Le Corps des Guides
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Le Corps des Guides

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PAR RUDOLF WYSS, BERNE

Dès sa fondation en 1863, le CAS s' était aussi donné pour tâche la bonne organisation du corps des guides. Il chercha à résoudre la question par des cours spéciaux suivis de la remise du brevet, par la fixation de tarifs équitables et par des secours financiers accordés aux guides ( et à leur famille ) victimes d' accidents ou tombés dans le besoin sans qu' il y ait eu faute de leur part.

Les cours de guides Sept ans avant la fondation du CAS, en 1856, le Conseil d' Etat du canton de Berne plaça le corps des guides sous surveillance administrative dans les districts d' Oberhasli, Interlaken, Frutigen et Thoune. Les guides de montagne devaient subir un examen oral et étaient brevetés ensuite. L' examen devait être public et porter surtout sur la connaissance locale nécessaire des cols et hauteurs de l' Oberland ainsi que des particularités de ces régions.

En 1857, le gouvernement valaisan émit « une loi, un règlement et un tarif pour le service des guides » dans son canton. Il exigeait aussi un examen oral avant d' accorder la patente. Auparavant la profession de guide était absolument libre partout. Stimulées par des circulaires du CC, diverses sections du CAS tentèrent d' apporter de l' ordre dans l' organisation des guides par des règlements et des tarifs: ainsi des sections Tödi, Rätia, Alvier, Pilate, Säntis, Piz Sol, Titlis, Monte-Rosa, Oberland, Diablerets. Mais la force de loi manquait à ces règlements. Des lois et des règlements cantonaux furent édictés par: Uri en 1888, Obwald en 1900, Grisons en 1903, Tessin en 1904, Vaud en 1915, Appenzell Rh.I. en 1936. Des représentants du CAS furent toujours présents lors de la préparation des ordonnances. Dans le canton de Glaris c' est à la section Tödi qu' est soumis aujourd'hui encore le corps des guides.

Les examens oraux bien intentionnés mais durant une journée seulement ne pouvaient suffire à la longue. A la suite de la proposition pressante de la section Oberland, le nouveau « Règlement pour guides et porteurs bernois de 1874 » prévit des cours afin de permettre aux guides d' accéder à une instruction plus complète dans les connaissances nécessaires et utiles.

S' appuyant sur cette décision, la section Oberland organisa en 1874, à Interlaken, le premier cours de guides. Il dura du 3 au 8 mars avec huit heures d' enseignement par jour. Les participants subirent un examen public et furent pressentis pour le brevet. Frais généraux: 347 fr. 20, dont fr. 200 payés par le CC.

En août de la même année, l' assemblée des délégués du CAS décida de soutenir ces cours à l' avenir par une subvention annuelle de fr. 100 à fr. 200. Au CC Berne fut confiée en même temps la mission d' établir le « Règlement pour les cours de guides » présenté par le CC. Il y était décidé entre autres:

Dans le but de former des guides de montagne suisses, des cours de guides seront organisés dans les diverses régions montagneuses de la Suisse selon les principes suivants:

1° L' organisation spéciale et la direction des cours sont prises en charge par une section du CAS. 2° Le plan d' instruction comprendra les branches suivantes:

a ) Géographie des régions de montagne environnantes.

b ) Géographie des Alpes suisses.

c ) Lecture de carte et orientation ( boussole ).

d ) Devoirs du guide ( connaissance du règlement des guides ), règles de prudence sur le terrain, emploi du piolet et de la corde, cuisine.

En second lieu, si le temps et les moyens le permettent:

e ) Notions élémentaires de sciences alpine et glaciaire; connaissance des principales espèces de plantes et de roches.

f ) Règles d' hygiène, premiers secours en cas de maladies ou d' accidents, cours de pansements.

3° Le cours ne peut compter moins de 8 jours, totalisant 48 heures d' instruction. Les cours se tiendront en hiver.

4° A la fin du cours un examen aura lieu, dont les résultats seront déterminants pour la remise du brevet. Les décisions prises par les gouvernements cantonaux respectifs feront loi pour cette remise. Lors du jugement, les branches cotées de a à d seront concluantes.

5° Des hommes de 20 à 35 ans, sains, forts, recommandés par les autorités communales seront admis comme aspirants. Us devront apporter aussi la preuve qu' ils ont déjà fonctionné comme porteurs ou guides. Il faut un minimum de 8 aspirants pour un cours.

6° La caisse centrale offre une subvention de fr. 100 à fr.200 par cours si les conditions ci-dessus sont remplies.

