Valgaudemar
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Valgaudemar

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Par A. Saint Jacques.

« La vallée de la joie de Marie » pour les uns, Le « val » du seigneur de « Gaudemar » pour d' autres, Pour tous, un nom chantant et poétique qui évoque la plus pittoresque vallée des Alpes françaises.

Malgré le développement du tourisme, malgré l' appui du Touring Club de France, du Club Alpin Français et de l' Administration des Eaux et Forêts, cette région, située au sud-ouest du massif du Pelvoux, est pour ainsi dire en retard de vingt ans sur les régions alpines qui se sont développées normalement avant et après la guerre.

Quelques ponts reconstruits après l' inondation de 1928, quelques maisons, généralement hôtels, sont les seuls témoignages de l' emprise du tourisme et de la modernisation.

Mais, à ces rares exceptions près, tout est resté dans son état originel. L' architecture de l' habitation revêt un caractère propre à cette vallée et offre de curieuses constatations: la voûte qui protège de la pluie et de la neige le devant de la maison, voûte qui supporte toujours un escalier conduisant au grenier; le toit à double pente accentuée et recouvert généralement encore de chaume; la grande cheminée unique, axe de la maison, qui s' élève haut pour diminuer le risque d' incendie du toit en paille.

Les hameaux, plus ou moins éloignés du chef-lieu, offrent le même caractère général mais leur disposition spéciale à chacun est un attrait différent pour le promeneur attentif: Le Rif du Sap s' accroche, face au soleil, à une forte pente; Le Clôt, le plus éloigné, qui abrita Coolidge et d' autres pionniers de l' alpinisme; Le Bourg s' étalant le long du torrent; Navette, blotti au fond d' un vallon, Les Portes au seuil de ce vallon 1 ).

Autre fait à considérer: le climat exceptionnel. La relative proximité du bassin méditerranéen procure à cette vallée nettement alpine un climat tempéré, un maximum de beau temps. Les orages sont peu fréquents, la pluie ne dure que quelques heures, et déjà on voit le ciel immuablement bleu de la Méditerrannée et de l' Italie.

Le Valgaudemar est un profond sillon alpin orienté de l' est à l' ouest, long d' environ 30 kilomètres et arrosé par la Séveraisse qui se jette dans le Drac. Ce torrent est formé au Clôt par la réunion de deux torrents secondaires et il se grossit le long de son parcours de quelques affluents issus de vallons qui peuvent, chacun, être le but d' excursions.

Partant de Grenoble par la route Napoléon, les Lacs de Laffrey, Corps ( au pied du célèbre pèlerinage de ND de la Salette ), on entre dans le Valgaudemar peu avant d' arriver au village de Saint-Firmin ( 890 m .), situé à 74 kilomètres de Grenoble.

De Gap, la route Napoléon franchit le Col Bayard ( 1246 m .) et en 30 kilomètres on arrive à Saint-Firmin. De là une route facile remonte la vallée et traverse successivement Saint-Maurice, petit village, Le Roux, Villar-Loubière et Les Andrieux, modestes hameaux. Quelques kilomètres avant La Chapelle-en-Valgaudemar un étranglement rocheux marque nettement une différence entre la basse vallée à végétation plutôt provençale et la partie haute à végétation alpine.

Nous sommes à La Chapelle-en-Valgaudemar, 1090 mètres seulement, mais dans un site qui donne l' impression d' une plus haute altitude. La vallée est alors relativement large, boisée au sud, formée d' éboulis et de pentes herbeuses et rocheuses au nord. A l' est le massif du Pelvoux, les Bans; au nord l' Olan; au sud des montagnes moins farouches quoique encore enneigées en plein cœur de l' été.

C' est là l' unique centre touristique de la vallée, centre modeste ne comprenant que deux petites auberges et trois hôtels dont le coquet et suffisamment confortable Chalet-Hôtel construit en 1927 par le Touring Club de France.

