98e rencontre de l’Etzel. Sécurité et risques en montagne | Club Alpin Suisse CAS
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98e rencontre de l’Etzel. Sécurité et risques en montagne

Sécurité et risques en montagne

Environ 150 clubistes, venus de plus d' une douzaine de sections, se sont rendus sur l' Etzel, le premier dimanche de décembre, pour la rencontre traditionnelle. Un des points forts de cette journée était la conférence de Pit Schubert sur le thème « Sécurité en montagne ».

La rencontre de l' Etzel, organisée par la section Hoher Rohn, a une longue tradition. C' est en 1904 qu' elle a eu lieu pour la première fois. Parmi les 150 clubistes venus de plus d' une douzaine de sections environnantes, beaucoup se sont rendus à pied de leur domicile jusqu' à ce belvédère haut de 1098 m. Les meilleurs marcheurs étaient, une fois de plus, les camarades de la section Am Albis, partis à 4 h du matin d' Affoltern am Albis et arrivés au but après sept heures de marche. De plus, ils n' ont pas hésité à rentrer aussi à pied.

Pit Schubert, le pape de la sécurité Lorsque le premier homme a marché sur la Lune en 1969, on pratiquait encore l' assurage sur l' épaule et avec des piolets au manche en bois! Pit Schubert, le célèbre spécialiste de la sécurité en montagne, a retracé l' évolution que nous avons vécue depuis lors. Il s' occupe depuis vingt-cinq ans des accidents d' alpinisme et de leurs causes. Fondateur du « Sicherheitskreis des Deutschen Alpenvereins » et président du département sécurité de l' UIAA, organisation faîtière des associations d' alpinistes, il a contribué, par ses recherches scientifiquement étayées, à améliorer la sécurité du matériel d' alpi sur le plan international.

Des cordes indestructibles En ce dimanche de brouillard, dans la magnifique salle de l' Etzel, Pit Schubert a présenté un diaporama impressionnant destiné à illustrer sa thèse sur la solidité des cordes d' aujourd. L' Institut technique de Stuttgart a procédé aux expériences « les plus saugrenues » sur les cordes. Mais ni l' essence, ni le diesel, ni le coca-cola, ni l' eau salée, ni les rayons UV, ni les coups de piolet et de crampons, ni les répulsifs à moustiques n' ont réussi à altérer un tant soit peu la résistance des cordes. Seul le cas plutôt in-

vraisemblable d' une attaque à l' acide ( y compris l' acide urique !) est parvenu à affaiblir une corde et représente donc un risque potentiel d' accident. Ces dernières années, on n' a constaté aucune rupture de corde dans tout l' espace germanophone, alors que des milliers de personnes utilisent des cordes tous les week-ends et que la chute fait partie intégrante de l' escalade sportive. Seul l' assurage pratiqué sur des arêtes de rocher coupantes représente un danger car la corde peut ainsi être endommagée ou, au pire, se rompre en cas de chute.

La même chose vaut pour les anneaux d' assurage: malgré leur âge et l' allure défraîchie qu' ils peuvent présenter, leur solidité est encore bonne – ce qui n' est

La rencontre de l' Etzel a eu lieu sous un ciel couvert et pas vraiment hivernal. En montant sur l' Etzel, vue sur le lac de Sihl LES ALPES 2/2002

pas le cas des pitons, du moins pas au même degré. C' est une bonne nouvelle pour les alpinistes à défaut de l' être pour les producteurs et vendeurs de cordes.

Câbles métalliques des via ferrata Les via ferrata, moins nombreuses en Suisse que dans d' autres régions des Alpes, sont entièrement équipées de câbles métalliques. Pit Schubert a montré, à l' aide de diapos, des exemples de câbles qui n' avaient pas été installés ou réparés par des professionnels. En tout cas, il est prouvé que des câbles rafistolés avec de la bande collante perdent de leur solidité: l' eau peut s' infiltrer sous le ruban adhésif et le câble rouille, ce qui a entraîné plusieurs chutes mortelles sur des via ferrata.