15 cours eurent lieu de 1882 à 1898 et 360 brevets furent délivrés sur la base de ce règlement. La plus grande partie incomba de beaucoup au Valais.

Heureusement, on ne se contenta pas toujours de théorie. Les sections Alvier et Rätia organisèrent un cours à Coire en 1890 où, pour la première fois, une excursion avec exercices pratiques en ravitaillement, équipement, cuisine, premiers secours en cas d' accidents, lecture de cartes, termina l' instruction. Se libérant de l' air soporifique de la salle d' école, le cours organisé par la section Monte-Rosa du 20 au 30 mai 1896 s' avéra très efficace. Y prirent part - après décision du Département de justice et police - 30 aspirants-guides et 46 guides déjà patentés. Le programme comprenait une partie théorique du 20 au 24 mai à Sion ( géographie, lecture de carte, devoirs du guide, premiers secours ) et une partie pratique aux Haudères avec des courses, du 25 au 30 mai.

Le cours valaisan suivant, en 1898, se fit de manière analogue à Sion et dans les montagnes de Zermatt. Ces deux cours rencontrèrent un plein succès et éveillèrent l' attention du CAS. Ce sont eux probablement qui déterminèrent le CC à proposer à l' agrément de l' assemblée générale de 1899 un nouveau règlement pour les cours de guides. En fait de nouveauté il prévoyait: des cours de 10 jours, dont 4 jours de théorie sur: géographie de la Suisse, particulièrement de la région où se donnait le cours; lecture de carte; devoirs du guide envers ses touristes; tarifs et leur application; hygiène et propreté; signaux de détresse et premiers secours en cas d' accidents; entretien et nettoyage des cabanes; quelques notions de géologie. Puis 6 jours de pratique au cours d' ex en haute montagne, avec exercices dans le rocher, sur les névés et les glaciers. Brevet de IIe classe à la fin du cours. Brevet de Pe classe après une activité réussie au cours d' un certain nombre de courses importantes; cours de samaritains et 25 ans d' âge au moins. Le gouvernement valaisan refusa de reconnaître ce règlement. Dans le règlement des guides et porteurs bernois de 1902, les conditions des cours de guides ressemblent beaucoup au règlement élaboré par le CAS; là aussi on distingue entre formation théorique et pratique:

A l' instruction pratique sont destinés spécialement des courses en haute montagne et des exercices dans le rocher, sur des névés et des glaciers, sous la conduite de guides et d' alpinistes éprouvés.

Les premières tentatives de former des guides-skieurs constituent un petit intermède plein de sens dans les efforts du CAS pour la formation des guides. En 1898, la section Tödi distribua gratuitement des skis aux guides glaronnais. En automne 1902, le CC remit aux sections s' y intéressant une brochure écrite par le Dr Paulcke: Anleitung zur Selbstherstellung von Schneeschuhen und deren Gebrauch ( Introduction à la fabrication de skis à domicile et leur emploi ) à l' intention des guides. L' hiver suivant, 1902/03, la section Monte-Rosa organisa le premier cours de ski pour guides de montagne. Celui-ci apporta une joyeuse animation dans l' hiver alors un peu somnolent des « Zermatteni ». Sous l' œil curieux et un brin narquois des villageois, les deux pionniers du ski, Albert Weber et Victor de Beauclair, enseignèrent le ski à douze jeunes Zermattois et un habitant de Saas. Pendant cinq jours, dans le voisinage du village et lors de petites courses, les élèves s' exercèrent à la marche, aux conversions, aux virages et même à quelques sauts plus ou moins volontaires. Une expédition terminale, fatigante mais amusante, à la cabane Bétemps avec retour sur Zermatt par la Cima di Jazzi et Findelen, démontra la possibilité d' utiliser les skis dans la montagne en hiver. En janvier 1906, la section Rätia organisa un cours de ski à la Lenzerheide, et les guides des Grisons y prirent part à côté d' un nombre important d' amateurs. Christian Klucker y participa comme aide-moniteur. Il avait appris à faire du ski en autodidacte, comme bien d' autres choses.

L' augmentation des courses de ski dans les Préalpes et en haute montagne, entreprises surtout par des hôtes de stations de sports d' hiver inaccoutumés à la montagne, démontrait l' urgence d' une formation adéquate des guides. En automne 1912, à l' issue d' un cours de guides, la section Gotthard offrit à 16 guides nouvellement brevetés l' occasion d' un cours complémentaire de quatre jours pour le ski alpin. En hiver 1913, la commission des guides bernois organisa à Grindelwald un cours de ski de plusieurs jours à l' intention des guides oberlandais. 18 hommes obtinrent un certificat disant qu' ils savaient faire du ski; d' autres guides bernois pratiquant le ski reçurent ce certificat sur demande. Depuis la formation des guides comme guides-skieurs a continué.

