Bivouacs fixes
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Bivouacs fixes

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Avec 6 illustrations ( 116-121Par L. Seylaz

La question des refuges-bivouacs a été soulevée quelquefois dans notre club, et discutée assez longuement à la réunion des sections romandes de Neuchâtel ( juin 1953 ). H.P. Badoux et H. Liebhauser de Montreux avaient construit pour cette occasion un modèle réduit qu' ils présentèrent aux délégués. Quelques représentants des petites sections semblèrent s' inté vivement à la chose; d' autres firent entendre des objections. En somme, on montra plus de doutes et de craintes que d' enthousiasme. On hésitait à embarquer le CAS dans ces entreprises nouvelles et aléatoires. Si bien que l' étude de la question, qui aurait dû suivre, est retombée dans une profonde léthargie. Cela est conforme aux tendances du club, qui sont solidement conservatrices. Les jeunes lui reprochent assez cette stabilité qu' ils taxent d' inertie. Mais il faudra bien tôt ou tard la reprendre, en même temps que celle du statut de nos cabanes proprement dites, de leur exploitation, du gardiennage, etc. En attendant, il n' est pas inutile de poser quelques jalons pour éclairer la lanterne.

Et d' abord quelques constatations:

Nos refuges constituent, dans les Alpes suisses, un réseau qui peut paraître assez serré. Il l' est cependant moins que dans les Alpes orientales ( Ötztal, Dolomites ) où les refuges surabondent. Mais ce sont pour la plupart de véritables hôtelleries, gérées sous le contrôle du club propriétaire selon un tarif fixé par lui. Il n' est pas impossible que nous devions en arriver à un système analogue pour certaines de nos grandes cabanes: Boval, Tschierva, Mutthorn, Blümlisalp, Britannia, Monte Rosa, Schönbiel, etc.

Ce réseau toutefois ne laisse pas de présenter des lacunes. Il est de nombreuses courses pour lesquelles il n' existe pas de base de départ dans un abri sûr. Il faut alors ou bien trans- porter sa tente, ou bien passer la nuit très bas dans quelque chalet. Veut-on des exemples: face nord de la Dent Jaune, de la Forteresse; face orientale de la Cime de l' Est; arête nord de la Dent Blanche; traversée Rothorn-Schaligrat; versant est du Fletschhorn, du Laquinhorn, du Weissmies, etc. Chaque coureur des Alpes pourra allonger cette liste.

D' autre part, s' il est incontestable que la majorité des clubistes et des touristes réclament et exigent toujours plus de confort dans les refuges alpins, au point que certaines cabanes vieillottes sont délaissées, il n' en est pas moins vrai également que de bons alpinistes évitent ou fuient les caravansérails bruyants et sont heureux de se retrouver dans une petite cabane où l'on est entre soi, c'est-à-dire entre vrais grimpeurs ( voir Les Alpes, juillet 1952; juillet 1953 ). Pas besoin de me faire observer qu' il y a flagrante contradiction; je ne me charge pas de l' expliquer.

Il n' est pas rare non plus de voir des jeunes aller planter leur tente dans le voisinage immédiat d' une cabane, soit qu' ils ne se sentent pas à l' aise dans un local encombré ou strictement gardienne, soit plutôt tout simplement par nécessité d' économie.

L' examen des tableaux de fréquentation de nos refuges montre que de plus en plus certaines cabanes facilement accessibles, à proximité d' un important centre touristique, ou dans le voisinage de cimes « à la mode » sont surchargées, tandis que d' autres souffrent de désaffection. Trient, Bertol, Mountet, Schönbiel, Monte Rosa, Britannia et surtout Hörnli sont très fréquentées, tandis que je me suis trouvé à trois reprises, ces dernières années, seul ou presque à Chanrion, au mois de juillet, par le plus beau temps du monde. De même Tourtemagne, Bordier, Topali, refuges neufs et confortables, n' ont qu' un nombre restreint de visiteurs.

Or le coût actuel d' une cabane du type suisse, en solide maçonnerie, répondant aux directives fixées par le club, atteint ou dépasse 100 000 francs, ce qui la met hors de portée des moyens financiers d' une petite section. Ces nouvelles bases de départ qui manquent encore à notre réseau, placées dans des endroits retirés ou difficiles d' accès, ne serviront qu' à quelques cordées de grimpeurs de haute classe. Elles ne « payeront » jamais; les taxes ne pourront jamais amortir les frais de construction, pas même couvrir les intérêts.

