Le groupe de la Bernina et vallées limitrophes
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Le groupe de la Bernina et vallées limitrophes

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Itinéraire da Club alpin suisse pour les années 1878 et 1879.

Par

J.L. Binet-Hentsch, de Genève.

Le champ d' excursion officiel, fixé d' un commun accord avec le bureau topographique fédéral, comprend pour 1878 et 1879 la portion du Canton des Grisons que représentent les cinq sections de Bivio ( 517 ), St-Moritz ( 518 ), Maloja ( 520 ), Bernina ( 521 ) et Castasegna ( 523 ) de l' atlas Dufour, reproduites en cinq feuilles au Vsooo. Si l'on trace sur une carte d' en le carré produit par leur juxtaposition, on voit de suite que cette région n' est point déterminée par des limites naturelles, mais qu' elle se compose de vallées, ou plutôt de portions de vallées, distinctes, séparées les unes des autres par de puissantes chaînes de montagnes. Ainsi, notre champ renferme les parties supérieures de l' Oberhalbstein et d' Avers, la totalité du Bergell, toute la Haute-Engadine jusqu' à Bevers, et les vallées qui en dépendent. Mais, comme en toute matière complexe, il faut distinguer le principal de l' accessoire, on peut résumer l' objet essentiel de l' étude proposée aux clubistes par ces mots: « Haute Engadine, ou, mieux encore: a « Massif de la Bernina>. Assurément, il serait difficile de choisir un champ d' activité plus intéressant que celui-là; cette contrée a un caractère à part et se distingue par son originalité des autres régions alpestres de la Suisse. Son destin, pendant de longues années, a été l' obscurité ou l' oubli. Située fort loin de tout centre important, privée de moyens faciles de communication avec ses voisins, elle fût probablement restée longtemps encore sans notoriété dans le monde, si les développements qui furent donnés à l' établissement thermal de St-Moritz par quelques hommes de cœur et d' intelligence, n' avaient soulevé le voile qui recouvrait ces ténèbres et ne lui eussent acquis, en moins de vingt-cinq années, une célébrité universelle.

Appelé par la confiance de mes collègues à rédiger un itinéraire de ce pays que je visite chaque été, depuis vingt-deux ans, et qui a toujours exercé sur moi un invincible attrait, je ne me dissimule point la difficulté de l' entreprise. Il y a bien des manières de l' accomplir, et jamais on ne fera une œuvre qui s' adapte à tous et à un chacun des 2000 clubistes qui composent notre association. Les uns voudront plus, les autres moins. Les uns n' aiment que le pittoresque et ne sont point des savants; d' autres, en plus petit nombre, appartiennent à cette dernière catégorie et sont plus ou moins exclusifs dans la branche scientifique qu' ils ont adoptée. Enfin, il y a des marcheurs pour lesquels il n' y a que des pics dépassant 4000 m FSfWV it-,et un beaucoup plus grand nombre qui se contentent de la moitié ou des trois quarts. Il est bien difficile, sinon impossible, de contenter à la fois tout ce public-là.

Observons néanmoins qu' un itinéraire complet de cette belle partie des Grisons est bien moins nécessaire aujourd'hui qu' il y a vingt ans. Le touriste peut, en effet, satisfaire ses goûts de recherche par une littérature déjà riche, par de nombreux traités spéciaux et articles de revues ou de journaux. Des facilités multipliées dans les moyens de transport, les ressources de logement et d' alimentation, se sont introduites avec une rapidité merveilleuse en peu d' années, et ont bien modifié, non pas la nature du pays qui restera toujours belle, mais les conditions et l' aspect de la vie sociale. Ici un souvenir personnel: quand je passai à St-Moritz, pour la première fois, en juillet 1853, un orage éclata dans la nuit, et je me réveillai transpercé par la pluie qui s' était ouvert un passage à travers le plafond de ma chambre, et cependant l' au où j' étais descendu en valait une autre. De nos jours, bien des hôtels de la localité rivalisent avec les plus élégants de nos capitales.

Il est évident qu' un itinéraire dans un pays aussi transformé que celui-ci doit être fort différent de ce qu' il eût été jadis; preuves en soient: l' Engadine, par le docteur Papon, publiée en 1850; le Piz Languard, par le pasteur Lechner, publié en 1858, et les Alpes de la Haute-Engadine, publiées par moi-même en 1859, ouvrages qui ont eu leur actualité, mais qui, sur plusieurs points, ne représentent plus le temps présent. A ces livres en ont succédé d' autres; citons-en deux seulement: en première ligne, le « Touriste en Suisse », d' I wan de Tschudi, au-dessus de tout éloge, et que ses éditions successives empêcheront de vieillir jamais, puis la Haute-Engadine, guide pour les petites et grandes excursions, qui a paru l' année dernière, œuvre exacte et très-complète, ayant pour auteur M. Caviezel, de Pontresina. Je renvoie d' avance le lecteur, pour beaucoup de détails utiles, à ces deux ouvrages auxquels je ferai d' ailleurs de nombreux emprunts pour des points spéciaux.

Deux mots suffiront pour définir la tâche que j' entreprends:

Je me suppose en' face d' un clubiste instruit et désireux de parcourir, sans trop de dépenses, de temps et d' argent, notre champ d' excursion; il me demande des renseignements pratiques, concentrés en un petit nombre de points essentiels à la réalisation de son projet. Il désirerait connaître aussi quelques sources auxquelles il pourrait puiser pour approfondir tel sujet qui lui tient à cœur. C' est à ce collègue, indulgent et de bonne volonté, que je vais m' eiforcer de répondre, comme si, dans une conversation simple et sans prétention, nous nous trouvions en face l' un de l' autre.

Routes et passages.

Quatre excellentes routes introduisent le touriste dans la Haute-Engadine. La première, partant de Coire, parcourt l' Oberhalbstein dans toute sa longueur et franchit le col Julier, l' un des plus anciens des Alpes, et celui de tous le moins exposé aux avalanches. La seconde, partant de Chiavenna, en Italie, remonte le Bergell et amène le voyageur dans l' Engadine par le col de la Maloja. La troisième, venant de Tirano, en Valteline, passe par le col de la Bernina. La quatrième, partant du Tyrol, et remontant la Basse-Engadine, vient se réunir aux précédentes dans l' En supérieure.

Toutes ces routes sont postales, un peu étroites, mais parfaitement entretenues et desservies; elles provoquent à juste titre l' admiration des étrangers qui ont quelque peine à comprendre que les finances d' un canton peu opulent, encore qu' il ait été subventionné dans une certaine mesure par la Confédération, aient pu construire un pareil réseau, et vaincre, sur ses longs parcours, des difficultés de terrain extraordinaires. Notons que je fais ici abstraction des routes de l' Albula et de la Flüela, ainsi que de celles du Splügen et du Bernardin, lesquelles ne débouchent pas dans notre champ d' excursion.

Yoici les hauteurs des cols cités: Julier ( 2287 m ), Maloja ( 1811 m ), Bernina ( 2334 m ).

Comme je suppose que la plupart de mes lecteurs se rendront dans l' Engadine par la voie de Coire, il est bon de les prévenir que la route passe par Tiefenkasten ( qui est aussi le point de jonction de la route de l' Albula ), mais que, pour se rendre de Coire à Tiefenkasten, on a le choix entre deux routes de longueurs à peu près égales: la première, par Churwalden, et la seconde par Thusis et le passage du Schyn. Cette dernière doit, de tous points, être préférée pour la hardiesse vraiment extraordinaire de sa construction et pour les aspects grandioses et sauvages qu' elle présente.

^Oberhalbstein.

La partie supérieure de cette belle vallée est comprise dans notre champ d' excursion; c' est pour ce motif que j' en dis quelques mots, quoique je ne la considère que comme lieu de passage pour arriver au. but principal.

Je suppose que nous soyons parvenus à Mühlen, village où la poste fait une halte à la bonne auberge du Lion; nous sommes ici dans un centre commode pour franchir quelques passages peu connus et faire une belle ascension.

Passage de Mühlen à Juf, dans le val d' Avers, par le val de Faller à Plan, puis, par la sauvage vallée de Bercla, en passant le col de ce nom, aux lacs Flühseen; ensuite, entre ces lacs et le Foppen-horn à Juf. Le manuel.de Tschudi n' indique pas la durée de cette course qui, sans doute, ne doit être entreprise qu' avec un bon guide.Passage d' Err, de Mühlen à Samaden: 8 heures de marche; en 4 heures on arrive au sommet du passage, puis, par le Val Bevers, à Samaden. Guide nécessaire, trajet rarement pratiqué.

Piz d' Err; de Tschudi nous apprend qu' on peut le gravir en prenant Mühlen pour point de départ, mais il n' indique pas la durée de la course.

Piz Piatta ( 3386 m ). Pyramide gigantesque et la plus belle montagne de l' Oberhalbstein; ascension très-recommandable de 5 heures et demie, magnifique pano- rama; retour en 4 heures. Course faite pour la première fois par de Beurnonville, le 7 novembre 1866. ( Voir le Jahrbuch, vol. IV., page_ 561. ) Piz d' Arblatsch ( 3204 m ) et Piz Forbisch ( 3258 m ). De Tschudi nous affirme qu' ils peuvent être gravis depuis Mühlen, mais il n' indique pas la durée des trajets; il ajoute seulement que ces courses exigent des alpinistes exercés. Le propriétaire de l' hôtel du Lion, homme très-capable et très-connaisseur, peut donner tous les renseignements nécessaires et désigner des guides, dont il n' y a pas de liste officielle.