En 1915, le CAS établit pour les guides-skieurs un règlement qui précisait:

Seuls des guides de montagne suisses brevetés par le CAS peuvent devenir guides-skieurs du CAS à condition d' avoir acquis, grâce à une instruction spéciale, les qualifications indispensables pour la conduite de courses d' hiver en haute montagne. L' instruction des guides-skieurs se fait lors de cours de ski de 7 jours au moins, subventionnés par le CAS. Les guides qui, par leur activité, ont prouvé qu' ils possédaient les qualités nécessaires à la conduite de courses d' hiver en haute montagne, peuvent être reconnus comme guides-skieurs par le CAS, sans devoir suivre un cours spécial.

Ces conditions furent conservées, quant à leur sens, dans le nouveau règlement de 1915. En 1927, par une « loi sur l' organisation des guides et instructeurs de ski », les Grisons prolongèrent les cours jusqu' à un minimum de 17 jours.

Ces cours se décomposent généralement en un cours pour guides d' été et un cours pour guides d' hiver, et doivent se conformer au règlement établi par le CAS.

Le premier cours selon ce règlement eut lieu en 1928. Pour la première fois, les cours bernois furent prolongés sur trois semaines en 1942, et l' instruction des guides pour les courses d' été et d' hiver fondue en une seule. Ce cours eut lieu du 5 au 25 octobre dans les Engelhörner, dans la région du Wetterhorn/Schreckhorn et de la Jungfrau/Concordia. La fusion des cours d' été et d' hiver se révéla favorable. Elle est en usage depuis lors pour les cours bernois. Les cours valaisans se font de la même manière. En 1943, le CAS a fixé la durée des cours à trois semaines au minimum. Il autorise la fusion des cours d' été et d' hiver quand les conditions locales s' y prêtent.

Depuis quelques années, le Valais, le canton de Berne et les Grisons organisent des cours en commun avec rotation de trois ans. Les cours sont approuvés et subventionnés par le CAS et peuvent être suivis par des aspirants-guides d' autres cantons aussi. Ainsi une formation uniforme de tous les guides devient possible.

Grâce à la coopération comprehensive du CAS et des autorités cantonales, les cours se déroulent comme suit: d' abord un examen oral; puis un cours de 6 jours entièrement théorique; là-dessus un cours de 10 jours et plus avec instruction théorique et pratique; puis un cours similaire avec instruction complémentaire pour guides-skieurs aussi; enfin un cours de 3 semaines englobant guides de montagne et guides-skieurs. L' avenir dira comment se présentera le développement futur.

Une vue d' ensemble sur les cours donnés par le CAS ou avec son appui de 1879 à 1961 permet d' établir le tableau suivant:

Années Nombre de cours Brevetés Subventions du CAS TotalPar homme Fr.Fr.

1879-1888 10 112 1 350 12.05 1889-1898 8 266 2 840 10.70 1899-1908 14 424 9 949 23.50 1909-1918 13 305 5 061 16.60 1919-1928 6 215 13 267 61.70 1929-1938 7 209 10 313 46.30 1939-1948 5 137 4 048 36.80 1949-1958 10 212 10 900 51.40 1959-1961 3 71 5 192 73.10 Total 76 1951 62 920 32.30 Et le résultat? Andreas Fischer, fils d' un guide remarquable de l' époque des pionniers et lui-même guide et alpiniste par goût et passion, a raison quand il affirme: « Le livret de guide ne fait pas l' homme. Celui-ci doit d' abord s' affirmer là où craquent les chutes de séracs. Une course difficile en haute montagne démontre seule la différence immense entre guide et guide, et les qualités réelles du guide de premier ordre: prudence, courage, résistance apparaissent seulement alors en pleine lumière. C' est ici le second et véritable examen. » Mais le même témoin ajoute: « Une chose est incontestable et s' avère comme telle dans le présent et l' avenir, c' est qu' il faut d' abord apprendre à être un alpiniste avant de se risquer dans des expéditions longues et difficiles. » Inutile d' ajouter que ceci vaut aussi et tout particulièrement même pour le guide. Il faut rendre grâce au CAS et aux autorités cantonales de ce que les futurs guides puissent participer à une instruction approfondie dans les cours de guides, même si ce temps d' instruction est court.

Evidemment on ne devient ni alpiniste, ni guide, en quelques jours ou quelques semaines. La formation dure jusqu' au dernier coup de piolet, jusqu' à l' ultime retour des montagnes.