Tout cela bien considéré, la création de bivouacs fixes peut se justifier. Elle rentrerait incontestablement dans le programme d' action énoncé par les statuts du CAS: faciliter l' accès des sommets. Elle répondrait au besoin d' aventure, de nouveauté, d' imprévu qui travaille les jeunes. Certes, ces constructions ne « payeront » pas non plus. Il faut même s' attendre à des déceptions, des déprédations; mais comme les sommes engagées seront minimes, la charge peut être aisément supportée par le club. Lorsque celui-ci construisit les premières modestes cabanes, au début de son activité, il ne pensait pas qu' il rentrerait jamais dans ses fonds; il n' y avait même pas de taxes. Ce n' est que peu à peu, de par le flot sans cesse grandissant des touristes et sur leurs exigences accrues, et du fait du coût élevé de ces constructions, que les sections, nécessairement, ont dû orienter leur politique des cabanes vers le rendement, afin de pouvoir les entretenir, les agrandir ou les reconstruire. Elles n' ont fait en cela que suivre l' évolution, s' adapter aux nouvelles conditions. Mais cette adaptation ne doit pas s' arrêter. Il est maintenant d' autres besoins, d' autres aspirations, qu' il est aussi du devoir du club de satisfaire.

C' est cette idée de petits refuges pas chers, à rayon de service limité, qui inspirait le CC de Lausanne il y a vingt-cinq ans lorsqu' il proposa la construction de Tracuit, lequel ne devait servir, dans l' esprit de ses promoteurs, que de point de départ pour l' arête nord du Weisshorn. Sa situation grandiose et splendide, la facilité d' accès, ont voulu qu' il devînt une belle cabane de 50 places. Ne regrettons pas ce succès et regardons ailleurs.

Le Club alpin académique italien ( CAAI ), qui n' est qu' un groupe du CAI, a compris ce besoin et pris les devants depuis longtemps. Dès 1924, les frères Francesco, Pietro et Zenone Ravelli de Turin ont étudié et créé la forme des refuges-bivouacs. Les trois premiers furent édifiés l' année suivante, en guise de démonstration. L' ingénieur Adolfo Hess en fut aussi un ardent promoteur. Par la suite, l' ingénieur Apollonio étudia un autre type, de dimensions peu plus spacieuses. Il y en a maintenant plus de vingt rien que dans les Alpes occidentales, et chaque année en voit s' élever de nouveaux. M. Piero Falchetti, de Turin, a eu l' extrême obligeance de me documenter à leur sujet. En voici la liste par ordre d' an:

1° Bivouac fixe du Col de VEstellette, 2958, situé au pied W de l' Aiguille de l' Estellette, à quelques mètres au-dessous du col, rive droite du glacier de la Lex Blanche. Construit en 1925; dimensions1 2+2,20+1,25; capacité 4-5 personnes.

C' est le premier bivouax fixe édifié dans les Alpes italiennes. Il servait de base pour l' ascension des Aiguilles des Glaciers et de Trélatête. Son utilité est diminuée depuis la construction, l' an dernier, du beau refuge Elizabetta, au-dessus des chalets de la Lex Blanche. Propriétaire: CAAI.

2° Bivouac fixe de Fréboudze, 2360, sur la rive gauche du glacier du même nom ( Grandes Jorasses ). Construit en 1925; dimensions: 2+2,20+1,25; capacité 4-5 personnes. Propriétaire: CAAI.

3° Bivouac fixe de la Tête des Rœses, 3200, sur la rive gauche du glacier des Grandes Murailles ( Dent d' Hérens ). Construit en 1925; dimensions: 2+2,20+1,25; capacité 4-5 personnes. Propriétaire: CAAI.

Le refuge d' Aoste, sur la rive gauche du glacier de Tsa de Tsan étant actuellement inutilisable, le bivouac de la Tête des Rœses le remplace dans une certaine mesure. Il a été refourni de paillasses et de quelques ustensiles en 1952. Propriétaire: CAAI.

4° Bivouac fixe des Cors, 3142, situé sur la crête est de la Punta dei Cors ( Dent d' Hérens ). Construit en 1927; entièrement en pitchpin. Un peu plus spacieux que les précédents. Propriétaire: CAAI.

5° Bivouac fixe de la Sasse, 2973, sur la rive droite ( W ) du glacier de la Sasse ( Valpelline ). Construit en 1929; capacité 4 personnes. A été rééquipé de paillasses et de quelques ustensiles en 1952. Propriétaire: CAAI.

6° Bivouac fixe de la Brenva, 3100, situé sur le flanc oriental du grand éperon rocheux qui descend du Col de la Tour Ronde et s' enfonce sous le glacier. Construit en 1929; capacité 4 personnes. Propriétaire: CAAI.

7° Bivouac fixe des Dames Anglaises, 3490, situé près de la Brèche nord des Dames Anglaises, versant Fresnay, au pied de l' arête SE de l' Aiguille Blanche de Peuterey. Construit en 1932 en souvenir de Piero Craveri. Accessible par le glacier de Fresnay. Propriétaire: CAAI.