Nous arrivons à Stalla ou Bivio, village de 200 habitants ( 1776 m ), dans une région tout à fait alpestre et sans arbres, au point de jonction de la grande route du Julier et du chemin à mulets qui conduit au passage du Septimer. C' est à cette circonstance que ce village doit son nom fort ancien de Bivio, station d' où l'on peut atteindre les points suivants:

Les Colonnes Juliennes, par le val Natons, ainsi dénommé sur la carte ( Val Nutung, d' après Tschudi ), et par le val d' Agnelli.

Cima da Flix ( 3287 m ); il faut, pour la gravir, avoir un bon guide et l' habitude des montagnes. Belle course; 5 heures d' ascension.

Fopperhorn. Guide nécessaire; on attaque le piz par le côté sud; belle vue; course assez rude.

Piz d' Agnelli et Piz Suvretta. On commence par suivre la grande route du Julier, puis on prend à gauche un sentier à l' alpe Surgunda. Ensuite, par le val d' Agnelli, on gravit le piz de ce nom. De là, un sentier roide conduit au lac de Suvretta. Du point cul- - » minant du passage ou peut monter sur le Piz Suvretta et de là arriver à Silvaplana.

Lac de Gravasalvas. Passage intéressant entre Stalla et Sils, dans la Haute-Engadine.

Les excursions qui précèdent sont, en général, rarement exécutées. Il semble que pour arriver plus vite au groupe brillant de la Bernina, l'on en néglige volontiers les abords; ceux-ci offrent cependant des buts très-intéressants à atteindre aux points de vue botanique, géologique et pittoresque. Reste la question des guides, qui sont difficiles à trouver sur place; le mieux est de s' en pourvoir dans les principales stations de la Haute-Engadine, en leur écrivant d' avance et leur assignant des rendez-vous déterminés.

Passage du Septimer ( 2311 m ). On peut se rendre ainsi de Stalla à Casaccia en 3 heures et demie, par un chemin à mulets, mais qui, aujourd'hui, mal entretenu, est plus pénible à pratiquer qu' un sentier ordinaire de montagne. Il y avait autrefois un refuge, soit auberge, au point culminant; c' est une ruine maintenant.

Passage du Stallerberg ( 2584 m ). Il conduit de Stalla à Juf ( val d' Avers ) par un sentier rude mais sans danger, en 4 heures et demie environ.

Val d' Avers.

Nous devons en dire quelques mots, puisque sa partie supérieure est comprise dans le champ d' excur. C' est la vallée la plus haute en Suisse, et probablement en Europe, où il y a des villages habités toute l' année. Juf ( 2133 m ). Belle population, de langue allemande, active et vigoureuse; c' est un point de départ pour les passages suivants:

De Juf à Casaccia, dans le Bergell, par la Forcellina ( 2673 m ) et le Septimer, en 4 heures et demie de marche. Chemin facile, guide non indispensable.

De Podesta-Haus à Soglio, par le passage de Bregalga, 6 à 7 heures de marche. Il y a deux cols à franchir; le premier, entre les points marqués 2848 m et 2948 m, sur la carte, et le second, à travers les éboulis situés entre les Pics Marcio et della Duana.

Observons qu' il n' y a pas d' auberge à Juf et que, pour avoir un gîte, il faut descendre plus bas dans la vallée, de préférence à Cresta ( en dehors du champ d' excursion ) où l'on peut loger chez le pasteur ou à la Poste. Il y a deux bons guides dans cette localité, Heinz et Stoffel.

Après avoir fait dans le val d' Avers cette excursion nécessaire, revenons à Stalla pour franchir:

Le col du Julier.

Passage intéressant et historique. Une route, très-savamment tracée et améliorée encore récemment, s' élève par d' ingénieux lacets qui rassurent pleinement le voyageur contre le danger des avalanches dans la saison d' hiver. Après une heure et demie de montée, on arrive à un refuge confortable nommé Veduta, où le clubiste, en poste ou à pied, ne manquera pas de s' arrêter un instant pour apprécier les qualités distinguées d' un vin de Valteline qui reste dans la mémoire de tous ceux qui passent par là. Peu après, on arrive au sommet du col ( 2287 in ). Au point cul- minant du passage se trouvent deux colonnes de granit* hautes de un mètre et demi et sans inscription, dont l' origine est une énigme; les uns prétendent que c' étaient simplement des pierres milliaires, posées du temps d' Auguste, qui fit construire une route militaire de Chiavenna à la Curia Rhœtorum ( Coire ), par le Maloja et le Julier. D' autres pensent que ces monuments sont d' origine celtique; quelques-uns, enfin, affirment que c' étaient des fûts de colonnes accouplées, d' origine romaine ou celtique, pour former un signal d' orienta de plus de 14 mètres de hauteur et qui doit avoir subsisté jusqu' au XVIe siècle. Ce qui est certain, c' est que des monnaies romaines du temps de l' empire ont été trouvées en grand nombre dans le voisinage. Cela prouverait qu' un hospice a jadis existé près de là. J' ai moi-même acheté en 1860 une très-belle médaille en bronze, à l' effigie de l' empereur Auguste, d' un ouvrier qui l' avait trouvée la veille, à quelques pas des colonnes, en creusant le terrain pour l' entretien de la route. On comprend facilement que ce col ait été célèbre dès une haute antiquité; c' est là qu' est le partage des eaux entre les bassins du Rhin et du Danube.

De là à Silvaplana la descente s' accentue entre les bases du Piz Polaschin, à droite, et du Piz Munteratsch, ou Julier, à gauche.

Enfin apparaît Silvaplana au bord de son lac bleu.

Ce joli village, qui marque notre entrée dans la Haute-Engadine, est le point de départ de deux ascensions que nous devons mentionner ici.

Piz Polaschin ( 3017 m ). Peu difficile, vue intéres- sante sur l' Engadine supérieure, mais limitée par le groupe de la Bernina et le Piz Julier.

Piz Julier ou Munteratsch ( 3385 m ). Il a longtemps passé pour très-difficile et accessible seulement aux plus hardis grimpeurs. Il a été gravi pour la première fois le 12 juillet 1859 par M. le président Saratz, de Pontresina, accompagné du guide Jean Ruedi. A première vue, il paraît aussi rébarbatif que le Cervin. Mais en 1877 une espèce de sentier marqué par des hommes de pierre y a été tracé et l' ascension autrefois très-dangereuse est maintenant assez facile.

De Silvaplana nous allons maintenant nous diriger directement jusqu' à Maloja pour visiter et décrire la vallée du Bergell. Cela fait, nous reviendrons dans la Haute-Engadine, que nous étudierons dans toutes ses parties situées entre Maloja et Bevers, sans oublier la vallée latérale de Pontresina qui nous conduira au massif de la Bernina.

Le Bergell.

Vallée étroite, de 5 lieues de longueur. Elle s' appuie à la forte chaîne transversale du Maloja qui en forme le sommet, et elle s' incline ensuite, par divers étages successifs, dans la direction de Chiavenna. Langue italiennephysionomie alpestre dans la partie supérieure, et déjà méridionale dans la partie inférieure. Contrastes frappants. Décrite, d' une manière distinguée, dans un ouvrage de M. le pasteur Lechner, publié en 1865. Les clubistes, qui ne se contenteront pas de la simple énonciation des principales localités à parcourir, rôle un peu ingrat, forcément imposé à un itinéraire, fea sont invités à lire dans ce livre les chapitres II et III qui traitent de l' histoire et de la vie du peuple de cet intéressant petit pays. Cette lecture ajoutera beaucoup au charme des courses qu' ils y feront.

Maloja ( 1811 m ) est à deux lieues de Silvaplana. Petite auberge, commode et simple. C' est le passage le moins élevé pour se rendre de Suisse en Italie. Du haut du rocher abrupt qui en forme le point culminant, le regard plonge dans le Bergell supérieur et découvre, à une grande profondeur, les premières maisons de Casaccia.

Lago di Cavloccio ( 1908 m ). Simple promenade de deux lieues, aller et retour, très-recommandée pour utiliser une demi-journée Piz Lunghino ( 2780 m ). Ascension de 3 h. et demie.Vue magnifique sur la Haute-Engadine et les Alpes du Bergell. On se trouve ici sur la grande chaîne, à la vraie limite qui sépare nettement le Nord du Midi, et l'on en a pleinement l' impression. Le sommet est étroit; c' est un bel observatoire. La goutte de pluie qui y tombe se décompose en trois parties, dont l' une va à la mer du Nord, par le Rhin, la seconde à la mer Noire, par l' Inn, et la troisième à la mer Adriatique, par la Maira Le sentier commence à Capolago, et on laisse à droite le lac de Lunghino qui est gelé neuf mois de l' année et qui est la vraie source de l' Inn. Si, sans faire l' ascension du Piz, on suit, à partir de ce lac, la direction de l' Ouest, on arrive à couper le sentier du Septimer, et l'on peut, par le passage de la Forcellina, se rendre dans le val d' Avers. En ces lieux déserts et, vu la chance de brouillards, il est bon d' avoir un guide.

Maloja est le point de départ pour se rendre à Sondrio dans la Valteline par le val Malenco ( 11 lieues ), en franchissant le col du Muretto. On peut, en passant, visiter le beau glacier de Forno ( 2 lieues de Maloja ). De Tschudi nous apprend qu' il n' est visité par aucun touriste, parce que, dit-il, ce n' est pas la mode.

Pour descendre à Casaccia, il est possible de beaucoup abréger les seize lacets de la grande route en les coupant par un sentier rapide; à gauche, vue sur la belle cascade de l' Ordlegna. On trouve à Casaccia, dans la personne de Pietro Torriani, un guide, si l'on a l' intention de parcourir les vallées voisines.

