré près de six heures, favorisées heureusement par un soleil splendide. On mesurait les volumes écoulés.

Le résultat a dépassé les prévisions; après décompte du matériel de remplissage préalable et supputation de la glace non évacuée, on trouve que le totalisateur a reçu 60 litres de précipitations en 361 jours, ce qui correspond à une hauteur de 300 cm d' eau. Cette hauteur est énorme; elle surpasse de beaucoup toutes celles, d' ailleurs peu nombreuses, qu' on a pu mesurer jusqu' ici à pareille altitude; on ne peut se défendre d' une certaine méfiance à son égard. Au col de la Jungfrau, à 3450 m d' altitude, on a recueilli, en 1913 —1914, 268 cm d' eau par an et au glacier du Rhône ( Thälistock 2800 m ) 274 cm. A la Concordia ( glacier d' Aletsch 2850 m ) on a noté en 1913 — 1914 261 cm et en 1914 — 1915 le même chiffre. Cependant la hauteur de l' ouverture du totalisateur d' Orny au-dessus du terrain semble exclure que l' instrument ait été enneigé ou qu' il ait pu recueillir une quantité notable de la neige reprise par le vent sur le glacier. Se serait-il amassé de la neige sur l' appareil même entre le réservoir et l' écran? C' est possible. Acceptons donc la valeur 300 cm d' eau sous réserves en attendant les éclaircissements de l' avenir.

Le mougin a été préparé le même jour, 7 octobre 1915, pour une nouvelle année; il a reçu 6 kg- de chlorure de calcium, ( i kg d' eau pure et O.s kg d' huile de vaseline blonde. La figure 2 représente l' appareil en station.

Levé du front du glacier d' Orny. Il y a un intérêt évident à pouvoir mettre les variations du front du glacier d' Orny en regard des variations d' alimentation et de niveau de son collecteur. Cette étude, trop différée, a pu entin être commencée le 8 octobre 1915, par un levé photogrammétriquc sommaire et que la saison, trop avancée, n' a pas permis de pousser aussi à fond qu' il eût fallu. Ce sera une des tâches de 1916.

Nivomètre de l' Eiger. Il a été surveillé, hiver comme été, avec le même soin et le même dévouement qu' auparavant par le personnel du chemin de fer de la Jungfrau, sous l' impulsion de son directeur, M. l' ingénieur Liechti. J' en exprime ici ma vive reconnaissance. Le tableau III condense les observations, trop nombreuses pour être publiées intégralement; les lectures se font en effet quotidiennement durant la saison chaude, tous les quatre ou cinq jours pendant l' hiver. Seules les tourmentes de neige les interrompent.

Nivomètre de l' Eiger ( 3100™ ).

Tableau III.

( 2 dej!

Degrés Dates 19V, 1914 1915 4 I 3616 I 40

>52

>46

3 II 50 43 46 15 II 40.5 37 47 3 III 3952

il.,

( 2 degrés valent 1 mètre. ) Degrés Dates 1913 1914 1915 15 III 38 — 48 1 IV 45

>52

48 15 IV 45.5

> 52

44 30 IV 43 46 43 15 V 43 48 36 Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

24< Tableau III Degrés Degrés Dates 1913 lyi4 l' Jlò Dates 1 913 li ) 14 1915 1 VI 39 37 36.5 1 X 21.

22 23 15 VI 32.r, 40 29 15 X 20.

5 23 18.5 1 VII 32.., 39 26.5 5 XI — 2 G 15 15 VII 33.r, 41 27 15 XI 34 37 18 1 Vili 34.5 43 22 4 XII 38 41 34 15 Vili 35 38 19 15 XII 45.

5 43 25 1 IX 28.5 29.r, 19 31 XII — 46 28 15 IX 23 20.5 23 Minimum absolu de 1913 ( 15 X ) 20.5 Minimum absolu de 1914 ( 12 IX ) 20 Maximum - 1914 m

>52

Maximum _ 1915 ( 20 III ) 50 Minimum absolu de 1915 ( 25 — 27 X ) 13.5 Maximum et minimum absolus de 1915 ont été inférieurs à ceux de 1914. Le minimum est, en outre, intervenu en 1915 six semaines plus tard qu' en 1914. Quant aux fluctuations du niveau des neiges, elles ont différé un peu d' une année à l' autre comme en témoigne le tableau IV.