Les tarifs Tout salaire équitable doit être acceptable pour employeur et travailleur; ainsi du salaire des guides pour guides et touristes. Il faut tenir compte du travail du guide, des risques qu' il court, des charges financières du touriste et du pouvoir d' achat de l' argent. Des ascensions longues, difficiles, dangereuses, augmentant le travail et les risques du guide, la présence d' un grand nombre de participants aggravant sa responsabilité et sans doute aussi sa besogne, mais diminuant en revanche la part de frais de chaque touriste, justifient des tarifs plus élevés. Des modifications dans le pouvoir d' achat exigent des revisions de tarifs correspondantes. Il ne sera jamais possible d' établir les tarifs de telle manière qu' ils puissent, pendant la courte saison d' été, procurer au guide un revenu suffisant à toute l' année, car les prix ne sauraient dépasser un niveau supportable aux bourses des touristes moyens ou petits. Cela n' a pas toujours été, et n' est pas encore une tâche agréable pour le CAS d' aider à créer des rapports satisfaisants entre les exigences des guides et celles des touristes.

Par son règlement pour guides et porteurs de 1856, le gouvernement bernois fut le premier à apporter un peu d' ordre dans le chaos qui exposait jadis « voyageurs » et guides à un arbitraire réciproque et donnait lieu à mainte irritation. Il fixa un salaire quotidien de fr. 6-8 pour les guides, de fr. 6 pour les porteurs, frais compris. Ceci correspondait à un salaire quotidien dix fois plus élevé que celui d' un cordonnier, d' un tailleur ou d' un maître d' école. Le tarif gouvernemental valaisan de 1857 comportait quelques courses à tarif spécial. Des guides voyageant à la journée touchent fr. 6, les porteurs de fr. 4-5 pour des courses ordinaires comme des passages de cols. Pour les courses glaciaires, le salaire quotidien du guide était de fr. 10, celui du porteur de fr. 5-6. En 1865, sous la présidence du président central Coaz, l' assemblée générale du CAS à Coire décida:

Les sections devraient prendre soin de former des corps de guides dans leurs régions respectives, de les assister lors de leur constitution et de la fixation des tarifs, cela en accord avec le CC et le comité de rédaction, à qui seront soumis les règlements, listes, tarifs, etc.

Cette décision fut suivie au cours des cinq premières décennies du CAS par les sections Tödi, Rätia, Alvier, Pilate, Gotthard, Titlis, Piz Sol, Oberland et Diablerets qui établirent des tarifs pour leur région. En 1897, après de pénibles discussions, le CC Neuchâtel put publier enfin le tome « I. Alpes valaisannes et vaudoises » du « Tarif général pour les guides et porteurs des Alpes suisses ». En 1898 parut le tome III pour Ob- et Nidwald, Uri, Glaris, l' Oberland saint-gallois et les Grisons. En 1899 le tome II « Oberland bernois » clôtura la collection. Depuis lors aucun ensemble général des tarifs suisses n' a vu le jour. A l' exception de Glaris, la question des tarifs dépend actuellement des gouvernements cantonaux. Les membres du CAS siégeant dans les commissions de guides cantonales permettent au CAS d' avoir son mot à dire.

Des questions de tarifs se présentèrent et se présentent encore et toujours dans la presse alpine et à l' assemblée générale. Le plus souvent un abaissement des prix, soit de manière générale, soit en faveur des membres du CAS est réclamé. En 1896, la section Weissenstein proposa que le CC examinât si une réduction du tarif des guides pour des expéditions en haute montagne ne pallierait pas au danger de voir une partie importante du flot des touristes se diriger vers d' autres régions montagnardes.

Parfois des plaintes se firent entendre, concernant quelques guides ou les guides de certaines régions qui ne se tenaient pas aux tarifs imposés. Ainsi les guides d' Orsières et de Champex refu- sèrent d' entériner les tarifs établis par le gouvernement valaisan en 1906, dans la mesure où ceux-ci s' appliquaient à la partie suisse du Mont Blanc. Comme le CC menaçait de leur retirer leur prime d' assurances, ils conclurent leur propre assurance collective.