Pizzo della Duana. Ascension des plus recommandables ( 3133 m ). Elle peut s' exécuter de plusieurs côtés, Vicosoprano, Soglio, Rotticcio. Les divers chemins qui partent de ces localités se réunissent tous près d' un charmant petit lac alpin, à la base du pic. Il convient d' aller chercher un gîte à Pianaccio ou à Castello, suivant le point de départ qu' on aura choisi; on y passe la nuit sur le foin et, le lendemain de bonne heure, on peut arriver sans danger sur la cime; vue splendide. Guides: G. Stampa, forestier à Borgo-Novo, G. Prevosti, Soldani et Gianotti, chasseurs de chamois à Vicosoprano.

Nous rappelons ici qu' un passage de 6 à 7 heures de marche conduit de Soglio à Podestahaus, dans le val d' Avers; Tschudi, dans son manuel, le nomme « Bregalgapass »; sur la carte, il est désigné « Passo della Duana ».

Au Sud de la vallée principale s' ouvrent les deux grandioses et sévères vallées de Bondasca et d' Albigna, --um jusqu' ici très-peu visitées et appartenant aux plus sauvages et aux plus pittoresques sites du canton des Grisons. Elles ont une physionomie déjà méridionale qui les fait différer notablement du massif Bernina.

Au clubiste qui voudra se faire une idée de cette partie reculée du territoire suisse, je recommande l' ex de Bondo à Vicosoprano, en y comprenant l' ascension de la Caccia Bella: 8 à 9 heures de marche, guide indispensable. Départ de Bondo: la vallée de la Bondasca s' ouvre à l' Est; on la parcourt dans sa longueur et on s' engage sur les pentes ardues du Piz di Caccia Bella, d' où l'on jouit d' une vue d' ensemble magnifique sur les deux glaciers de la Bondasca et de l' Albigna, ainsi que sur les cimes déchirées qui les entourent. Descente par la vallée d' Albigna à Vicosoprano. Le val Bondasca est séparé au midi des vallées latérales à la Valteline par deux pics imposants; celui indiqué, sur l' atlas Dufour ( Vioo^oo ), sous le nom de Trubinesea ( 3385 m ), est appelé dans la carte d' excursions Piz Cengalo ( 3368 m ), et la Cima di Tschingel, cotée 3308 m sur ledit atlas, est appelée Piz Badile. Le nom de Piz Trubinesea est appliqué à la pointe rocheuse ( 2916 m ) au sud du pâturage du même nom. Le Badile, d' après Tschudi ( page 484 ) peut être gravi par le versant italien. D' après Caviezel ( page 86 ) il est inaccessible. Quant au Piz Cengalo ou Trubinesea, aucun de ces. deux auteurs n' indique d' itinéraire pour l' atteindre, mais G. Studer nous apprend ( Ueber Eis und Schnee, dritte Abtheilung, pag. 140 ) que, le 25 juin 1856, MM. Freshfield et Tuckett ont gravi le Piz Trubinesea en 4 h. 40 m ., en partant des bains de Masino, versant italien, et que la Cima di Tschingel ( ou Piz Badile ?) a été gravie le 26 juin 1867 par M. W. Coolidge, en partant de la même station, en 5 h. et demie. Il ne paraît donc pas que ces deux cimes qui sont situées sur la limite entre l' Italie et la Suisse aient été abordées par le versant suisse.

En revanche, M. Studer mentionne ( pag. 141 et 142 ) que les deux sommités, Cima di Castello ( 3402œ, Cima del Largo de l' atlas Dufour Viooo ) et Cima di Rosso, cotée 3357 m sur la carte d' excursion, 3360 m dans l' atlas Dufour XX, qui sont situées également sur la même chaîne frontière, ont été gravies depuis le territoire suisse, soit l' auberge de la Maloja, la première par MM. Freshfield et Tuckett en 1866, et la seconde par M. Coolidge en 1867.

Tschudi mentionne quelques passages de glaciers pour se rendre de Bondo dans les vallées italiennes, sur l' autre versant de la grande chaîne. Ils sont difficiles, peu fréquentés et exigent des guides éprouvés. Leur utilité se bornerait, pour un clubiste qui serait dans le Bergell, à se rendre par le plus court chemin dans le val di Mello, aux fins de gravir le Monte della Disgrazia qui est en dehors de notre champ d' excursion.

Haute-Eagadine.

Nous allons maintenant revenir à Maloja, point culminant de la Haute-Engadine, que nous ne quitterons plus désormais jusqu' à Samaden. Ceux de nos clubistes qui voudront, avant de faire connaissance personnelle avec ce pays, en apprécier la physionomie 2 générale, pourront s' en pénétrer dans le manuel d' I wan de Tschudi qui, en quelques lignes, en fait un tableau rapide, mais plein de vérité. Je me réserve seulement de donner ultérieurement quelques détails sur les circonstances climatériques et la constitution géologique de la Haute-Engadine, comme pouvant intéresser plus spécialement nos clubistes.

De Maloja à Sils-Baseglia, 1 h. et demie, et tout auprès Sils-Maria, dans une position ravissante. Bons hôtels, excellentes stations pour les excursions suivantes:

Piz Tremoggia ( 3452 m ), voir dans le Jahrbuch, tome I, pag. 244, le récit intéressant de la première ascension de ce Piz, que M. Weilenmann exécuta en 1859, seul et sans guide. Je ne saurais conseiller au premier clubiste venu d' en faire autant. Pour effectuer cette course, il faut aller coucher dans les chalets de Sils ou à Curtins.

Piz della Margna ( 3156 ). Ascension rude, mais pas dangereuse pour les personnes non sujettes au vertige. Aller coucher aux chalets de Castername au-dessus d' Isola.

Piz Lat ou Led ( 3090 m ). Beaucoup de crevasses.

Les trois courses qui précèdent offrent à peu près la même vue, qui est fort belle, et ne doivent être entreprises qu' avec un guide éprouvé.

Val Fedoz. Une des vallées les plus sauvages et les plus solitaires de la Suisse. Des clubistes exercés, accompagnés d' un bon guide, peuvent, en 7 heures, aller de Sils-Maria à Chiareggio, par le col Fedoz dans le Malenco.

Vallée de Fex. Elle donne ouverture à deux passages: Passo Tremoggia ( 3021m ) et Fuorcla du Fex-Roseg ( 3082 m ).

Le premier conduit à Malenco par Curtins et Mott Selvas, puis, par le glacier qui est au fond de la vallée. Les ouvriers de la Valteline en font usage en été pour se rendre aux fenaisons de l' Engadine.

Le second conduit en douze heures de Sils-Maria à Pontresina par la Fuorcla de Fex, pénible mais sans danger. On quitte le chemin de la vallée à Curtins.

Les deux passages ne doivent pas être entrepris sans guide.

Après avoir longé les lacs de Sils et de Silvaplana, on arrive au village de ce nom ( dont nous avons déjà parlé ) au pied du passage du Julier. Point de départ commode pour effectuer deux passages et escalader trois pics; pour abréger, je ne parle pas ici des promenades charmantes qu' on peut faire en quelques heures dans le voisinage, notamment à Crestalta, Le premier passage, que je ne saurais trop recommander, est la Fuorcla de Surlej, par lequel on se rend en 6 heures à Pontresina, en parcourant la vallée du Roseg. Du haut de ce col, la vue sur le glacier de ce nom et sur les cimes du premier ordre du massif de la Bernina produit l' effet le plus imposant.

Le second passage, dont nous avons déjà parlé, est le « Pass-Suvretta », entre le Piz de ce nom et le Piz Julier, pour se rendre à Stalla, trajet jusqu' ici peu pratiqué.

Piz Surlej ( 3187 m ). 4 heures de montée.Vue pion- géant dans le massif de la Bernina. ( Voir ma relation, Echo des Alpes, année 1870, n° 2. ) Piz Kosatsch ( 2994 m ). Vue un peu moins étendue que la précédente. Il est possible aussi et peut-être plus avantageux d' entreprendre cette ascension de St-Moritz ou de Pontresina. Environ 4 heures de montée. ( Voir ma relation, Echo des Alpes, année 1871, n° 4. ) Piz Corvatsch ( 3458 m ). Ascension très-belle, sans danger, mais assez rude: 4 h. et demie à 5 h. de montée; on se dirige sur la Fuorcla de Surlej, et quand elle est atteinte, on prend à droite; puis par le glacier de Corvatsch et des débris délités, on atteint une arête que l'on suit jusqu' au large sommet couvert de neige qui se prolonge sur un assez long parcours. Ce qui donne à la vue un intérêt particulier, c' est le contraste entre la nature sauvage des principaux pics du massif de la Bernina et le riant tableau qu' offre la verte vallée de l' Engadine avec ses forêts et la série de ses lacs.

Poursuivant notre route, nous arrivons à Campfèr ( demi-lieue de Silvaplana ). Ici le torrent Suvretta s' é d' une gorge et sépare les deux communes de Silvaplana et de St-Moritz. Position abritée et pittoresque; deux bons hôtels et plusieurs logis.

Aussitôt qu' on a passé le torrent, la route se bifurque; celle de droite conduit aux bains de St-Moritz; celle de gauche, au village de ce nom. Ces deux localités, distantes l' une de l' autre de 25 minutes seulement, forment, dans la belle saison, avec Pontresina, les centres les plus importants de la Haute-Engadine. St-Moritz est le dernier village situé dans cette partie si gracieuse du pays appelée Région des Lacs. Son lac est en effet le quatrième et dernier de ceux que nous avons côtoyés sur notre route depuis Maloja.

On est étonné de la profondeur de ces lacs; celle du lac de Sils a été trouvée par M. J. Caviezel, en 1869, de 73 m 50°; et par M. le professeur D. Colladon, de Genève, en 1859, de 73 m. Celle du lac de Silvaplana a été trouvée en 1869 par M. Coaz, ac tuellement inspecteur fédéral forestier, de 77 m 04°. Enfin, celle du lac de St-Moritz a été trouvée, en 1859, par M. le professeur Colladon, être de 44 m.