La bonne route se termine ici, mais elle est prolongée par deux routes médiocres. L' une continue à remonter la vallée pendant près de 6 kilomètres; l' autre route s' élève par quelques lacets au sud et gagne rapidement le vallon de Navette où l'on débouche au hameau idyllique des Portes. Du village de Navette part un tout nouveau et excellent sentier terminé l' an dernier par les Eaux et Forêts et qui conduira au sommet du Chapeau ( 2377 m. ). Un sentier fort praticable mais assez vertigineux donnera accès à l' alpiniste au massif de Parières ( 3050 m .) qui peut offrir le but de plusieurs courses différentes.

Au fond du vallon de Navette, le massif de Chaillol est un peu éloigné de La Chapelle et d' un intérêt touristique amoindri.

Signalons au sud-ouest de La Chapelle l' excursion classique du Lac de Pétarel ( 2090 m .) qui, par temps calme, reflète dans ses eaux limpides le Pic d' Olan dont il est séparé par toute la largeur et la profondeur de la vallée principale. On y accède par un excellent sentier nouvellement refait et élargi dont les deux premiers tiers sont tracés à flanc d' une épaisse forêt de sapins. Plus haut que le lac, le Pic de Pétarel ( 2654 m .), escalade facile.

C' est de La Chapelle que l'on part pour faire l' ascension du Pic d' Olan ( 3563 m .); ascension délicate mais sans grandes difficultés par la voie normale. Il n' en est plus de même si l'on s' engage dans la face sud, voie suivie lors des premières ascensions de ce sommet et qui lui valut une réputation égale à celle de la Meije. Partant l' après, la caravane couche au refuge du Pas d' Olan ( 2680 m .) qu' elle gagne par un sentier construit il y a quelques années. L' ascension, faite le lendemain matin, permet le retour à l' hôtel dans la soirée. Du même refuge appartenant au C.A.F., mais non gardé, on peut faire l' ascension de la Cime du Vallon ( 3418 m .), course de neige et de glace, en passant par le Col des Sellettes. A l' ouest de ces sommets, le Pic des Souffles ( 3099 m .), splendides rochers qui attirent particulièrement l' attention lorsqu' on les regarde de Villar-Loubière, point de départ situé à 4 kilomètres avant La Chapelle. Entre les Souffles et l' Olan, le Pic Turbat ( 3031 m .) et le Col Turbat ( 2702 m .) auquel on accède très facilement par le sentier du Pas d' Olan et d' où le regard plonge sur le Fond Turbat où s' élève, en remontant, la vertigineuse et sauvage face ouest de l' Olan restée inviolée jusqu' au dernier été, malgré de nombreuses tentatives.

Quittant La Chapelle et remontant la vallée, le chemin n' est pas monotone: petits villages, une belle cascade, des échappées sur des gorges farouches et peu avant d' arriver au Clôt, après avoir traversé Le Rif du Sap, peut-être le plus curieux village des Alpes, on trouve le refuge gardé Xavier Blanc ( 1398 m. ). Lieu plus sévère, malheureusement placé nettement trop bas pour servir agréablement de point de départ pour les nombreuses grandes courses des environs. Ce peut être aussi le centre d' intéressantes excursions, toutes faisables de La Chapelle également dans la journée. D' abord le délicieux Lac du Lauzon ( 2100 m .), miroir du Sirac situé vis-à-vis au sud; un sentier récent conduit à un premier seuil, vallon au nord du Clôt d' où, en se retournant, on découvre la plus belle vision du majestueux et imposant Sirac, forteresse aux sept cimes. De là un sentier circulaire permet de gagner le lac en montant par un chemin et de revenir par un autre. C' est au sommet de ce dernier que l'on bifurque pour atteindre en quelques minutes la cabane de la Muande ( 2100 m. environ ), aménagée sommairement par les Eaux et Forêts, d' où l'on gravit les Rouies ( 3589 m .), belle course de neige, difficultés moyennes.