Tableau 1 V Maximums Dates Degrés Minimums Dates Degrés Amplitudes en mètres ( 2 degrés ) Décrue Crue f 19 I 52 10-13 II 36 8 27 111-15 IV

>52

29 IV 46

> o 1914 12 V

>52

28 V 36

^> 3 o 8 Vili 42 15 VII 41 0.5 3 -J 29 VII 43.5 12 IX 20 11.5 1 14 20-30 I 48 5 II 46 1 9 20 III 50 21 Vili 17 16.5 1915 6 IX 28 24 IX 19 4.5 5..

2-5 X 23.5 25-27 X 13.5 5 " 1 Ci 4 XII 34 11 XII 24 5 1U..

En 1914 l' enneigement a eu trois maximums accentués, en janvier, en mars-avril et en mai; après une rapide décroissance au cours du même mois, il a subi une légère mais persistante recrudescence jusqu' à la fin de juillet. Dès lors le désenneigement s' est poursuivi régulièrement jusqu' au 12 septembre où le réenneigement hivernal, précoce, a commencé, lent d' abord, rapide dès novembre. Le 30 décembre l' enneigement atteignait presque le maximum absolu de la saison et conservait ces valeurs élevées jusqu' à mi-avril 1915. Le désenneigement a été régulier jusqu' à la tin d' août 1915, puis coupé de réenneigements temporaires au cours de l' automne. Le minimum absolu s' est produit à la fin d' octobre seulement. Il a été suivi d' un rapide réenneigement.

Les bilans annuels de 1913, 1914, 1915 sont donnés par le tableau V.

Tableau V.

Accumulation Dissipation Eésidu IFiver Mètres Eté Mètres Automne 1 Hêtres 1910—1911 16.5 1911 35.5 1911 — 19 1911—1912 1912 16.5 1912 + 16.5 1912-1913 20 1913 15 1913 -j- 5 1913—1914 > 16 191416 1914 0 1914—1915 15 1915 18 1915 — 3 P.L. Mercanton.

On y reconnaît la tendance à l' affaissement des masses glaciaires décelée déjà par les bilans d' Orny. Mais au Grindelwalder Fiescherfirn ( Eismeer ) l' affaissement semble avoir débuté en 1913 déjà, une année plus tôt qu' au glacier d' Orny. Il y aurait intérêt à posséder une échelle nivométrique au voisinage du col de la Jungfrau; je n' y ai pas su trouver d' emplacement favorable à son établissement. Rien ne nous autorise à affirmer que le désenneigement, patent pour les régions occupées par le glacier proprement dit, s' étende aux revêtements de neige immobiles des hautes régions, aux flaques de neige, par exemple, qui en maints lieux garnissent les dépressions. Le défaut de renseignements de la part des alpinistes se fait sur ce point fâcheusement sentir. Nivomètre du Diableret ( 3030 m ). Cette échelle, demeurée invisible depuis 1911 et que je songeais sérieuse- ment à remplacer, est réapparue en 1915, en très bon état de conservation. Seul le 0 du numéro ultime supérieur 90 est effacé. Le 20 septembre 1915, M. E. Francillon ( Diablerets ) notait n° 87.5; le 22 septembre la neige atteignait le trait 87 ( Mercanton et Margot ), mais le nivomètre était déchaussé jusqu' au dessous du n° 84; le glacier décollé de la paroi rocheuse ménageait en cet endroit une fissure béante de 2 à 3 mètres. Je rappelle que l' échelle en ques- tion, à traits rouges espacés de 50 cm, est peinte dans la face orientale de la dernière grande paroi rocheuse qu' on longe à main droite en montant au Diableret. ( Fig. 3. ) Une crevasse étendue souligne en tout temps, à cet endroit, le bord du plateau supérieur du glacier du Diableret. En automne 1915 cette crevasse était extrêmement puissante. Les rimaies sous le „ Rasoir " entre les „ Petits Rochers " et ceux du nivomètre étaient également très accusées.

Le dégagement imprévu du nivomètre est dû à l' affaissement du névé, non à un défaut d' alimentation de celui-ci. Les indications de l' instrument même donnent 1.5 m au moins pour la grandeur de la dénivellation. Une fois de plus le caractère saccadé, périodique, de l' écoulement glaciaire est mis en relief par les observations nivométriques.