Il n' entre pas dans mon plan de donner beaucoup de détails sur St-Moritz, que son magnifique établissement thermal a rendu si célèbre; ce n' est pas précisément des capitales et chefs-lieux de ce genre que recherchent de préférence les clubistes. Cependant, je donne à ces derniers le conseil de s' y arrêter au moins un jour. Le spectacle dont ils jouiront en vaut la peine; d' ail, les environs en sont charmants, et on n' aura que l' embarras du choix de ses promenades. Je note, entre beaucoup d' autres, les courtes excursions suivantes: Colline du Kurhaus ( 20 minutes de distance ); Promenade du Johannisberg ( trois quarts d' heure ); la Meierei ou Acla à l' extrémité du lac; la chute de l' Inn; la Meierei alpina; Muottas Laret ( 2367 m ), 1 h. et demie; Alp Giop ( 1 h. ); Piz Nair ( 3060 m ), facile, excursion de 3 heures, vue superbo/ Un mot sur les prix d' hôtels ou de pensions. Il est incontestable que quelques personnes ont eu, à diverses reprises, des motifs fondés à se plaindre des prix trop élevés pour les locations de chambres ou d' appartements. L' affluence était considérable, la place était rare, et l'on exploitait cette position. Mais, depuis deux ou trois ans, on a construit un grand nombre d' hôtels et de maisons privées dont quelques-unes fournissent la pension complète, et d' autres seulement les repas du matin et du soir. Dès lors, la place a sura-bondé et les prix ont notablement baissé. Pendant ces deux dernières saisons, l' offre a dépassé la demande; d' ailleurs, s' il y a des hôtels opulents où la dépense est nécessairement forte, il y a aussi des logements modestes où elle est beaucoup moindre et fort raisonnable, si l'on réfléchit que la saison dure au plus trois mois et que toutes les provisions de bouche ainsi que les accessoires d' un logement doivent être importés de fort loin.

Excursion intéressante, surtout sous le rapport botanique, à effectuer de St-Moritz à Bevers, par le val Suvretta: 6 heures de marche. On se dirige sur l' Alp Giop, à travers des pâturages, puis, sur des pentes rocailleuses, jusqu' au point culminant du passage ( 2618 m ) qu' on atteint en 3 heures. On passe près d' un petit lac et on descend à Bevers, par le val Suvretta, très-rude dans sa partie supérieure, mais qui devient pittoresque et facile aux environs de Bevers.

Poursuivant notre route, nous arrivons à Celerina ( I724 m ), demi-lieue de St-Moritz; village propre et bien bâti, où l'on jouit d' un calme qui contraste avec le mouvement qu' offrent, dans la belle saison, les trois communes voisines. Bons logements chez Lendi et Ronzi.

Deux excursions intéressantes peuvent être entreprises de cette jolie station:

Muottas Muraigl ( 2436™ ), 2. h. et demie de distance. Un des points de vue les plus beaux du pays et qu' on atteint le plus facilement. On prend la route de Pontresina, puis, après avoir passé le Flatzbach, sur un pont de fer, on tourne à gauche, on fait environ 500 pas sur la grande route, dans la direction de Samaden, et l'on monte à droite par un sentier bien tracé.

Promenade dans le val Saluver, qui s' ouvre au-dessus de Celerina, recommandé surtout aux botanistes.

Pontresina est à une demi-lieue de Celerina, mais pour un piéton qui, de St-Moritz, voudra se rendre à Pontresina, je lui conseille de laisser la grande route que je viens de décrire et de prendre un sentier qui le conduira au but en une heure et demie.

On passe à l' Acla Silva, à l' extrémité du lac de St-Moritz et l'on arrive au Stätzer see ( 1812 m ) dont on suit le bord jusqu' à sa partie supérieure. Là, on quitte un chemin bien tracé ( mais qui conduit dans la montagne ) et l'on prend à gauche, dans la forêt, un sentier faiblement indiqué et qui s' accentue plus tard.

Pontresina ( 1803.

Vrai centre de la Haute-Engadine pour les clubistes sérieux:.ce beau village est situé à l' entrée du passage de la Bernina; il est tout entouré des contreforts des plus hauts sommets du groupe de ce nom et au débouché des vallées qui en permettent l' accès. Aucune station ne lui est supérieure comme point de départ pour des excursions grandes ou petites, à la portée de toutes les exigences et des forces variées des touristes. Les deux torrents des glaciers de Morteratsch et de Roseg coulent au pied de la terrasse sur laquelle est bâtie Pontresina et, réunis sous le nom de Flatzbach, courent se jeter dans l' Inn un peu au-dessus de Samaden.

Magnifiques hôtels et aussi des logements plus modestes. Deux clubistes expérimentés et pleins d' obli, M. le président Saratz .et M. Enderlin, habitent Pontresina, le premier, à l' hôtel qui porte son nom, et le second à la Croix-Blanche. Ces messieurs sont précieux à consulter lorsqu' il s' agit de préparer une expédition difficile.Vue des plus remarquables sur la vallée de Roseg qui se développe dans toute la longueur jusqu' au glacier de ce nom. Corporation de guides renommés, comprenant environ 30 membres dont les principaux et les plus anciens sont Hans et Christian Grass, P. Jenny, A. Ambühl, Jak. Müller, Schnitzler et Arpagaus. Les jeunes donnent de belles espérances. Il est à remarquer que, sous la conduite des guides de Pontresina, il n' est encore arrivé aucun accident. Leur tarif est affiché dans tous les hôtels; on ne peut nier qu' il ne soit en général trop élevé et qu' il ne faille attribuer à ce fait que plusieurs touristes emploient des guides étrangers amenés avec eux. De Tschudi observe, avec raison, que ce même tarif n' est pas en parfaite concordance avec celui publié par la section Ehätia en 1876. La réponse à cette circonstance est probablement qu' il faut payer le talent et la sécurité.

A. Promenades faciles dans le voisinage immédiat Elles n' exigent aucun guide, et plusieurs d' entre elles peuvent être cumulées dans un même jour.

1° Promenade en forêt au Pontresinerschlucht, à faire l' après ou le soir: aspects qui rappellent à plusieurs égards ceux de la Via Mala. On dépasse l' église et on franchit le torrent de Morteratsch sur le vieux pont, Punt Ota, puis on prend à gauche.

2° Le tour de Rosella, sur la rive droite du torrent de Roseg. S' engager dans la forêt avant d' arriver à Punt Nuova; à 35 minutes de distance, on se trouve en face de l' ancienne maison de Colani, maintenant Acla Pidermann; on passe la rivière et l'on effectue le retour par le côté gauche de la vallée de Roseg.

3° Le tour de Schafberg. Promenade magnifique du matin; 1 heure et demie de montée. Le point de départ le. plus favorable est l' hôtel Roseg. Vue splendide.

4° Au glacier de Morteratsch; 1 heure et quart de marche. On suit la grande route de la Bernina; au bout de 20 minutes, cascade du Languardbach; 25 minutes plus loin, on s' engage à droite; chute du torrent de la Bernina, puis on traverse, tout près de là, le ruisseau qui s' échappe du glacier, et on arrive au restaurant Kessler. Bon logis; à environ 1000 pas de distance est le glacier avec sa chute terminale. Ne pas s' en approcher de trop près, car les chutes de pierres sont fréquentes et ont occasionné de graves accidents.

Nota. Si l'on veut pousser la promenade plus loin, on le peut à divers degrés; à 1 heure de marche est la Chünetta, place qui offre une vue imposante de tout le glacier et des cimes qui le dominent. A 2 lieues de là, on arrive par un bon sentier à la station de Boval où se trouvent deux cabanes, l' une, ancienne, construite par les guides de Pontresina, mais devenue insuffisante; l' autre, toute récente, bâtie, avec la coopération du club, l' année dernière.

B. Excursions plus étendues mais qui peuvent encore s' effectuer sans guide.

1° Le val Roseg, dans toute sa longueur; 2 heures de marche jusqu' à la petite et commode « restauration » du glacier, et, de là, 1 heure jusqu' à l' alpe Ota. La première partie peut se faire en voiture légère; succession d' aspects tour à tour romantiques et imposants.

Nota. L' excursion peut être, mais avec guide, poussée 2 lieues plus loin, sur le flanc gauche du glacier de Roseg jusqu' à la jolie cabane bâtie par le club en 1878. Vue grandiose, de premier ordre ( voir ma notice précitée sur les cabanes; Jahrbuch ).

2° Muottas Muraigl. Ce tour se fait facilement depuis Pontresina; nous l' avons déjà mentionné sous la rubrique « Celerina ».

3° Aux Berninahäuser et dans le Heuthal; je ne parle que pour mémoire du Heuthal, puisqu' il n' est pas compris dans notre champ, mais je le mentionne comme centre intéressant au plus haut degré pour les botanistes. On parvient aux Berninahäuser en suivant toujours la grande route; c' est une station favorable pour les excursions suivantes que je ne fais qu' indi par le motif qui précède: Val Minor, jusqu' au haut du col ( 1 heure et demie ); Berninahospiz ( 1 heure et demie ); glacier de Cambrena ( 1 heure et quart ); Alp-Grüm ( 2 heures et demie à 3 heures ); hauteur de la Diavolezza ( 3 heures ).

4° A l' hospice Bernina, en dehors de notre champ, mais que je ne puis passer sous silence, à cause de sa magnifique position d' abord, puis, comme point de départ confortable pour les belles courses suivantes: aux Galeries ( un quart d' heure ), de l' autre côté du passage, sur le versant du Poschiavo; à Bellevue Grüm ( 1 heure et quart ), nouveau sentier, vue brillante sur le glacier Palü; Piz Champatsch ( 1 heure et quart ), aussi un sentier; Piz Lagalb ( 2 heures ), avec guide, vue panoramique.