Du vallon dominant Le Clôt et où coule le torrent de la Baumette, laissant à gauche les deux sentiers du Lac du Lauzon, celui venant du refuge Xavier Blanc remonte le cours du torrent, puis conduit jusqu' au Col du Gioberney ( 3251 m .) en passant successivement par la cabane de Gioberney ( 1750 m .), celle du Vaxivier ( 2150 m .), toutes deux non gardées et semblables à celle de la Muande ( Eaux et Forêts ), et le Col de la Vache. Ce dernier qui est le point de traversée d' un épaulement rocheux mérite d' être le but d' une excursion, excursion à la portée de tout marcheur moyen; l' arrivée à ce collet est saisissante par la subite vision du cirque du glacier de la Condamine, glacier que l'on domine de quelques centaines de mètres. C' est là une impressionnante vision de très haute montagne, un cirque sombre dominé de toutes parts par de noires parois de rochers, par des couloirs verticaux de glace, des pics rocheux ou enneigés qui donnent au profane la plus frappante mais la plus belle impression de l' austérité et de la grandeur de la haute montagne. Le sentier continue mais il ne devient plus en réalité qu' une voie de facile escalade nettement indiquée pour arriver ainsi au Col du Gioberney, point le plus haut atteint en France par une voie préparée aux touristes.

Du col, lors d' une même journée, deux petites ascensions sont aisément possibles: en quelques minutes la Pointe Richardson ( 3312 m .), simple parcours sur une arête de neige, et le Mont Gioberney ( 3352 m .), escalade sans grandes difficultés. De ces trois points, on a une excellente vue d' ensemble sur le bassin de la Pilatte, sur les Bans et l' Ailefroide. La descente sur La Bérarde se fait facilement par le glacier de la Pilatte où l'on peut atteindre rapidement le refuge de la Pilatte.

De la cabane du Vaxivier, deux autres courses sont indiquées: le Vaxivier ( 3312 m .) et le Says ( 3421 m .) qui tous deux comprennent plusieurs sommets secondaires et dont le parcours des arêtes et sommets est intéressant.

De la cabane de Gioberney ou, plus préférablement, d' un bivouac installé un peu plus loin, d' excellents alpinistes pourront tenter l' ascension directe des Bans ( 3671 m .), le plus important sommet de la région. Peu nombreuses sont les caravanes qui ont escaladé la face du Valgaudemar.

Revenant au refuge Xavier Blanc et repartant en direction opposée, nous remontons le torrent de Chabournéou qui nous conduirait, en longeant la base de la face nord du Sirac, au Col du Loup de Gaudemar, un des principaux passages ( 3112 m .) sur la Vallouise. A mi-chemin des pentes couvertes de touffes de rhododendrons nous mènent au Lac de Vallonpierre ( 2277 m. ).

Il y existe un abri très sommaire qui est souvent utilisé pour faire l' ascension du Sirac ( 3438 m. ).

Ce sommet a été gravi ces dernières années par sa face nord, mais la traversée complète des sept dents reste à faire.

Entre les Bans et le Sirac, sur la chaîne qui sépare le Valgaudemar de la Vallouise, nous trouvons deux sommets importants; les Aupillous ( 3505 m .) qui ont la réputation peut-être injustifiée d' être en très mauvais rocher délité et le massif de Bonvoisin ( 3550 m. ). Entre les deux le Col du Sellar ( 3087 m .) auquel on préfère le Pas des Aupillous ( 3155 m .), très proche, pour traverser sur Ailefroide et Vallouise.

Ainsi nous avons parcouru à peu près toute la partie du Valgaudemar intéressant l' alpiniste mais nous n' avons fait état que des excursions et des courses principales. De nombreux buts différents peuvent, à juste raison attirer les uns et les autres. D' autant plus que tout le fond de la vallée, toute la partie décrite en dernier et environnant Le Clot constitue la région ouest du Parc National du Pelvoux, où la nature, la flore et la faune sont conservées à leur état naturel, ce qui n' est pas sans charme.

Enfin, quoique le Valgaudemar soit d' un accès très facile, il est relativement peu fréquenté et c' est là un de ses principaux agréments. Les lieux de camping abondent sans crainte d' y être dérange. Les refuges sont presque toujours inoccupés. De nouvelles voies d' ascensions sont faciles à découvrir. Et, sauf en août, les quelques hôtels peuvent toujours recevoir le touriste arrivant à l' improviste ou l' alpiniste descendant d' un col.

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