Depuis 1913, donc pendant les cinquante dernières années du CAS, l' alpinisme et par conséquent le corps des guides pâtirent des deux guerres mondiales et de la crise économique qui sévit pendant l' intervalle. La première guerre mondiale provoqua un manque à gagner presque total pour les guides. Afin de pallier en quelque sorte à ce déficit ainsi qu' à l' augmentation du prix de la vie, les tarifs furent élevés ici et là après la guerre. Berne, par exemple, décida une augmentation de 50% sur les tarifs jusqu' à fr.20, et de 30% au-dessus de fr.20. Le Tessin suivit avec les mêmes augmentations, en 1920. En 1922, Berne réduisit l' augmentation à 30% et à 20%. La dévaluation et la chute des salaires apportèrent aussi des modifications dans le salaire des guides. En 1933, les taxes d' avant étaient encore en vigueur dans quelques cantons, d' autres les avaient abaissées provisoirement de 10 à 15% afin de les adapter ensuite aux conditions nouvelles. Pendant la seconde guerre mondiale, dès 1942 au moins, les guides les plus jeunes trouvèrent un gain et une excellente occasion de formation professionnelle dans les cours alpins de l' armée. Après la guerre de nouvelles revisions de tarifs intervinrent. En 1949, la section Tödi introduisit l' échelle mobile pour les Alpes glaronnaises. Les tarifs se basèrent donc sur l' indice 160 du coût de la vie. Lors de changements de dix points complets vers le haut ou vers le bas, les prix et les salaires journaliers montent ou descendent de 5%.

En 1951, le Département fédéral du tourisme déclencha une offensive arbitraire dans l' état des tarifs. Il entama une « campagne immédiate pour le développement de l' alpinisme », et déclara:

Afin de revivifier l' alpinisme et les occasions de travail des guides, les tarifs des guides de montagne seront abaissés de 30% pour tous les touristes, dès le 15 juillet. La diminution sera compensée par des subventions fédérales en faveur des guides.

A cela s' ajoutaient des conseils dans le ressort de la durée et de la validité, sur le contrôle et le mode de calcul, etc. Le 11 décembre 1951, le projet fut soumis à une décision fédérale, à la suite de quoi un crédit de fr. 670 000 fut ouvert, afin d' abaisser les tarifs des écoles de ski et le prix des guides pendant l' hiver 1951/52 et l' été 1952. Fr. 250 000 devaient servir compenser la réduction des tarifs de guides du 15 juin au 30 septembre 1952. Pendant l' été 1952, 403 courses avec guides furent subventionnées par fr. 156 484, soit fr.37 953 de plus que l' année précédente. Des alpinistes et des politiciens notoires désapprouvèrent cette opération bien intentionnée, mais contestable. Elle fut suspendue à nouveau. Depuis lors les modifications de tarifs furent appliquées sous l' influence de la haute conjoncture économique. Quelques prix peuvent paraître exagérés ici ou là. Il s' agit cependant presque toujours de courses d' amateurs particulièrement difficiles pour lesquelles un prix spécial peut aussi être payé.

L' exposé qui suit essaie de donner une image même incomplète de l' évolution des tarifs. Afin de comparer les prix des ascensions pendant les différentes années, les prix de voies normales d' un certain nombre de sommets très fréquentés ( dont 26 en Valais ) ont été totalisés. Les chiffres des années signifient l' année pendant laquelle ces tarifs entrèrent en vigueur ou une année quelconque pendant laquelle ils furent appliqués.

Des suppléments s' ajoutent aux salaires quotidiens ou aux tarifs des sommets: nourriture, frais de déplacement éventuels, nombre de participants dépassant trois personnes par guide, expéditions visant plus d' un sommet par jour. Les salaires quotidiens de fr. 80 dans le Valais et de fr. 70 dans l' Oberland s' entendent pour des courses ou des semaines de courses pendant lesquelles les frais se partagent entre plusieurs participants, plus de dix souvent. Au sujet des tarifs mentionnons que, jusqu' à la première guerre, deux guides étaient généralement engagés pour chaque grande expédition, alors qu' aujourd les courses les plus difficiles s' entreprennent dans la règle avec un seul guide.

Evolution des tarifs Canton Salaire Tarif des innée quotidien sommets Fr.

1870 6-10 26 sommets 958 1877 6-10 1300 1897 8-12 1465 1906 25 1600 1924 30 2090 1933 30-35 2390 1958 40-50 2860 1961 70-80 3570 1856 6-8 — 1899 15-20 28 sommets 1530 1914 25 2045 1923 25-30 2305 1935 25-30 2135 1948 30-40 2510 1957 50-70 3040 1898?

19 sommets 643 1908?

862 1925?

1254 1948 40-50 1318 1875?