G. Tours de second ordre, mais qui exigent un guide.

1° Le Piz Languard ( 3266 m ). Distance de Pontresina à la cime: quatre heures. Une des plus magnifiques vues de la Suisse et du monde entier. On peut, à la rigueur, en faire l' ascension sans guide; sentier bien tracé. J' ai essayé de faire la description du panorama qu' offre cette cime, dans les Alpes de la Haute-Engadine, mais jamais plume ne pourra satisfaire pleinement à cette tâche. Pour en donner une idée, je rappelle ici un petit ouvrage publié en 1858 par M. le commandant Ladner et intitulé: « Panorama du Languard », soit catalogue hypsométrique de mille sommités dépassant 8000 pieds dans la chaîne des Alpes, entre le Montblanc et le Gross-Glockner, visibles du haut du Languard. On peut, mais avec guide, effectuer le retour par la Pischa et le Heuthal.

2° Tour de la Diavolezza ( 9 à 10 heures ). Il faut ici bon guide, bon jarret, forts souliers, lunettes de couleur sombre et voile. Long parcours sur le glacier. Usage rare, mais possible, de cordes et de piolets.

3° Aguagliouls ( de 4 heures et demie à 5 heures de distance ). Ilot de rochers émergeant du glacier de Roseg. Contrefort du Piz de ce nom. Vue étendue sur des névés,et des glaciers. Tour fréquemment exécuté et que facilitera beaucoup la nouvelle cabane de Mortel.

4° Munt Pers ( 5 heures et demie de distance ). On le gravit dans une heure du haut du col de la Diavolezza.

D. Excursions difficiles et de premier ordre.

Elles sont en très-grand nombre. Je ne mentionnerai que les principales et seulement celles qui sont comprises dans la partie du champ d' excursion figurée en la feuille 521.

Pour plus de clarté, je les classerai sous trois groupes distincts d' après le point de départ qui doit être choisi pour les exécuter.

Ier. Point de départ, Val Roseg.

Tschierva ( 3570 m ), gravi, pour la première fois, en 1850, par M. l' inspecteur forestier Coaz. Aller coucher à l' alpe Misaun, distance de 2 lieues de Pontresina, de là, 5 à 6 heures de montée; ascension assez pénible, mais sans danger.

Piz Morteratsch ( 3754,n ), gravi, pour' la première fois, en 1858 par MM. le docteur Brügger, Gensler, Emmermann et Kleingutti. Passer la nuit à l' alpe Misaun; forte montée de 3 heures jusqu' à une tête de rochers nommée « La Terrasse », puis on s' engage à droite, sur le petit glacier de Tschierva et, en 2 heures et demie à 3 heures, on arrive à la cime. ( Voir le récit de l' ascension de M. Alexis Lombard, dans l' Echo des Alpes, année 1867, n° 1, et celui de M. Ulrich, dans le Jahrbuch, vol. I, page 233 ).

Pour les ascensions qui vont suivre, il est très-important de remarquer que, depuis la construction de la cabane du Club à Mortel, les distances données par le Manuel de Tschudi et par celui de Caviezel, lesquelles sont comptées en heures de marche de Pontresina ou d' un point de la vallée de Roseg ( l' alpe Misaun ou le petit restaurant du glacier, par exemple ), sont très-sensiblement diminuées. Par conséquent, toutes ces ascensions, ainsi que les passages des glaciers avoisinants, qui exigeaient auparavant un nombre d' heures considérable, seront singulièrement facilitées par la précieuse possibilité de coucher confortablement dans cette cabane. Pour donner à mes lecteurs une idée exacte de la position de celle-ci, je leur signale qu' elle est construite au-dessus du glacier de Roseg, au pied d' une arête protectrice de rochers située dans l' espace existant entre IV et le t du mot Mortel, sur la carte d' excursion. Ce point est à une distance de 5 heures de Pontresina et à 3 heures de la petite auberge du glacier. Un coup d' œil jeté sur cette carte indique assez l' avantage qu' offre ce refuge.

Piz Roseg.

Trois cimes: la plus haute ( celle du Midi, 3943 m ), gravie pour la première fois en 1865 par les Anglais Moor et Walker, avec le guide J. Anderegg; l' autre ( 3927 m ), celle du Nord, gravie en 1863 par l' Anglais Bircham et les guides Jenni et Fluri. Longue traversée de glaciers, ascension laborieuse, mais cependant exécutée plusieurs fois. On se dirige vers le Sellapass, puis on tourne à gauche, avant d' atteindre le col. On arrive avec une facilité relative à la cime du Nord; mais pour aller' jusqu celle du Midi, il y a encore un trajet très-dangereux d' une heure et quart. Voir deux très-intéressants récits d' ascension, l' un par Weilenmann ( Jahrbuch, vol. II, page 861' autre, par Güssfeldt ( Jahrbuch, vol. VI, page 229 ). Dans son parallèle entre les difficultés qu' offrent la plus haute cime du Roseg et le Matterhorn, M. Güssfeldt n' hésite pas à donner au Roseg la palme du danger.

Lire aussi la narration récente de l' ascension opérée en 1875 par M. Henri Cordier, qui a si misérablement péri l' année dernière sur un glacier du Dauphiné. Sa description du parcours vertigineux de l' arête qui sépare les deux cimes du Roseg, cadre tout à fait avec celle donnée par Güssfeldt. ( Voir Annuaire du C.A.F., IIe année, page 495. ) Enfin, je dois signaler une expédition plus récente encore, opérée par le même M. Cordier, en août 1876, sous la conduite des guides Hans Grass et Johann Jaun. Il effectua pour la première fois l' ascension du Piz Roseg par le glacier de Tschierva, puis par une haute muraille de rochers très-escarpés, sillonnés de plusieurs couloirs de glace, et presque partout exposée à la -chute de séracs menaçants. Cette muraille conduit à la Schneekuppe, soit première cime de la montagne. La route n' est pas à conseiller, car elle paraît offrir des dangers extraordinaires, mais tous les obstacles furent néanmoins surmontés. Le temps et l' état de la neige étaient des plus favorables. Pour en donner une idée, il suffira de dire que le passage si difficile de l' arête entre les deux pics du Roseg, qui avait donné tant de peine à M. Cordier l' année précédente, fut franchi en trois quarts d' heure avec la plus grande aisance. ( Voir Jahrbuch, vol. XII, page 132. ) Piz Sella ( 3566 m ). Gravi pour la première fois en 1863 par l' Anglais Buxton, accompagné des guides Jenni, Fluri et Walter. Belle vue, principalement sur les glaciers du val Malenco.

Piz Glüschaint ( 3598- ) Gravi pour la première fois en 1863 par les Anglais Buxton, Digby et Johnston, avec les guides B. Walter et Ambühl. Belle excursion.

Piz Chapütschin ( 3393 m ). Gravi pour la première fois par Coaz, en 1850; depuis la cabane, on se dirige sur la Fuorcla de Fex, puis, avant d' y arriver, on s' engage à gauche.

II. Point de départ, Morteratsch-Thal, cabane de Boval ( à 3 heures de Pontresina ) '.

Piz Bernina ( 4052 m ). Cime grandiose et difficile à atteindre. Cependant, les obstacles inhérents à cette ascension varient singulièrement suivant les circonstances atmosphériques, l' état des neiges et surtout du glacier. Celui-ci, dans sa partie la plus rapprochée du promontoire de rochers coté 3208 m sur la carte, présente une chute ( Absturz ) des plus accentuées. Il se brise durant un fort long espace en une multitude de séracs énormes confusément entassés, au milieu desquels il est le plus souvent impossible, même aux meilleurs guides, de se frayer une issue. Cependant c' est le chemin le plus direct pour arriver au but; il fut su;vi par Coaz, accompagné de deux guides, le 13 septembre 1850, lorsqu' il eut l' honneur de mettre le premier sous ses pieds la cime de la Bernina, réputée jusqu' alors inaccessible. Il partit de Boval, et, avec des difficultés inouïes, il put traverser l' entasse des séracs; il y perdit beaucoup de temps et ne put arriver sur le sommet qu' à 6 heures du soir, au coucher du soleil. Le retour s' effectua de nuit, et le courageux ascensionniste courut les plus grands dangers; il aurait probablement péri si la lune, se levant à propos, ne lui eût prêté le secours de sa lumière. La course dura 20 heures.

M. le président Saratz eut l' honneur de la seconde ascension, qu' il effectua par le Diavolezzapass et le glacier de Pers.

Dès lors, cette course s' est répétée plusieurs fois, mais la plupart des tentatives faites pour suivre la route de Coaz à travers le' labyrinthe échouèrent, et l'on est presque toujours forcé, en partant de Boval, de traverser le glacier de Morteratsch et de faire, par la gauche, un immense détour. On a l' option ou de gravir une crête rocheuse qui s' appelle Fortezza ou Festung, ou de longer cette crête qu' on laisse à gauche, en s' élevant sur des névés, soit pentes glacées très-rapides. On arrive ainsi jusqu' au pied du Piz Palü, on range à gauche les trois cimes de Bellavista, le Piz Zupò et celui de Crast' agüzza. On parvient enfin à la dernière arête, longue et rude besogne, jusqu' à la partie finale, tellement tranchante, qu' on est parfois obligé de la parcourir à califourchon. Départ de Boval à 1 heure du matin et retour à Pontresina à minuit: 23 heures, y compris 2 heures et demie de séjour sur le sommetl' autre, par MM. Bruppacher et Oberholzer, sous la conduite de Hans Grass, le 17 juillet 1870 ( Jahrbuch, vol. IX, page 217 ). Ordinairement, le retour s' effectue par le même chemin suivi à la montée, c'est-à-dire par le glacier de Morteratsch; mais le journal « Le Touriste d' Italie » ( n°du 14 septembre 1877 ) m' apprend qu' au mois d' août précédent, M. D. Mannelli, membre de la section de Florence ( C. À. I. ), après avoir fait l' ascension de la Bernina, n' a point effectué son retour par le glacier de Morteratsch, mais bien par celui de Roseg. A cet effet, il a emprunté le versant italien, entre la Crast' aguzza et le Monte di Scerscen, a longé la Porta Roseg et les bases du pic de ce nom jusqu' au Sellapass, d' où il est descendu par le glacier de Roseg, direction qui n' avait été prise avant lui que par le guide Hans Grass.

