«Grimper, c’est extraordinaire!» | Club Alpin Suisse CAS
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«Grimper, c’est extraordinaire!»

Evoluer sur le rocher dans des voies bien aménagées et faire l' expérience de la nature tout en bénéficiant d' un assurage optimal, voici une activité de plus en plus appréciée. Malgré cela, des voix s' élèvent pour qualifier « l' escalade de « faux pas dans l' éthique des sports de montagne ». Pourtant, le développement de ce type d' escalade peut être positif, preuve en est le site d' Orpierre ( F)2.

Le guide-topo du site d' Orpierre3 présente une approche décrispée de la relation entre l' homme, la nature et les sports de plein air:

Il y aurait beaucoup à dire sur le terme « sites d' escalade aseptisés»4, souvent utilisé pour qualifier les sites d' escalade aménagés, avec une connotation péjorative... Il recouvre sans doute comme une nostalgie de la perte du caractère sauvage des falaises, et pour d' autres, la fin d' un mythe du grimpeur « héros », conquérant de l' inutile...

[...] Chez nous à Orpierre, dans les montagnes des Baronnies [...], où parfois jusqu' à 90% des terres sont retournées à la friche, l' aménage des falaises pourrait se considérer comme une nouvelle agriculture, un nouvel espace privilégié où s' ex les rapports entre l' homme et son milieu. La vie revient au village, des jeunes se ré-installent... et un équilibre, un échange s' établit entre le village et sa falaise. Et il est une beauté dans cet échange [...], le sens profond du rapport homme-nature. Ainsi pour nous, « aseptisé », ça ne veut pas dire grand chose... juste regretter qu' avec ces mots en tête, « sites d' escalade aseptisés », beaucoup oublieront que tous les bonheurs sont possibles. Dans l' odeur du thym et de la lavande, la beauté des ciels de Provence, et les inoubliables couchers de soleil au sommet du Quiquillon... que grimper, c' est extraordinaire!

Là où la tradition alpine est fortement ancrée dans un alpinisme héroïque et élitaire, l' escalade dans des sites très bien équipés est parfois considérée comme une activité contraire au sport et à la compréhension de la nature. Avec l' expression « utilisation abusive de la nature en tant que terrain de gymnastique » on a tenté, il y a vingt ans déjà, de jeter le discrédit sur l' escalade libre, qui commençait alors à se développer. L'« escalade-plaisir » souffre d' hui d' une semblable mise à l' écart, surtout en Allemagne. On la dit « peu éthique » et ses adeptes sont qualifiés de « consommateurs étrangers aux milieux naturels ». Pourquoi l' enthousiasme pour ce type d' escalade devrait-il exclure la joie de se retrouver dans la nature? Et pourquoi, dans le même temps, le grimpeur qui prend en charge tout ou une partie de l' assurage devrait-il forcément être proche de la nature, un privilège qui lui est seul réservé? L' intensité de l' expérience est-elle vraiment liée à un style? Ou dépend-elle plutôt de ce que chacun éprouve dans une paroi? Cette opinion découle finalement d' un jugement moral, qui oppose la valeur de l' éthique sportive au peu de valeur des disciplines sportives. Elle correspond à une idéologie qui empêche de constater que la relation la plus naturelle et la plus durable avec la nature passe par la joie que l'on y éprouve, indépendamment du sérieux de l' activité. A cette question, ainsi qu' à d' autres thématiques proches, nos voisins Français ( mais aussi nos compatriotes Romands ) répondent de façon moins crispée, avec plus de tolérance et d' humanité. Ainsi, ils ne recherchent pas un remède miracle dans la camisole de force que sont les « réglementations conformes à l' éthique sportive ».

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