6 sommets 189 1892 8-10 175 1916 15 210 1931 23 267 1949 25-35 540 Echelle mobile 1905 8-15 10 sommets 235 1919 15-25 356 1936 12-25 370 Modifications Indice du coût de la vie Valais 35,7 12,6 9,1 30,6 11,0 23,3 24,9 Berne 33,0 12,7 7,4 17,5 21,1 34,0 45,5 5,1 8,0 20,0 26,0 102,0 1939 = 100 1961 = 191 Grisons Glaris Uri 55,3 1,3 Aide financière aux guides ( et à leur famille ) victimes d' accidents ou tombés dans le besoin sans qu' ils aient commis de faute Depuis toujours le CAS s' est occupé des guides ( et de leur famille ) victimes d' accidents ou tombés dans le besoin sans qu' ils aient commis de faute. L' assistance se faisait et se fait encore en partie aujourd'hui grâce à des collectes individuelles dans les clubs, des collectes officielles, des apports de la caisse centrale, à la fondation Huber et au fonds de secours des guides. La meilleure assistance englobant tous les guides a été apportée par l' assurance des guides.

Collectes: La première collecte individuelle du club eut lieu en 1866 pour la famille d' un guide d' Engelberg tué au Titlis. Elle rapporta fr. 1113, somme importante pour I' époque. La section de Bâle contribua encore pour fr. 800. Depuis, des collectes individuelles ou soutenues par le club se renouvelèrent lorsque de graves accidents amenèrent douleur et misère dans une famille de guides. On ignore ce qui put être récolté ouvertement ou clandestinement. Trois collectes cependant se distinguent, en partie à cause de l' importance de leur somme, en partie à cause de la gravité de la catastrophe dont il fallait atténuer les conséquences. En 1877, lorsque trois guides valaisans et leurs deux touristes tombèrent au Lyskamm par suite de la rupture d' une corniche, fr. 28449 purent être remis aux familles des guides. Quatre ans plus tard, une collecte en faveur d' un guide de Grindelwald rapporta fr. 14725. Fr.46334 furent versés à la collecte centrale du pasteur des glaciers Strasser à Grindelwald pour les victimes du grave accident du Bergli en été 1911. Des dons importants et nombreux furent remis directement en outre à des victimes d' accidents ou à leur famille sur le vœu des donateurs.

De 1872 à 1881, la Caisse centrale paya fr.4080 directement sur ses propres fonds dans divers cas. En 1900, le CC lui-même fut le bénéficiaire d' un grand secours.

La fondation Huber. En novembre 1900, la somme de fr. 20 000 fut remise au CC de Winterthour sur l' héritage de M. J.J. Huber de Hausen am Albis, mort le 5 avril 1900. Les conditions précisaient que le capital inaliénable serait administré par le CC et que les intérêts serviraient à soutenir des familles nécessiteuses de guides suisses patentés, mortellement atteints ou frappés d' invalidité dans l' exercice de leur profession.

La même année, le CAS reçut un legs de fr. 5000 de M. J. K. Homer de Felben et Bâle, mort à Genève. Cette somme, plus fr. 500 versés par un anonyme de Bâle et 1000 marks ( 992 fr. 50 ) par un membre du club habitant Hambourg, furent incorporés à la fondation Huber. Depuis 1900 un total de fr.44 323, soit une moyenne annuelle de fr.728, fut payé sur les revenus. Au 31 décembre 1960, le capital s' élevait à 50 253 fr.45.

Le fonds de secours aux guides. En 1889, le CC Glaris reçut de la compagnie d' assurance la « Zurich » fr.200 pour l' assistance aux guides dans le besoin. Le CC songea alors à en faire la base d' une caisse de secours aux guides. Mais il se vit cependant obligé d' aider un guide avec ces fr.200. Ainsi la caisse demeura vide et vide le projet. En 1905, le Dr Hermann Seiler remit au CC Soleure fr. 582, don des hôtes de Riffelalp pour les guides nécessiteux. Cette somme, augmentée de fr. 15, servit au CC à créer une base fructueuse pour le fonds de secours aux guides, fonds qui se développa rapidement et heureusement. Au cours des ans il fut doté d' une longue et riche liste d' offrandes de divers membres du club, de sociétés alpines, de la « Zurich » et autres donateurs. De 1906 à la fin de 1960, il a été possible ainsi de distribuer fr.72 724 provenant de ce fonds aux guides nécessiteux ou à leur famille, soit une moyenne annuelle de fr. 1322. Pour les années de guerre nous trouvons:

1915-1918 fr. 23 224.moyenne annuelle fr. 4604.80 1939-1946 fr. 11500. » » fr. 1437.50 + fr. 8 400.fondation Huber » » fr. 1050. Les difficultés financières des guides furent beaucoup moins importantes pendant la seconde guerre mondiale que pendant la première, grâce à l' appui de la Confédération et aux possibilités de gain qu' offraient aux guides les cours alpins de l' armée.