Totalisateur du Diableret. Avec l' appui du C.A.S. j' ai pu dresser au sommet du Diableret un mougin, obligeamment mis à ma disposition par le Service fédéral des Eaux dont le Directeur, M. le Dr L. Collet, voue aux questions de l' enneige alpin un intérêt actif. Je le remercie ici de sa complaisance. Ce totalisateur est identique à celui d' Orny. Il a été installé, le 22 septembre 1915, à quelques mètres au nord du sommet septentrional du Diableret, sur une plate-forme rocheuse dominant immédiatement le Creux de Champ. Cette situation était imposée par la nécessité de soustraire l' instrument à l' accumulation hivernale des neiges qui forment Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

corniche un peu plus à l' est et aussi de le mettre en vue de la vallée pour qu' on puisse le surveiller d' en bas. Cette dernière précaution s' est montrée des plus opportunes; le 15 janvier 1916 j' ai pu constater ainsi que les bourrasques avaient plaqué une forte corniche de neige contre la face sud-ouest, sur le vent, du totalisateur, obstruant son ouverture. Si l'on pouvait croire le phénomène tout exceptionnel, il ne faudrait pas hésiter, quels que pussent être la peine et le danger, à faire l' ascen pour dégager l' appareil; il y a lieu de craindre malheureusement que la chose, se répétant, rende pareille sollicitude trop onéreuse. M. Beauverd, instituteur au village des Diablerets ( Ormont-Dessus ) a bien voulu se charger de surveiller l' instrument au télescope pendant l' exercice 1915-1916. Jusqu' à présent le totalisateur a bien résisté aux coups de vent. Il a été transporté et fixé par une équipe dirigée par M. Jules Nicollier, des Isles ( Ormont-Dessus ), en ma présence. Son ouverture est à la cote 3248 m et à 2.es m du sol. J' ai versé dans le récipient une charge préalable de 6 kg de chlorure de calcium, 6 kg d' eau pure et O.s kg d' huile de vaseline. Les opérations, effectuées le 22 septembre 1915, ont été favorisées d' un temps exceptionnellement calme; par vent violent elles eussent été quasi impossibles. ( Fig. 4 et 5. ) Les frais de transport et d' installation se sont élevés à quelque 120 francs, strictement compté. A ce totalisateur du sommet correspond, au pied même de la montagne, au village des Diablerets, un pluviomètre du type en usage dans les stations suisses, mais placé sur un bâti métallique spécial et muni d' un écran tronconique identique à celui du mougin. Cet instrument est contrôlé quotidiennement par M. Beauverd. ( Fig. 6. ) Si le totalisateur, très exposé, ne réserve pas trop de surprises fâcheuses ce groupe pluviométrique fournira des données de grande valeur.

Nivomètres de l' AletSCh. Le Service fédéral des Eaux continue ses contrôles nivométriques au glacier d' Aletsch. Je remercie M. Collet d' en réserver la primeur à ces „ Rapports ". Les 22 et 23 juillet 1915 toutes les échelles ont été prolongées à leur extrémité supérieure en vue des observations hivernales. Leurs étendues actuelles sont données en regard de leurs désignations dans le tableau VI qui renferme l' ensemble des déterminations faites en 1914 et 1915.

P.L. Mercanton.

Nivomètres de l' Aletsch.

Tabi. VI.S] Strahlhorn, près du lac de Märjelen, va actuellement de 10 à 19 m ( 2350 m ).

Dates 22 VII 28 VII 23 IX 22 VII 20 X 7 II 18 II 12 IV 23 VII 23 IX 14 IV 23 VII 21 X 1914 Degrésmètres ) 13.0 13.0 ll.o

V 1914 12.0 11.0 [F] Faulberg, près de la cabane Concordia, va actuellement de 10 à 22 m ( 2850 mi.

13.2 13.0 17.5 13.5 12.5 1915 19.1 „ 14.0 14.1 1914 enfoui 14.5 [G i] Grüneck 1, p. 2802, vis-à-vis cabane Concordia, va de 10 à 25 m 27 VII 23 IX 23 VII 8 Vili 21 X 1915 16.2 15.0 13.5 Une marque faite dans le rocher, comme suit: 23 juillet 1914, s' est trouvée le 23 juillet 1915 à 2.55 m au-dessus de la surface du glacier, et le 21 octobre 1915 à 7.8 m.