En conclusion de son exposé, Pit Schubert a encore parlé des « accidents impliquant des cordées entières sur des pentes de glace », cas qui ont suscité des controverses dans les cercles d' alpinistes. Sur la base d' exemples d' accidents sur des pentes moyennement raides, une réponse s' est imposée: ou bien on s' encor et on assure chaque longueur, ou bien on ne s' encorde pas. La première méthode retarde la progression alors que la deuxième évite que le groupe entier soit entraîné dans la chute par un seul membre. A chaque chef de courses de choisir une de ces deux méthodes.

L' incontournable plat bernois Les participants ont suivi avec plaisir cet exposé intéressant, présenté avec un grand talent d' orateur et une touche d' humour noir. Ils n' ont pas été avares de questions auxquelles le spécialiste a répondu sans se lasser et toujours avec brio.

Pour respecter la tradition, la conférence a été suivie d' un bon plat bernois. Les discussions ont tourné autour de la sécurité en général, en montagne et ailleurs. Et durant la marche de retour, on évoquait déjà la prochaine rencontre, celle du premier dimanche de décembre 2002! a

Walter Keller, Richterswil ( trad. ) Caspar Sträuli, président de la section hôte de Hoher Rohn, ouvre la rencontre de l' Etzel Un grand nombre de membres des sections avoisinantes du CAS se sont retrouvés dans la grande salle du restaurant Kulm Pit Schubert, fondateur du « Sicherheitskreis des Deutschen Alpenvereins ». Ses compétences, dans le domaine du matériel et de l' équipement des sports de montagne, sont reconnues internationalement Pho to s:

Fr an co Pole tti Pho to :Ma ya Al br ec ht LES ALPES 2/2002

our les mordus de grimpe, les Grisons évoquent des paradis d' escalade aux voies multiples et variées, et des roches solides offrant la possibilité de défier les lois de la nature. Quant à la région de Davos, elle ne mérite que partiellement cette appellation, puisque les zones où l'on peut vraiment s' ébattre sur les rochers sont plutôt clairsemées; c' est d' ailleurs pourquoi cette station a vu se développer une autre manière de se déplacer à l' horizontale ou à la verticale, l' escalade de blocs.

Passé et présent

Cette nouvelle discipline sportive, également appelée « bouldering » ( du terme anglais « boulder »: bloc de rocher ), n' est pas aussi récente que le profane pourrait le croire. Lancée aux Etats-Unis par un certain John Gill, elle est longtemps restée dans l' ombre chez nous, car on ne considérait comme « authentique » grimpeur que celui qui s' était hissé jusqu' à un sommet. De l' autre côté de la mare aux harengs, en revanche, il y a cinquante ans qu' on ne pratique plus exclusivement la grimpe traditionnelle, mais aussi l' escalade de blocs. En Europe, plusieurs décennies se sont écoulées avant que certains grimpeurs ne considèrent plus comme seuls et uniques buts de leur sport préféré des prouesses alpines, telles que la paroi nord de l' Eiger ou le Cervin. Aujourd'hui, à l' instar des grimpeurs des Etats-Unis dont on a si longtemps souri, les « bleausards » 1 prétendent avoir découvert l' escalade de blocs. C' est comme si j' affirmais que mon grand-père, passionné de randonnées en montagne, avait inventé l' escalade!

Les rochers se prêtant le mieux à ce sport mesurent quelques mètres de hauteur au-dessus d' un terrain – plat si possible – offrent des parois verticales ou surplombantes et comportent, dans le cas idéal, une voie de sortie permettant au grimpeur arrivé au sommet, de s' abstenir

P

1 Grimpeurs à Fontainebleau, le site français d' escalade de blocs le plus ancien et le mieux connu.

T E X T E Andreas Hauri, Appenzell

P H O T O S Robert Bösch, Oberägeri

UN PARAD L' ESCALADE

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