Je viens de nommer pour la seconde fois dans ce travail la Porta Roseg. Ce nom n' existe point sur la carte d' excursion, il y est remplacé par celui de Fuorcla Tschierva-Scerscen entre le Monte di Scerscen et le point coté 3943 m. Il y a dans cet intervalle une muraille de glace presque perpendiculaire qui, pour la première fois, a été franchie en 1872 par M. Güssfeldt, membre de la section de Berne, dans les circonstances les plus difficiles que puisse offrir un passage dans le monde des glaciers. Ce clubiste était accompagné des guides Hans Grass et Jenny qui y 3 creusèrent un véritable escalier, ( voir dans le Jahrbuch sa relation. Tome VIII, page 124 ).

Enfin, un dernier détail sur cette célèbre montagne: M. H. Cordier, clubiste déjà nommé, membre des sections de Paris et de Genève, a essayé de parvenir à la Bernina par un chemin nouveau. Parti de la vallée de Roseg, il a franchi le Sella-Pass, puis a gravi par le versant italien jusqu' à la Porta Roseg, où il a trouvé la carte de visite que Güssfeldt y avait laissée. De là, longeant la base du Scerscen, par le glacier de ce nom, il espérait parvenir à son but par l' arête ouest de la Bernina. Mais il se trouva en présence d' obstacles insurmontables et il dut rétrograder.

Monte di Scerscen ( 3967 m ); la plus haute des deux cimes comprises sous cette dénomination, a été gravie, dans l' été de 1875, par M. le docteur Güssfeldt accompagné du guide Hans Grass et du porteur Capat, ( voir dans le Jahrbuch sa relation. Tome XIII, p. 285)-La cime la moins haute, cotée 3345 m, qui surplombe la Porta Roseg, ne paraît pas avoir encore été visitée; c' est, à ma connaissance, la seule sommité vierge que j' aie à mentionner dans le présent itinéraire.

Crast' agtizza ( 3872 m ). Gravie pour la première fois en 1865 par Weilenmann et Specht, accompagnés par les guides Pœll et Pfitscher; accessible seulement du côté ouest, elle émerge presque perpendiculairement du glacier, entre la Bernina et le Piz Zupò. ( Voir dans le Jahrbuch la relation de Weilenmann. Tome IV, page 560 ).

Piz Argient ( 3942 m ). Gravi pour la première- fois en 1869 par MM. Seiler et Seldeneck, de Bâle, ac- compagnes des guides B. Walther, Chr. Grass et Jaeger. On se dirige jusqu' à la base ouest du Piz Zupò, puis on prend à droite et on arrive à la cime par le sud-ouest.

Piz Zupò ( 3999 m ). Gravi pour la première fois le 9 juillet 1863, par MM. Enderlin et Serrardi, accompagnés de Badrutt Jaeger. Cette ascension est un peu plus longue que celle de la Bernina, mais moins difficile et moins dangereuse. Même route que celle précédemment indiquée. M. de Tschudi trace aussi un itinéraire de cette ascension, en prenant pour point de départ les chalets de Fellaria, qui sont en dehors de notre champ, sur le versant italien. De cette station, déjà très-élevée, 6 heures de marche. Pour le retour, il donne un itinéraire de 5 heures et demie de marche jusqu' à Poschiavo.

Grâce à leurs positions spéciales et dominantes, les deux Piz Bernina et Zupò présentent un panorama d' une infinie grandeur.

Bellavista. ( Quatre pointes: 3800m, 3893 m, 3894 m et 3921 m ). Après avoir grimpé la Festung dont j' ai parlé, s' avancer vers elles le plus directement possible. Première ascension, du 10 septembre 1868, par M. E. Burckhardt de Bâle, accompagné du guide Hans Grass.

III. Point de départ, Berninahäuser.

De cette station on fait commodément plusieurs excursions. Je n' en mentionnerai qu' une rentrant dans notre cadre.

Piz Palü. Trois cimes. L' une 3912 m, une seconde ( pointe occidentale ), 3825 m, toutes deux escaladées pour la première fois par MM. Waehtler, Wallner et Georg, accompagnés des guides H. et Chr. Grass, en 1868. La pointe orientale ( 3889 m ) a été escaladée en 1863 par quatre Anglais conduits par les guides P. Jenny, A. Fluri et B. Walther.

Avant 1875, cette course, très-fatigante, était rarement exécutée; dès lors, elle l' a été davantage.

Passages.

Fuorcla Sella. Dans la partie la plus élevée du glacier de Roseg, ce passage franchit la frontière suisse. On aborde ensuite le versant»italien; puis, en traversant les glaciers de Scerscen et de Fellaria, on arrive aux chalets de Fellaria; 10 à 12 heures à partir de l' alpe Misaun. C' est le 12 août 1859 que ce passage fut pour la première fois effectué par M. le président Saratz et son compagnon Ruedi, chasseur de chamois. Les habitants de la vallée de Malenco ne pouvaient en croire leurs yeux en voyant ces deux hardis pionniers du versant Nord arriver chez eux en traversant la grande chaîne.

Fuorcla Bellavista. En prenant les chalets de Fellaria pour point de départ, on peut, en 12 heures, passer ce col et, par le glacier de Morteratsch, revenir à Pontresina.

Chapütschin-Pass. La fuorcla Chapütschin est située à la base sud du Piz de ce nom. En partant de la cabane Mortel, j' estime qu' il faut 3 ou 4 heures de marche pour arriver au sommet du passage. La descente sur la partie supérieure du glacier de Fex est difficile et dure une heure; là, le chemin se bifurque; en prenant à droite, on arrive à Sils-Maria ( environ 7 heures de marche ). En prenant à gauche, on arrive au Passo Tremoggia et, de là à Chiesa. Caviezel assigne à cette traversée une durée de 14 à 16 heures, mais, en prenant la cabane de Mortel pour point de départ, on l' abrégerait notablement.

Nota. On verra sur la carte, au nord-ouest du Piz Glüschaint, une fuorcla de ce nom. Sans vouloir nier qu' elle existe, je dois dire que je n' en ai jamais entendu parler et que, sous ce nom du moins, MM. Tschudi et Caviezel n' en font aucune mention. La Fuorcla Fex-Scerscen de la carte entre le Piz Tremoggia ( 3452 m ) et le point 3382 doit être celui mentionné par Caviezel ( page 162 ) lorsqu' il dit que, quand on a franchi le Chapiitschin-Pass, si l'on tourne à gauche, on dépasse le Piz Tremoggia et l'on arrive à Chiesa par le Colmo d' Entova.

Samaden.

De retour des hauts glaciers, rentrons à Pontresina et dirigeons-nous, à une lieue de là, à Samaden, bourg, chef-lieu de la Haute-Engadine et la dernière station de notre itinéraire. Beaux hôtels et autres logis plus modestes.

Deux excursions intéressantes:

1° Le Piz Ot. Je ne saurais trop le recommander ( 3249 m, 4 heures et demie de marche ). On déjeûne agréablement à moitié chemin, dans un site pittoresque ( Fontana fraidajusque-là, on peut monter à mulet. Un bon sentier, établi à grands frais, continue qu' au sommet de cette belle pyramide.Vue un peu inférieure, mais cependant comparable à celle du Piz Languard.

2° Piz Padella ( 2860 m ). Jolie ascension que l'on peut exécuter dans une demi-journée. Du sommet, on embrasse d' un coup d' œil toute la Haute-Engadine dans son ensemble.

Climatologie.

Sous ce rapport, quelques personnes ont un peu calomnié la Haute-Engadine, en représentant son climat comme sibérien, sous cet apophthegme trop absolu: « Neuf mois d' hiver et trois mois de froid Il faut, sans parti pris d' avance, examiner les faits.

Sans doute, l' hiver est long et rude dans ce pays, mais il y est très-supportable; le froid y est sec, l' air est rarement agité et le ciel, pendant des semaines entières, est d' une admirable pureté. Le printemps est court, mais fort agréable. En été, on y a quelquefois bien chaud. L' automne présente souvent, jusqu' au milieu de novembre, des jours tempérés et sereins, quoique les sommets du voisinage soient blanchis par une neige fraîchement tombée. Cependant, on ne peut que recommander aux personnes habituées aux climats de la plaine de se munir de vêtements chauds et de bonnes chaussures, car, le soir et le matin, comme aussi dans les jours de pluie, l' air se refroidit facilement; même au milieu de l' été, il peut tomber quelques giboulées d' une neige qui ne dure jamais longtemps, et le thermomètre peut aussi momentanément tomber au-dessous de zéro.

M. le docteur Aug. Husemann, professeur de chimie à Coire, dans son ouvrage remarquable sur les bains de St-Moritz, a fait des observations météorologiques et des recherches très-intéressantes sur le climat du pays. J' extrais les quelques détails qui vont suivre de l' analyse qu' en fait Caviezel dans son livre.