[G 11] Grüneck II, angle sur Ewig-Schneefeld, va actuellement de 12.r> à 22 m ( 2840 m ).

12 IV 23 VII 27 VII 23 IX 23 VII 21 X 27 VII 23 VII 21 X 23 VII 27 VII 23 IX 23 VII 21 X ( 23 vu 21 X 191419.014.8 .,14.5 12.5 1915 n 1914 1915 13.0 11.3 enfoui introuvable, probable- [T 1] Trugberg I, près du point 2850.

VI 1914 ment sous une avalanche [T ni Trugberg II, près du point 2909, va actuellement de 10 à 18 m.

[K] Kranzberg, pied de la grande arête orientale, va de 9 à 13 m ('2860 m ).

lO.o ll.o .,10.88.0 ( soit 2 m en dessous 19159.4 [du bas de l' échelle ) 1914 1915 G.r, 10.0 Le 14 avril 1915 tous les nivomètres étaient sous la neige. Une marque faite à cette date dans le rocher a permis de déterminer plus tard la hauteur de la neige à celui du Faulberg ( 19.1 ). Il n' y a pas accord entre les désenneigements au nivomètre G 1 et à la marque du 23 juillet 1914 pour la période 23 juillet 1915 à 21 octobre 1915. Le premier décèle un abaissement de 2.7 m, la seconde de 5. » m. L' avenir expliquera peut-être une divergence, pour l' instant inexplicable, rien n' autorisant à rejeter l' une ou l' autre des observations comme erronée. Ti est resté enfoui en 1914.

Ces nivomètres ont au cours des dernières années les bilans ci-dessous:

Tableau VII.

Résidu annuel automne de Nivomètres 1913 1914 1915 S....

+ 0.5

+ 0.0

F....

. l.n

+ 2.s

Gi...

+ 3.5

— 1.0

Gn...

1.2

Ti...

. +1.2Tu...

+ 1.5

— 1.5 K....

S + F + G i — O.i

+ 2.;i

+ 0.2

3 Tous les bilans de 1914 présentent un gain d' enneigement: ceux de 1915 correspondent pour la plupart à un désenneigement. F, qui fait exception, a un résidu inférieur pourtant à celui de 1914. On retrouve à l' Aletsch la tendance au désenneigement si bien mise en évidence par les nivomètres des autres régions alpines. Le petit nombre de déterminations automnales dont nous disposons pour cette région restreint malheureusement la valeur de ces calculs.

Groupe nivométrique des Clarides. La Commission glaciologique zurichoise ( Z.G.K. ) dont notre XXXIV' Rapport saluait la collaboration bienvenue, a beaucoup travaillé en 1914 et 1915. En dépit de la guerre, l' appui des touristes ne lui a pas fait défaut et elle a trouvé en dehors de son sein une aide précieuse pour des travaux pénibles et difficiles. Avec l' autorisation de son président, M. l' in Rutgers, j' extrais quelques renseignements sur l' enneigement dans les Alpes de la Suisse centrale et orientale, du rapport complet, que la Commission va publier dans le „ Jahrbuch des schweizerischen Skiverbandes " pour 1916.

Le groupe nivométrique desClarides comprend la balise nivométrique fixe dressée en octobre 1913 près de la cabane des Clarides ( trop exposée au vent, elle vient d' être réinstallée à quelque cinquante mètres de là ), une balise mobile fichée en 1914 dans le glacier des Clarides au point 2708 m et longue de 5 mètres; enfin une deuxième balise mobile dressée sur le glacier près du sommet desClarides à 2930 m d' altitude, en 1915.

Le tableau VIII condense les lectures à la balise du point 2708.

Balise nivométrique au point 2708 m.

Tableau VIII.

Névé d Dates Enneigement en ai depuis le 18 IX 1U14 1914 28 IX 0 21 XI 100 4 XII 200 1915 16 II 375 18 IV

>500

1 V

>500

16 V 425 des Clarides.

1915 lies 12 VI Enneigement en cm depuis Je 28 IX IUI4 300 28 VI 260 29 VI 275 1 VII 295 11 VII 230 26 VII 215 8 Vili 180 n n En comparant graphiquement ces observations avec celles de la balise fixe près de la cabane, M. Rutgers trouve que le maximum au printemps de 1915 a dû atteindre 535 cm. L' hiver 1914—1915 a donc enrichi dans ces parages le névé d' une couche de neige d' environ 5.3 m d' épaisseur.

