Solitude - presque montagnarde
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Solitude - presque montagnarde

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( Vœux alpestres pour 1951Par F. Sfogline

A la mémoire de Charles Gos, t avril 1949 De bonne heure, la nuit finissait. Le brouillard de nouveau emplissait le vallon, et, terne comme les précédents jours, s' étend la blancheur neigeuse. Sans chausser mes skis, j' ai quitté le chalet par le petit chemin qui tout de suite gagne la pente. La neige gelée crisse sous le pas, toute végétation est lourde de neige. Formes étonnantes, variées des sapins sombres, des mélèzes aux ramures légères, et même des simples herbes recourbées vers le sol. Les méchants « barbelés », en bordure du chemin — où les moutons curieux, l' été, laissent des touffes de laine — prennent, eux aussi, couverts de givre, l' allure d' un fil enchanteur qui nous conduit plus haut, par de grandes pentes immaculées vers la mystérieuse forêt... Forêt magique, en vérité, changeante d' aspect à chaque instant. Ici, de hauts troncs noirs s' élancent, lourdes colonnes, vers un dôme où l' ogive est de neige; là au contraire, de jeunes arbres aux fines branches enchevêtrées de blancheur, jaillissent du sol. On dirait une compliquée dentelle, l' inutile beauté d' un éphémère tissage... Au sol, les menues petites traces des animaux de la forêt; ils ont passé, tôt ce matin, par bonds, par sauts légers, puis ils ont regagné leurs cachettes. Grande solitude. Le vol lourd d' un oiseau fait tomber du haut d' un mélèze une subtile avalanche, et c' est tout. Pas un bruit. Pourtant, d' en bas, du village invisible, monte l' appel d' une cloche. Et l'on devine la tour encapuchonnée de la vieille église, la blanche carapace des toits qui l' entourent, avec la vie montagnarde qu' elle recouvre. Dans une clairière, entre les troncs élancés, surgit une masure, un tout petit mazot que les enfants surnomment « la maison des nains ». Il est fermé. Emouvante solitude, car, est-ce là peut-être que Blanche-Neige reçut un chaud accueil, et que vivent encore ses petits protecteurs? Mystère. Devant la porte close, je me suis assis, contemplant le jeu mouvant des nuées. Elles sont roses dans la proche vallée, mais grises, opaques, vers les cimes cachées. Le soleil va-t-il se montrer? La grande lumière écartera-t-elle tous les empêchements à sa splendeur? Ah! quel vœu monte en nous en cette fin d' année, et si seulement pouvait se réaliser le « post tenebras spero lucem » de nos pères huguenots, et la paix, sinon le vrai bonheur venir sur notre monde angoissé.

Mais le voile de brumes se reforme, il commence à neiger. Je sais pourtant que ce matin j' ai entrevu une clarté ineffable. Espoirs.

31 décembre 1950.

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