Le Crucifix
Par G. Sylvain
à l' abbé Simeterre
Christs montagnards, Christs aux multiples effigies
Qui ruisselez parfois de blessures rougies,
La couronne pesante et le trou noir au flanc,
Image de nos cœurs angoissés et dolents,
Dans l' ombre des chapelles
Où les mains jointes vous appellent...
Humbles Jésus de bois sur les croix en plein vent,
Par la pluie et le froid gercés,
Tout le long des chemins dressés,
Tragiques ou naïfs, vous êtes émouvants!
Vous bénissez les champs, votre geste protège
Le pâturage solitaire et les troupeaux,
Geste d' apaisement, d' abandon, de repos,
Vieux Christs qui pâlissez là-haut,
Insoucieux de la tempête et de la neige...
Revienne le printemps sur les pentes gelées
Ou que l' automne ardent rougisse la vallée,
Que l' été brûle, bleu et or, sur les sommets,
Que les siècles changeants roulent autour du monde
Leur incessante ronde
Et que ce soit la guerre et que ce soit la paix,
Votre image demeure, ô Christs, toujours pareille
Mystique et familière, elle prie, elle veille,
Et Dieu peut voir à tout jamais
Son Fils obéissant
Attaché sur la croix qu' on salue en passant.