Le capital du fonds de secours aux guides s' élevait à 53 870 fr. 15 au 31 décembre 1960. Il resterait encore à décrire l' action bienfaisante produite par l' assurance des guides; créée en 1881 et supprimée en 1943, elle n' est plus d' actualité.

Les relations entre le CAS et les guides Malgré l' inégalité des deux partenaires, une collaboration réjouissante et fructueuse se développa au cours des temps entre l' esprit d' assistance patriarcale, la participation du CAS et l' attitude défensive parfois timide ou hautaine des guides. Dès le début les guides aidèrent à la construction de cabanes et de chemins d' accès, soit par leurs conseils, soit par leur travail volontaire. Us se mettent au service des colonnes de secours avec leurs dons naturels et leur sens pratique. Mainte section doit son existence à l' initiative de guides éclairés. Chaque guide capable trouve admission et bonne camaraderie au sein du CAS. Le règlement des guides de 1943 déclare: « L' entrée des guides au CAS est à encourager. » Un des buts de l' association des guides suisses est « le maintien de bonnes relations entre la commission des guides, le CAS et les autres sociétés alpines, et les alpinistes en général ». Bien des guides trouvent travail et gain lors de courses de sections, lors de semaines clubistiques et de cours alpins, éventuellement aussi des « messieurs » pour des expéditions privées. Beaucoup de membres du CAS sont liés à leurs guides par une longue amitié. Malgré tout, il subsistait et il subsiste encore des divergences d' opinion et de petits malentendus surgis d' intérêts parfois opposés en apparence entre le CAS et le corps des guides. Ainsi des tarifs, assurance, « sans guides », chefs de courses, cours, courses de section. Les tarifs sont un compromis auquel ont travaillé guides, commission des guides et CAS. Ce serait un miracle si, malgré tout, ou justement à cause de cela, ils pouvaient satisfaire tout le monde. L' assu fut ressentie comme une charge par des guides à vues courtes, et des membres du CAS à vues tout aussi courtes trouvèrent trop élevée la participation de la Caisse centrale. Actuellement cette pierre d' achoppement a été écartée. Depuis des années les guides se trouvaient négligés parce qu' ils ne pouvaient, en tant que membres du CAS, participer à son assurance-accidents. Cette difficulté est liquidée aujourd'hui. Lorsque au tournant du siècle et pendant près de trente ans une vilaine querelle dressa les uns contre les autres guides et « sans guides », le CC et des membres éminents du CAS prirent plusieurs fois position en faveur des guides. Depuis, les guides et les « sans guides » ont appris à se respecter et à se supporter. Cela à l' avantage des deux parties. Il reste la méfiance des guides à l' endi oit des chefs de courses, des cours alpins et des courses de section.

Les cours pour chefs de courses ont pour but - et se doivent de conserver ce but à l' avenir -de former des membres du club capables, excellents alpinistes et que leur caractère rend aptes à cette fonction, de manière à les mettre en mesure, pendant l' ascension, de jouer le rôle d' homme de confiance entre participants et guides et de pouvoir, si besoin était, assister le guide dans la conduite technique. Les chefs de courses partagent avec le guide la responsabilité du bon déroulement de la course vis-à-vis des camarades et de la section. Aucun guide doué d' objectivité ne disputera au CAS le droit de former des chefs de courses dans ce sens, et de les intégrer dans les courses de section et les cours. Les choses se présenteraient autrement si les chefs de courses étaient employés pour remplacer les guides, ou entreprenaient des courses de section difficiles sans guide. Mais je suis persuadé que ni des présidents de section conscients de leur responsabilité, ni des chefs de courses pénétrés du même sentiment ne prêteraient la main à de pareils impairs. Un chef de courses se présenterait-il même comme guide et se laisserait-il engager comme tel, qu' il serait facile de remédier à cet abus. Le CAS ne conçoit pas qu' une concurrence puisse exister entre guides et chefs de courses.

Le malentendu au sujet des cours et des semaines d' entraînement repose sur l' idée que ces derniers enlèvent leur clientèle aux guides. Parmi les participants aux cours il en est très peu pourtant qui soient dans l' heureuse situation de pouvoir s' offrir un guide personnel. On ne saurait cependant leur refuser le droit de goûter aux joies de l' alpinisme. Les cours et les semaines clubistiques le leur permettent. En plus, ils leur donnent l' occasion d' apprendre au moins les bases élémentaires permettant d' entreprendre des expéditions particulières faciles. En outre, la direction des cours est entre les mains de guides capables et c' est à eux de faire naître compréhension et respect pour leur métier.