Les glaciéristes zurichois ont essayé d' évaluer en eau le résidu d' alimentation du névé au moyen de la sonde de Church1 ). Ces mesures constituent le point le plus nouveau et le plus intéressant de l' activité de la Z.G.K. La sonde de Church est un tube d' acier, à section circulaire, fait de plusieurs segments raccordables à vis, et dont l' extrémité est tranchante. Il porte une graduation en cm. Des regards pratiqués tout le long du tube permettent d' en examiner l' intérieur. On enfonce l' appareil dans le névé à la profondeur voulue et on le retire garni d' une carotte de neige dont les évidements de la paroi montrent en détail la composition. Le tube est alors pesé, soit entier, soit par segments, à plein et à vide, et l'on a ainsi toutes les données nécessaires au calcul de la densité du névé. L' instrument, relativement léger, permet des prises d' échantillons à plusieurs mètres de profondeur.

On avait pris la précaution, en été 1914, de saupoudrer d' ocre jaune divers points de la surface glaciaire, de sorte qu' il n' a pas été difficile, en 1915, de conduire les sondages à la profondeur voulue. Ils ont donné un résultat inattendu: Au lieu de s' accroître avec la profondeur, comme on le prévoyait, la densité du névé décroissait d' abord à partir de la surface. Les couches profondes ont gardé leur caractère hivernal mieux que les couches superficielles. Le tassement ne paraît pas les avoir affectées, peut-être à cause des croûtes de glace, épaisses de 1 à 2 cm, qui cloisonnaient la couche à des intervalles de 30 à 50 cm. Ainsi, au point 2708 ( balise ) du névé des Clarides, M. Rutgers a trouvé, en juillet 1915:

Couche de.. 0 à 110 cm de profondeur, densité moyenne 0.57 gr: cm3., „.. 110 à 215 cm :l., 0.48 „., „.,.. 215 à 246 cm 0.38 „., Couche entière. 0 à 246 cm 0.50.,., La moyenne des déterminations en quatre endroits autour de la balise, pour la couche de 1914—1915, a été de 0.54; partout la décroissance de la densité en profondeur s' est manifestée clairement. A ce résidu annuel de 246 cm d' épaisseur correspond donc une hauteur d' eau de 1330 mm. Au moment du maximum d' enneige ( 535 cm ), la densité moyenne de la couche était seulement de quelque 0.25.

Ainsi l' eau de fusion à la surface du névé ne pénètre pas profondément dans celui-ci. Il y a un intérêt considérable à explorer systématiquement le névé, d' amont en aval, du point de vue de sa densité à la surface. Peut-être pourrat-on en déduire une relation généralement utilisable pour traduire les épaisseurs de couches lues aux balises en hauteurs d' eau alimentant le névé. Un totalisateur Mougin a été installé en 1915 sur le Geissbützistock, par 2700 m d' altitude.

Groupe nivométrique du glacier du Suvretta. La Commission zurichoise a étendu son activité à cette région de nos Alpes de la Suisse orientale en érigeant, en 1914, au voisinage de la cabane du Suvretta, vers 2350 m d' altitude, une balise fixe et un mougin, puis, en 1915, une balise mobile, dressée le 2 janvier sur le glacier même, à 2810 mètres d' altitude. La place nous manque pour consigner ici les lectures faites aux balises; il convient pourtant de noter que le totalisateur a emmagasiné, du 11 octobre 1914 au 26 septembre 1915, 1180 mm d' eau. Klosters, à 1190 m, en a reçu 1300 pendant la même période. Le sens de l' écart est bien fait pour surprendre!

. ' ) Voir Meteorologische Zeitschrift, janvier 1913.

Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

Relevés nivométriques au Säntis et au St-Gothard. Les observateurs de ces deux stations météorologiques procèdent depuis longtemps déjà an contrôle régulier de l' épaisseur de la couche de neige aux abords immédiats de leurs observations. En 1914 le maximum d' enneigement s' est produit au St-Gothard ( 2100 m ) le 28 mars, au Säntis ( 2500 m ) le 8 avril. Ceci corrobore un des principaux résultats de l' étude publiée par le soussigné dans le XXXIVe Rapport ( 1913 ) sur l' enneigement dans l' Entre monts: le maximum d' enneigement intervient le plus tard dans la station la plus élevée.