Disons d' abord un mot de la hauteur de la vallée: c' est un facteur important pour l' examen du sujet qui nous occupe. Cette hauteur est tout à. fait exceptionnelle; dans la Haute-Engadine, elle est en moyenne près de 1800 m au-dessus de la mer; au passage du col de Maloja elle est de 1811 m, et, à l' extrémité de la Basse-Engadine, à Martinsbrücke, de 1035 m. La rivière, l' Inn, a donc parcouru notre vallée de 19 lieues de longuenr environ, avec une pente de 776™. Un voyageur qui venait d' Italie disait spirituellement, après avoir péniblement gravi la vallée de Bergell jusqu' au haut du col de la Maloja: « C' est singulier, voilà une montagne qu' on monte bien, mais qu' on ne redescend pas! » Et, en effet, on peut dire que toute l' Engadine et ses nombreux villages ont le privilège d' un climat alpin, quoique le pays soit régulièrement habité toute l' année. C' est le motif qui m' a fait recommander à plusieurs reprises des excursions de faible hauteur au-dessus de la vallée; on y est en pleine montagne. La conséquence très-favorable qui résulte de cette hauteur acquise du point de départ, c' est la facilité relative avec laquelle on parvient en peu d' heures sur des pics d' une altitude absolue considérable.

Cette circonstance qui caractérise l' Engadine -en général, sa forme, sa direction, le groupement de ses montagnes, les vents dominants et la nature de ses forêts, expliquent dans une grande mesure la température dont on y jouit. Il n' existe pas en Europe un pays montagneux qui offre, à pareille hauteur, de » résultats climatériques aussi favorables; preuves en soient les observations comparatives faites sur la limite de la végétation, sur celle des neiges éternelles et sur la durée des neiges d' hiver.

Dans le Harz, la limite supérieure des forêts est à 1075 m.

Dans les Alpes du Tyrol et de la Bavière, entre 1780 m et 1958111.

Dans la Haute-Engadine, à 2275 m.

Dans le Nord du Tyrol, l' agriculture ne dépasse pas la hauteur de 1200 m.

Dans la Haute-Engadine, elle atteint 1950 m.

La limite des neiges éternelles dans les Alpes bavaroises est à 2300™.

Dans la plus grande partie de la Suisse, à 2665 m.

Dans les Pyrénées, à 2730™.

Dans la Haute-Engadine, à 3070 m.

La durée des neiges d' hiver est, dans la région du Sentis, à la hauteur de 1785 m, de 237 jours.

Dans les Alpes orientales, à cette même hauteur, Schlagintweit nous apprend qu' elle est seulement de 196 jours.

En résumé, on peut dire que sous le rapport des conditions de la chaleur, la Haute-Engadine peut être mise sur la même ligne que des localités placées entre 300 et 600 m d' altitude inférieure. A St-Moritz, la température moyenne diurne, au mois de juillet, est de -f- 12° C. et au mois d' août de + 10° C. La variation diurne pour chacun de ces deux mois est de 7résultat d' observations faites pendent sept ans ). L' expérience de remarques faites pendant quatre années sur l' état du ciel, indique que, sur trois jours, il y en a deux parfaitement clairs, et que, pour un jour de pluie, il y en a trois où l'on voit briller le soleil.

En ce qui touche la quantité moyenne d' eau tombée, la vallée de l' Inn est remarquable par sa sécheresse, surtout si on la compare à des localités même très-voisines. Nous voyons dans l' excellent itinéraire ( 1872 ) rédigé par M. le professeur Rütimeyer, notre collègue, sur le groupe du Rheinwald, que cette contrée est exposée en plein au choc des courants équatoriaux du sud et du sud-ouest qui sont saturés d' eau, et qu' elle reçoit ainsi une surabondance de vapeurs humides; aussi, la hauteur moyenne de l' eau tombée annuellement est de 200 à 250 centimètres. Ce dernier chiffre est atteint à la station du Bernardin, quantité cinq fois plus forte que celle observée dans la contrée de Grenchen, en Valais, située sous une latitude presque égale, mais protégée des vents du sud par l' épais massif du Mont-Rose.

De tous les bassins fluviaux de la Suisse, c' est celui du Tessin qui atteint les plus fortes moyennes d' eau tombée, soit le double de celles du bassin de l' Inn.

En Engadine, les vents du sud-ouest et du nord-est sont les plus fréquents. Sur des observations de quatorze années faites pendant les trois mois de la belle saison, le premier de ces vents souffle d' Italie, et il est par conséquent le plus chaud. Il- a régné soit entièrement, soit partiellement, durant 71 jours; le 4-2BineUHentsch.

vent du nord a régné 49 jours, et les autres Tents 18 jours seulement.

Ces observations, faites à St-Moritz, peuvent s' ap en général à toutes les parties du pays que nous étudions.

Langage.

Nulle part en Suisse, cet élément absolument essentiel à la communication de la pensée humaine n' offre des conditions aussi favorables que dan3 la Haute-Engadine. En effet, l' émigration temporaire de la population indigène y est une coutume universelle. La langue maternelle est le romantsch, qui est des plus dociles à l' appropriation des idiomes étrangers; aussi, dans nombre de ménages, entendez-vous le chef de famille, revenu dans son pays, s' exprimer avec facilité et presque sans accent, dans la plupart des langues de l' Europe. L' allemand, en particulier, y est parlé avec une pureté qui fait un heureux contraste avec d' autres cantons de la Suisse.

Productions du pays. Flore.

A vrai dire, le pays ne produit qu' un peu de bois et du foin de qualité supérieure. Le nombre des plantes cultivées par la main de l' homme y est fort restreint. On cite quelques petits enclos dans le voisinage de Celerina et de Pontresina, où l'on sème de l' orge, du seigle ou quelques pommes de terre qui ne mûrissent pas toutes les années. En revanche, les doubles fenêtres de plusieurs maisons sont garnies de vases à fleur d' un effet charmant. Les arbres fruitiers sont absents; par exception on cite comme une rareté l' existence de deux cerisiers, l' un à Campfer, l' autre à Sils-Maria, qui ont donne un ou deux fruits.

Le monde organique végétal dans les prairies et sur les Alpes est d' une grande richesse. Il diffère très-notablement de celui du reste de la Suisse, ce qu' ex fort bien la situation, la direction et la hauteur de la vallée, accessible, du côté du sud, aux vents chauds d' Italie. Les circonstances géographiques et géologiques concourent avec la diversité des expositions pour créer une flore infiniment variée dans son abondance. Quand l' épaisse couche de la neige d' hiver s' amincit et disparaît des pentes les plus abritées, la végétation prend son essor et fait son œuvre avec une rapidité merveilleuse; en quelques jours elle a pris possession de tout le pays transformé en un véritable jardin botanique. Cette saison privilégiée dure du 15 juin à la fin de juillet. La ligne de végétation dépasse en maints endroits celle des neiges, et s' élève en Engadine de 1000 à 2000 pieds plus haut que dans quelque région alpine que ce soit du reste de l' Europe. De là résulte aussi que, bien que le niveau général de la vallée ait une élévation moyenne de 6000 pieds au-dessus de la mer, on y trouve néanmoins plusieurs des plantes de la plaine qui cependant y sont en minorité. On peut juger d' après ce qui précède de l' intérêt offert par ce pays aux amateurs de la botanique. Le rendez-vous favori de ces derniers était, jadis, à l' excellente auberge de la Croix, « in der Au », près de Bevers, où ils étaient ordinairement présidés par M. Muret, l' aimable et spirituel botaniste vaudois. On comprend que je ne puis entrer ici dans les détails de cette flore remarquable entre toutes; qu' il me suffise de mentionner l' ouvrage de Caviezel, pag. 193 et suivantes; il indique comme caractéristique et comme orientation pour le botaniste un catalogue qui, dit-il, ne donne qu' un choix restreint de plantes phanérogames; ce catalogue comprend néanmoins 250 espèces réparties sous 30 familles différentes, avec indication des localités où on les trouve et des époques de leur floraison.

Faune.

Le monde animal se meut entre 6000 et 11000 pieds et ne dépasse que par exception cette dernière hauteur. Caviezel ( page 35 et suivantes ) nous en donne une nomenclature assez complète; mais je ne puis entrer dans ces détails qui me mèneraient fort loin. Sans doute, un grand nombre d' animaux ont, dans cette région élevée des Alpes, leurs représentants, mais ceux-ci sont en petite quantité et se laissent rarement apercevoir par le voyageur. J' ai toujours remarqué qu' un trait caractéristique de ce pays, et surtout de ses forêts, est un grand silence qui n' est interrompu que par le bruit des torrents. Relevons seulement quelques particularités relatives à certains animaux remarquables dans l' ordre des mammifères et dans celui des oiseaux et des reptiles.

L' ours brun n' habite pas la Haute-Engadine d' une manière régulière, mais il y fait des apparitions sporadiques presque toutes les années; il sort quelquefois des profondes forêts de l' Ofenberg pour rendre visite aux moutons bergamasques lorsque ceux-ci se rendent dans leurs pâturages. Le lynx et le loup peuvent être considérés comme disparus. Le blaireau est fort rare.

On peut en dire autant du lœmmergeier, autrefois assez commun, mais qui, bientôt, n' existera plus qu' à l' état de souvenir. L' aigle royal est encore assez fréquent et on l' aperçoit traçant, au haut des airs, ses majestueuses spirales.

Quant aux reptiles, une circonstance importante à noter, c' est l' abondance des vipères; il est peu de contrées où il y en ait en aussi grand nombre, et où leurs piqûres soient aussi dangereuses. J' en ai rencontré plusieurs fois, mais toujours sur des pentes exposées au midi, deux variétés, la rouge et la noire.

Quant aux poissons, il y a grande abondance de truites dans les lacs e"t dans les ruisseaux; elles n' at, en général, que des dimensions restreintes, et, vu la grande consommation que l'on en fait, elles tendent à diminuer.