8° Bivouac fixe du Col de la Fourche, 3682. Situé sur le versant italien du col, au pied de Tour NW de la Fourche ( Crête Tour Ronde-Mont Maudit ). Construit en 1935; dimensions: 2,70+3+2,70; capacité 7 personnes. Divisé horizontalement en deux étages superposés; couchettes en treillis métalliques. Dédié à Alberico et Borgna, péris dans une avalanche au Col de la Brenva. Propriétaire: CAAI.

Ce bivouac est souvent utilisé pour l' arête SE du Mont Maudit et pour les voies Major, de la Sentinelle et de la Poire au Mont Blanc.

Les dimensions sont indiquées dans l' ordre: largeur, profondeur, hauteur.

9° Bivouac fixe de la Valeille, 2750, au sommet de la moraine gauche du glacier de la Valeille. Construit en 1935; dimensions: 2,30+2+1,65. Propriétaire: CAAI.

10° Bivouc fixe Carpano al Piantonetto, 2865. Situé au Piano delle Agnelere ( Grand Paradis ). Construit par le groupe « Giovane Montagna » de Turin en 1937 et donné au CAAI. Dimensions: 2,20+2+1,75. Capacité 5 personnes; 2 tables mobiles. Dédié à L. Carpano, tombé à la Bessanèse en 1936.

11° Bivouc fixe Balzola au Col des Clochettes, 3477, sur l' arête NE de la Grivola. Construit en 1946; dimensions: 2+2+1,75; capacité 4-6 personnes; avec 2 couchettes doubles, une table pliante et couvertures. Construit en souvenir de M. Balzola et remise aux soins de la SUÇAI de Turin.

12° Bivouac fixe Carlo-Pol, 3180. Situé sur l' éperon rocheux de la Barme aux Bouquetins ( Valnontey, Grand Paradis ). Construit en 1946; dimensions: 2+2+2; capacité 6-8 personnes. 4 hamacs en toile et 4 places sur le sol. Construction très solide dans splendide situation. Propriétaire: Sezione di Torino della Giovane Montagna.

13° Bivouac fixe Gastaldi, 2610. Situé à 50 m. du petit lac de Netschio ( Corno Bianco ), sur Gressoney-la-Trinité. Construit en 1949; dimensions: 2+2,20+2,20; capacité 4 personnes; avec matelas en treillis et couvertures. Propriétaire: Sezione Gressoney del CAI. Fermé, demander la clé au Municipio de Gressoney-la-Trinité.

14° Bivouac fixe V. Belloni, 2500. Situé à la Loccie dei Camosci, sur un rocher à la base de l' éperon E du Grand Fillar. Construit en 1950; capacité 9 personnes. Propriété de la Sezione Gallarate del CAI. Fermé, demander la clé au guide Giuseppe Oberto junior, Macugnaga.

15° Bivouac fixe au GrandNeyron, 3414. Situé au col est du Grand Neyron ( Grand Paradis ). Construit en 1950, en bois, doubles parois. Avec 6 hamacs de treillis et couvertures. Placé sous la surveillance du guide Valentin Dayne à Valsavaranche. Propriété de la Sezione Firenze- del CAI.

16° Bivouac fixe Benedetti au Col Tournanche, 3500. Situé à l' ouest et au-dessus du col. Construit en 1950 par la famille Benedetti et donné à la Société des guides de Valtournanche; 6 places. Privé.

17° Bivouac fixe Albertini, 3300. Situé sur l' éperon rocheux partant de l' Epaule S de la Dent d' Hérens et séparant les glaciers du Mont Tabel et de Chérillon. Construit en 1951; 6 places. Avec couchettes en toile et quelques ustensiles de cuisine. Don de l' in Albertini à la Société des guides de Valtournanche.

18° Bivouac fixe du Morion, 2560. Situé au pied de la chaîne du Morion, sur une eminence à l' ouest du lac de la Leitou ( Ollomont ). Construit en 1952; 6 couchettes. Propriété de la Sezione Desio del CAI.

19° Bivouac fixe Cesare-Fiorio, 2490. Situé au Pas du Grapillon, sur la moraine gauche du glacier de Pré de Bar. Construit en 1952; 5 couchettes. Don de C. Fiorio au CAAI.

Je ne mentionne que pour mémoire les bivouacs fixes Eccles et Monza. Le premier, au Col Eccles ( Innominata ), a été emporté par un éboulement dans la nuit du 15 juillet 1952 avec ses deux occupants, Miss Jos. Moore et John B. Churchill.

Le bivouax fixe Monza, 3850, sur la crête frontière au Col des Grandes Jorasses, a été détruit par la tempêtepeu après sa construction.

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