Conclusion. L' enneigement a été légèrement progressif en 1914. Ce résultat est dû moins à l' abondance des neiges de l' hiver 1913-1914 qu' à la lenteur et à la brièveté du désenneigement estival.

L' enneigement a été notoirement régressif en 1915, moins par défaut d' alimen des névés que par leur affaissement sous la surcharge des années précédentes. C' est la répétition du phénomène de désenueigement, on pourrait dire „ mécanique ", de 1911.P.L. M.

CXX. Chronique des glaciers suisses en 1914 et 1915.

Les inspecteurs forestiers suisses ont mensuré en 1914, en dépit des difficultés créées par la guerre, 39 glaciers. A ce nombre il faut ajouter le glacier du Trient, toujours fidèlement surveillé par M. Guex, de Vevey ( Jaman ), et celui du Rhône dont 1 état de crue a été constaté dûment par le rapporteur le 28 juillet, mais non mesuré.

En 1915, par suite de circonstances malheureuses, mais toutes passagères, le nombre des glaciers contrôlés par l' Administration fédérale des Forêts a été très restreint. Les glaciers vaudois ont heureusement fourni l' ensemble de données usuel; il avait totalement fait défaut en 1914 par suite de mobilisation du surveillant. M. Guex a mensuré le glacier du Trient et M. l' ingénieur Leupin, du Bureau topographique fédéral, a levé le front du glacier du Rhône.

Voici les résultats des contrôles pour les trois dernières années. Le signe — indique la décrue, l' absence de signe la crue du glacier. Comme auparavant ils sont groupés par bassins hydrographiques.

I. Bassin du Rhone.

Tableau IX.

A. Canton du Valais.

Variations, en mètres, en Variations, en mètres, en Glaciers 1913 1914 1915 Glaciers 1913 1914 1915 Rhône 14 ~22^ Duran ( Tsina110 — 11 — 23 Fiesch — 6 — 11 Ferpècle — 30 —35 — 8 Aletsch — 11 — 7 — 6 Arolla — 17 — 11 — 3 Latschen2 — 0.

Tsigiorenovc2 — 20 22 Tsanfleuron 0 2 — 8 Mont-Fort 0 0 0 Kaltivasscr — 6 0 Grand Désert — 8 0 — 20 Allalinh Valsorey — 4 — 3 — 1.5 Gorner — 6 — 7.

5 — 6 Saleinaz — 13 — 10.

5 —11.5 Turtmann — 29 — 19 — 5.5 Trient — 11 — 8 0 B. Cantor i de Vaud.

Prapios — y — 4 Petit Plan-Névé3 4.5 I'.L. Mercanton.

1915. Le glacier du Rhône, en recul ou stationnaire depuis 1856, est maintenant en crue, modeste il est vrai, mais certaine. Du 14 août 1913 au 24 août 1915 il a recouvert 9530 m2 de terrain. Cette crue paraît devoir s' accentuer encore, car le glacier a subi un gonflement latéral de 20.E mètres, sur sa rive gauche, à la hauteur de l' Hotel Belvédère ( 20 août 1913 — 23 août 1915 ). Le glacier de Trient, quoique encore stationnaire, a pris figure de crue. Le Tsanfleuron a éprouvé sur une largeur d' environ 100 mètres un affaissement notable de son front. L' irré de forme de l' extrémité n' a pas permis d' utiliser les repères au glacier du Dard, mais son augmentation de largeur trahit la crue.

II. Bassin de 1 Aar.

Tableau X.

Canton de Berne.

Variations, en mètres, en Variations, en mètres, en Glaciers 1913 1:

1915 Glaciers 1913 1 914 1915 Stein 9 6 9 Eiger 14 15 0 Unteraar — 14 — 8 — 12 Blümlisalp — 1 - 1.5 10 Ob. Grindehvald 17 38 — Gamchi 15 - 1 12 Unt.

III. Bassin de la Reuss.

Tableau XI.