En revanche, il y a accroissement dans le nombre des chamois et des marmottes depuis que la nouvelle constitution fédérale est en vigueur. Le district de la Bernina est pour 5 années en état de ban, et, depuis 2 ans que cette mesure, très-strictement observée, a été prise, on a remarqué une réelle augmentation dans l' abondance de ce haut gibier. J' ai pu m' en convaincre personnellement l' an passé, dans une excursion que j' ai faite au glacier du Roseg avec M. le président Saratz. Nous avons vu de nombreux chamois et marmottes. Celles-ci sont devenues moins fuyardes depuis que les 4öBinet-Hentsch.

coups de fusil ne retentissent plus dans leurs solitudes. Sans prendre de précaution pour les approcher, j' en ai vu plusieurs à portée de gros plomb.

Les amateurs de lépidoptères trouveront dans l' ap de l' ouvrage de Caviezel ( pag. 202 et suiv. ) une liste des principaux papillons de la contrée: 152 espèces, réparties en 55 genres différents.

Géologie.

L' idée que les Alpes sont une chaîne continue, dont Taxe principal coïncide avec la ligne de séparation des eaux des deux versants a été réfutée depuis longtemps. On a reconnu que cette chaîne est constituée par une série de massifs dont chacun est le centre d' un système de montagnes.

Theobald, dans son aperçu géologique sur la structure des Grisons, distingue, dans la région de la Haute-Engadine, six groupes ou masses centrales dont quatre seulement ( et encore en partie ) rentrent dans notre Itinéraire et sont par conséquent les seules dont j' aie à m' occuper, ce sont:

1° le Julier; 2° le Piz Ot; 3° la Bernina, et 4° le Languard.

Je vais reprendre successivement ces quatre massifs, en résumant les observations de Theobald. Je dois la traduction toute spéciale et technique qui va suivre à l' obligeance de M. le géologue Ernest Favre, déjà si avantageusement connu, fils de M. le professeur Alphonse Favre, membre du C.A.S.

1° Le Julier.

Le centre de ce massif est une chaîne de hautes montagnes granitiques. Elles commencent avec le Piz Nalar, soit Gravasalvas, à la base sud duquel se trouve le Longhinsee, source de l' Inn, et elles se terminent au Piz Julier ( Munteratsch ), au col entre la Suvretta et Gand' Alva. La roche est en grande partie le granit du Julier associé à de la syénite et à de la diorite « syénitique. Des terrains stratifiés en couches redressées, et même renversées, reposent sur ces roches. Ce sont le gneiss, le schiste de Casanna, le schiste vert, le verrucano, les calcaires triasiques qui sont surtout développés au nord et au nord-est du massif et dans lesquels on peut distinguer tous les étages du trias, et enfin le lias qui, par places, est fossilifère. Quelques bandes de calcaire triasique, partant du côté sud du lac de Longhino, descendent vers le lac de Sils. Les couches inférieures qui reposent sur le schiste de Casanna sont transformées en un schiste bleu. Du côté de l' Oberhalbstein, ces couches sont pénétrées par de la serpentine qui ne s' étend pas vers le col du Julier, mais qui passe du Septimer au Piz Longhino et se prolonge, par Gravasalvas, jusqu' au lac de Sils. Ici le schiste de Casanna et le gneiss plongent sous le granit qui continue jusqu' à Silvaplana et alterne, près de Campfer, avec de la diorite et de la syénite. Sur l' arête de Gravasalvas, le granit et la syénite ont percé le calcaire et le schiste, puis les ont recouverts. Ils ont aussi traversé des terrains déjà pénétrés par la Serpentine, d' où il résulte que le granit du Julier est plus récent que cette dernière roche.

2° Le Piz Ot.

La roche dominante est le granit du Julier associé à de la syénite et à de la diorite; à ce granit s' adossent du gneiss et des schistes de Casanna en masses peu considérables. Les pics les plus élevés, qui tous sont dominés par le magnifique cône du Piz Ot, sont formés " de granit dans le centre duquel la vallée de Bevers pénètre profondément. Le col, entre le lac de Suvretta et le val Gand' Alva, est formé par une dépression étroite, composée de verrucano rouge, de calcaire triasique et d' un conglomérat grossier. Cette zone s' étend de là, par le lac et le col de Suvretta, au val Celerina. Le conglomérat rouge atteint au Piz Nair une puissance extraordinaire. Sur le flanc opposé de la vallée se trouve, dans la grande dolomie, un pli formé des couches du Kœssen et du lias. Les formations triasiques et liasiques se développent et constituent le Piz Padella dont le sommet consiste en grande dolomie, tandis qu' à la Dreiblumenspitze et à Valetta apparaît la série complète des formations du granit jusqu' au lias; sur les pentes du côté de Samaden, on voit les couches du trias inférieur, avec du gypse, superposées au gneiss, au schiste de Casanna et au verrucano. Elles sont recouvertes plus bas par la grande dolomie à laquelle succèdent encore dans la vallée le granit et le gneiss. Les terrains calcaires traversent le val Celerina et s' étendent presque jus- qu' au village de St-Moritz. Ils reposent sur le schiste rouge, le verrucano et le schiste de Casanna.

3° La Bernina.

Il faut considérer ce groupe grandiose des Alpes rhétiques comme une partie seulement de la grande masse granitique qui s' étend des deux côtés de la partie supérieure de l' Engadine.

Le centre en est constitué par des roches massives ayant la forme d' arêtes aiguës ou de larges masses dont les pentes les plus rapides soit tournées au Sud. Les roches se composent de granit, ( soit granit du Julier, soit granit à structure porphyrique passant parfois à un vrai porphyre ) de syénite et surtout de syénite dioritique qui forme les cimes les plus élevées. Il s' y joint du gneiss et du schiste de Casanna talqueux qui tantôt est gneissique, comme au passage de la Bernina, tantôt se change en schiste talqueux, chloriteux et en quartzite talqueux. Le verrucano est rare; cependant, il est représenté par des schistes et des conglomérats rouges et verdâtres; on trouve, surtout du côté sud-ouest, au milieu du schiste de Casanna, des masses importantes de calcaire triasique, au Nord du Piz Alv, et à la Pischa, du lias ( marbre rouge et schistes de l' Algäu ). A droite de Fex, la serpentine et la diorite, avec des schistes verts, s' étendent vers le Septimer et le Gravasalvas. Ces derniers se trouvent aussi en grandes quantités au Sud de la chaîne où ils prennent, dans les vallées de Malenco, un caractère très-particulier ( Roches de Malenco ).

SOBinet-Hentseh.

Le schiste vert ordinaire présente' ici deux sortes de roches: la pierre ollaire et une roche en bancs épais, très-dure, ayant de l' analogie avec la serpentine, et qui se transforme par place en diorite et en porphyre spilitique.

On peut diviser comme suit les sommités de la Bernina:

a. Formées entièrement, ou en grande partie, de roches massives: Piz Bernina, Roseg, Tschierva, Morteratsch, Crast' agüzza, Zupò, Palü, Pers, Albris, Eosatscli, Surlej. b. Formées de schistes cristallins: Piz Verona, Carale, Cambrena, Sella, Chapütschin, Corvatsch, Margna.

c. Formées de calcaire: Piz Tremoggia et Piz Alv.

d. Formées de schiste vert: Fellaria, Moro, etc. La direction des roches sédimentaires est en général O.E, ou S.E.N.O ., leur inclinaison au N. ou N.E.; mais on observe aussi d' autres directions dans le voisinage des masses centrales.

4° La chaîne du Languard.

Elle est séparée de la Bernina par une bande de roches sédimentaires qui se montre, surtout à la Pischa, au Piz Alv.

Du reste, la chaîne est composée de gneiss, de micaschiste, de schiste amphibolique et de schiste de Casanna; au Piz Vadret seul se trouve un noyau de roches massives, granit et diorite, auxquels s' adossent les gneiss, etc.; au Piz Languard, les couches plongent au Nord; dans la vallée de Camogask, sur les flancs de la vallée de Pontresina, elles varient, mais elles plongent presque toujours au S.S.O. et N.E.

Littérature. Ouvrages à consulter.

Kind. Anleitung zur geographischen Kenntniss des Landes Graubünden. Chur 1855.

Papon, Jacob. L' Engadine. St-Gall 1857.

Ladner. Languard-Rundschau. Chur 1858.

Lebert, professeur. L' Engadine, discours public prononcé à Breslau, suivi d' un appendice sur les eaux de Tarasp et de St-Moritz, 1861.

Andeer, P.J., Pfarrer. Ueber Ursprung und Geschichte der rhœto-romanischen Sprache. Chur 1862.

Lechner. Piz Languard und Berninagruppe. Leipzig 1865.

Lechner. Das Thal Bergell. Leipzig 1865.

Theobald, G. Beiträge zur geologischen Karte der Schweiz. III. Lieferung: Die südöstlichen Gebirge von Graubünden. Bern 1867.

Theobald, G. Naturbilder aus den rhätischen Alpen. Chur 1868.

Studer. Ueber Eis und Schnee. III. Bern 1871.

Rochat, A. Altladinisches Gedicht in Oberengadiner Mundart. Zürich 1874.

Führertaxen und Ausgangstationen für alpine Excursionen in Graubünden. Chur 1876.

Ueber das Verhältniss der Topographie zur Geologie, Text zur topographischen Karte von Engadin und Bernina, von J. M. Ziegler. Zürich 1876.

Caviezel, M. Oberengadin. Chur 1876.

Dr. J. M. Ludwig. Das Oberengadin in seinem Einfluss auf Gesundheit und Leben. Stuttgart 1877.

Dr. J. M. Ludwig. Pontresina und seine Umgebung. Leipzig und Chur 1878.

Iwan v. Tschudi. Schweizerführer. 19. Auflage. 1878.

Jahrbuch des S.A.C.J.'ai indiqué dans mon texte les principaux articles ayant trait au présent Itinéraire.

Echo des Alpes, de même.

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