En tant qu' ancien guide et membre de longue date du CAS, je partage le malaise au sujet de certaines courses de section. Je veux parler de ces courses longues et difficiles entreprises avec trop de monde et trop peu de guides. A mon avis il n' est pas équitable de demander à un guide de conduire six, huit personnes et même davantage à l' Eiger par l' arête de la Mittellegi, par exemple, au Schreckhorn par l' arête d' Anderson, au Cervin, au Weisshorn, à la Bernina par le Biancograt, et autres ascensions analogues. Je comprends et respecte le guide qui renonce à des entreprises de ce genre, quitte à se faire apostropher à ce sujet. Les sections devraient bien étudier leur programme de courses et ne pas s' abandonner au faux orgueil de quelques membres.

Situation actuelle du corps des guides L' alpinisme se transforme comme la manière de vivre. Son état actuel est marqué par les collectives et les assauts en masse sur les sommets à la mode, par le délaissement des régions éloignées, par la diminution des grandes ascensions classiques. On escalade des parois spectaculaires; on se perd avec pitons, marteau, tamponnoir dans des varappes mesquines. L' accès facile des montagnes portera sans doute le coup fatal à l' alpinisme dans un avenir plus ou moins proche. Perspective peu réjouissante, peut-être encore un peu trop sombre, particulièrement pour les guides. Pour le moment ceux-ci goûtent aussi, et avec raison, au niveau plus élevé de la vie grâce auquel plusieurs trouvent de meilleures possibilités de gain en dehors même de leur profession de guide. D' aucuns possèdent des négoces prospères; d' autres louent leurs chalets modernes et coquettement installés; d' autres encore sont des artisans recherchés, parfois même des entrepreneurs; un nombre important trouve travail et pain sur des chantiers publics ou privés. Dans l' Oberland bernois un tiers presque des guides sont instructeurs de ski; il devrait en être de même dans les Grisons, à Saas Fee et à Zermatt. Quelques-uns sont paysans ou bûcherons; celui-ci chasse le chamois, celui-là cherche des cristaux; quelques-uns enfin sont fonctionnaires ou maîtres d' école. Le sentiment de ne plus dépendre pour vivre uniquement ou avant tout du rapport insuffisant de la courte saison d' été libère maintenant les guides de l' insistance si désagréable des soi-disant « racoleurs » à l' affût du touriste occasionnel et forcés de le guetter. Le comportement dans les vallées et les montagnes est plus libre; on est plus sûr de soi, et cela parfois aux dépens de la cordialité. Dans les cours, la formation des guides prend en considération les toutes nouvelles exigences. Quand les aptitudes physiques et morales s' y ajoutent, les jeunes guides se montrent à la hauteur d' expéditions devant lesquelles nous autres « vieux » hochons la tête à tort ou à raison. Il est regrettable que de tels guides aient si rarement l' occasion de mettre leurs connaissances et leur esprit d' entreprise à l' œuvre en dehors des Alpes. Mais il n' y a pas que les jeunes. Comme le démontre le tableau suivant, les anciens, les très experts, qui se distinguent moins par une technique raffinée que par une tranquille réflexion et beaucoup de sang-froid, dépassent les premiers en nombre. Tous, vieux et jeunes, méritent la confiance des alpinistes, particulièrement aussi la confiance du CAS.

Effectif actuel des guides selon le nombre et l' âge Années 1943 1961 1943 1961 1943 1961 1943 1961 1943 1961 1943 1961 20-29 30-39 40-49 50-59 60+ x Total ValaisBerne...

58 38 22 4 84 66 74 47 77 57 82 56 56 39 38 49 29 35 30 70 304 235 246 226 GrisonsUri 17 2 1 1 7 4 3 2 50 6 3 4 5 3 26 3 1 2 8 2 47 7 1 1 8 1 29 5 5 5 4 28 4 1 1 4 32 3 4 2 4 10 2 1 1 1 1 26 5 3 152 21 6 8 19 5 120 20 10 12 21 2 ObwaldGlaris.

Vaud Tessin.

Appenzell

Total...

117 42 221 163 199 186 133 132 80 134 750 657 L' espace très mesuré dont nous disposons interdit de tirer les conclusions des chiffres qui précèdent. Qu' on nous permette cependant de souligner le déficit de presque 100 hommes, soit plus du huitième de l' effectif entre 1943 et 1961, l' accroissement déficitaire chez les hommes de 20 à 29 ans, et la forte progression des plus de 60 ans. Si ce phénomène s' accentue, la profession de guide aura vécu. Ce serait grand dommageTrad. E.A.C. )

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