A. Canton d' Uri.

Variations, en mètres, en Variations, en mètres, en Glaciers 1913 1914 1915 Glaciers 1913 1914 1915 Kartigel — 1 — 54.r, Erstfeld 0 0 0 Wallenbillil — 2 —8 —3.., Rufi — o — 10 — 23 Kehlefirn — 5 — 2.., 38 Brunni — 632.0 B. Canton d' Obwalden.

Griessen 2 10 — Firnälpeli occid.

9 11 — Firnälpeli oriental 01914. La langue occidentale du Firnälpeli s' élargit et s' allonge sans cesse. On peut prévoir pour 1915 le remblayage! complet par la moraine frontale de la ligne servant aux mensurations. Malheureusement, lorsque la banquette rocheuse qui porte les repères fixes sera recouverte, il ne sera plus possible de reculer ceux-ci et les observations seront forcément interrompues. La langue orientale croît aussi; la neige en a empêché le contrôle, ( de Tribolet. ) IV. Bassin de la Linth. Pas d' observations en 1914 et 1915.

Tableau XII.V. Bassin du Rhin.

A. Canton des Grisons.

Variations, en mètres, en Glaciers Lenta Puntaglas Lavaz Porchabella 1913 1914 O 11.; 15 — 15 20 1915 Les variations périodiques des glaciers des Alpes suisses.

Variations, en mètres, en Glaciers Piz Soi Sardona l' J181914 B. Canton de St-Gali.

79.5 l' Jlà 8 6.3 — 6.:, VI. Bassin de l' Inn.

Canton des Grisons.

Picuog1110 VIT. Bassin de l' Adda.

Canton des Grisons. Palü2422.0 Forno1314 VIII. Bassin du Tessin. A. Canton des Grisons.

Muccia3B. Canton du Valais.

Bossboden73 — 13.5 26 C. Canton du Tessin. l' as de contrôles depuis 1913.

Tableau XIII.

Hécapitulation pour 1914.

Nombre de glaciers Bassin Canton Observés En rrue Statiuu- nains Kn ( Itcrne certaine probable dou- tPUKC douteuse probable certaine Rhône.. y Valais Vaud...

16 0 1 13 1ii Aar.

Berne 7 41 1 i JÌCUSS Uri... Obwalden.

6 2 215 Linth.

Glaris 0 Mliin.

Grisons. St-Gall..

4 2 2 2Inn.

Grisons.

11 Adda.

Grisons.

29 Grisons.

0Tessin.., Valais 1 1Tessin 0i1914...

Total...

41 10 3 2 4 1 1 20 1914...

Proportion °/o — 24.r, 7.3 4.9 9.8 2.4 2.4 49.0 J'.L. Mercanton.

Tableau XIV.

Récapitulation pour 1915.

Nombre de glaciers Bassin Canton Obserrrs En crue Stationnaires Eh décraf certaine probable douteuse douteuse probable certaine Rhône Valais Vaud.

15 7 1 9 2 4 2 1 1 1 6 2 Aar.

Berne G 1 1 11 Reuss Uri... Obwalden G1 14 Linth.

Glai' isRhin.

Grisons. Sl-Gall..

12Inn.

Grisons.

Adda.

Grisons.

Grisons.

1Tessili Valais 1 1Tessili1 1915...

Total...

38 5 3 7 4 3 3 13 1915...

Proportion °/o — 13.2 7.0 18.4 10.5 13.2 34.2 Pour se faire une idée claire du sens général de la variation glaciaire, il faut exprimer en pour cent du nombre des glaciers observés chaque année, la proportion de ceux qui rentrent dans nos diverses catégories de variation: crue, stationnement et décrue.Voici les résultats de ce calcul:

Tableau XV.

" u des glaciers En crue Stationnaires En décrue 45 4 51 33 8 59 36.5 10 53.5 39.5 10 s 50 Année 1912 1913 1914 1915 Depuis 1913 la proportion des glaciers stationnaires et en crue a augmenté constamment; peut-être même serait-elle plus forte en 1915 si les contrôles avaient pu être faits partout comme naguère. En automne 1915, sur 38 glaciers mensurés, on eu comptait 19 en décrue, 4 stationnaires et 15 en crue. En 1914, sur 41 glaciers il y en avait 22 en décrue.

La tendance à lu crue est manifeste dans l' ensemble des glaciers des Alpes suisses depuis 1913.P.L. M.

III.

Kleinere Mitteilungen.

Jahrbuch des Schweizer Alpenclub, 50. Jahrg.

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